≈ 2 heures · Avec entracte
Hämeenlinna (Tavastehus), 8 décembre 1865
Järvenpää, 20 septembre 1957
En 1902, le violoniste allemand Willy Burmester demanda à Sibelius de lui écrire un concerto. Lorsqu'il reçut du compositeur la transcription pour piano des deux premiers mouvements de l’œuvre en septembre 1903, il suggéra avec enthousiasme de créer le concerto à Berlin en mars 1904. Cependant, Sibelius avait d’autres impératifs. Pour des raisons financières, il souhaitait que l’œuvre soit créée le plus rapidement possible. C’est pourquoi il demanda en secret à un autre violoniste de le créer à Helsinki à une date antérieure. Mais ce dernier (un professeur de la région du nom de Viktor Nováček) était loin d’être du même calibre que Burmester et ne put jamais arriver à bien jouer l’œuvre. Il en résulta un accueil tiède du concerto à sa création, des critiques essentiellement défavorables et un ressentiment justifiable de la part de Burmester.
Après la première, le concerto fut mis de côté pendant plus d’un an, jusqu’à ce que Sibelius se décide à le réviser. Le compositeur simplifia les passages trop virtuoses, resserra la structure des mouvements extérieurs et modifia l’orchestration de nombreux passages. Sibelius ne se contenta pas d’apporter des révisions superficielles et il est fascinant de comparer avec l’original les résultats de la nouvelle version.
Le 19 octobre 1905, le Concerto pour violon de Sibelius fut créé sous sa forme finale à Berlin, avec le violoniste Karl Halíř et nul autre que Richard Strauss au pupitre. Quelque temps après, Rosa Newmarch déclara à son ami Sibelius : « Dans 50 ans, votre concerto sera un classique, au même titre que ceux de Beethoven, Brahms et Tchaïkovsky. » Comme elle avait raison!
L’affinité de Sibelius pour le violon remonte à sa jeunesse, quand il aspirait à devenir un grand violoniste. « La tragédie de ma vie, écrivait-il, est que je voulais à tout prix devenir un violoniste célèbre. À partir de l’âge de 15 ans, j’ai joué du violon pendant dix ans, pratiquant du matin au soir. Je détestais l’encre et le papier […] Mon engouement pour le violon a duré assez longtemps et ce fut un réveil douloureux lorsque je dus admettre que j’avais commencé trop tard à me préparer à la carrière exigeante de grand soliste. » Sa toute première composition (Vattendroppar), écrite à l’âge de huit ou neuf ans, était une pièce pour violon et violoncelle. Il ne nous a laissé qu’un seul concerto pour violon, mais il a composé de nombreuses pièces brèves pour cet instrument, surtout avec accompagnement de piano.
La partie solo de ce concerto est une des parties les plus difficiles de tout le répertoire. Les passages virtuoses abondent, mais ils sont soumis à une pensée musicale disciplinée. Il n’y a pas ici de passages vides servant uniquement de prétexte à des prouesses techniques. L’écriture orchestrale démontre l’intérêt profond de Sibelius pour ce médium et joue un rôle qui va au-delà de la simple toile de fond pour le soliste. Les couleurs sombres dominent, comme c’est la tendance chez ce compositeur, donnant une allure d’urgence passionnée à la musique. Notons en particulier le troisième thème du premier mouvement, en si bémol majeur, joué à l’unisson par les violons, et le second thème du finale, encore une fois confié aux violons, avec un va-et-vient entre les mesures à 6/8 et à 3/4.
L’originalité de pensée prend largement le pas sur le souci de respecter les exigences de la forme sonate. Dans le premier mouvement, il n’y a pas à proprement parler de section de développement. Chacun des trois thèmes est plutôt longuement élaboré et développé au moment de sa présentation initiale. La section du développement est remplacée par une cadence suivie d’une récapitulation des trois thèmes soumis à de nouveaux traitements. Dans le mouvement Adagio, Sibelius crée un contraste entre le thème initial, long, rêveur et pensif, et une section passionnée et turbulente dans le mode mineur. Le finale, de forme rondo, met en valeur toutes les prouesses techniques du soliste. Des rythmes énergiques évoquant des polonaises et des danses tsiganes apportent de nouveaux éléments d’exaltation à ce mouvement exubérant.
Traduit d’après Robert Markow
Karen Gomyo, « une artiste de première classe à la maîtrise musicale, à la vitalité, à l’intelligence et à l’intensité véritables » (The Chicago Tribune), possède une capacité rare à captiver le public et à établir avec lui un lien intime grâce à ses interprétations intenses et profondément émouvantes. Sa maîtrise parfaite de l’instrument et l’élégance de son expression font d’elle l’une des plus grandes violonistes de notre temps.
