Workshopping Intervention

Un duo de rapports

Prémices de ce qui allait devenir le projet Stages of Transformation, cet événement de juin 2021 a été l’occasion de réunir en ligne plusieurs artistes de théâtre socialement engagés de tout le pays pour débattre des applications des mouvements abolitionnistes au théâtre (en tant que secteur, discipline et communauté), ainsi que des éventuelles limites.

Voici le bilan que dressent les artistes et dramaturges Makram Ayache et Marilo Nuñez, rapporteurs de cette conversation.

Message de Makram et Marilo

Nous sommes honorés de présenter nos réflexions, à titre de rapporteurs de Workshopping Intervention. Cet événement national a permis à des artistes de théâtre engagés de s’asseoir ensemble pour discuter d’une intégration ou meilleure intégration des mouvements abolitionnistes de la prison. Il ne s’agit nullement d’un compte rendu fidèle de l’événement. Nos réflexions sont fortement teintées par notre situation, classe sociale, identité de genre et race. Il nous a été demandé de ne retenir que les éléments marquants et inspirants. Nous espérons que nos réflexions ouvriront votre esprit à de nouvelles idées et visions et vous inciteront à vous interroger sur la représentation de la justice et de la responsabilité dans le secteur du théâtre. 

Nous aimions l’idée d’écrire deux documents distincts, car cet exercice nous permettrait de repérer facilement les éléments communs ou divergents. Pour nous, il s’agissait bien plus que d’un simple compte rendu de réunion. Certains enjeux de l’abolition sont venus nous secouer au plus profond de notre être. Nous avions soif de découvrir les visions des artistes participants et de rédiger des rapports qui reflètent la qualité et la profondeur des échanges. 

Bien que semblable, notre approche est différente. Makram est un essayiste, un blogueur et un dramaturge. C’est-à-dire qu’il a l’habitude de s’adresser à un public en ligne. Il a tâché de retranscrire clairement et rigoureusement les mots et les motivations des artistes. Toutefois, il n’a pas hésité à ajouter ses propres idées, réflexions et points de vue. Mariló, quant à elle, est une auteure universitaire et dramaturge accomplie qui aborde l’écriture avec sa sensibilité et installe entre le lectorat et elle un pacte de confiance. Son but était de vous faire vivre l’expérience à travers ses yeux. Elle n’a pas pour autant éludé ses propres préjugés ou méconnaissances dans son travail. 

Tous les deux, nous sommes sortis touchés et émus de cette expérience. Sous ce nouvel éclairage, le mot abolition – souvent associé à l’émancipation des personnes réduites à l’esclavage – a pris une tout autre résonnance. Mariló pensait que ce mot n’avait pas vraiment sa place dans sa vie personnelle ou artistique. Cet éclairage a bouleversé la vision qu’elle avait du gouvernement, des politiques et des lois. Elle a dû prendre un peu de recul et adopter une position claire vis-à-vis de l’abolition. Makram avait déjà quelques idées sur la question – en particulier l’abolition du système carcéral. Cependant, il a été ravi d’approfondir ses connaissances, d’enrichir son vocabulaire et d’élaborer des stratégies autour des piliers de l’abolition. 

Merci d’embarquer dans cette aventure avec nous. 

Makram Ayache et Marilo Nuñez

Télécharger le rapport complet (PDF, en anglais seulement)

Pour demander ce rapport dans un format accessible (en anglais seulement), veuillez nous contacter.

« Les arbrisseaux se plaignaient aux arbres : “Vous prenez tout le soleil et nous permettez de nous nourrir seulement lorsque vous vous balancez charitablement dans le vent.” Ce à quoi les arbres répondaient : “C’est que vous êtes des millions, et nous sommes seulement quelques centaines.” Les arbrisseaux répliquaient : “Votre grande taille nous force à rester contenus, petits et près du sol.” Ce à quoi les arbres répondaient : “Mais sans notre protection, vous vous feriez brûler par le soleil. Votre succès dépend de notre succès.” Les arbustes étaient sceptiques, les arbres aussi. Les discussions se poursuivirent au gré des saisons, sans que jamais personne ne réalise qu’ils formaient tous une seule et même forêt. »
Extrait du rapport de l’événement Workshopping Intervention Makram Ayache, intitulé Grace in Practise