En 2006, le Centre national des Arts a commencé à envoyer des musiciens dans les écoles des collectivités rurales et isolées de l’Alberta et de la Saskatchewan.
Développé en consultation avec des commissions scolaires locales, et utilisant les ressources pédagogiques produites par le CNA basées sur les grands compositeurs de musique classique, le programme Vive la musique a aussi contribué à créer des liens avec des orchestres locaux.
Neuf ans plus tard, le programme est offert non seulement en Alberta et en Saskatchewan, mais aussi au Manitoba et au Nunavut, et il ne cesse de prendre de l’ampleur. Le CNA forme maintenant des équipes d’enseignants composées d’un musicien de formation classique et d’un artiste autochtone, comme Sherryl Sewepagaham qui a remporté, en 2010, le prix de l’auteure-compositrice autochtone de l’année aux Prix de musique folk canadienne. L’an dernier, le module pédagogique intitulé Écoute, Canada! est devenu le tout premier module du genre consacré à un compositeur canadien, R. Murray Schafer. Au total, le programme Vive la musique a rejoint le nombre incroyable de 85 600 élèves dans plus de 525 écoles du Canada[c1] .
Le nouveau volet des arts autochtones
Le nouveau volet des Arts autochtones est offert en Alberta et en Saskatchewan cette année. Il est piloté par des artistes-enseignants autochtones formés en pédagogie axée sur la collaboration avec l’élève, une approche positive de l’éducation qui amène les élèves à prendre une part active à leur apprentissage et à apprendre les uns des autres. Les musiciens-enseignants sont aussi encouragés à s’exprimer sur leur parcours et sur l’influence des arts dans leur vie.
Les musiciens-enseignants
« Notre expérience en milieu rural nous a amenés à comprendre que le rôle de l’artiste-enseignant ne peut se limiter au contenu musical qu’il transmet », explique Geneviève Cimon, directrice de l’Éducation musicale et du rayonnement dans la collectivité au CNA. « L’artiste-enseignant a l’occasion de renforcer l’autonomie des jeunes et de donner l’exemple, en démontrant par la musique que la façon dont on communique, dont on est à l’écoute des autres et dont on les accueille contribuent à resserrer les liens de la communauté. »
L’un de ces artistes-enseignants est Walter MacDonald White Bear, un auteur-compositeur-interprète cri issu de la Première nation de Moose Factory, en Ontario, aujourd’hui établi à Calgary. Sa musique témoigne de son parcours en tant que membre des Premières nations au Canada, et on a pu l’entendre au Festival de musique folk d’Edmonton, au Chiefs Summit avec Tom Jackson, et à la Conférence mondiale des peuples indigènes sur l’éducation. Walter est aussi éducateur, interprète et conférencier, et il a prononcé des discours portant sur des questions comme les services sociaux, la justice, l’éducation, le mieux-être et l’environnement.
Le violoniste Daniel Gervais d’Edmonton est un autre artiste-enseignant affecté au volet des Arts autochtones du programme. Détenteur d’une maîtrise en musique de l’Université de l‘Alberta, il est professeur à temps partiel à l’Université MacEwan, en plus de se produire et d’enregistrer régulièrement. Il a tourné sur la scène internationale avec Zéphyr, une troupe de danse canadienne-française, apparaissant notamment au Smithsonian Folklife Festival à Washington, D.C., et au Festival Interfolk en France.
Guide pedagogique
Le CNA a développé un guide pédagogique avec le concours de l’auteure-compositrice primée Olivia Tailfeathers et de Sherryl Sewepagaham, finaliste aux prix Juno, en consultation avec des experts en éducation et des chefs de file du milieu. « Le besoin de programmes autochtones était manifeste, et les écoles ne demandaient pas mieux que d’y prendre part », souligne Geneviève Cimon. « Le programme éducatif fait désormais plus de place à la culture autochtone. Nous offrons ce volet du programme dans 20 écoles cette année. Nous ne suffisons pas à la demande. »
Dans le cadre de ce programme, l’artiste-enseignant passe une journée complète à l’école, oeuvrant avec deux groupes d’élèves dans le cadre d’une séance étendue et approfondie qui se conclut pas une prestation devant un public pouvant réunir jusqu’à 150 élèves. Geneviève Cimon voit le programme prendre de l’ampleur à la faveur de partenariats qui permettront d’en étendre la portée. Son objectif ultime est d’amener les écoles non seulement à comprendre l’importance de l’éducation musicale, mais à s’y engager concrètement.
« J’aimerais que ce programme incite une école à engager un musicien-enseignant à plein temps. C’est mon vœu le plus cher. »