Après des débuts avec l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, l’Orchestre national d’Espagne, l’Académie nationale Sainte-Cécile de Rome, l’Orchestre symphonique de Chicago, l’Orchestre philharmonique de New York et l’Orchestre symphonique de Pittsburgh, elle a renoué avec le Mozarteum-Orchester de Salzbourg, l’Orchestre philharmonique de la BBC, l’Orchestre symphonique métropolitain de Tokyo, et a tourné en Australasie.
Très investie dans la musique contemporaine, elle était de retour à l’Orchestre symphonique de Dallas en février 2024 pour la création mondiale de Year 2020, un concerto de Xi Wang pour trompette, violon et orchestre. Plus tôt cette saison, elle a également pris part aux créations mondiales du concerto pour violon Adrano de Samy Moussa et du Concerto de chambre de Samuel Adams, avec l’Orchestre symphonique de Chicago sous la direction d’Esa-Pekka Salonen.
Fervente chambriste, elle s’est produite avec des artistes de la trempe d’Olli Mustonen, James Ehnes, Emmanuel Pahud, Julian Steckel et la mezzo-soprano Susan Graham. Inégalable dans le répertoire d’Astor Piazzolla, elle a lancé en 2021, sous l’étiquette BIS, A Piazzolla Triology. Cet album donnait suite à son premier projet avec BIS, une collection de duos par Paganini et ses prédécesseurs baroques enregistrés avec le guitariste Ismo Eskelinen, lancé en 2019.
Née à Tokyo, Karen Gomyo a commencé sa carrière musicale à Montréal et à New York. Elle a étudié auprès de la légendaire Dorothy DeLay à l’École Juilliard avant de poursuivre ses études à l’École de musique Jacobs de l’Université de l’Indiana et au Conservatoire de musique de la Nouvelle-Angleterre.
L’Orchestre du Centre national des Arts (CNA) du Canada est reconnu pour la passion et la clarté de son jeu, ses programmes d’apprentissage et de médiation culturelle visionnaires et son soutien indéfectible à la créativité canadienne. Situé à Ottawa, la capitale nationale, il est devenu depuis sa fondation en 1969 l’un des ensembles les plus encensés et les plus dynamiques du pays. Sous la gouverne du directeur musical Alexander Shelley, l’Orchestre du CNA reflète le tissu social et les valeurs du Canada, nouant des liens avec des communautés de tout le pays grâce à sa programmation inclusive, ses récits puissants et ses partenariats innovants.
Alexander Shelley a façonné la vision artistique de l’Orchestre depuis qu’il en a pris les rênes en 2015, poursuivant sur la lancée de son prédécesseur, Pinchas Zukerman, qui a dirigé l’ensemble pendant 16 saisons. Le maestro Shelley jouit par ailleurs d’une belle renommée qui s’étend bien au-delà des murs du CNA, étant également premier chef d’orchestre associé de l’Orchestre philharmonique royal au Royaume-Uni ainsi que directeur artistique et musical d’Artis—Naples et de l’Orchestre philharmonique de Naples aux États-Unis. Au CNA, Alexander Shelley est épaulé dans son rôle de leader par le premier chef invité John Storgårds et par le premier chef des concerts jeunesse Daniel Bartholomew-Poyser. En 2024, l’Orchestre a ouvert un nouveau chapitre avec la nomination d’Henry Kennedy au nouveau poste de chef d’orchestre en résidence.
Au fil des ans, l’Orchestre a noué de nombreux partenariats avec des artistes de renom comme James Ehnes, Angela Hewitt, Renée Fleming, Hilary Hahn, Jeremy Dutcher, Jan Lisiecki, Ray Chen et Yeol Eum Son, assoyant ainsi sa réputation d’incontournable pour les talents du monde entier. L’ensemble se distingue à l’échelle internationale par son approche accessible, inclusive et collaborative, misant sur le langage universel de la musique pour communiquer des émotions profondes et nous faire vivre des expériences communes qui nous rapprochent.
Depuis sa fondation en 1969, l’Orchestre du CNA fait la part belle aux tournées nationales et internationales. Il a joué dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada et a reçu de nombreuses invitations pour se produire à l’étranger. Avec ces tournées, l’ensemble braque les projecteurs sur les artistes et les compositeurs et compositrices du Canada, faisant retentir leur musique sur les scènes de l’Amérique du Nord, du Royaume-Uni, de l’Europe et de l’Asie.
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre