Strauss réinventé : L’OCNA commande quatre nouvelles œuvres

À gauche, Kelly-Marie Murphy, une femme aux cheveux courts et bouclés, et à droite, Kevin Lau, un homme aux cheveux courts et noirs portant des lunettes.
Compositeurs canadiens Kelly-Marie Murphy et Kevin Lau

Des compositions canadiennes contemporaines créées pour accompagner des œuvres classiques de Strauss

« C’est une aventure musicale qui repousse les limites de la créativité. Nous sommes ravis que ces compositrices et compositeurs canadiens de premier plan se joignent à nous dans cette incroyable aventure, revisitant les chefs-d’œuvre de Strauss avec leur perspective unique du XXIe siècle. »

Alexander Shelley, directeur musical, Orchestre du CNA

Plus d’un siècle après que Richard Strauss (1864-1949) a laissé son empreinte sur le répertoire classique en tant que compositeur audacieusement moderniste, l’Orchestre du Centre national des Arts (OCNA) a commandé à quatre compositrices et compositeurs canadiens de nouvelles œuvres qui serviront de pendants modernes à la musique du compositeur allemand. 

Sous la conduite visionnaire du directeur musical Alexander Shelley, on a demandé à ces artistes remarquables de créer des compositions qui résonnent avec l’esprit, les récits, les paysages sonores ou les ambiances des œuvres originales de Richard Strauss. S’appuyant sur leur sensibilité du XXIe siècle, ces créatrices et créateurs produiront une juxtaposition dynamique entre la tradition et l’innovation, en créant de nouvelles œuvres qui viendront s’ajouter aux chefs-d’œuvre de Strauss.

Voici les compositrices et compositeurs canadiens retenus pour cet important projet, avec leurs choix respectifs de compositions de Strauss :

  • Kevin Lau (réponse à Tod und Verklärung)
  • Kelly-Marie Murphy (réponse à Don Juan)
  • Ian Cusson (réponse à Also Sprach Zarathustra)
  • Alexina Louie (réponse à Der Rosenkavalier)

L’OCNA entreprend un parcours de plusieurs saisons au cours duquel ces nouvelles œuvres de commande seront créées à la Salle Southam du Centre national des Arts, jouées en concert en compagnie des pièces de Strauss qui les ont inspirées. Cette série de nouvelles commandes et créations en concert se poursuivra jusqu’à la saison 2025–2026, et se conclura par le lancement sur le marché d’un enregistrement regroupant les cinq œuvres commandées ainsi que leurs pendants de Strauss.

Deux premières mondiales en novembre 2023

Les premières commandes du projet Strauss seront créées à la Salle Southam dans le cadre du programme Shelley dirige Strauss les 22 et 23 novembre 2023, et le concert du 23 novembre sera diffusé gratuitement en direct à compter de 20 h, heure de l’Est. 

L’un des faits saillants de ce premier concert de la série est la création mondiale très attendue de la composition de Kevin Lau, The Infinite Reaches, et de l’opus de Kelly-Marie Murphy, Dark Nights, Bright Stars, Vast Universe.

Kevin Lau, The Infinite Reaches

Le compositeur Kevin Lau exprime sa fébrilité en ces termes :

« La création de The Infinite Reaches a été une entreprise exaltante. Il me tarde de présenter cette nouvelle composition qui se marie parfaitement à Mort et Transfiguration de Strauss. C’est une exploration profonde de l’esprit humain. »

Kevin Lau (né en 1982) est l’un des jeunes compositeurs canadiens les plus polyvalents et les plus prisés de musique d’orchestre, de musique de chambre, de ballet, d’opéra et de film. Ses œuvres ont été jouées dans le monde entier par des artistes et des ensembles parmi les plus éminents au Canada. En 2017, il compose le ballet Dark Angels, une commande du CNA, qui est présenté dans le cadre du projet Rencontr3s avec le Ballet national du Canada et l’Orchestre du CNA. 

La dernière commande de l’Orchestre du CNA à Kevin Lau s’inspire du poème symphonique Mort et transfiguration du compositeur allemand. Il décrit la pièce en ces termes :

« Cette œuvre m’a attiré d’emblée; son récit musical saisissant, transcendant résonne puissamment avec mes propres sensibilités créatrices. En même temps, la question existentielle au cœur de l’œuvre, à savoir ce qui se trouve au-delà de la mort, avait commencé à s’insinuer dans mes propres réflexions, et ce, de plus en plus fréquemment.

