Des compositeurs de classe

Introduction

Qu’est-ce que la musique? C’est une question très ouverte, parce que la musique peut être une foule de choses différentes pour des personnes différentes. Pour certains, la musique c’est la culture, une expérience, une émotion; elle est significative, expressive. Cependant, même si tous ne s’entendent pas sur une même définition, tous sont d’accord pour dire que la musique peut inspirer, toucher, émouvoir et rassembler.

De quoi avons-nous besoin pour faire de la musique? (Exemples : instruments, musiciens, chanteurs, rythme, mélodie, formes, harmonie, sons numériques, etc.)

Sans instruments, la musique est-elle encore de la musique? Peut-on être compositeur si on ne sait pas jouer d’un instrument ou si on ne sait pas écrire la musique? Peut-on créer et jouer de la musique sans aucun instrument? Peut-on faire de la musique avec la voix seulement? Avec un sac en papier? Avec un marteau?

Habiletés et concepts : Composition, mesure ternaire (ABA), notation musicale novatrice.

Objectifs : Créer une composition avec des instruments qui n’en sont pas. Comprendre et reconnaître la mesure ternaire (ABA) en musique.

Classes visées : de la 4e à la 6e année.

Matériel

Tableau blanc et marqueurs

Objets pouvant produire des sons : sacs de papier, journaux, ciseaux, poubelles, règles, élastiques, livres à couverture dure, chaussures, pièces de monnaie, perles, bocaux, seaux, boîtes de conserve, etc. (tous les objets qui se trouvent dans la classe et avec lesquels on peut produire des sons en les laissant tomber, en les poussant, en les roulant, en les froissant, en les secouant, en les faisant tournoyer, etc.)

Rouleau de papier (utiliser du papier pour affiche, blanc ou de couleur claire, d’environ 1 mètre de largeur, puis le couper en deux à l’horizontale et coller ensemble, à l’arrière, les bords des deux morceaux pour obtenir une longueur totale de 2 mètres).

Trois fiches de 5 x 7 pouces sur lesquelles seront collées les lettres A B A, découpées dans du papier de bricolage ou du papier manille.

Vidéo Miniwanka, de R. Murray Schafer, sur YouTube

Musique autochtone

Les peuples autochtones entretiennent des liens étroits avec la nature. Ils s’en inspirent, comme ils s’inspirent des liens qui unissent les êtres humains, les animaux, les saisons et le climat.

Leurs récits et leurs chants traditionnels expriment ces liens. Ces liens sont perceptibles dans la musique et les chants qui traduisent l’atmosphère et les émotions que produit la nature. Il existe des chants avec ou sans mots (psalmodies), qui créent un lien avec le monde des esprits, qui aident à prier et à célébrer, à communier les uns avec les autres et à honorer la terre.

Les instruments qui les accompagnent reflètent le rythme de la terre. Ils sont faits de matériaux naturels comme des peaux et des tendons d’animaux, du bois pour les supports des tambours, de petits cailloux et du sable pour les hochets, ainsi que des plantes et des fruits, qui fournissent teintures et couleurs.

À la différence de la musique classique occidentale, la musique autochtone traditionnelle n’utilise pas les formes comme ABA (forme ternaire). Beaucoup de chants autochtones traditionnels sont structurés plutôt en cycles, c’est-à-dire en sections qui se répètent en longues phrases psalmodiées.

R. Murray Schafer

R. Murray Schafer (1933-2021) était un compositeur canadien qui habitait en Ontario. Il avait un profond respect et un lien avec la nature et sortait souvent des limites de ce qu’un compositeur typique était censé composer. Il a redéfini et élargi la définition d’une composition, montrant que les compositions pouvaient être constituées de sons naturels et inhabituels.

Il était un environnementaliste qui aimait la nature et qui a souvent trouvé son inspiration dans les sons qu’elle lui offrait. L’environnement était sa toile. Les arbres, le vent, les oiseaux et les animaux étaient ses instruments et, parfois même, les compositeurs.

Histoire et culture musicales

Au cours de cette leçon, les élèves vont apprendre certains éléments de la musique autochtone traditionnelle et voir comment les langues autochtones et la nature inspirent le compositeur canadien (non autochtone) R. Murray Schafer.

