Bancroft, Dvořák & Clara-Jumi Kang

avec l’Orchestre du CNA

2025-02-19 20:00 2025-02-20 23:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Bancroft, Dvořák & Clara-Jumi Kang

https://nac-cna.ca/fr/event/36132

Événement en personne

Clara-Jumi Kang est une musicienne audacieuse. Elle ne donne que des concerts hors pair où « électrisant » est le maître-mot.  Depuis qu’il a remporté le prix Malko, le maestro Ryan Bancroft est devenu une des plus grandes stars de la musique classique. La compositrice suédoise Andrea Tarrodi insuffle souvent une touche d’éclat et de lumière dans ses créations, souvent en...

Read more

Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
19 - 20 fév 2025

≈ 2 heures · Avec entracte

Nos programmes sont passés au numérique.

Balayez le code QR à l’entrée de la salle pour lire les notes de programme avant le début du spectacle.

Répertoire

ANDREA TARRODI

Lucioles

LUDWIG VAN BEETHOVEN

Concerto pour violon en ré majeur, opus 61 (James Ehnes) (44 minutes)

Bonn, le 16 décembre 1770
Vienne, le 26 mars 1827

L’unique apport de Beethoven au répertoire des concertos pour violon s’est révélé un monument. Non seulement son concerto est-il plus long et plus complexe que toutes les œuvres antérieures de ce genre, mais en plus, par sa pensée et son ampleur symphoniques, il éclipse tous ses prédécesseurs. Ce concerto de Beethoven continue d’être considéré comme le roi des concertos, quel que soit l’instrument soliste, et le seul à rivaliser avec lui au panthéon des concertos pour violon est celui de Brahms (lui aussi en ré majeur).

Beethoven a composé son concerto à la fin de l’année 1806, à l’époque où il écrivait ou achevait d’autres chefs-d’œuvre, comme la Symphonie no 4, le Concerto pour piano no 4, les trois quatuors « Razoumovsky », la première révision de Fidelio et les 32 Variations pour piano en do mineur. Comme cela était courant à l’époque, Beethoven avait en tête un soliste précis, le virtuose Franz Clement (1780–1842), lorsqu’il a composé ce concerto. Selon tous les témoignages, Clement était l’un des musiciens les plus doués de Vienne, possédant une mémoire musicale comparable à celle de Mozart. Il avait commencé sa brillante carrière alors qu’il était encore tout jeune, se produisant à l’Opéra impérial de Vienne et sous la direction de Haydn à Londres. Devenu adulte, il fut premier violon solo et chef d’orchestre à l’Opéra de Vienne. Beethoven avait écrit cette œuvre à la demande de Clement, qui avait l’intention de l’interpréter au concert-bénéfice qu’il donnait le 23 décembre 1806 au Theater an der Wien. Le lyrisme profond de ce concerto, la délicatesse de ses phrases et sa poésie reflètent les qualités d’instrumentiste de Clement, qui, selon les commentaires de ses contemporains, se caractérisaient par une intonation parfaite, un contrôle souple de l’archet, une expression gracieuse et tendre, et une délicatesse, une précision et une élégance indescriptibles.

Le concerto démarre sur cinq battements doux des timbales. Ces notes égales et répétées deviennent l’un des grands motifs unificateurs du mouvement, repris dans de nombreux contextes et atmosphères. La tension intérieure de ce mouvement est renforcée par le contraste entre ces cinq battements et le gracieux lyrisme des mélodies. Il est à noter que les deux thèmes principaux sont introduits chaque fois par un groupe de bois et sont tous deux constitués exclusivement de motifs de la gamme de ré majeur, dans un esprit lyrique et tranquille d’une beauté sublime.

Le Larghetto, passage semblable à un hymne, est l’un des mouvements lents les plus admirables de Beethoven. À proprement parler, il ne se passe pas grand-chose dans ce mouvement, qui offre une atmosphère de paix profonde, de contemplation et d’introspection tandis que les trois thèmes, tous en sol majeur, s’entrelacent dans une série de variations de forme libre.

Une brève cadence mène directement à l’exubérant finale – un rondo caractérisé par un thème principal récurrent et mémorable, de nombreux embellissements dans la partition du cor évoquant la chasse, et d’innombrables touches d’humour.

Traduit d’après Robert Markow

Antonín Dvořák

Symphonie nº 8 en sol majeur, opus 88

ANTONÍN DVOŘÁK
Mühlhausen, Bohème (aujourd’hui Nelahozeves, République tchèque), 8 septembre 1841
Prague, 1er mai 1904

Génération après génération, les mélomanes sont séduits par l’esprit chaleureux et insouciant de la Symphonie no 8 de Dvořák. Son caractère essentiellement joyeux, son atmosphère idyllique, son évocation de la nature et de la vie simple à la campagne rappellent d’autres symphonies à caractère pastoral : la Symphonie no 6 de Beethoven, la Symphonie no 1 « Le printemps » de Schumann, la Symphonie no 5 de Schubert, la Symphonie no 4 de Mahler et la Symphonie no 2 de Brahms.

Dvořák a commencé à travailler à sa huitième symphonie au mois d’août 1889. Il était d’excellente humeur et plein de confiance en son talent créateur. Il se plaignit même à un ami d’avoir la tête pleine d’idées (« Les mélodies coulent en abondance »), regrettant qu’il lui faille tant de temps pour les noter. C’est la raison pour laquelle il ne lui fallut que 12 jours pour esquisser le premier mouvement, une semaine pour le deuxième, quatre jours pour le troisième et six jours pour le finale. L’orchestration elle-même exigea six semaines supplémentaires de travail. Trois mois après avoir commencé, Dvořák était prêt à remettre la partition à l’éditeur, qui, fait exceptionnel, n’était pas cette fois Simrock, mais la firme anglaise Novello. Dvořák a dirigé la première exécution de sa symphonie le 2 janvier 1890, à Prague.

