Pinchas Zukerman ©Cheryl Mazak
OCNA à domicile

Pinchas Zukerman joue Mozart

Nous espérons que cette édition de L’OCNA à domicile vous plaira ; elle vous parviendra à temps pour souhaiter « Joyeux anniversaire » à Pinchas Zukerman, le 16 juillet !

L’Orchestre du CNA entretient depuis longtemps de fructueux et étroits liens avec le brillant Pinchas Zukerman, tour à tour artiste invité, directeur musical et chef émérite de l’ensemble. Il a dirigé des concerts mémorables en tournées en Europe, en Chine, au Moyen-Orient, au Royaume-Uni, partout au Canada et bien sûr ici, à Ottawa.

Le lien privilégié qui unit l’Orchestre et Pinchas Zukerman s’est développé au cours des 40 dernières années. Pinchas a fait ses débuts avec l’Orchestre en 1976 à titre d’artiste invité. Lors de la tournée européenne de 1990, il s’est produit avec l’ensemble et a été à la barre de plusieurs concerts. En 1999, il a été nommé directeur musical. Comme vous vous en doutez, bien des moments magiques ont été créés, tant sur scène que sur disque, avec Pinchas Zukerman à la tête de l’Orchestre du CNA ! Nous avons sélectionné deux enregistrements exceptionnels — datant de 2000 et 2002 — avec l’aide de musiciens présents à ces deux occasions.

Pinchas a mené la tournée européenne de l’Orchestre en 2000. Voici l’enregistrement du concert donné au Théâtre des Champs-Élysées de Paris le 23 octobre 2000. Vous entendrez l’une de ses œuvres emblématiques, le sublime Concerto pour violon no 3 de Mozart.

Vient ensuite un concert capté en septembre 2002 à la Salle Southam lors duquel Pinchas Zukerman dirige l’Orchestre dans sa première prestation de l’imposante Symphonie no 7 de Bruckner. Cette œuvre est monumentale, tant pour ce qui est de ses proportions et de sa longueur (son exécution dure près de 70 minutes !) que de sa brûlante intensité et de ses riches points culminants. Pour plusieurs, l’écriture de Bruckner semble tortueuse, mais avec Pinchas au pupitre, l’Orchestre produit le son qui est véritablement le sien, à la fois intime et large.

Réflexion du violoniste Winston Webber

« L’Orchestre du CNA joue la Symphonie n° 7 de Bruckner ». Ce choix d’œuvre substantielle ne fait plus autant sourciller qu’il y a 20 ans.

Pendant ses 30 premières années, l’Orchestre du CNA jouait du Mozart, du Haydn et du Beethoven. Ce petit orchestre de 46 musiciens jouait cette grande musique avec une vitalité particulière. L’Orchestre du CNA était de taille « classique », à l’image de l’Orchestre de Mannheim qui était reconnu, à l’époque de Mozart, pour sa discipline et le talent de ses musiciens qui formaient une « armée de généraux ». La taille de l’Orchestre du CNA était alors identique à celle de l’Orchestre de Mannheim à ses débuts, c’est-à-dire : les vents en double, deux trompettes, deux cors, des timbales et une section de cordes réduite de moitié par rapport à un orchestre « complet ». Les comparaisons ont cessé lorsque le nouvel Orchestre du CNA a suivi l’exemple de l’Orchestre de Mannheim en travaillant d’arrache-pied le répertoire classique et des œuvres virtuoses modernes pour petit orchestre comme la Symphonie classique de Prokofiev. Cette œuvre d’une virtuosité extrême a été synonyme de célébrations pendant des dizaines d’années pour notre orchestre. Bruckner était encore loin de faire partie de notre liste !

Alors que Pinchas Zukerman est entré en scène, il avait déjà l’habitude d’interpréter des concertos de Mozart avec l’Orchestre du CNA. Encore aujourd’hui, diriger est une seconde nature pour lui et il joue comme un Dieu. À l’époque, il souhaitait varier le répertoire de l’Orchestre. Lorsqu’il a décidé de mettre la Symphonie n° 7 de Bruckner au programme, tout le monde a retenu son souffle. Même les plus grandes symphonies de Mahler, célèbre étudiant de Bruckner, peuvent être jouées par de petits ensembles. Sous la direction de Pinchas, l’Orchestre du CNA a donc interprété la Symphonie n° 4 de Mahler. En effet, son échelle réduite constitue une porte d’entrée pour ce répertoire. Il existe également des versions pour orchestre de chambre de certaines de ses symphonies (nos 4, 9 et 10 ; Das Lied von der Erde, une symphonie camouflée sous un autre nom). Bruckner, par contre, ne fonctionne pas ainsi ; sa musique se caractérise par une sonorité démesurée.

Bruckner admirait Wagner. Il a donc emprunté son langage harmonique et ses orchestrations riches. Cependant, il ne bâtissait pas sa musique à partir d’une histoire ou de personnages héroïques. Il préférait les immenses structures musicales cohérentes et la musique absolue, c’est-à-dire une musique qui n’est pas reliée à une histoire. Il aurait pu repousser davantage les limites de sa musique, mais le public ne pourrait pas rester assis aussi longtemps.

La Symphonie n° 7 de Bruckner figure parmi les plus courtes et les plus mémorables de ses symphonies. Vous aurez la chance d’entendre la version de l’Orchestre du CNA tirée de l’un de nos concerts de 2002. L’Orchestre du CNA, que Pinchas avait élargi à 42 musiciens après plusieurs années, était alors constitué de 80 musiciens. La voiture de course agile qu’était notre orchestre s’est transformée en un navire de ligne solide aux contours majestueux. Des musiciens talentueux et un chef dont la sonorité de Bruckner lui était innée ont permis cette évolution.

Bruckner a trouvé sa recette du succès dans le langage harmonique puissant de Wagner, ce chromatisme qui déchire de l’intérieur, mais sans trace de l’Übermensch. Bruckner était réservé et anxieux. Sa musique n’est donc pas celle d’un maître, mais celle d’un quémandeur. Il a mis son cœur à nu dans ses magnifiques motets sacrés pour chœur a capella. Cette musique surnaturelle révèle un cœur honnête et plus simple que celui de Wagner. Si le rythme est bon, vous voudrez toujours plus de ce cœur, même une fois que les 65 minutes de la Symphonie n° 7 seront passées et que votre réalité vous aura rattrapé.

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