Le CNA demeure ouvert en cette fin de semaine de la fête du Canada.

Hamelin & "L'Empereur" de Beethoven

et Storgårds dirige les Variations Enigma

2025-02-05 20:00 2025-02-06 23:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Hamelin & "L'Empereur" de Beethoven

https://nac-cna.ca/fr/event/36131

Événement en personne

Marc-André Hamelin est un pianiste montréalais primé aux Juno et sélectionné aux Grammy. Son interprétation de l’« Empereur » ne laisse aucun doute sur ce qui fait de lui l’un des pianistes les plus demandés au monde. « White Interment », la symphonie à un mouvement de Victoria Polevá, est une œuvre introspective, méditative et d’une...

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Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
5 - 6 fév 2025

≈ 2 heures · Avec entracte

Nos programmes sont passés au numérique.

Balayez le code QR à l’entrée de la salle pour lire les notes de programme avant le début du spectacle.

Répertoire

VICTORIA POLEVÁ

Symphonie No. 3, "White Interment"

LUDWIG VAN BEETHOVEN

Concerto pour piano no 5, « Empereur »

EDWARD ELGAR

Variations sur un thème original, opus 36, « Variations Enigma »

Broadheath (Worcestershire), 2 juin 1857
Worcester, 23 février 1934

La première des Variations Enigma, le 19 juin 1899, marque un tournant dans la vie d’Edward Elgar. Ce dernier, alors au début de la quarantaine, était pratiquement inconnu à l’extérieur de son pays natal, l’Angleterre, et était considéré, selon ses propres termes, comme « un homme qui n’avait pas encore fait parler de lui ». Les Variations allaient entraîner un changement radical. Après la création de l’œuvre au mois de juin, Elgar retoucha la partition et étoffa le finale; il constata bientôt que la pièce était jouée de plus en plus souvent devant des auditoires enthousiastes, pas seulement en Angleterre, mais également sur le continent et en Amérique. La renommée d’Elgar s’étendit si rapidement qu’il fut anobli cinq ans à peine après la création des Variations. Il dédia la partition à ses amis qui avaient inspiré l’œuvre.

L’identité des amis qu’Elgar dépeint en musique est justement l’un des aspects de l’énigme du titre. L’œuvre débute par l’exposition d’un thème solennel, suivi de 14 variations, la première brossant le portrait de l’épouse d’Elgar et la dernière, l’autoportrait en musique du compositeur. Ces deux variations encadrent les descriptions orchestrales de 12 personnes ayant joué un rôle important dans la vie musicale ou sociale d’Elgar; les initiales ou le surnom de chacune apparaissent avant chaque variation sur la partition. Au départ, Elgar refusa de dévoiler l’identité des personnes dépeintes, mais il publia par la suite une explication détaillée donnant des indices permettant de les reconnaître.

Les Variations comportent toutefois une autre énigme. Elgar n’a jamais révélé quel était le thème mystérieux et véritable de l’œuvre, se contentant de dire que « dans l’ensemble des variations court un autre thème plus important, qui n’est pas joué ». Ce thème non joué ne se manifestant jamais a confondu le monde de la musique pendant plus d’un siècle. La femme d’Elgar et son ami August Jaeger connaissaient probablement le secret, mais ils l’ont emporté avec eux dans la tombe. Les diverses spéculations ont pris des proportions absurdes. Plus tard au cours de sa vie, le compositeur a donné un indice, déclarant que le thème est « si connu qu’il est étrange que personne ne l’ait découvert ». Des musicologues ont tenté en vain d’établir un lien entre les Variations et toutes sortes de chansons et de mélodies populaires. Ils ont envisagé des thèmes philosophiques (« un autre thème plus important »), tels que l’intimité, l’amitié et la sincérité. Ils ont même évoqué la possibilité que ce soit une farce et que le thème caché n’existe tout simplement pas. L’énigme demeure complète.

THÈME (Énigme) – Le thème est présenté d’entrée de jeu. Il est composé de deux phrases : la première, plaintive et triste, en sol mineur, est énoncée par les violons dans une ligne doucement montante et descendante; la deuxième phrase, en sol majeur, se partage entre les cordes et les bois.

VARIATION I – Sur le même tempo, on nous présente Caroline Alice Elgar, la femme du compositeur, dont la vie fut, selon les mots de celui-ci, « une source d’inspiration romantique et raffinée ».

VARIATION II – Hew David Steuart-Powell, un pianiste avec qui Elgar faisait de la musique de chambre (violon), est décrit ici avec humour comme un musicien faisant quelques exercices d’échauffement.

VARIATION III – Elgar propose la caricature de l’acteur Richard Baxter Townshend jouant le rôle d’un vieil homme dans une pièce de théâtre amateur.

VARIATION IV – Pour la première fois, on entend ici l’orchestre au complet. Selon une personne qui le connaissait, William Meath Baker était un « châtelain au style suranné du Gloucestershire; un érudit […], un homme plein d’énergie ».

VARIATION V –  Richard Penrose Arnold, fils de Matthew Arnold, est dépeint comme un homme sérieux et d’une grande profondeur.

VARIATION VI – Mlle Isobel Fitton jouait de l’alto en amateur et aimait faire de la musique de chambre avec Elgar; le compositeur utilise ici l’alto fort à propos pour décrire cette femme au charme romantique.

VARIATION VII – Dans cette variation, l’architecte Arthur Troyte Griffith joue maladroitement du piano et Elgar s’efforce de l’aider; la conclusion brutale suggère l’exaspération provoquée par l’exercice.

VARIATION VIII – Cette variation dépeint la vie tranquille que menait l’élégante Mlle Winifred Norbury dans sa résidence du XVIIIe siècle à Worcester.

VARIATION IX – Dans la plus célèbre des variations, Elgar rend hommage à August Jaeger avec sensibilité. Le surnom « Nimrod » renvoie au chasseur de la Bible, fils de Cush (« Jaeger » signifie « chasseur » en allemand). La douce chaleur qui imprègne cette musique s’inspire, dit Elgar, « du souvenir d’une longue conversation par un soir d’été au cours de laquelle mon ami Jaeger s’était exprimé avec éloquence – comme lui seul savait le faire – sur la grandeur de la musique de Beethoven, en particulier dans ses mouvements lents ».

VARIATION X – Dorabella (qui devint plus tard Mme Richard Powell) était une femme à la conversation hésitante et aux manières gracieuses. Elgar parlait de cette musique comme d’une « danse à la grâce féerique ».

VARIATION XI – La tradition veut que cette musique renvoie aux cabrioles du bulldog de Sinclair, nommé Dan, lorsqu’il courait vers les rives de la rivière Wye pour y nager à contre-courant, avant d’en sortir en aboyant.

VARIATION XII – Basil G. Nevinson était un autre musicien amateur appartenant au cercle d’Elgar. Il jouait du violoncelle, instrument évidemment en vedette dans cette variation.

VARIATION XIII – Lady Mary Lygon est représentée ici; elle se trouvait en bateau à destination de l’Australie au moment de la composition. Cette douce marine contient des citations à la clarinette de l’Ouverture Mer calme et heureux voyage de Mendelssohn.

VARIATION XIV – Cette fois, il s’agit d’Edward Elgar lui‑même. Le compositeur est dépeint ici comme un homme affirmé et confiant, plutôt que dans l’attitude réservée qui lui était plus coutumière. Les Variations s’achèvent ainsi sur des sonorités triomphales.

Pinchas Zukerman et l’Orchestre du CNA entretiennent une relation de longue date avec les Variations Enigma, qu’ils ont présentées pour la première fois en 2005 et plus récemment en 2013. Plusieurs orchestres invités ont aussi interprété l’œuvre à la salle Southam, dont l’Orchestre national de la BBC au Pays de Galles en 1983 et l’Orchestre métropolitain sous la direction de Yannick Nézet-Séguin en 2015.

Traduit d’après Robert Markow

Artistes

  • Piano Marc-André Hamelin
  • Chef d'orchestre John Storgårds
  • Avec Orchestre du CNA

Alliance international des employés de la scène