For This Artist, the Medium Is the Body
Article en anglais.
Human Measure, première œuvre de danse contemporaine de Cassils, s’appuie sur les connaissances de celui-ci en kinésiologie, en arts martiaux, en sciences du sport et en photographie afin de réinterpréter la série de peintures Anthropométries d’Yves Klein.
Dans cette œuvre fort pertinente dans le contexte actuel sans précédent, où les lois anti-trans se multiplient, Cassils collabore avec la chorégraphe de renommée internationale Jasmine Albuquerque et cinq interprètes transgenres, non conformes dans le genre et non binaires. Plutôt que de s’approprier le judo, comme l’a fait Klein, Cassils tire son inspiration des mouvements d’autodéfense, où les représentations intersectionnelles s’appuient sur des récits entourant les corps et l’athlétisme trans.
À la différence des modèles féminins passifs et cisgenres utilisés dans l’œuvre de Klein, les traces laissées par les interprètes de Human Measure reflètent un processus de travail autonome. Au-delà de l’œuvre d’art elle-même, Cassils prend volontairement soin des interprètes au cours du processus de création, en leur offrant des ateliers d’exploration corporelle et des techniques de relâchement pour mieux les outiller face à une société qui n’accorde pas de valeur à l’identité trans.
L’œuvre s’inscrit dans la continuité des recherches de Cassils sur la déconstruction du langage photographique. Ici, la scène est transformée en chambre noire et visible uniquement au moyen des lumières rouges de sécurité. Cette ambiance évoque les sirènes, le sang, les quartiers mal famés et l’histoire de la photographie. Sur la scène se trouve un grand morceau de tissu traité avec une solution chimique pour cyanotype. Quand les corps des interprètes percutent le sol pendant le spectacle, des éclats de lumière exposent leurs empreintes, créant ainsi des photogrammes en direct. L’œuvre se conclut lorsque le tissu est détaché du plancher, plongé dans des bacs d’eau, puis suspendu devant le public. Pendant que des gouttes d’eau et de transpiration glissent du tissu, un cyanotype se développe sous les yeux de l’auditoire : des traces de corps tombés sur un fond bleu éclatant.
Cassils, artiste transgenre, fait de son propre corps le matériau et le protagoniste de ses performances. L’art de Cassil traite de l’histoire de la violence (ou des histoires de violence) envers les LGBTQI+, celle de leur représentation, de leur lutte, de leur survie et de leur émancipation. Pour l’artiste, la performance est une forme de sculpture sociale : s’appuyant sur l’idée que les corps sont façonnés en fonction des volontés de ceux qui détiennent le pouvoir et des attentes sociales, l’œuvre de Cassils explore les contextes historiques pour comprendre le présent.
Cassils a récemment présenté des expositions solos au HOME, à Manchester; au Station Museum of Contemporary Art, au Texas; à l’Institut des arts contemporains de Perth, en Australie; à la galerie Ronald Feldman, à New York; à la Philadelphia Academy of Fine Arts, en Pennsylvanie; au Centre d’arts contemporains Bemis, à Omaha; au MU d’Eindhoven, aux Pays-Bas. Cassils a remporté la résidence Fleck 2020 du Centre des arts de Banff, une bourse du centre Bellagio de la Fondation Rockefeller, une bourse du United States Artists, une bourse de la Fondation Guggenheim, plusieurs bourses du Conseil des arts du Canada, un prix Creative Capital, et a été finaliste à la bourse pour artistes Princeton Lewis,
Cassils a cofondé In Plain Sight, un collectif rassemblant plus de 80 artistes et 17 organisations en quête de justice pour les personnes immigrantes, dont l’objectif est d’abolir la détention d’immigrant·e·s et la culture de l’incarcération américaine. Cassils est aussi professeur de sculpture et de pratiques artistiques intégrées au Département des beaux-arts de l’Institut Pratt, à Brooklyn, New York.
L’investissement de 120 000 $ du Fonds national de création vise à financer deux résidences supplémentaires pour l’équipe de création et la compagnie de danse afin qu’elles puissent poursuivre l’adaptation artistique et technique de l’œuvre au théâtre. Il permet aussi à l’équipe d’expérimenter de nouvelles interventions vocales en direct et de les intégrer au spectacle, d’apporter des améliorations aux éclairages et de créer six nouveaux cyanotypes.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada pour son soutien.
L’œuvre chorégraphique Human Measure a été commandée dans le cadre de l’exposition solo Cassils: Human Measure, 2021, HOME Manchester, R.-U., organisée par Bren O’Callaghan.
Human Measure a été rendue possible grâce au soutien de la Bourse Paul D. Fleck du Centre des arts de Banff, avec l’appui de la Walter Phillips Gallery du Centre des arts de Banff, à l’initiative de Carol A. Stakenas et Jacqueline Bell.
Nous remercions aussi le programme de résidence du centre Bellagio de la Fondation Rockefeller, la Fondation InMaat, Canadian Stage ainsi que le Roy and Edna Disney CalArts Theater (REDCAT) pour leur soutien continu.
Du 27 au 29 octobre 2022, Berkeley Street Theatre (Toronto), présentées par Canadian Stage.
13 au 15 octobre 2022: REDCAT (Los Angeles)