Nous sommes en 2023 : place aux expériences! En voici 12, une pour chaque mois. Pourquoi? Parce que c’est ce qu’il y a de plus important. Expérimenter! Bonne année. (Ah… et pour le suspense, je garde le meilleur – la nouvelle emballante sur notre nouvel investissement – pour la fin.)
1. Faire ses preuves. Il faut de longues heures de pratique pour atteindre l’excellence. C’est un fait indéniable, qu’on joue de la flûte, qu’on danse ou qu’on s’occupe de la mise en scène technique. Par contre, l’excellence est moins facile à jauger quand on parle de création. Le talent s’améliore avec le temps, qu’on soit actrice ou acteur, chanteuse ou chanteur, voire encore styliste. Aucun doute possible. Pourtant, étrangement, plus de talent ne veut pas toujours dire plus de créativité. L’explosion artistique de la jeunesse ou l’éclair de génie inopiné nous attendent souvent dans les sentiers inusités. C’est une des raisons pour lesquelles nous voulons essayer de retirer les « accomplissements précédents » de nos critères. Allons-nous toujours investir dans des compagnies qui ont fait leurs preuves? Absolument! Est-ce une condition sine qua non pour postuler? Non. Et pourquoi? Parce que cela pourrait involontairement faire obstacle à la grandeur.
2. Être le marteau. Récemment, Mohammed Shaifulbahri (Shai), producteur du contenu créatif et éducateur en art basé à Singapour, a fait remarquer lors d’une discussion à l’ISPA, au sujet des obstacles, qu’on avait le choix entre construire le mur ou être le marteau qui l’abat. Le Fonds est un gardien dont le rôle est d’ouvrir toujours plus grand les portes et de démanteler les barrières de toutes sortes, en ayant foi que l’œuvre en ressortira plus forte. Cette année, nous doublons la mise sur toutes nos méthodes et nous revoyons – transformons – nos processus de sélection. Tout cela dans le but (pardonnez-moi l’expression) de TOUT CASSER! Pourquoi? Parce que le bien-être culturel national en dépend.
3. Changer de perspective. Nous repensons l’accès et sa place dans les conversations et les processus de candidature. L’année dernière, une consultation culturelle approfondie a été lancée par Heather Moore – alors à la tête du Fonds – en tandem avec Sarah Conn (associée artistique) et Shay Erlich (expertise-conseil). Nous creusons maintenant pour développer la responsabilité des projets dirigés par des personnes non handicapées envers tous les auditoires dans leurs plans de production. Nous explorons également les ressources nécessaires aux projets dirigés par des personnes handicapées, afin que le rêve et sa mise en œuvre soient accessibles à toutes et tous. Pourquoi? Parce que tout le travail que nous soutenons serait alors complet et interdépendant. Le Fonds national de création a son rôle à jouer dans les pourparlers sur l’interdépendance. Autrement dit, il change la perspective sur ce qu’il nous paraît tous nécessaire de faire pour créer des œuvres extraordinaires.
4. Le Cocktail de création. Il s’agit d’une petite expérience chronométrée pendant laquelle des groupes de créatrices et créateurs auront la chance d’approcher la conception de deux façons totalement différentes. Il y aura deux cocktails : l’un sera majoritairement virtuel et rassemblera des gens de tout le pays, et l’autre, qui aura lieu sur place, sera destiné à des membres du personnel du CNA. Pourquoi faisons-nous cela? Parce que la création couve de nombreux défis et obstacles cachés. Le Cocktail est une chance unique de combiner le « quoi » passionné de la création avec l’urgence du « comment ». C’est le temps d’apporter la sensibilité des créatrices et créateurs de contenu artistique dans le casse-tête initial de la conception de grandes choses. Ce sont ces petites expériences qui, je l’espère, deviendront des laboratoires avec le temps.
5. Moins pour en faire plus. Nous investissons dans moins de spectacles cette saison : entre 9 et 11, au lieu de 12 et 15. Pourquoi? Parce que nous voulons avoir assez de latitude pour offrir un soutien intégré et spécifique pour chaque projet. Nous souhaitons étendre les capacités de collaboration du Fonds et élargir le débat sur les raisons de la création. Comment? En soutenant les compagnies par un positionnement audacieux sur les réalités du climat, de l’accessibilité, de la langue et des barrières systémiques. Nous voulons nous donner toutes les chances de réussir notre mission : nos actions en dépendent.
6. Un Fonds quatre saisons. Nous allons ajouter un calendrier des spectacles à notre site. Vous y verrez à quoi ressemblera notre saison des investissements. Nous espérons que vous planifierez vos représentations autour de ces dates. Nous avons aussi commencé à transformer le langage utilisé sur notre site internet. Ça se poursuit! Pourquoi cet effort? Nous aspirons à faire preuve d’autant de créativité que les personnes phénoménales que nous avons la chance de soutenir!
7. Publier un livre. Un pilier de notre mission est d’augmenter les chances de succès. Le pari, c’est de produire un livre en bonne et due forme. Nous discutons présentement avec des artistes et des agences dans l’espoir de nous faire publier en juin 2023. Pourquoi? Pour offrir quelque chose de beau qui donne une meilleure vision et une meilleure idée du travail incroyable que le Fonds a contribué à concrétiser pendant ses cinq années d’existence. C’est innovant. C’est intelligent. C’est osé! Faites une précommande dès maintenant en nous envoyant un courriel.
8. Les amis des chiens. Notre associée artistique Sarah Conn travaillait sur ce projet à mon arrivée. Je lui ai demandé à elle, et aux talentueuses personnes qui prennent part à ce projet, de trouver un nom qu’on retiendrait (… que je retiendrais), et Les amis des chiens est né. Nous avons à cœur de déployer des ressources et de l’ingéniosité pour analyser et régler les problèmes omniprésents sur la surface de notre délicate et généreuse planète. Les amis des chiens est un consortium de trois penseurs et acteurs environnementaux d’ici (le Centre for Sustainable Practice in the Arts, le Conseil québécois des événements écoresponsables, Écoscéno). Un plan est en cours d’élaboration sur la façon dont The Dog Lovers intégrerait les innovations environnementales dans une représentation du Fonds de création. C’est presque fait et, quand ce le sera, nous comptons appliquer ce plan dans un projet du Fonds. Le monde est une jungle, alors essayons d’atténuer le stress et la tension, comme le fait Les amis des chiens.
9. Un jardin. Nous désirons offrir aux compagnies qui postulent pour le Fonds les résultats les plus concluants et fructueux qui soient. À la fin de l’année dernière, nous avons créé une mini-subvention pour les projets qui avaient avancé dans notre processus de candidature. Cette aide procure aux compagnies le temps et les ressources nécessaires pour approfondir le « comment » de leurs idées et constitue un soutien financier pour le projet. La prochaine étape est de travailler avec notre responsable accréditée en intervention critique (Critical Response Process), Joyce Rosario, qui fait également partie de notre équipe de sélection, afin de rendre le processus plus réactif. Ainsi, nous pourrons offrir des rétroactions transformatrices aux compagnies. À l’heure actuelle, Joyce est dans la phase de conception. Nous espérons pouvoir faire un test avec un projet avant la fin de l’exercice financier, en août. Pourquoi? Parce que le Fonds se veut un lieu où s’épanouissent les artistes, qu’il soit possible ou non, en fin de compte, d’investir dans leur représentation.
10. Tisser des liens. Une manière d’améliorer les chances de succès pour tout le monde est de réunir les bonnes conditions. Pour nous, cela veut dire qu’il faut travailler avec le milieu des arts du spectacle pour renforcer nos concepts de production et, par extension, encourager nos producteurs et productrices à se développer. Le Fonds travaille en tandem avec Perfectionnement professionnel CNA, un projet mené par Chris Dearlove et Jean-Paul Courtemanche. L’automne dernier, nous avons collaboré sur deux énormes projets pilotes : ThisGen, un rassemblement de metteur·e·s en scène et de producteurs et productrices émergents monté en collaboration avec le Why Not Theatre, et un rassemblement des producteurs et productrices du Fonds national de création qui avaient été inspirés les uns par les autres accompagnés d’un trio de grandes productrices invitées venues de l’étranger. Organisé par Sarah Conn et Owais Lightwala, ce deuxième événement s’est fait en collaboration avec le Toronto Metropolitan University. D’ailleurs, nous avons l’intention de continuer à expérimenter ainsi dans les années qui viennent.
11. Collaborer avec vous. L’un des membres du Comité artistique consultatif, Howard Jang (de Salt Spring Island), a récemment suggéré de collaborer avec le public. Je suis entièrement d’accord. Toutefois, nous devons voir les choses en face… le public qui serait prêt à s’investir dans ces idées et qui éprouve de l’enthousiasme pour la création n’est pas – hum – si nombreux. Il faut que cela change. Mais comment? Bonne question! Selon moi, nous (les membres du Fonds) devons être clairs sur ce que nous voulons. Et nous voulons des gens qui ont soif de découvrir toutes les possibilités complexes de cette nation. Nous voulons des gens qui sont prêts à étancher cette soif en nous soutenant. Nous voulons des gens qui nous encouragent quand nous œuvrons à élargir nos concepts communs des représentations transformatrices. Nous voulons des gens qui joignent leurs voix aux nôtres quand nous célébrons le travail incroyable déployé sur nos scènes nationales. Non seulement nous voulons avoir votre soutien philanthropique, mais nous en avons besoin. Nous sommes prêts à vous convaincre qu’il changera sensiblement l’avenir de la création au Canada. Nous avons besoin de vous! Je vous le dis, parce que c’est vrai. Nous voulons collaborer avec vous. Et j’aimerais entendre votre voix. Pourquoi? Parce qu’ainsi, je sais que vous êtes là, que vous pensez à nous et que vous avez une idée ou une opinion à exprimer. Nous avons besoin de vous. C’est dur de collaborer sans personne, dans son coin.
12. Dites-nous. Quelle devrait-être notre prochaine expérimentation?
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Nous avons l’immense bonheur de vous annoncer notre deuxième financement de l’année : Raven Mother de Dancers of Damelahamid.
Représentations financées par le Fonds national de création qui se jouent en ce moment : Fall On Your Knees (Toronto, Halifax, Ottawa et London) et Forgiveness (Vancouver et Calgary).