Məθkʷəy̓

Camosun Bog, Vancouver, C-B

Promenez-vous dans les zones mises en évidence sur la carte pour écouter les histoires sur place. Tout ce dont vous avez besoin est un appareil avec vous qui peut ouvrir le lien dans un navigateur (connexion Internet requise).

Sur le territoire Məθkʷəy̓, les cousines Quelemia et Chrystal Sparrow évoquent les enseignements de la légende du sʔiɬqey̓ (serpent à double tête) et discutent de leur vie à titre d’artistes contemporaines Musqueam. 

Transcription de l’histoire

[PAROLES ET MUSIQUE]  

QUELEMIA : Je viens de dire : « Parlez-vous Hunq’a’min’um? ». Probablement pas! J’ai dit : « Bonjour tout le monde. Bienvenue à toutes et à tous. Je m’appelle Quelemia Sparrow, et je suis originaire de Musqueam (xʷməθkʷəy̓əm). » Vous êtes… nous sommes ici en un lieu très spécial. Il s’appelle məθkʷəy̓əm. Et voici ma cousine Chrystal. 

CHRYSTAL : Bonjour. 

QUELEMIA : Bonjour. 

CHRYSTAL : Je m’appelle Chrystal Sparrow et je viens aussi de Musqueam. Je suis une artiste salish du littoral et j’ai bénéficié du mentorat traditionnel de mon regretté père, Irving Sparrow. Je suis très fière de venir d’une famille de pêcheurs et pêcheuses. 

QUELEMIA : Oui, j’allais dire « de personnes pratiquant la pêche ». Oui! 

CHRYSTAL : Tout à fait! C’est merveilleux de savoir qu’on a une si riche histoire familiale, d’après de ce que j’ai appris de mes oncles, de nos grands-oncles, de notre grand-père (Edward Sparrow père), de nos pères, de nos parents. Les pêcheurs de la famille sont issus d’une longue lignée qui comprend notre arrière-grand-père Edward Sparrow père, mon grand-père. 

QUELEMIA : En fait, c’est mon grand-père et ton arrière-grand-père. Mon grand-papa Ed, c’est l’arrière-grand-papa de Chrystal. 

CHRYSTAL : Ah oui, c’est vrai. Tu sais, c’est intéressant qu’il y ait autant de grands hommes dans notre famille, et on en vient à oublier qui est grand-père et qui est arrière-grand-père. 

QUELEMIA : Qui est arrière-grand-père? Oui, il y en a un! Pour toi! Arrière-grand-papa Ed... Moi, je suis une artiste de théâtre, et Chrystal est une talentueuse sculptrice et artiste visuelle. Quand tu me parles de ce que tu fais, il est question d’ortie, de tissage, de sculpture, tandis que de mon côté, ce sont les mots et l’art du récit qui comptent, le tout ancré dans le territoire. Alors je passe d’un toponyme à un autre, me plongeant dans les récits et les sχʷəy̓em̓s – c’est comme ça qu’on appelle nos histoires anciennes –, et leur donnant un second souffle, comme dans le cas des narrations concernant le saumon, qui sont si importantes pour nous. Tu le sais, puisque tu t’adonnes à la pêche. 

CHRYSTAL : Je suis une pêcheuse. 

QUELEMIA : Oui. Tu sais, dans le cadre de mon travail, j’ai consulté un grand nombre de récits, je les ai diffusés, mais je me suis aussi trouvée là-dedans. J’ai fait beaucoup de recherches, passé bien du temps dans les archives, pour trouver des références aux histoires que j’avais entendues moi-même de grand-papa (grand-papa Ed) et grand-maman. Grand-maman nous contait souvent des histoires. On avait l’habitude de s’asseoir sur le plancher de la cuisine et on écoutait grand-maman. Et je pense que c’est là que je suis tombée amoureuse de l’art du récit, quand elle nous amenait dans la cuisine. Je me souviens bien d’elle nous narrant ses récits… Et je viens de visiter des lieux comme Sen̓áḵw, Papieyek et Xway Xwey, et j’ai appris beaucoup de choses sur eux. Et ce lieu, ici même, est un lieu particulier. Il s’appelle xʷməθkʷəy̓əm. Alors, j’ai demandé à Chrystal de me rejoindre ici, à xʷməθkʷəy̓əm. Chrystal et moi discutons souvent ensemble de notre art, et de ce que ça veut dire, être xʷməθkʷəy̓əm, de ce que ça veut dire, être des artistes xʷməθkʷəy̓əm. Alors, j’ai pensé qu’il n’y avait pas meilleur endroit pour ce faire que xʷməθkʷəy̓əm!  

