≈ 1 heure et 50 minutes · Avec entracte
Dernière mise à jour: 14 mars 2024
GEORG FRIEDRICH HAENDEL
Zadok the Priest (« Le prêtre Zadok »), HWV 258 (Hymne du couronnement no 1)
La Chapelle de Québec
Let Thy Hand Be Strengthened (« Ta main est puissante »), HWV 259 (Hymne du couronnement no 2)
La Chapelle de Québec
Musique pour les feux d’artifice royaux, HWV 351
I. Ouverture
II. Bourrée
III. La paix
IV. La réjouissance
V. Menuets I et II
My Heart Is Inditing (« Mon cœur bouillonne »), HWV 261 (Hymne du couronnement no 4)
La Chapelle de Québec
ENTRACTE
Suite en sol majeur de Musique sur l’eau
I. [Sans titre]
II. Rigaudons I et II
III. Menuets I et II
IV. [Sans titre] I et II
Laudate pueri Dominum, HWV 237
Laudate pueri
Sit nomen Domini
A solis ortu
Excelsus super omnes
Quis sicut Dominus
Suscitans a terra
Qui habitare facit
Gloria Patri
Joélle Harvey, soprano
La Chapelle de Québec
The King Shall Rejoice (« Le roi se réjouit »), HWV 260 (Hymne du couronnement no 3)
La Chapelle de Québec
« Le prêtre Zadok », HWV 258 (Hymne du couronnement no 1)
Le prêtre Zadok et le prophète Nathan oignirent Salomon et le sacrèrent roi.
Et tout le peuple se réjouit et dit :
Vive le roi, longue vie au roi!
Qu’il soit éternel!
Amen ! Alléluia!
Traduction française : Traductions Crescendo
Zadok the Priest, HWV 258 (Coronation Anthem No. 1)
Zadok the Priest and Nathan the Prophet anointed Solomon King.
And all the people rejoic’d, and said:
God save the King, long live the King,
may the King live for ever,
Amen! Alleluia!
« Ta main est puissante », HWV 259 (Hymne du couronnement no 2)
Ta main est puissante,
et ta main droite élevée;
Que la justice et l’équité
soient le socle de ton trône!
Que la miséricorde et la vérité
règnent devant toi;
Que justice, équité, miséricorde
et vérité règnent devant toi!
Alléluia!
Traduction française : Traductions Crescendo
Let Thy Hand Be Strengthened, HWV 259 (Coronation Anthem No. 2)
Let thy hand be strengthened
and thy right hand be exalted.
Let justice and judgment be
the preparation of thy seat!
Let mercy and truth
go before thy face.
Let justice, judgment, mercy
and truth go before thy face.
Alleluia!
« Mon cœur bouillonne », HWV 261 (Hymne du couronnement no 4)
Mon cœur bouillonne
de nobles sentiments
Et mon inspiration est pour le roi!
Des filles de rois figurent
parmi tes dames d’honneur;
À ta droite se tient la reine,
parée d’or,
Et le roi tire plaisir
de ta beauté.
Les rois seront tes nourriciers,
Et les reines tes nourrices.
Traduction française : Traductions Crescendo
My Heart Is Inditing, HWV 261 (Coronation Anthem No. 4)
My heart is inditing of a good matter:
I speak of the things which
I have made unto the King.
Kings’ daughters were among
thy honourable women.
Upon thy right hand did stand
the Queen in vesture of gold
And the King shall have pleasure
in thy beauty.
Kings shall be thy nursing fathers
and queens thy nursing mothers.
Laudate pueri Dominum, HWV 237
CORO
Laudate pueri Dominum,
laudate nomen Domini.
SOPRANO
Sit nomen Domini benedictum
ex hoc nunc et usque in saeculum.
SOPRANO E CORO
A solis ortu usqye ad occasum,
Laudabile nomen Domini.
SOPRANO
Excelsus super omnes gentes Dominus,
et super coelos gloria eius.
CORO
Quis sicut Dominus Deus noster,
qui in altis habitat et humilia respicit
in coelo et in terra ?
SOPRANO
Suscitans a terra in opem
et de steroore erigens pauperem,
ut collocet eum cum principibus populi sui.
SOPRANO
Qui habitare facit sterilem in domo,
matrem filiorum laetantem.
SOPRANO E CORO
Gloria Patri, gloria Filio et Spiritui Sancto,
Sicut erat in principio,
et nunc et semper
et in saecula saeculorum.
Amen.
Laudate pueri Dominum, HWV 237
CHŒUR
Serviteurs du Seigneur,
louez, louez le nom du Seigneur.
