Entretien avec Patricia O’Callaghan
En 15 ans de carrière, Patricia O’Callaghan, qui parle le français, l’anglais et l’allemand, a arpenté bien des genres musicaux et des continents, et cultivé en chemin bien des passions. En octobre dernier, Patricia a lancé son premier album de Noël intitulé Deepest December, rempli de petits joyaux allant de chants du 15e siècle à des compositions originales. Parmi la liste des talents singuliers de l’artiste figure cette capacité de marier les langues et les genres musicaux le plus harmonieusement du monde en concert, et de se fondre littéralement dans le style de musique qu’elle est en train d’interpréter. Nous avons eu le plaisir d enous entretenir avec Patricia au sujet de son album et de son prochain concert de Noël ici au Studio du CNA le 21 décembre.
1. Comment décririez-vous votre tout dernier album, Deepest December?
Ce n’est pas simple! On y retrouve un mélange d’ancien et de nouveau. Des chants de la Renaissance évoquant l’époque des monastères et des tavernes, jusqu’aux chansons populaires d’aujourd’hui.
2. Il y a longtemps que vous songiez à faire un album de Noël?
Oui. J’ai toujours adoré le temps des Fêtes et la musique de Noël. Mais la maison de disques à laquelle j’ai été longtemps liée n’était pas intéressée par un tel projet. Je m’y suis lancée aussitôt mon contrat terminé!
3. Vous avez ratissé large en choisissant aussi bien des chants espagnols et français du XVe siècle que des airs de Noël modernes. Comment s’est faite la sélection?
Pour moi, il n’y a pas de frontières musicales entre les genres, les langues et les époques. Peu importe le répertoire, il s’agit de musique et de chansons, un point c’est tout. J’avais une longue liste en tête pour cet album; je l’ai raccourcie petit à petit pour retenir finalement des airs favoris de mon enfance, des chants que j’ai appris jeune, du temps où je gagnais ma vie comme soprano dans des églises, et des chansons populaires qu’on n’associe pas forcément au temps des Fêtes mais qui, je trouve, conviennent parfaitement à cet album.
4. Avez-vous eu du mal à donner un esprit d’ensemble à tout ce matériel?
Je trouve qu’il y a une belle cohérence tout au long de l’album au niveau de l’instrumentation, des arrangements et des voix. Tout cela forme un tout qui se tient bien. Ce n’est pas tous les jours qu’on entend des chants du XVIe siècle interprétés à la guitare lap steel et des chansons populaires d’aujourd’hui sur un accompagnement à l’orgue de Barbarie. C’est ce que j’ai voulu présenter, et je pense que ça donne quelque chose de fantastique!
5. Qu’est-ce qui vous attire dans ce genre de musique, et comment communiquez-vous votre engouement au public dans la salle?
J’éprouve une grande satisfaction à chanter ce type de répertoire, dans lequel on retrouve une foule de mélodies envoûtantes et attendrissantes. Je me suis entourée sur l’album de plusieurs chanteurs, parce que c’est tellement agréable de chanter avec d’autres, et aussi parce que l’union, le plaisir et l’harmonie sont des éléments qui font à mon sens la beauté de Noël. Sur scène, je n’ai pas le luxe d’avoir cinq chanteurs avec moi, mais tous mes musiciens mettent leur voix à profit à un moment ou un autre du spectacle. Et c’est sans compter la participation de l’auditoire!
6. L’album fait appel à de multiples instruments : le violon, l’orgue de Barbarie, le lap steel, la guitare, la harpe, le nickelharpa, la contrebasse et le violoncelle. Comment expliquer ce choix?
C’est dans ma tête, je crois bien, que s’est forgée cette combinaison d’instruments... et j’avais de grands interprètes en tête. Mon arrangeur, Andrew Downing, a mordu à l’idée et a signé des arrangements absolument magiques. Il y a un côté folk et, je dirais même, un peu rude dans le son du nyckelharpa et de l’orgue de Barbarie, mais je trouve que ça convient vraiment bien au répertoire de Noël, et puis, le violoncelle et le violon viennent réchauffer un peu le tout. Ajoutez à cela la harpe et le lap steel et vous vous retrouvez soudain non plus dans l’Europe médiévale mais plutôt dans un croisement d’ancien et de nouveau digne de l’univers du Trône de fer (à la différence qu’on entend de vrais instruments, au lieu du violoncelle et de l’orchestre en version synthétiseur. )
7. Quelle chanson de l’album ravive en vous le plus de souvenirs du temps des Fêtes?
J’ai grandi dans une communauté du Nord-Est ontarien à 60 % francophone et 40 % anglophone… mère anglicane, père catholique. À Noël, nous allions toujours à la messe de minuit à l’église catholique, mais je me rappelle aussi des cantiques que chantait la chorale de l’église anglicane, dont ma mère faisait partie. Ma sœur, mon frère et moi unissions nos voix à qui mieux mieux dans un esprit moqueur, et on pouffait de rire à chaque fois! Je nous revois encore chanter le « O Come, O Come Emmanuel » et « Les Anges dans nos campagnes », et ça me rappelle chaque fois de beaux souvenirs.
8. Qu’est-ce qui vous emballe le plus à l’idée de votre prochain spectacle au Studio du CNA?
C’est mon premier spectacle entièrement sur le thème de Noël. Le party de lancement de l’album, à Toronto, s’est superbement bien passé, mais je n’y ai interprété que les pièces du disque, 11 en tout. Au CNA, je vais ajouter quelques titres, et je suis entourée de nouveaux musiciens. En prime, le spectacle a lieu le soir du solstice… Il se trouve que j’ai composé avec le merveilleux poète canadien Dennis Lee une chanson intitulée « Deepest December », qui parle de la plus longue nuit de l’année… C’est sûrement prémonitoire!
La série CNA Présente, en partenariat avec BMO Groupe financier, accueille Patricia O’Callaghan le 21 décembre à 20 h au Studio du CNA. Elle sera accompagnée sur scène par Lori Gemmell (harpe), Katherine Hill (nyckelharpa et voix) et Andrew Downing (contrebasse et violoncelle). Les billets sont disponibles au prix de 39 $ à la Billetterie du CNA ou sur Ticketmaster.ca.