Mais je vais d’abord vous narrer la sχʷəy̓em̓ de xʷməθkʷəy̓əm, parce que c’est notre sχʷəy̓em̓, notre histoire, qui raconte comment nous sommes devenus les xʷməθkʷəy̓əm. Il y a une sχʷəy̓em̓, ici, et les sχʷəy̓em̓s, ce sont des histoires anciennes transmises d’une génération à l’autre. Et il y a une sχʷəy̓em̓ qui nous enseigne, qui nous raconte comment nous sommes devenus les xʷməθkʷəy̓əm, comment nous avons pris ce nom. Et tout a commencé ici. 

Les aînés parlent d’un petit lac, appelé xʷməθkʷəy̓əm, où vivait le s ʔ i: ɬ q ə y. Et ce s ʔ i: ɬ q ə y, c’est un serpent à double tête. Et on disait aux enfants de ne pas s’approcher de xʷməθkʷəy̓əm à cause du s ʔ i: ɬ q ə y : « Soyez prudents! ». Je ne voudrais assurément pas m’approcher de ce s ʔ i: ɬ q ə y, de ce serpent à double tête! Alors, un jour, ce s ʔ i: ɬ q ə y quitta xʷməθkʷəy̓əm pour descendre le fleuve sta l ə ̕ w. Ce faisant, il traçait un chemin. Et ce chemin, il était sinueux, et tout ce qui se trouvait sur la route du s ʔ i: ɬ q ə y mourait. Et de ses déjections – celles du s ʔ i: ɬ q ə y – naquit une nouvelle plante, la m ə θkʷ ə y. Et ce chemin tracé par le s ʔ i: ɬ q ə y est devenu le ruisseau qui traverse encore aujourd’hui xʷməθkʷəy̓əm. C’est le ruisseau xʷməθkʷəy̓əm. 

CHRYSTAL : En effet. 

QUELEMIA : Oui, et c’est pour cette raison qu’il y a bien longtemps, on nous a appelés xʷm ə θkʷ ə y ̓ ə m, le peuple de la m ə θkʷ ə y. Quand je pense à la m ə θkʷ ə y, je pense à ce que ça veut dire, être xʷməθkʷəy̓əm, et à ce que ça veut dire pour moi, être artiste xʷməθkʷəy̓əm. Alors, j’aimerais te demander, maintenant qu’on a ensemble partagé cette sχʷəy̓em̓ avec vous tous : qu’est-ce que ça veut dire pour toi, Chrystal, être xʷməθkʷəy̓əm? Et qu’est-ce que ça veut dire pour toi, être artiste xʷməθkʷəy̓əm? 