SOPRANO
Que le nom du Seigneur soit béni
dès maintenant et pour toujours!
SOPRANO ET CHŒUR
Du soleil levant au soleil couchant,
loué soit le nom du Seigneur!
SOPRANO
Le Seigneur domine toutes les nations,
et sa gloire est au-dessus des cieux.
CHŒUR
Qui ressemble au Seigneur notre Dieu?
Il siège tout en haut et regarde tout en bas
les cieux et la terre.
SOPRANO
Il relève le faible de la poussière,
il tire le pauvre du tas d’ordures,
pour l’installer avec les princes de son peuple.
SOPRANO
Il installe au foyer la femme stérile,
en joyeuse mère de famille.
SOPRANO ET CHŒUR
Gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit
Gloire au Père, au fils et au Saint-Esprit.
Comme il était au commencement,
maintenant et pour les siècles des siècles.
Amen
Traduction française : cpdl.org/wiki/index.php/Psalm_113
« Le roi se réjouit », HWV 260 (Hymne du couronnement no 3)
Le roi se réjouit de ta puissance,
ô Seigneur!
Ton œuvre de salut le comble
d’allégresse!
Tu lui as apporté la gloire
et l’adoration;
Car tu lui as accordé
ta grâce divine
Et as posé sur sa tête
une couronne d’or pur.
Alléluia!
Traduction française : Traductions Crescendo
The King Shall Rejoice, HWV 260 (Coronation Anthem No. 3)
The King shall rejoice in thy strength,
O Lord.
Exceeding glad shall he be
of thy salvation.
Glory and great worship
hast thou laid upon him.
Thou hast prevented him
with the blessings of goodness
And hast set a crown of pure gold
upon his head.
Alleluia!
Zadok the Priest (« Le prêtre Zadok »), HWV 258 (Hymne du couronnement no 1)
Let Thy Hand Be Strengthened (« Ta main est puissante »), HWV 259 (Hymne du couronnement no 2)
My Heart Is Inditing (« Mon cœur bouillonne »), HWV 261 (Hymne du couronnement no 4)
The King Shall Rejoice (« Le roi se réjouit »), HWV 260 (Hymne du couronnement no 3)
Natif de Halle, Georg Friedrich Haendel (1685-1759) a été actif dans de nombreuses villes d’Europe. Il a d’abord établi sa réputation en tant que compositeur d’opéras, tout en écrivant dans tous les autres genres musicaux de son époque. Son style de composition est une combinaison éclectique de divers aspects de la musique européenne de son temps : de belles mélodies inventives à la manière italienne, la majesté des ouvertures et des danses françaises, et une base germanique en matière d’harmonie et de contrepoint. C’est entre autres ce mélange cosmopolite et son talent pour rassembler les forces vocales et orchestrales en vue de produire un effet dramatique qui continuent d’attirer les interprètes et les auditoires de nos jours.
En 1711, Haendel connaît un grand succès à Londres avec son opéra Rinaldo et, au cours des deux décennies suivantes, il s’installe progressivement dans la ville anglaise, continuant à composer des opéras italiens tout en travaillant comme impresario, notamment à la Royal Academy of Music de Londres. En 1723, il est nommé compositeur honoraire à la chapelle royale de Sa Majesté, pour laquelle il doit notamment fournir de la musique de circonstance. Après la mort subite de George Ier en juin 1727, Haendel, désormais naturalisé britannique, se voit offrir une chance exceptionnelle : composer la musique de cérémonie pour le couronnement de George II et de son épouse, la reine consort Caroline, à l’abbaye de Westminster le 11 octobre. Il écrit quatre nouveaux hymnes splendides pour l’occasion, que nous entendrons tout au long du concert de ce soir.
Chaque hymne est basé sur un texte biblique, avec de simples lignes ou des groupes de lignes traités comme des « mouvements » distincts. Ces « mouvements » sont caractérisés par un « affect » musical unique, tour à tour léger et joyeux, gracieux et élégant, solennel et réfléchi, grandiose et majestueux. Haendel a manifestement apprécié l’occasion qui lui était donnée d’utiliser les effectifs substantiels dont il disposait, à savoir le Chapel Royal Choir, augmenté à 47 voix pour la circonstance, et un orchestre d’environ 160 musiciens. Par moments, il divise le chœur en six ou sept parties qui, associées à l’imposante section des cordes, confèrent aux textures d’accords et de contrepoints de ses hymnes une sublime opulence.