Il fut longtemps d’usage de surnommer Symphonie « anglaise » cette œuvre de Dvořák, mais le compositeur lui-même a dédié la partition « à l’Académie de Bohème de l’empereur François-Joseph pour son soutien aux arts et à la littérature, en guise de remerciement pour [son] élection ». La symphonie témoigne effectivement du regain d’intérêt du compositeur pour le nationalisme tchèque, et à la lumière de sa dédicace, le titre de « Bohémienne » lui conviendrait mieux. Dvořák l’a composée à sa résidence d’été de Vysoká, où la beauté naturelle et le charme rustique de sa campagne natale ont imprégné l’esprit même de la symphonie.

Les conditions dans lesquelles cette œuvre a été écrite sont très proches de celles qui ont vu naître la Symphonie no 2 de Brahms. Dans les deux cas, on a affaire à une symphonie chaleureusement lyrique, à l’ambiance sereine, qui succède à une autre beaucoup plus austère, sombre et tourmentée. Qui plus est, les deux compositions ont été écrites dans un cadre bucolique idéal, auquel les deux compositeurs attribuaient le mérite d’avoir stimulé, plus qu’à l’habitude, leur créativité. Un autre parallèle avec Brahms peut être établi : les deux compositeurs furent invités à recevoir un doctorat honorifique de l’Université de Cambridge, Brahms en 1876, et Dvořák, en 1891. Brahms refusa; il avait le cérémonial académique en horreur et n’avait aucune envie de se rendre en Angleterre (la présence de la personne honorée était obligatoire pour que le diplôme lui soit décerné). Dvořák, lui, accepta, et offrit à titre « d’exercice » cette Symphonie en sol majeur qu’il venait d’achever. 

À son sixième voyage en Angleterre, Dvořák assista donc à la pompeuse cérémonie, mais ne garda pas un souvenir ébloui de l’événement, qu’il évoqua en ces termes : « Je n’oublierai jamais ce que j’ai ressenti quand ils m’ont nommé docteur en Angleterre. L’événement était strictement cérémoniel, et il n’y avait là que des docteurs. Tous les visages étaient graves, et il m’a semblé que personne ne connaissait d’autre langue que le latin. Je tournais la tête dans tous les sens, ne sachant qui j’étais censé écouter. Et quand j’ai pris conscience qu’ils s’adressaient à moi, j’ai été passablement décontenancé, et j’ai eu honte d’ignorer le latin. Mais en y repensant aujourd’hui, je me dis qu’après tout, avoir composé le Stabat Mater est certainement aussi valable que maîtriser le latin. » Tout comme Brahms, Dvořák se sentait beaucoup plus à l’aise dans sa campagne natale qu’entre les murs d’une université. Dans le cadre de la cérémonie, Dvořák dirigea l’Orchestre philharmonique de Londres dans sa symphonie et son Stabat Mater.

Le premier mouvement de la symphonie est une énigme pour les musicologues : quel est le rôle du thème nostalgique d’ouverture dans cette œuvre? Est-ce le « premier » thème ou une introduction? Peut-on considérer alors que le thème « principal » est la simple mélodie, semblable à un chant d’oiseau, qu’interprète plus tard la flûte? Dans ce cas, comment qualifier le thème chaleureux et noble proposé par le violoncelle après le rantanplan des timbales et l’idée suivante, caractérisée par des sauts d’octaves ascendants chez les violoncelles? Peu importe. L’essentiel est que Dvořák ait inclus une grande variété de mélodies dans ce mouvement. Un auteur de notes de programme (Richard Freed) y voit « une atmosphère de contes de fées et de légendes sylvestres [...] des chants d’oiseaux, des sonorités forestières et des mélodies qui sonnent comme des marches slaves ». 

Le deuxième mouvement, comme le premier, s’amorce par un thème nostalgique et plutôt solennel. Une deuxième idée en do majeur propose un nouveau thème énoncé par la flûte et le hautbois, tandis que les violons se livrent à des gammes descendantes. L’éclat furieux des cors mène à un passage bref et plein d’angoisse, mais le soleil, la chaleur et le charme seront bientôt de retour. 

Le troisième mouvement est une valse élégante encadrant une section centrale en trio annoncée par un nouveau thème à la flûte et au hautbois. Dvořák a emprunté ce thème à son opéra Les Amants obstinés. La valse revient et le mouvement s’achève sur une coda brève et énergique.

Le finale débute par une fanfare de trompettes suivie d’un thème charmant et insouciant interprété par les violoncelles. Malgré son air simple et naturel, ce thème a été source de difficulté pour Dvořák. Il en a composé dix versions différentes avant d’en être satisfait (le thème de L’Hymne à la joie a connu un sort semblable chez Beethoven). À partir de ce thème, Dvořák imagine une série de variations comprenant notamment un passage exubérant mettant à contribution l’orchestre tout entier, tandis que les cors émettent des trilles et que les cordes jouent sur un rythme rapide. Une section centrale en do mineur présente une nouvelle idée sur un rythme de marche. Puis, la musique se calme et l’on retrouve l’atmosphère paisible du thème principal que le compositeur soumet à d’autres variations. Une coda exaltante mène la symphonie à une conclusion brillante.

Traduit d’après Robert Markow

Artistes

  • violon Clara-Jumi Kang
  • Chef d'orchestre Ryan Bancroft
  • Avec Orchestre du CNA

Alliance internationale des employés de scène et de théâtre