Kimiko’s Pearl: un ballet façonné au fil des générations

Kyra Soo © Alex Heidbuechel
Kyra Soo © Réjean Brand
Yayoi Ban, Kyra Soo © Alex Heidbuechel
Kyra Soo, Liam Saito, Rachel Gibbs, Yue Shi, Chenxin Liu, Yayoi Ban © Alex Heidbuechel
Yue Shi © Alex Heidbuechel

Hommage à la force et à la résilience de la communauté nippo-canadienne

L’internement des Canadien.ne.s d’origine japonaise durant la Seconde Guerre mondiale est au cœur deKimiko’s Pearl, présenté en première au FirstOntario Performing Arts Centre à St. Catharines, le 22 juin. Soutenu par le Fonds national de création, le ballet du festival Bravo Niagara! (site en anglais) raconte l’histoire de la famille Ayukawa étalée sur quatre générations, tout en honorant la force de la communauté nippo-canadien.ne.s.

Depuis les débuts de Bravo Niagara!, ses fondatrices Christine Mori et sa fille Alexis Spieldenner souhaitent amplifier les voix sous-représentées dans les arts. Avec Kimiko’s Pearl, les deux cocréatrices ont souhaité célébrer leur identité nippo-canadienne tout en pansant des blessures familiales et collectives.

« Ç’a été très émouvant pour nous de rendre hommage à notre famille de cette manière. Ce ballet fait partie de notre voyage de guérison intergénérationnel », confie Alexis Spieldenner.

Pour Alexis et Christine, l'histoire des camps d'internement des Canadiens d'origine japonaise est personnelle. L’arrière-grand-père d’Alexis, Shizuo Ayukawa ainsi que sa famille ont été détenu dans le camp de New Denver, en Colombie-Britannique. Lorsque mère et fille fouillent dans leur passé, elles apprennent l’existence d’une malle construite par Shizuo Ayukawa, alors qu’il est détenu. Elles ont également trouvé un poème écrit par la grand-tante d’Alexis.

« Ça nous a vraiment touchées et inspirées. Et nous étions convaincues qu'il était possible d'en faire une production, donc nous avons commencé à constituer notre équipe de création, explique Alexis. Cela fait maintenant plus de trois ans que le projet est en cours de développement. »

La malle fait actuellement partie de la collection du Musée canadien de la guerre

Legs aux générations futures

L’histoire est narrée à travers le regard de Kimiko, une jeune torontoise de 15 ans qui découvre une vieille malle familiale contenant le journal intime de son arrière-grand-père et d’autres souvenirs précieux. Au fur et à mesure que Kimiko lit le journal, le passé de sa famille prend vie sous ses yeux.

« Si c’est à travers les yeux de la quatrième génération de Nippo-Canadien·ne·s, les Yonsei, que l’histoire est racontée c’est que nous estimons qu’il est important que la prochaine génération la comprenne et la préserve, souligne Alexis, elle-même une Yonsei. On espère encourager d’autres personnes à entamer des conversations sur le passé de leur famille. »

Kimiko’s Pearl met en lumière un chapitre sombre et méconnu de l’histoire du Canada. Et c'est la première fois que l'internement des Canadien·ne·s d'origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale est raconté à travers un ballet ; les créatrices espèrent qu’il suscitera une prise de conscience collective à ce sujet.

« Après la guerre, il y a eu beaucoup de honte et de distanciation face à l’héritage du Japon et de sa culture, dans un effort pour se fondre et s’assimiler à la culture canadienne, raconte Alexis. En grandissant, ma mère n'avait pas vraiment entendu parler de l'internement de ses parents. Ces histoires n'étaient pas partagées. C'est donc l'occasion de reconnaître le passé. Ça nous aide à aller de l’avant et à en apprendre davantage sur notre identité. »

Œuvre multidisciplinaire

Kimiko’s Pearl a reçu le soutien du Fonds national de création pour permettre à la compagnie d’entreprendre deux résidences avec tout l’équipe de création, les artistes en arts visuels et les interprètes en danse. Au cours de ces résidence ils ont développé et finalisé la conception de la vidéo et des projections, ainsi qu’amélioré l’éclairage et la conception du son immersif.

« Ces résidences nous ont permis de mettre en commun notre vision créative collective et de travailler dans l’espace où se déroulera la première. Avec ce soutien, nous avons pu aussi commander des œuvres d'art originales, explique Alexis. Celles-ci ont été réalisées par trois générations d'artistes visuel·le·s canadien·ne·s d'origine japonaise: Norman Takeuchi, C.M., Lillian Yano Blakey, Emma Nishimura et Miya Turnbull. Il y a une véritable synergie entre la musique, la danse et les arts visuels. Et les résidences, grâce à l'investissement du Fonds, nous ont offert le temps d’intégrer les œuvres d'art, d’affiner les projections pour donner vie à l'histoire d'une nouvelle manière. »

Si Kimiko’s Pearl s’inspire de l’histoire familiale de Christine Mori et Alexis Spieldenner, le récit, lui, est écrit par Howard Reich, lauréat d’un prix Emmy. Et le ballet prend vit grâce à la musique originale de Kevin Lau, la chorégraphie de Yosuke Mino, et aux interprètes du Royal Winnipeg Ballet, du Coastal City Ballet de même que du Boston Ballet, ainsi que trois générations d’artistes en arts visuels de la communauté nippo-canadienne.

« C'est un rêve d'avoir le soutien du Fonds national de création pour aider à faire connaître et à partager cette histoire », conclut Alexis.

Après la première, l’investissement du Fonds soutiendra également la nouvelle suite orchestrale intitulée Kimiko’s Pearl Symphonique Suite composée par Kevin Lau, dont la première aura lieu en avril 2025 avec l’Orchestre symphonique de Toronto.


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