L’un des moments les plus splendides est l’ouverture de Zadok the Priest (« Le prêtre Zadok »), qui a été chantée à chaque couronnement d’un monarque britannique depuis sa création. Dans la longue introduction orchestrale, des accords rythmés dans les cordes graves et les vents, sur lesquels les violons jouent des arpèges ascendants tout en douceur, induisent un sentiment d’anticipation qui mène à un glorieux point culminant lorsque les voix entrent en sept parties avec les trompettes et les tambours. L’impression de majesté se maintient pendant tout le reste de l’hymne, le chœur chantant principalement en texture homophonique (c’est-à-dire sans contrepoint), de sorte que le texte, adapté du premier chapitre du Premier Livre des Rois, est clairement audible.
Les textures imitatives sont plus présentes dans Let Thy Hand Be Strengthened (« Ta main est puissante »), tant dans ses sections extérieures enjouées que dans sa section centrale plus solennelle, « Let justice and judgment » (Que la justice et l’équité…). Sur un mode mineur, le texte, tiré du Psaume 89, est accompagné d’une mélodie implorante, évoquant une prière, qui est répétée à tour de rôle par les voix en présence.
L’hymne My Heart Is Inditing (« Mon cœur bouillonne ») a été, comme l’indique la description de l’Aylesbury Choral Society, en 1727 « chanté tard dans le service lors du couronnement de la reine Caroline », avec « une musique caractérisée par un air plus raffiné et plus délicat que les autres hymnes », et donc plus appropriée au couronnement de la reine. Adaptant des versets du Psaume 45 et d’Isaïe 49, Haendel propose une musique élégante et gracieuse pour les trois premières parties du texte, réservant la pompe cérémonielle (y compris les trompettes) au dernier mouvement, « Kings shall be thy nursing fathers » (Les rois seront tes nourriciers).
The King Shall Rejoice (« Le roi se réjouit »), sur un texte tiré du Psaume 21, montre toute l’inventivité d’Haendel dans son écriture pour chœur et orchestre. Après une brillante introduction orchestrale, les voix (en cinq parties) entrent puissamment en scène. Dans la deuxième section, qui est très chantante, on remarquera les exquis enchaînements de notes suspendues que le chœur, maintenant à quatre voix, exécute sur « of thy salvation ». Le troisième mouvement, qui s’amorce sur un élan triomphal, mène au quatrième par un changement harmonique remarquable. Un contrepoint fugué s’ensuit entre les voix; tandis qu’elles continuent d’échanger des phrases en imitation, Haendel développe la texture instrumentale avec les cordes, puis les vents, et enfin les trompettes et les tambours. La section finale est une double fugue animée, avec deux sujets mélodiques introduits au début (par les seconds altos et ténors ensemble et les premiers altos, respectivement). Comme le souligne la description de l’Aylesbury Choral Society, cette partie clôt l’hymne par « une conclusion superbement grandiose et élaborée qui, étant donné qu’elle a été interprétée au moment du couronnement proprement dit, convient parfaitement à la circonstance ».
I. Overture
II. Bourrée
III. La paix
IV. La réjouissance
V. Menuets I et II
En 1748, la Grande-Bretagne signe le traité de paix d’Aix-la-Chapelle pour mettre fin à la guerre de succession d’Autriche, une lutte de pouvoir colonial qui l’opposait à la France. Pour détourner l’attention du public des concessions impopulaires qui ont été faites et pour rassurer son peuple sur la stature de la Grande-Bretagne en tant que puissance militaire, le roi George décide d’organiser un événement de propagande nationaliste. Il demande à Haendel de composer la musique de l’événement, dont le clou sera un gigantesque feu d’artifice.
La grandeur de l’événement exigeait des forces instrumentales extraordinaires qu’Haendel a tenu à exploiter pour sa suite orchestrale. À l’origine, il avait prévu qu’elle soit jouée par un énorme orchestre à vents composé de 24 hautbois, 9 cors, 9 trompettes, 12 bassons et 3 jeux de timbales, mais lorsqu’il a achevé la partition, il a réduit le nombre de vents à des paires d’instruments et ajouté des cordes. Le roi George ne voulait apparemment que de la « musique martiale », sans aucun « violons », mais Haendel parvint à obtenir ce qu’il désirait. Une répétition publique à Vauxhall Gardens, le 21 avril 1749, a été suivie par une foule massive (plus de 12 000 personnes, selon une source) qui avait payé pour y assister; la création officielle eut lieu six jours plus tard, juste avant le lancement du feu d’artifice. Par la suite, Haendel a réarrangé la musique pour un orchestre de taille plus conventionnelle, à la faveur d’un concert de bienfaisance au profit de l’hôpital des enfants trouvés.
