Après Ypres : la musique de deux nations nous emporte

Le 48e régiment des Highlanders de Toronto (Ewart Osborne est assis à l’avant à gauche), vers 1912.
Henry Campbell Osborne, photographié par Yousuf Karsh. Passionné des arts, Obsborne a été l’un des fondateurs du Dominion Drama Festival.
Le 48e régiment des Highlanders de Toronto vers 1915, en Flandre.
Le 48e régiment des Highlanders de Toronto vers 1915, en Flandre.
Le 48e régiment des Highlanders de Toronto vers 1915, en Flandre.
Des soldats qui ont servi leur patrie pendant la guerre reçoivent une lettre de remerciement du roi George V d’Angleterre. / Liste des bateaux ayant transporté des soldats canadiens vers l’Europe pendant la Première Guerre mondiale.

« Nous avions dix-huit ans et nous commencions à aimer le monde et l’existence ; voilà qu’il nous a fallu faire feu là-dessus. Le premier obus qui est tombé nous a frappés au cœur. »

― Erich Maria Remarque, À l’Ouest, rien de nouveau

En novembre, le Centre national des Arts propose deux concerts uniques en hommage à ceux qui ont perdu la vie pendant la Première Guerre mondiale, laquelle a pris fin il y a exactement cent ans cette année, et, plus largement, à tous ceux qui ont souffert des conflits armés dans le monde. L’Orchestre du Centre national des Arts et l’Orchestre national des jeunes d’Allemagne (le Bundesjugendorchester, BJO) donneront vie au War Requiem de Britten dans un esprit de réconciliation le 9 novembre à la Salle Southam. Le 11 novembre, après la cérémonie du jour du Souvenir au Monument commémoratif de guerre du Canada, des chœurs de jeunes canadiens (membres de l’Orchestre national des jeunes du Canada, OrKidstra et des chœurs d’écoles secondaires d’Ottawa) se joindront au BJO sous la direction d’Alexander Shelley pour interpréter un répertoire relié aux thèmes de la guerre et du devoir de mémoire.

Ces deux concerts sont rendus possibles grâce à un généreux don de l’auteur Sarah Jennings, qui vit à Ottawa; ils sont dédiés à la mémoire de deux frères, le colonel J. Ewart Osborne, O.S.D., et le colonel Henry Campbell Osborne, C.M.G., C.B.E.. Ces deux hommes ont vécu la guerre de manière très différente et ont eu des parcours opposés.

Henry Osborne, l’aîné, a passé la majeure partie de la guerre au haut commandement de l’armée britannique à Londres et à Ottawa. Il a ainsi échappé à l’expérience immédiate du combat. Après la guerre, Henry est devenu le premier Canadien à occuper le poste de secrétaire de la Imperial War Graves Commission (aujourd’hui, Commonwealth War Graves Commission); à ce titre, il a supervisé la création de cimetières près des champs de bataille où des soldats canadiens ont perdu la vie et a joué un rôle de premier plan dans la construction du Mémorial national du Canada à Vimy. Il a ensuite fait d’Ottawa son lieu de résidence; il y a été ami de Mackenzie King et a contribué à la création artistique en tant que mécène; il est l’un des fondateurs du Dominion Drama Festival.

De son côté, Ewart faisait partie du 48e régiment des Highlanders de Toronto; il a été fait prisonnier en avril 1915 à la deuxième bataille d’Ypres, pendant laquelle l’armée allemande utilisa pour la première fois des gaz de combat toxiques. Retenu pendant quatre ans dans une prison allemande à l’est de Dresde, Ewart a finalement pu retrouver sa famille en Angleterre après la guerre. Souffrant probablement d’une forme de stress post-traumatique, Ewart a d’abord refusé de rentrer au Canada, préférant vivre en Europe, déracinant sa famille à de nombreuses reprises pendant plusieurs années. Ce n’est que beaucoup plus tard qu’il s’installa dans une maison du quartier Rosedale de Toronto et vécut une vie rangée, marquée par une routine stricte.

Les jeunes hommes et jeunes femmes qui participèrent à l’effort de guerre le firent pour des raisons diverses, mais il va sans dire qu’ils n’étaient pas préparés à affronter l’horreur de la guerre au quotidien. D’une certaine manière, plusieurs d’entre eux, d’un côté comme de l’autre, ont rejoint l’armée avec en tête une vision romancée de ce que serait la guerre.

Les concerts des 9 et 11 novembre avec l’Orchestre national des jeunes d’Allemagne aspirent à raviver un peu de cet espoir et de cette vitalité de la jeunesse grâce à la musique, ce langage universel qui transcende les frontières et les conflits et s’adresse à nos cœurs, peu importe notre âge.

Le War Requiem de Britten sera présenté le 9 novembre à 19 h 30 et la prestation du 11 novembre, à 12 h 30. Les deux concerts auront lieu à la Salle Southam.


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