Les producteur.ice.s, ces « alchimistes » des arts de la scène

Des personnes posent pour une photo de groupe.
Un homme pose pour la photo
Farooq Chaudhry, producteur et cofondateur de la compagnie Akram Khan
Une femme pose pour la photo
Jude Kelly, productrice et directrice de théâtre britannique

Pour une deuxième année consécutive, le Centre national des arts (CNA) a accueilli, du 20 au 25 novembre, le Rassemblement national des producteurs et productrices. L’occasion pour la douzaine de participants de partager leurs connaissances, mais aussi de trouver des pistes de solutions aux enjeux auxquels ils font face. Malgré son rôle crucial au sein d’une compagnie, le travail des producteur.rices reste méconnu du spectateur. 

« Le producteur a un œil sur l’art, un œil sur l’argent et un œil sur le contexte dans lequel l’œuvre sera véhiculée. Et pour être le meilleur dans son rôle, il doit s’assurer que tous ces éléments sont le plus possible en adéquation, explique Farooq Chaudhry, producteur et cofondateur de la compagnie Akram Khan et conférencier invité au Rassemblement. Le producteur est un alchimiste. C’est le seul dans tout cet écosystème qui parle et comprend tous les langages et les jargons ». 

Pour la productrice et directrice de théâtre britannique Jude Kelly, autre conférencière invitée, le producteur doit traduire en détail ce qu’imagine l’artiste. Il doit veiller à la manière dont cette idée va se concrétiser, sa pérennité, mais aussi qu’elle respecte un budget. Parfois, il doit aussi interpréter la vision de l’artiste et la façon dont elle sera reçue par le public. Mais il est aussi là pour épauler l’artiste. 

« Quand un artiste créé c’est très personnel et il est donc plus vulnérable si jamais quelque chose se passe mal. Le producteur, même s’il est personnellement impliqué ce n’est pas lui qui crée, alors bien souvent son rôle est aussi de soutenir et de rassurer », souligne-t-elle. 

Gardien des rêves 

Dans certains milieux artistiques comme la musique ou les comédies musicales à grand public, le producteur est un pilier reconnu. Farooq Chaudhry estime que la plupart d’entre eux évoluent dans des domaines expérimentaux. « Mais aujourd’hui à l’échelle internationale nous commençons à avoir la même reconnaissance parce que ce rôle était le maillon manquant. Il permet à l’art de fleurir, au public d’avoir une meilleure expérience et il gère l’argent de façon à servir aussi les financeurs. Le producteur est un catalyseur pour élever l’artiste. » 

« Un producteur est à la fois présent pour supporter le rêve d’un artiste pour qu’il devienne réalité, mais il en est aussi le gardien, indique l’ancienne directrice artistique du Southbank Centre à Londres, Jude Kelly. Plus il saisit ce qu’un artiste tente d’accomplir et réussit à évaluer le soutien dont il a besoin, plus il peut s’assurer quotidiennement que l’artiste ne s’essouffle pas et ainsi offrir une longévité à la création. » 

Se réunir pour réfléchir 

Mis sur pied par le Fonds national de création du CNA en collaboration avec l’Université métropolitaine de Toronto (UMT), le Rassemblement national des producteurs et productrices est le fruit de deux années de recherche et de réflexion. L’équipe est composée de Sarah Conn, productrice artistique par intérim, Fonds national de création (CNA), Jean-Paul Courtemanche, gestionnaire de programme, Perfectionnement professionnel (CNA), Chris Dearlove, directeur administratif, Fonds national de création (CNA), Sarah Garton Stanley, vice-présidente à la programmation, Arts Commons, et enfin Owais Lightwala, professeur adjoint à la Creative School, Université métropolitaine de Toronto. 

Pour Farooq Chaudhry ce genre d’événement est important pour les producteurs qui, dit-il, travaillent seuls même s’ils collaborent avec différents acteurs du milieu. « Il y a un côté rassurant, ils peuvent partager leur sagesse, leurs connaissances, leurs problèmes et leurs solutions. Ça crée une solidarité essentielle dans ce rôle si isolé. D’ailleurs ce genre de rassemblement devient de plus en plus populaire », raconte celui qui a assisté en septembre à un événement du genre à Taiwan. 

Du même avis, Jude Kelly estime que le Rassemblement est un moment de partage d’expériences. « Cela les rend meilleurs et leur permet de repenser leur travail. Avoir un secteur aussi robuste au Canada, qui leur permet d’être ambitieux, d’avoir des rêves et les réaliser, c’est important. » 

Au cours des cinq jours du Rassemblement national des producteurs et productrices les personnes participantes ont pu assister des rencontres avec des conférencières et conférenciers invités, dont Farooq Chaudhry, Jude Kelly ainsi que Dr Kristopher Alexander, professeur de conception de jeux vidéo et de production média à la Creative School de l’Université métropolitaine de Toronto. Les participants ont également pu rencontrer Lori Marchand, directrice administrative du Théâtre autochtone, Joyce Rosario, organisatrice en arts et de la scène, animatrice et consultante, et Camilla Holland, directrice exécutive du Royal Manitoba Theatre Centre. Le rassemblement s'est conclu par une conversation avec les producteurs et les créateurs de Prison Dancer, qui a pris l'affiche au CNA le 24 novembre.  

Les personnes participantes ont toutes travaillé avec des compagnies dont un projet a reçu le soutien du Fonds national de création. Laurel Green, asses.masses (Vancouver), Dustin Harvey, Secret Theatre (Halifax), Marcie Januska, The Old Trout Puppet Workshop (Calgary), Debbie Patterson, Sick+Twisted Theatre (Winnipeg), Sarah Rogers, Animals of Distinction (Montréal), Shanae Sodhi, New Harlem Productions (Hamilton), Sheree Spencer, Compagnie d’opéra canadienne (Toronto), Ryhna Thompson, Kid Koala (Montréal), Leslie Ting, Leslie Ting Productions (Toronto), Amy Wertz, Savage Production Society (Vancouver), Kevin Matthew Wong, Why Not Theatre (Toronto), et Michelle Yagi, Théâtre autochtone, Centre national des Arts (Ottawa). 


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