L’ouverture est le joyau de l’œuvre; elle occupe près de la moitié de la suite entière en termes de durée, et elle en est vraiment la pièce maîtresse, plutôt qu’une simple préface à ce qui va suivre, comme le souligne le chef d’orchestre et musicologue Christopher Hogwood. Reprenant la forme française, la première section de l’ouverture présente les rythmes pointés, caractéristiques et majestueux, qui sont ensuite incorporés de manière inventive dans une mélodie semblable à un hymne. L’Allegro qui suit dégage une atmosphère militaire, avec des fanfares alternées entre les cors et les trompettes, après quoi la majesté initiale revient pour conclure le mouvement.
Les autres numéros de la suite d’Haendel sont tous de courte durée et « prolongent simplement l’occasion », note Hogwood. Après une bourrée entraînante, « La paix », rythmée par une sicilienne, évoque une scène pastorale paisible, avec des trilles évoquant le chant des oiseaux. « La réjouissance » qui suit est une « fanfare trépidante et magnifiée », toujours selon Hogwood, tandis que les Menuets qui concluent l’œuvre, intemporels et sans distinctions de classe, se distinguent par leur caractère majestueux. Tout au long de l’œuvre, une instrumentation variée maintient l’intérêt des formes répétées de ces danses, tandis que les trompettes, tambours et autres instruments martiaux sont judicieusement utilisés pour maximiser l’impression de grandeur.
I. [Sans titre]
II. Rigaudons I et II
III. Menuets I et II
IV. [Sans titre] I et II
Water Music (« Musique sur l’eau ») est une suite orchestrale de grande ampleur qu’Haendel a spécialement composée pour accompagner le roi George Ier et son entourage à bord d’une péniche qui les transportait sur la Tamise, de Whitehall à Chelsea aller-retour. L’excursion, qui eut lieu le 17 juillet 1717, était l’un des nombreux coups de publicité destinés à accroître la visibilité du roi auprès de son peuple et à améliorer son image, à une époque où le conflit qui opposait le monarque à son fils, le prince de Galles, s’envenimait. La demande de musique émanait de George lui-même, qui était un véritable admirateur d’Haendel, soutenant activement les opéras du compositeur et l’ayant engagé comme maître de musique des princesses royales. En exécutant cette commande, le compositeur démontrait son soutien au roi.
La musique d’Haendel récolta un énorme succès et fit l’objet d’une mention spéciale dans le compte rendu de l’événement publié deux jours plus tard par le Daily Courant :
« Mercredi soir, vers vingt heures, le roi a pris l’eau à Whitehall dans une barge ouverte… et a remonté le fleuve en direction de Chelsea. De nombreuses autres barges avec des personnes de qualité étaient présentes, et un si grand nombre de bateaux que tout le fleuve en était en quelque sorte couvert; la barge d’une compagnie de la ville était employée pour la musique, à bord de laquelle se trouvaient 50 instruments de toutes sortes, qui ont joué tout le long du chemin depuis Lambeth (tandis que les barges avançaient avec la marée sans ramer, jusqu’à Chelsea) les meilleures symphonies, composées expressément pour cette occasion, par M. Haendel; Sa Majesté les a si bien aimées qu’elle a demandé qu’elles soient jouées trois fois à l’aller et au retour. À vingt-trois heures, Sa Majesté a débarqué à Chelsea, où un souper avait été préparé, puis on a pu entendre un autre très bel ensemble musical, qui a joué jusqu’à deux heures; après quoi Sa Majesté est remontée dans sa péniche et est revenue par le même chemin, la musique continuant à jouer jusqu’à ce qu’elle ait débarqué. »
Haendel a évidemment mis à profit les effectifs orchestraux considérables dont disposait la cour, les « 50 instruments de toutes sortes » étant composés de « trompettes, cors, hautbois, bassons, flûtes allemandes, flûtes françaises, violons et basses », comme le rapportait le représentant de la cour de Prusse à Londres. Il convient de noter qu’aucune source autographe de Water Music n’est parvenue jusqu’à nous, de sorte que l’ordre exact dans lequel ses quelque 20 mouvements ont été exécutés reste inconnu. De nos jours, on tend à les regrouper par tonalité – fa, ré et sol (majeur et mineur) – pour créer trois suites distinctes. Le concert de ce soir présente la troisième suite, destinée à un orchestre qui comprend la flûte, la flûte à bec, le basson, les cordes et le continuo (instruments de basse et clavecin). Comme l’a fait remarquer le musicologue Robert Philip, cette formation plus discrète aurait été à peine audible sur l’eau (comparativement aux autres suites qui comportent des trompettes et des cors), et elle faisait peut-être partie du « très bel ensemble musical » qui a joué pendant le souper du roi.
L’élégant premier mouvement n’a pas de titre, mais le chef d’orchestre et musicologue Christopher Hogwood souligne qu’en France, on l’aurait appelé un « Menuet à la sarabande », l’accent étant généralement mis sur le deuxième temps de trois. Il est suivi de deux rigaudons énergiques, le premier en sol majeur, le second en sol mineur, suivi d’une reprise du premier. Deux menuets en sol mineur suivent, le second comportant une ligne mélodique avec des sauts et un descendant aigu pour piccolo ou flûte à bec. Les derniers mouvements sont des danses paysannes rapides, alternant les modes mineur et majeur; dans le premier, la flûte à bec joue très haut, tandis que le second est manifestement une gigue anglaise, dont l’inclusion relève sans doute d’un élan nationaliste.
Laudate pueri
Sit nomen Domini
A solis ortu
Excelsus super omnes
Quis sicut Dominus
Suscitans a terra
Qui habitare facit
Gloria Patri
Haendel, qui n’a pas encore 20 ans, commence sa carrière de compositeur de théâtre à l’opéra de Hambourg lorsque, selon son biographe John Mainwaring, il reçoit la visite du prince de Toscane, Jean-Gaston de Médicis. Le prince souhaite qu’Haendel l’accompagne en Italie pour pouvoir lui montrer des exemples de la musique italienne la plus récente. À l’époque, Haendel refuse l’invitation de Jean-Gaston, mais il décide de se rendre en Italie à ses propres frais dès qu’il en aura les moyens. Il entreprend le voyage dans la seconde moitié de l’année 1706 et atteint Rome au début de 1707. Pendant son séjour, Haendel compte parmi ses premiers mécènes les cardinaux Carlo Colonna et Benedetto Pamphili. Au nombre de ses compositions importantes de 1707 figurent trois œuvres pour l’Église, probablement commandées par Colonna : une mise en musique de grande ampleur du psaume Dixit Dominus, et deux autres psaumes vespéraux, Laudate pueri et Nisi Dominus. Ces deux dernières œuvres sont interprétées lors des messes de la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, les 15 et 16 juillet de la même année.
La foi luthérienne et l’éducation protestante d’Haendel ne l’ont pas empêché de saisir cette occasion pour créer une œuvre mettant en valeur toute la gamme de sa technique de composition. Laudate pueri est un mélange impressionnant de solennité et de splendeur, et dans chacune de ses sections, comme le souligne le chef d’orchestre Jeffrey Thomas, le compositeur démontre sa maîtrise des différentes formes et textures musicales italiennes. Par exemple, le premier mouvement (Laudate pueri Dominum) comporte un important tutti orchestral, dont le motif principal revient entre les épisodes destinés à la soprano soliste, puis au chœur. Le quatrième mouvement (Excelsus super omnes) utilise une forme de « ritournelle » similaire. En comparaison, le deuxième mouvement (Sit nomen Domini) relève du genre plus intime de la sonate en trio, écrite pour soprano, hautbois et violoncelle solo (plus continuo), tandis que le sixième mouvement (Suscitans a terra) est une aria pour soprano avec violoncelle et accompagnement de continuo (avec orgue).
A solis ortu usque met en évidence l’habileté avec laquelle Haendel maniait la polyphonie imitative, avec des lignes contrapuntiques animées pour le chœur et l’orchestre, ainsi que son flair pour la peinture vivante des mots – on remarquera comment les montées et descentes saisissantes de la mélodie s’accordent avec le texte. Cela contraste avec l’écriture homophonique, c’est-à-dire en accords, de Quis sicut Dominus, dont les saisissants changements harmoniques confèrent au mouvement une puissante noblesse. Dans l’aria Qui habitare facit, la ligne ornementée de la soprano ainsi que les virages et les sauts des violons se complètent pour évoquer la « mère joyeuse ». Pour le Gloria Patri final, Haendel fait appel à de multiples styles et textures. Tendez l’oreille à la reprise de la musique du premier mouvement sur les mots « Sicut erat in principio » (Comme il était au commencement), alors que la soprano poursuit avec des passages élaborés sur « Amen » (souvent doublés par le hautbois et imités par les violons), soutenus par des exclamations en accords du chœur et du reste de l’orchestre pour clore magnifiquement cette mise en musique de psaumes.
