Investir dans la créativité et les nouveaux départs

Deux femmes face à face tiennent des bâtons dans leurs mains. Un arbre est en arrière plan.
Nigamon/Tunai © Helena Valles
Un groupe de personnes avec des rubans et des couronnes de fleurs sont pris en photo par en bas.
ODE © Julie Artacho

Un véritable commencement, est-ce que ça existe vraiment? Qu’il soit question d’entamer une nouvelle année, une nouvelle création ou – comme c’est mon cas – un nouvel emploi, le mot « commencement » ne semble pas toujours juste. Par exemple, est-ce que la création commence lorsque l’idée germe, lorsqu’on décrit le concept à quelqu’un pour la première fois ou – je blague un peu ici – lorsqu’on soumet la première demande de subvention du projet? Et dans tous les cas, comment peut-on commencer quelque chose quand on a les deux pieds bien plantés dans tout ce qui a précédé?

Personnellement, j’aime bien l’idée du recommencement – de la capacité que nous avons toutes et tous de redémarrer, de réinventer, de réapprivoiser – et la perception des commencements comme des marqueurs tournés vers l’avenir qui contiennent à la fois le passé et le présent. Et donc, me revoilà! Je m’appelle Sarah Conn, auparavant productrice artistique par intérim du Fonds national de création, poste que j’occupe maintenant à part entière. J’adore mon travail, mon équipe et les artistes que nous soutenons, et je suis honorée d’avoir la chance de recommencer dans ce poste avec vous. D’ailleurs, si vous souhaitez vous joindre à notre équipe, nous sommes à la recherche d'un.e associé.e artistique! L'appel de candidatures est ouvert jusqu’au 25 février. Toutes les informations sont disponibles ici.

En cette période d’adaptation, je réfléchis à la mission du Fonds, qui consiste à investir judicieusement dans la création pour aider les artistes du Canada à réaliser des rêves artistiques d’une belle audace. Si l’investissement est une action financière – c’est après tout une grande partie de notre travail –, j’ai envie de l’envisager de façon plus globale et imaginative. L’artiste et stratège culturel Marc Bamuthi Joseph a récemment parlé de la nécessité d’investir maintenant dans un futur culturellement transformateur. Quels investissements devons-nous faire aujourd’hui – que ce soit au Fonds ou en notre qualité d’artistes, de membres du public, de donatrices et donateurs, de travailleuses et travailleurs de la culture ou tout simplement d’êtres humains – pour jeter les bases d’un avenir meilleur? Je m’intéresse à l’investissement comme pratique collective et comme moyen de constituer un écosystème intergénérationnel de preneuses et preneurs de risques, d’alchimistes et de rêveuses et rêveurs créatifs. Dans cette optique, je planifie une année remplie de relations et de partenariats approfondis; d’invitations au rassemblement, au partage et à la célébration; et d’expériences favorisant la prise de risques en création… sans oublier, bien sûr, le soutien financier auprès d’artistes! Chaque investissement du Fonds sert d’incubateur pour de grandes œuvres et de nouveaux modèles de création et de communauté, une série de commencements et de lendemains nouveaux. Nous espérons que vous vous joindrez à nous dans cette aventure et inviterez d’autres à faire de même. Ensemble, recommençons encore et encore!

Pour lancer le bal, nous avons l’immense plaisir d’annoncer nos tout derniers investissements : Nigamon/Tunai des Productions Onishka et ODE de Catherine Gaudet!

Nigamon/Tunai
ONISHKA

La création originale Nigamon/Tunai est le fruit de 12 ans d’amitié et de solidarité entre les créatrices Émilie Monnet et Waira Nina. Ce manifeste poétique établit des liens entre les résistances des Premiers Peuples du Nord et du Sud contre l’extraction de leurs ressources, notamment le cuivre, et crée des échanges entre les communautés autochtones du Canada et de l’Amazonie colombienne.

Émilie Monnet : « Nous sommes parties d’une première question de recherche : Comment être une bonne alliée, surtout dans ce contexte de relation entre une personne autochtone privilégiée du Nord, habitant ce territoire qu’on appelle le Canada, et une personne autochtone du Sud, dont le pays est dévasté par des compagnies minières et pétrolières canadiennes? »

Waira Nina : « La création favorise la transmission de nos cultures, de nos valeurs, des paysages sonores de nos communautés – autant de trésors dont nous devons prendre soin, que nous devons protéger. [Nigamon/Tunai] préserve le souvenir des tortues, des forêts, des corps. Des souvenirs qui vivent en nous, et que nous transmettons au monde. »

Émilie Monnet : « Nous cherchons comment les chants, les mythologies de différentes communautés autochtones se parlent, se répondent, dans une fascinante résonance sonore entre les territoires, comment les voix peuvent résonner quand bien même les femmes sont réduites au silence par la violence, la colonisation, la guerre. » 

ODE
Catherine Gaudet

Production du Centre de création O Vertigo (CCOV), l’œuvre ODE de Catherine Gaudet se voulait à l’origine une comédie musicale d’horreur, mais s’avère inclassable, oscillant entre rite sacrificiel et spectacle pop-rock. La gestuelle se complexifie peu à peu par répétitions et accumulations, pour produire un effet quasi psychédélique, hallucinogène.

« Avec ODE, je souhaite établir un espace radicalement naïf et transcendant, par la rythmique obsessive des pas et des chants réguliers. Cette esthétique vise un effet d’entraînement chez le public ; à le faire vibrer en symbiose avec les interprètes, comme dans un spectacle rock. On tente d’offrir quelque chose de lumineux jusqu’à l’excès et, par l’insistance de la proposition, de faire grimper la tension jusqu’à une rupture franche. »
–Catherine Gaudet

Les deux équipes artistiques sont en plein cœur de leur démarche de création. Catherine, le compositeur Antoine Berthiaume et l'équipe créative se préparent pour leurs dernières résidences et répétitions. Émilie et Waira, quant à elles, mènent des résidences de création sonore et d’écriture, voyagent en Colombie pour un travail documentaire sur une cérémonie autour de la tortue et réalisent des entrevues dans le cadre de leurs recherches. Nous les encourageons et nous attendons avec impatience leurs premières à Montréal en mai 2024 – en espérant vous y voir!

Je vous souhaite un excellent mois de recommencements!

Pour la liste complète des spectacles à venir soutenus par le Fonds, consultez notre page Saison.


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