Le titre de sa composition chorale Miniwanka vient du mot nakota minnewanka, qui signifie « eau des esprits ». Il y a dans le parc national de Banff un lac appelé Minnewanka.

Vous trouverez sur YouTube plusieurs enregistrements de Miniwanka, y compris à l’adresse

https://www.youtube.com/watch?v=ViBbRM3gFnI, où la pièce, tirée de l’album A Garden of Bells, est chantée par le Vancouver Chamber Choir.

Activité

Étape 1. Amorcez la discussion en posant aux élèves les questions suivantes : Qu’est-ce que la musique? De quoi a-t-on besoin pour faire de la musique? (Notez les réponses des élèves à cette question.) La musique est-elle vraiment de la musique s’il n’y a pas d’instruments? Peut-on être compositeur si on ne sait pas jouer d’un instrument ou si on ne sait pas comment écrire une chanson? Peut-on créer et jouer de la musique sans aucun instrument?

Étape 2. Quand les idées auront été notées, faites entendre l’enregistrement du Miniwanka de R. Murray Schafer. Certains élèves auront tendance à ricaner, d’autres trouveront peut-être que l’exemple ne correspond pas à leur définition ou à leur idée de la musique. Demandez-leur s’ils retrouvent dans cet exemple les éléments qu’ils ont énumérés en réponse à la question ci-dessus.

Étape 3. Demandez aux élèves de créer une composition en groupe, à l’aide des objets « producteurs de bruit » qu’ils ont recueillis. Distribuez ces objets ou demandez aux élèves de choisir.

Étape 4. Invitez les élèves à faire, tour à tour, l’essai de l’objet qu’ils ont choisi ou reçu pour en entendre le son.

Étape 5. Discutez de la possibilité d’utiliser l’objet différemment afin de produire un son différent. Demandez aux élèves s’ils croient possible de regrouper certains objets parce qu’ils ont un son ou des qualités semblables.

Étape 6. Discutez : Qu’est-ce qu’une forme musicale? Réponse : c’est l’organisation de la musique en sections. Par exemple, la chanson Ah! vous dirai-je, maman suit la forme simple ABA, appelée forme ternaire. Invitez les élèves à déterminer avec vous comment structurer leur composition à partir de la forme ABA et des fiches préparées avec ces lettres. Demandez : Qu’y aura-t-il dans la section A? En quoi la section B sera-t-elle différente de la section A? Il peut s’agir par exemple de groupes de sons, d’ambiances, de tempos (vitesses) ou d’une dynamique (volume) différents. Invitez les élèves à décider quels « instruments » ou quels objets producteurs de bruits figureront dans chaque section. Collez les fiches A B A au bas du rouleau pour indiquer l’emplacement de chaque section.

Étape 7. Une fois ces décisions prises, écrivez au tableau la façon dont les élèves souhaitent représenter leurs sons ou groupes de sons sur papier. Quels symboles représentent le mieux leurs sons (spirales, traits ondulés plus ou moins serrés, formes en dents de scie, points, etc.)? Transcrivez les symboles choisis sur le rouleau de papier.

Étape 8. Quand tous les objets producteurs de sons et tous les groupes de sons auront été notés sur le rouleau de papier, commencez les répétitions. Chaque composition musicale commence et se termine par un silence. Qui dirigera l’orchestre? L’enseignant? Un élève? Le tempo est-il trop rapide ou trop lent? Encouragez les élèves à s’écouter les uns les autres et à surveiller à quel moment ils doivent jouer ou faire silence. Incitez-les à écouter attentivement quand ils ne jouent pas.

Étape 9. Exécutez la pièce dans sa version finale. Terminez avec une discussion sur la composition.

Questions à poser en conclusion

Discutez : D’après vous, est-ce que notre composition produit certains des résultats du remue-méninges que nous avons fait au début de l’activité? En quoi les sections A et B sont-elles différentes? Est-ce que cette forme vous a aidés à organiser l’ensemble des objets ou l’ensemble des instrumentistes pendant l’interprétation?