Notes de programme par Hannah Chan-Hartley, Ph. D. (traduit de l’anglais)
Bernard Labadie est reconnu dans le monde entier comme l’un des plus grands chefs d’orchestre du répertoire baroque et classique, une réputation qu’il s’est faite notamment grâce à son travail avec Les Violons du Roy (dont il a été le directeur musical de sa création jusqu’en 2014) et La Chapelle de Québec. Il a effectué régulièrement, avec ces deux ensembles, des tournées au Canada, aux États-Unis et en Europe dans les plus grandes salles et les plus grands festivals : la Salle Carnegie, la Salle Avery Fisher, la Salle de concert Walt Disney, le Centre Kennedy, le Barbican, le Concertgebouw, le Festival de Salzbourg, etc. Lors de la saison 2018-19, il est devenu premier chef d’orchestre de l’Orchestre de St Luke pour un mandat de quatre ans.
M. Labadie est un habitué des estrades des plus grands orchestres nord-américains, dont les orchestres symphoniques d’Atlanta, de Chicago, de Detroit, de Toronto, de Boston, du Colorado, de Houston, de Saint-Louis, de Pittsburgh et de San Francisco; les orchestres de Cleveland et de Philadelphie; les orchestres philharmoniques de Los Angeles et de New York; la Société Handel and Haydn et l’Orchestre symphonique de Montréal. Ces dernières saisons, des publics de partout dans le monde ont pu voir et entendre le maestro à l’œuvre alors qu’il dirigeait l’Orchestre symphonique Bayerischen Rundfunks, l’Academy of Ancient Music, l’Orchestre de l’âge des Lumières, le BBC Royal Scottish National Orchestra, l’Orchestre symphonique de Melbourne, l’Orchestre du Collegium Vocale Gent, l’Orchestre royal du Concertgebouw, la Royal Northern Sinfonia, l’Orchestre de chambre de Suède, le WDR Sinfonieorchester (Cologne) et l’Orchestre de chambre de Zurich.
Son abondante discographie inclut un grand nombre d’enregistrements acclamés par la critique et parus chez Dorian, ATMA et Virgin Classics. À titre d’exemple, mentionnons celui d’Apollo e Dafne de Handel et un enregistrement collaboratif du Requiem de Mozart réalisé avec Les Violons du Roy et La Chapelle de Québec. Tous deux ont d’ailleurs remporté un prix Juno du Canada. Parmi ses autres enregistrements figurent tous les concertos pour violoncelle de C.P.E. Bach avec Truls Mørk et Les Violons du Roy parus chez Virgin Classics; tous les concertos pour pianos de J.S. Bach avec Alexandre Taraud parus chez Virgin Classics également; et les concertos pour piano de Hayden avec Marc-André Hamelin pour soliste parus chez Hyperion. Bernard Labadie a par ailleurs reçu le Prix Samuel de Champlain à Paris. Le gouvernement canadien l’a également fait officier de l’Ordre du Canada et sa province d’appartenance l’a nommé chevalier de l’Ordre national du Québec.
Originaire de Bolivar dans l’État de New York, Joélle Harvey est titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en interprétation vocale du College-Conservatory of Music (CCM) de l’Université de Cincinnati. Elle a commencé sa formation à l’Opéra Glimmerglass (aujourd’hui le Festival Glimmerglass) et dans le programme d’opéra Merola.
Soliste très en vue, la soprano se produit régulièrement avec de grands orchestres américains, dont l’Orchestre philharmonique de New York, l’Orchestre de Cleveland, l’Orchestre symphonique de San Francisco et l’Orchestre philharmonique de Los Angeles. Côté opéra, Joélle Harvey participe régulièrement au Festival de Glyndebourne, a fait ses débuts au Metropolitan Opera dans le rôle de Pamina dans La Flûte enchantée et à la Royal Opera House de Covent Garden en jouant Susanna dans Les Noces de Figaro.
Elle a commencé la saison 2023-2024 au Wigmore Hall de Londres, jouant Tirsi dans le Clori, Tirsi e Fileno de Haendel avec The English Concert. Figurent également à son calendrier cette saison des débuts avec l’Orchestre symphonique de Houston dans Carmina Burana de Carl Orff ainsi qu’au New World Symphony dans la Neuvième Symphonie de Beethoven.
Joélle Harvey entretient des liens étroits avec la Société Handel and Haydn de Boston et avec The English Concert de Londres. Musicienne de chambre réputée, elle s’est produite avec la Société de musique de chambre du Lincoln Center, Music@Menlo, Tafelmusik, Les Violons du Roy et Cappella Mediterranea. Elle a donné son tout premier récital solo au Carnegie Hall en 2019 avec le pianiste Allen Perriello, et a interprété le rôle de la Mater Gloriosa dans la Symphonie no 8 de Mahler aux BBC Proms.