CHRYSTAL : Je pense que c’est très important, dans la période actuelle de ma vie, d’être (xʷməθkʷəy̓əm) et d’y réfléchir. Cela me semble très familier. C’est le savoir qui vient de nos grands-mères, de nos arrière-grands-mères, de nos ancêtres et qui émerge de notre territoire. Il y tout un savoir qui vit dans la terre. Et c’est un mode de vie, et ce que je veux dire, c’est que c’est une manière importante de montrer qu’il y a un savoir, ici. Et ce n’est pas facile à expliquer, parce qu’il se montre à nous. Il ne se révèle que si ce territoire est le vôtre. Si vous êtes originaire de ce lieu, ce savoir vous trouve, parce que vous êtes ouverts à le recevoir, vous être prêts à apprendre. J’ai découvert que j’adore apprendre! Je travaille à mieux comprendre le territoire, et il se révèle à moi. Alors, j’ai commencé à comprendre que j’avais besoin d’écouter ce que mes mains et mon corps me disaient. Ils me disaient d’observer les pousses d’ortie; d’examiner l’importance du tissage avec les fibres de plantes; d’aller dans la forêt pour penser à nos remèdes; de trouver les personnes détentrices de ces enseignements, afin que je puisse moi aussi les transmettre. À ce moment-là, je ne savais pas pourquoi, j’ai commencé à réfléchir aux couleurs. J’ai commencé à réfléchir aux pigments, à me demander d’où ça venait – je parle de l’origine des couleurs. J’avais fortement l’impression que c’étaient les couleurs de la Terre. Je suis tombée sur un article de deux étudiants de l’UCB qui voulaient recréer la peinture ocre que les Premières Nations utilisaient sur les boîtes de bois qu’on trouve sur la côte ouest. Et l’article est paru au moment où je cherchais des pigments naturels, ici à Vancouver ou ailleurs au Canada, et je cherchais des renseignements. Ces deux jeunes hommes essayaient différentes techniques. Et ils ont demandé l’aide de Bill McLennan, je pense; j’ai peut-être mal prononcé son nom, son nom de famille. Il leur avait dit d’utiliser leur salive, parce que c’est un liant naturel, apparemment. Ces jeunes hommes utilisaient des œufs de saumon pour créer la couleur rouge, cette peinture rouge. Alors, ils ont eu recours à la salive dans leur préparation, et ils ont découvert que la seule manière d’obtenir ce rouge, cette couleur de peinture ou ce pigment, c’était d’utiliser des œufs de saumon frais, de les mâcher dans leur bouche – la salive agissant comme liant –, puis de rapidement appliquer la peinture sur une boîte de bois, préférablement une boîte de cèdre. Et ils ont réalisé que c’était exactement le pigment ocre qu’ils recherchaient! Et je me disais : « C’est incroyable que je sois tombée là-dessus! » Mais en même temps, cela m’était familier. Je reviens à cette idée du savoir familier, de ce quelque chose que j’avais besoin d’apprendre, d’essayer, parce que cela fait partie de ma culture. Et je pense que le grand avantage de l’apprentissage, c’est qu’on peut transmettre ce savoir à d’autres personnes. Je ne veux pas le garder pour moi toute seule! Je réalise que tout cela est venu à moi parce que je suis une détentrice du savoir. Je recherche le savoir. J’en ai déjà en moi, mais il vient à moi parce que j’ai aussi besoin de le transmettre. 

QUELEMIA : Oui, tu transmets le savoir! 

CHRYSTAL : Désormais, je transmets le savoir! 

QUELEMIA : hay čxʷ q̓ə. C’était émouvant! Merci d’avoir partagé avec moi ce que c’est qu’être xʷməθkʷəy̓əm pour toi. Du fond de mon cœur, je te dis hay čxʷ q̓ə, Chrystal. 

J’aimerais remercier Christie Lee Charles, qui a créé et composé la magnifique trame sonore que vous entendez dans cette aventure sonore. Christie est également membre de la Nation xʷməθkʷəy̓əm. 

 


Crédits

Quelemia Sparrow avec Chrystal Sparrow, écriture et interprétation
Mary Jane Coomber, conception sonore
Christie Lee Charles, écriture de la musique et interprétation

SAVAGE SOCIETY (Vancouver)

Darylina Powderface, coordination de l’engagement communautaire 
Cameron Peal, coordination de production 
Sherri Sadler, marketing et communication 
Chelsea Carlson, productrice administrative 
Safoura Rigi-Ladiz, rédaction et vidéographie 
Heather Cant, consultation (Cités autochtones)

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