Ode au Canada : l’Orchestre du CNA à Salisbury

L’Orchestre du CNA du Canada s’est produit dans la magnifique cathédrale de Salisbury. © Fred Cattroll
Cathédrale de Salisbury © Fred Cattroll
L’Orchestre du CNA du Canada s’est produit dans la magnifique cathédrale de Salisbury. © Fred Cattroll

L’Orchestre du Centre national des Arts du Canada s’est produit dans la magnifique cathédrale de Salisbury, à quelques kilomètres à peine de la plaine marécageuse où 30 000 Canadiens sont arrivés il y a 100 ans pour s’entraîner à l’aube de la Première Guerre mondiale.

Les musiciens ont marché sur les traces des jeunes soldats canadiens débarqués au Royaume-Uni en 1914 en pensant que le conflit ne durerait que quelques mois et qu’ils seraient de retour à la maison pour Noël.

 « Cette page de notre histoire a marqué l’émergence du Canada sur la scène mondiale », a déclaré lors d’une conférence Margaret MacMillan, historienne et auteure de l’ouvrage à succès Vers la Grande Guerre : comment l’Europe a renoncé à la paix. Cette dernière a fait remarquer que le Canada n’avait pas lui-même déclaré la guerre mais plutôt suivi l’initiative de la Grande-Bretagne, à titre de membre de l’Empire britannique.

« L’Empire a apporté une contribution colossale à l’effort de guerre, tant en ressources  humaines et financières qu’en matières premières. Les Canadiens l’ont bien compris, et voulaient être reconnus comme une nation indépendante acceptant de consentir d’énormes sacrifices  », a-t-elle précisé.

La conférence de Mme MacMillan à l’église St. Thomas Beckett de Canterbury s’inscrivait dans le cadre de l’actuelle Tournée de l’Orchestre du Centre national des Arts dans cinq villes du Royaume-Uni. Cette tournée, soulignant le 100e anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale, comprend des concerts et 50 activités éducatives.

L’émotion qui entourait déjà la tournée s’est trouvée avivée encore davantage par les événements tragiques de la semaine dernière, où deux militaires canadiens ont été tués – le caporal Nathan Cirillo et l’adjudant Patrice Vincent. Les musiciens étaient en vol à destination d’Édimbourg, lieu de leur premier concert, lorsque la nouvelle des événements d’Ottawa est apparue à l’écran de tous les téléphones intelligents. À leur arrivée à l’aéroport d’Heathrow, à Londres, la manchette était déjà sur les écrans de télévision.

Le caporal Nathan Cirillo a été abattu tandis qu’il montait la garde au Monument commémoratif de guerre à Ottawa, à deux pas de l’entrée du Centre national des Arts sur la rue Elgin. Au CNA, comme dans bon nombre d’immeubles du centre-ville, une mesure de confinement a été appliquée durant la majeure partie de la journée, pendant que la police quadrillait le périmètre des événements à la recherche d’éléments de preuve et de potentiels suspects.

Dès lors, tous les concerts et événements éducatifs de la tournée ont été dédiés à la mémoire des deux soldats disparus.

« La musique a un formidable pouvoir de guérison », a déclaré le président et chef de la direction de l’Orchestre du Centre national des Arts,  Peter Herrndorf.

En évoquant le rôle qu’a joué le Canada durant la Première Guerre mondiale, Margaret MacMillan a fait remarquer que nous pouvons apprendre de l’histoire. « La guerre fait partie de l’histoire canadienne, certes, mais l’essentiel de notre histoire s’est déroulée dans un cadre pacifique, et je pense que nous avons tout lieu d’en être fiers », a-t-elle fait valoir.

Plus de 600 000 Canadiens se sont enrôlés durant la Grande Guerre, ce qui représentait à l’époque près de 10 % de la population canadienne. Au-delà de 60 000 jeunes soldats de notre pays y ont laissé leur vie. C’est dire que presque toutes les familles canadiennes ont été touchées.

« Il n’a fallu que cinq semaines à l’Europe pour entrer en guerre en 1914 », a expliqué Margaret MacMillan. « Nous ne devons pas sous-estimer cette réalité; il nous faut penser à des moyens de renforcer la paix. »

Dans un souci de rappeler à notre mémoire cet épisode de notre histoire et le pouvoir de guérison, les concerts donnés au vénérable Usher Hall d’Édimbourg, au Royal Festival Hall de Londres et à la magnifique cathédrale de Salisbury – vieille de 750 ans – ont été dédiés à la mémoire des soldats qui ont combattu durant la Première Guerre mondiale, ainsi que des deux victimes des derniers jours, le caporal Nathan Cirillo et l’adjudant Patrice Vincent.

Le message a eu des échos partout au Royaume-Uni. À Londres, lors d’un étincelant concert en présence du prince Charles, l’Orchestre du Centre national des Arts a eu droit à une longue ovation après  l’ Ode à la joie  de la Symphonie no 9 de Beethoven.  Nos musiciens étaient entourés pour l’occasion des membres du Royal Philharmonic Orchestra. Au total, 140 musiciens et plus de 200 choristes du London Symphony Orchestra Choir étaient réunis sur scène.

« L’Ode à la joie est un hymne à l’humanité », a déclaré le maestro Pinchas Zukerman. « À la souffrance ou à la tragédie humaine, je réponds par la musique, et c’est ce que nous avons fait tout au long des deux dernières semaines au Royaume-Uni. »


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