Joélle Harvey a remporté le premier prix de la fondation Gerda Lissner et la bourse Sara Tucker de la fondation Richard Tucker. Elle est également lauréate de la bourse professionnelle Richard F. Gold de la fondation Shoshana, du John Alexander Memorial Award et du très convoité prix d’interprétation Sam Adams, remis par le College-Conservatory of Music (CCM) de l’Université de Cincinnati.
Fondée par Bernard Labadie en 1985, La Chapelle de Québec est un chœur de chambre national qui regroupe des chanteurs professionnels majoritairement recrutés à Québec, mais aussi ailleurs dans la province et le reste du Canada. Chaque saison, le chœur se rassemble pour donner deux ou trois concerts en compagnie de l’orchestre Les Violons du Roy et interpréter des œuvres incontournables du répertoire pour chœur et orchestre, notamment celles du XVIIIe siècle. Les interprétations des oratorios, cantates et messes de J.S. Bach, Handel, Mozart et Haydn de La Chapelle de Québec sont applaudies dans toute l’Amérique du Nord, où elles sont diffusées par Radio-Canada et la CBC ainsi que NPR aux États-Unis.
La Chapelle de Québec fait régulièrement des tournées à Toronto avec Les Violons du Roy pour interpréter Le Messie de Handel, et la Passion selon Saint Matthieu de J.S. Bach, en France pour un programme entièrement dédié à Vivaldi et aux États-Unis et à Toronto également pour interpréter le Requiem de Mozart. Le chœur est souvent invité à accompagner Bernard Labadie lors des concerts qu’il dirige et qui sont donnés par des orchestres américains. Il s’est entre autres produit avec l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, avec lequel il a interprété Le Messie de Handel en 2004 et Le Magnificat de J.S. Bach en 2006.
La Chapelle de Québec a gagné un prix Juno pour son enregistrement du Requiem de Mozart, paru chez Dorian en 2002.
L’Orchestre du Centre national des Arts (CNA) du Canada est reconnu pour la passion et la clarté de son jeu, ses programmes d’apprentissage et de médiation culturelle visionnaires et son soutien indéfectible à la créativité canadienne. Situé à Ottawa, la capitale nationale, il est devenu depuis sa fondation en 1969 l’un des ensembles les plus encensés et les plus dynamiques du pays. Sous la gouverne du directeur musical Alexander Shelley, l’Orchestre du CNA reflète le tissu social et les valeurs du Canada, nouant des liens avec des communautés de tout le pays grâce à sa programmation inclusive, ses récits puissants et ses partenariats innovants.
Alexander Shelley a façonné la vision artistique de l’Orchestre depuis qu’il en a pris les rênes en 2015, poursuivant sur la lancée de son prédécesseur, Pinchas Zukerman, qui a dirigé l’ensemble pendant 16 saisons. Le maestro Shelley jouit par ailleurs d’une belle renommée qui s’étend bien au-delà des murs du CNA, étant également premier chef d’orchestre associé de l’Orchestre philharmonique royal au Royaume-Uni ainsi que directeur artistique et musical d’Artis—Naples et de l’Orchestre philharmonique de Naples aux États-Unis. Au CNA, Alexander Shelley est épaulé dans son rôle de leader par le premier chef invité John Storgårds et par le premier chef des concerts jeunesse Daniel Bartholomew-Poyser. En 2024, l’Orchestre a ouvert un nouveau chapitre avec la nomination d’Henry Kennedy au nouveau poste de chef d’orchestre en résidence.
Au fil des ans, l’Orchestre a noué de nombreux partenariats avec des artistes de renom comme James Ehnes, Angela Hewitt, Renée Fleming, Hilary Hahn, Jeremy Dutcher, Jan Lisiecki, Ray Chen et Yeol Eum Son, assoyant ainsi sa réputation d’incontournable pour les talents du monde entier. L’ensemble se distingue à l’échelle internationale par son approche accessible, inclusive et collaborative, misant sur le langage universel de la musique pour communiquer des émotions profondes et nous faire vivre des expériences communes qui nous rapprochent.
Depuis sa fondation en 1969, l’Orchestre du CNA fait la part belle aux tournées nationales et internationales. Il a joué dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada et a reçu de nombreuses invitations pour se produire à l’étranger. Avec ces tournées, l’ensemble braque les projecteurs sur les artistes et les compositeurs et compositrices du Canada, faisant retentir leur musique sur les scènes de l’Amérique du Nord, du Royaume-Uni, de l’Europe et de l’Asie.