« De nombreux mois allaient cependant s’écouler avant que je puisse transformer ces réflexions en un impératif musical cohérent. Finalement, après plus d’un épisode de paralysie créative, j’ai découvert ma « porte d’entrée » grâce à un mythe ancien : celui de Charon, passeur d’âmes des défunts sur le fleuve Styx jusqu’au royaume d’Hadès. Cette image a allumé l’étincelle de départ pour ma musique : elle ouvre sur un ostinato en 9/8 qui commence dans les profondeurs de l’orchestre, puis remonte graduellement jusqu’aux registres les plus élevés. Cette association musicodramatique m’a permis de me réfugier dans la métaphore : en décrivant un voyage mythique sur les rives du monde souterrain, je me suis senti libre d’explorer le terrain émotionnel et psychologique de Mort et Transfiguration, sans suivre explicitement les traces de Strauss. »

Dans les notes de programme du concert, M. Lau approfondit ses réflexions sur son processus créatif. 

Kelly-Marie Murphy, Dark Nights, Bright Stars, Vast Universe

Pour sa première commande de l’Orchestre du CNA, la compositrice Kelly-Marie Murphy a été chargée d’écrire une réponse à Don Juan, l’œuvre orchestrale de Richard Strauss. Elle s’exprime en ces termes à propos de sa nouvelle pièce, Dark Nights, Bright Stars, Vast Universe :

« Travailler sur Dark Nights, Bright Stars, Vast Universe a été une expérience remarquable. La juxtaposition avec le Don Juan de Strauss crée une tapisserie sonore qui, je pense, trouvera un écho profond auprès du public. »

Kelly-Marie Murphy est bien connue sur la scène musicale canadienne : « imaginatives et évocatrices » (The National Post), ses compositions sont semblables à « un assaut puissant pour les sens » (The Globe and Mail). Née sur une base de l’OTAN en 1964 en Sardaigne (Italie), Kelly-Marie Murphy a passé sa jeunesse aux quatre coins du Canada sur différentes bases des Forces armées canadiennes. Après avoir vécu de nombreuses années dans la région de Washington, D.C., où elle a été fichée par le Service de l’immigration et de la naturalisation des États-Unis comme « étrangère ayant des habiletés extraordinaires », elle poursuit maintenant, en toute discrétion, sa carrière de compositrice indépendante à Ottawa. Dans la notice qui accompagne sa pièce, la compositrice fait la révélation suivante : 

« En réfléchissant à la manière de répondre à ce poème sonore emblématique, j’ai décidé d’examiner ce qui se passait dans le monde à l’époque où Strauss composait. L’un des événements importants, il me semble, a été le tableau de Vincent Van Gogh intitulé La nuit étoilée, de 1889. L’autre a été la découverte de la nébuleuse de la Tête de cheval par Williamina Fleming en 1888. Madame Fleming faisait partie d’un groupe de femmes qui s’employaient à étudier les spectres lumineux des astres et à répertorier les étoiles pour les astronomes de l’observatoire de Harvard. Sa vie extraordinaire est devenue le sujet de mon propre poème symphonique. Dark Nights, Bright Stars, Vast Universe s’articule autour de certains thèmes principaux : le questionnement, la recherche et la curiosité, la persévérance et la détermination, ainsi que la beauté du ciel étoilé. »

Mme Murphy évoque la pièce plus en détail dans les notes de programme du concert. 

À propos de Richard Strauss

La musicologue Hannah Chan-Hartley présente le célèbre compositeur comme suit :

« Le compositeur et chef d’orchestre allemand Richard Strauss s’est surtout fait connaître par ses opéras et ses poèmes symphoniques, des œuvres en un mouvement qui évoquent le contenu d’une source extra-musicale, qu’il s’agisse d’une histoire, d’un poème ou d’une peinture. En 1888, il prit la résolution que son cheminement artistique devait être, désormais, de « créer de nouvelles formes pour chaque nouveau sujet ». Le poème symphonique représentait une façon inédite de structurer la musique orchestrale par rapport aux formes abstraites traditionnelles de la symphonie en quatre mouvements.

« Cette année-là, Strauss composa ses premiers poèmes symphoniques rapidement, l’un après l’autre, en commençant par Macbeth, suivi huit mois plus tard par Don Juan, puis en 1889, par Tod und Verklärung (Mort et Transfiguration). En l’espace d’une décennie, Don Juan et Tod und Verklärung intégrèrent définitivement le répertoire musical allemand. Avec chacun des poèmes symphoniques qu’il a composés – de Till Eulenspiegels lustige Streiche (Les joyeuses facéties de Till l’Espiègle) à Ein Heldenleben (Une vie de héros), en passant par Eine Alpensinfonie (Une Symphonie alpestre) – Strauss a trouvé des moyens innovants d’utiliser le timbre, la texture et la sonorité de l’orchestre en leur donnant toujours plus d’ampleur pour transmettre de manière vivante l’étendue de l’expérience humaine. »


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