Tobi Hunt McCoy poursuit sa collaboration saisonnière avec l’Orchestre du CNA à titre de régisseuse. Lors des saisons précédentes, elle a notamment été à la régie pour Le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn avec Christopher Plummer en 2001 et Colm Feore en 2014. Pour l’Orchestre symphonique d’Edmonton, elle a assuré avec Jack Everly la coproduction de La belle époque de la radio, un concert Pops de musique des années 1940 qu’ils avaient produit ensemble en 2007 pour l’Orchestre du CNA.
En 2018, McCoy a fait ses débuts de comédienne à la Salle Southam en jouant son propre rôle dans L’Orchestre de la planète X de la Magic Circle Mime Co. Comme régisseuse, elle a fait un peu de tout : aidé Suzanne et la comtesse à expliquer les subtilités de l’amour conjugal au comte et à Figaro dans Les Noces de Figaro; gardé les yeux ouverts (pour la première fois de sa vie) pendant la scène des singes volants dans le Magicien d’Oz; demandé (par erreur!) à Patrick Watson de montrer une pièce d’identité en coulisses; retenu son souffle devant les prouesses des acrobates du Cirque à Broadway; continué d’exercer son français de la Colombie-Britannique grâce aux conseils des choristes d’Ottawa et acclamé Luke et la princesse Leia avec Charlie Ross, Émilie Fournier et Erik Ochsner dans le cadre du concert Pops Star Wars.
Dans son temps libre, elle s’occupe du département d’arts, d’anglais, de théâtre et de techniques de documentation au Lisgar Collegiate Institute.
Anne-Marie Beaudette
Odéi Bilodeau-Bergeron
Megan Chartrand
Sheila Dietrich
Marie Magistry
Stephanie Manias
Dorothéa Ventura
Emily Wall
Charlotte Cumberbirch
Jean-François Gagné
Marie-Josée Goyette
Josée Lalonde
Claudia Lemcke
Marie-Andrée Mathieu
Rachèle Pelletier-Tremblay
Maddie Studt
Gena Van Oosten
Richard Duguay
Dominique Gagné
Aldéo Jean
Joé Lampron-Dandonneau
Patrick McGill
David Menzies
Bud Roach
Arthur Tanguay-Labrosse
Martin Auclair
Robert Huard
Emanuel Lebel
Bernard Levasseur
Philippe Martel
Julien Patenaude
Nathaniel Watson
Josh Whelan
Premiers violons
Yosuke Kawasaki (violon solo)
Jessica Linnebach (violon solo associée)
Noémi Racine Gaudreault (assistante violon solo)
Emily Kruspe
Marjolaine Lambert
Emily Westell
Manuela Milani
Carissa Klopoushak
Seconds violons
*John Marcus (solo invité)
Jeremy Mastrangelo
Frédéric Moisan
Leah Roseman
Zhengdong Liang
Winston Webber
Edvard Skerjanc
Mark Friedman
Karoly Sziladi
Altos
Jethro Marks (solo)
David Marks (solo associé)
David Goldblatt (assistant solo)
Tovin Allers
Paul Casey
David Thies-Thompson
Violoncelles
Rachel Mercer (solo)
Julia MacLaine (assistante solo)
Timothy McCoy
Marc-André Riberdy
Leah Wyber
Contrebasses
Max Cardilli (assistant solo)
Vincent Gendron
Marjolaine Fournier
Flûtes
Joanna G’froerer (solo)
Stephanie Morin
Flûte à bec
*Francis Colpron
Hautbois
Charles Hamann (solo)
Anna Petersen
*Anna Hendrickson
Cor anglais
Anna Petersen
Clarinettes
Kimball Sykes (solo)
Sean Rice
Bassons
Darren Hicks (solo)
Vincent Parizeau
Cors
Julie Fauteux (solo associée)
Lawrence Vine
Lauren Anker
Louis-Pierre Bergeron
Trompettes
**Karen Donnelly (solo)
*Benjamin Raymond (solo invité)
Steven van Gulik
*Taz Eddy
Trombones
Colin Traquair
Trombone basse
Zachary Bond
Tuba
Chris Lee (solo)
Timbales
*Andrei Malashenko (solo invité)
Percussion
Jonathan Wade
Clavecin
*Mélisande McNabney
Orgue
*Thomas Annand
Luth
*Sylvain Bergeron
Musicothécaire principale
Nancy Elbeck
Musicothécaire adjoint
Corey Rempel
Chef du personnel
Meiko Lydall
Coordinatrice du personnel de l’Orchestre
Laurie Shannon
*Musiciens surnuméraires
**En congé
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre