Le Concerto pour violoncelle de Schumann

FOCUS : Clara, Robert, Johannes

2023-09-14 20:00 2023-09-14 23:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Le Concerto pour violoncelle de Schumann

https://nac-cna.ca/fr/event/33721

Événement en personne

Rejoignez-nous pour une causerie d'avant-concert gratuite à la Place Peter Herrndorf du CNA, avec Jan Swafford, biographe de Brahms, et la musicologue Hannah Chan-Hartley. *** Le festival FOCUS : Clara, Robert, Johannes célèbre la longue amitié qui a uni Clara Schumann, Robert Schumann et Johannes Brahms. Ces trois artistes qui se sont encouragés et inspirés mutuellement ont vécu des existences où se mêlaient une...

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Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
jeu 14 septembre 2023
jeu 14 septembre 2023

Dernière mise à jour: 17 octobre 2023

Programme

CLARA SCHUMANN (8 min)

An einem lichten Morgen (« Par un matin lumineux »), op. 23, no 2
Geheimes Flüstern hier und dort (« Murmures secrets ici et là »), op. 23, no 3
Liebeszauber (« La magie de l’amour »), op. 13, no 3

ROBERT SCHUMANN Concerto en la mineur pour violoncelle, op. 129 (26 min)

I. Nicht zu schnell –
II. Langsam –
III. Sehr lebhaft

ENTRACTE

JOHANNES BRAHMS Symphonie no 1 en do mineur, op. 68 (45 min)

I. Un poco sostenuto – Allegro
II. Andante sostenuto
III. Un poco allegretto e grazioso
IV. Adagio – Allegro non troppo ma con brio

Lieder de Clara Schumann – Textes et traductions

An einem lichten Morgen 
Source allemande : Hermann Rollett 

An einem lichten Morgen, 
Da klingt es hell im Tal: 
Wach’ auf, du liebe Blume, 
Ich bin der Sonnenstrahl! 

Erschließe mit Vertrauen 
Dein Blütenkämmerlein 
Und laß die heiße Liebe 
In’s Heiligtum hinein.  

Ich will ja nichts verlangen 
Als liegen dir im Schoß 
Und deine Blüte küssen, 
Eh’ sie verwelkt im Moos.  

Ich will ja nichts begehren 
Als ruh’n an deiner Brust 
Und dich dafür verklären 
Mit sonnenheller Lust. 

Geheimes Flüstern hier und dort  
Source allemande : Hermann Rollett 

Geheimes Flüstern hier und dort, 
Verborg’nes Quellenrauschen, 
O Wald, o Wald, geweihter Ort, 
Laß mich des Liebens reinstes Wort, 
in Zweig und Blatt belauschen! 

Und schreit’ ich in den Wald hinaus, 
Da grüßen mich die Bäume, 
Du liebes, freies Gotteshaus, 
Du schließest mich mit Sturmgebraus 
In deine kühlen Räume!  

Was leise mich umschwebt, umklingt, 
Ich will es treu bewahren, 
Und was mir tief zum Herzen dringt, 
Will ich, vom Geist der Lieb’ beschwingt, 
In Liedern offenbaren! 

Liebeszauber  
Source allemande : Emanuel Geibel 

Die Liebe saß als Nachtigall 
Im Rosenbusch und sang; 
Es flog der wundersüße Schall 
Den grünen Wald entlang.  

Und wie er klang, - da stieg im Kreis 
Aus tausend Kelchen Duft, 
Und alle Wipfel rauschten leis’, 
Und leiser ging die Luft;  

Die Bäche schwiegen, die noch kaum 
Geplätschert von den Höh’n, 
Die Rehlein standen wie im Traum 
Und lauschten dem Getön.  

Und hell und immer heller floß 
Der Sonne Glanz herein, 
Um Blumen, Wald und Schlucht ergoß 
Sich goldig roter Schein.  

Ich aber zog den Wald entlang 
Und hörte auch den Schall. 
Ach! was seit jener Stund’ ich sang, 
War nur sein Widerhall. 

Répertoire

CLARA SCHUMANN

An einem lichten Morgen (« Par un matin lumineux »), op. 23, no 2

Geheimes Flüstern hier und dort (« Murmures secrets ici et là »), op. 23, no 3

Liebeszauber (« La magie de l’amour »), op. 13, no 3

Parmi les thèmes poétiques qui imprègnent les vingt-huit lieder (ou mélodies pour voix et piano) de Clara Schumann (1819-1896) qui nous sont parvenus (de nombreux autres ont été perdus), les splendeurs de la nature occupent une place de choix. Trait typiquement romantique, cette imagerie naturelle se veut aussi l’expression de sentiments humains, et l’écriture pour la voix et pour le piano de Schumann crée des paysages musicaux et affectifs qui accroissent la portée des poèmes qu’elle choisit. Ainsi, An einem lichten Morgen, op. 23, n2 (« Par un matin lumineux », composé en 1853) est une ode passionnée et quasi charnelle à l’amour qui regorge de métaphores botaniques – par exemple, le soleil rêve d’embrasser une fleur et de reposer sur son sein. Cette ardeur est portée par un tempo vif, une partie vocale qui monte progressivement vers son apogée à la fin du lied et une partie de piano dominée par des envolées d’arpèges rapides.

Geheimes flüstern hier und dort, op. 23, no 3 (« Murmures secrets ici et là », 1853), comme le lied précédent, fait usage d’un poème tiré du roman Jucunde de Hermann Rollett, mais la passion fait maintenant place à une profonde sérénité. Ici, une forêt se veut le lieu consacré d’une transcendance spirituelle dans laquelle le feuillage des arbres fait entendre « le mot le plus pur de la vie ». Le tempo est « lent et très doux » et les arpèges descendants de piano chuchotent sous une mélodie vocale paisible. La dernière strophe évoque le pouvoir de l’art de sublimer la douleur en musique – un thème qui avait peut-être des résonnances personnelles pour la compositrice, alors qu’en 1853 la santé de Robert se faisait de plus en plus chancelante.

Liebeszauber, op. 13, no 3 (« La magie de l’amour », 1842) date quant à lui des premières années du mariage de Clara et Robert. Dans ce lied effervescent et empreint de fraîcheur, la nature se tait pour écouter le chant de l’amour, qui résonne en triolets bouillonnants au piano et en arcs pleins d’élan à la voix. Ce mouvement perpétuel ralentit seulement à la fin du lied, alors que le narrateur ou la narratrice constate qu’il ou elle ne peut reproduire que l’écho de ce chant.

Note de programme par Julie Pedneault-Deslauriers

ROBERT SCHUMANN

Concerto en la mineur pour violoncelle, op. 129

I. Nicht zu schnell –
​II. Langsam –
III. Sehr lebhaft

Les préoccupations de Robert Schumann (1810-1856) quant à l’orientation future de la musique orchestrale après Beethoven concernaient non seulement la symphonie, mais aussi le concerto. Après avoir tenté en vain d’écrire son propre concerto pour piano, et après avoir passé des années à examiner ceux de ses contemporains (pour sa revue Neue Zeitschrift für Musik), Schumann a commencé à développer ses propres idées sur l’évolution du concerto en trois mouvements. Dans un article de 1839, il explique ce à quoi cela pourrait ressembler :

« Nous devons créer un genre [de concerto en un seul mouvement] qui consiste en un mouvement plus long dans un tempo modéré, dans lequel la section préliminaire prendrait la place d’un premier Allegro, la section cantabile, celle de l’Adagio, et une fin brillante, celle du Rondo. »

Il a d’abord tenté de réaliser son idée avec la Fantasie expérimentale pour piano et orchestre de 1841, qui est ensuite devenue le premier mouvement de son Concerto pour piano (1845). Ce dernier s’inscrit presque dans le plan en trois mouvements qu’il préconisait, les deuxième et troisième mouvements étant reliés par une transition innovante qui revient sur le premier mouvement et anticipe le troisième. Ce n’est que près d’une décennie plus tard, lorsqu’il composa le Concerto pour violoncelle, dont les trois mouvements sont tous reliés, qu’il se rapprocha le plus de ce qu’il souhaitait.

C’est en septembre 1850 que Schumann termina l’ébauche du Concerto pour violoncelle (qu’il a d’abord appelé Konzertstück, ou pièce de concert). Après avoir eu du mal à trouver un éditeur et n’ayant pu persuader les violoncellistes de l’interpréter, il l’arrangea pour violon et l’envoya à Joseph Joachim. (Joachim ne l’a cependant jamais joué; l’arrangement n’ayant été redécouvert que dans les années 1980.) En 1853, après son admission à l’asile d’Endenich, Robert parvint à corriger les épreuves de l’original et l’envoya pour publication. Pourtant, le concerto n’a été interprété en public qu’en juin 1860, quatre ans après la mort de Schumann. Pendant le reste du XIXe siècle, il n’a fait l’objet que d’un petit nombre d’exécutions. Aujourd’hui, sa place dans le répertoire de concert est due aux efforts de violoncellistes du XXe siècle comme Pablo Casals, Gregor Piatigorsky ou Jacqueline du Pré.

De façon inhabituelle pour un concerto, Schumann, dans son opus 129, met l’accent sur le lyrisme plutôt que sur la virtuosité. C’est peut-être pour cette raison que l’œuvre n’a pas immédiatement séduit les violoncellistes. Comme l’a fait remarquer le musicologue Joseph Kerman, la partie de violoncelle est, dès le départ, « menée par le chant », avec une mélodie teintée de pathos qui évolue en « un crescendo émotif qui passe de la ferveur à la passion, puis au ravissement. » Le deuxième mouvement s’apparente à un lied (mélodie allemande) surtout nostalgique. Ici, Schumann utilise un procédé novateur : il fait suivre le violoncelle soliste par le violoncelle solo de l’orchestre, ce qui confère à la mélodie une richesse toute particulière. Il semble que Schumann ait voulu se délecter du jeu des sonorités entre le soliste et l’orchestre. C’est d’ailleurs ce qu’un concerto devait être selon lui : « un combat courtois entre le soliste et les voix distinctes de l’orchestre ».

Pour relier les mouvements entre eux et donner au concerto une sorte de trajectoire émotive, Schumann a renoncé à certaines des caractéristiques associées au genre. Par exemple, dans le premier mouvement, à la place de l’habituelle cadence, Schumann attribue au violoncelle une ligne passionnée qui se déploie graduellement jusqu’au mouvement lent. La transition vers le troisième mouvement, en revanche, est un mini-drame en soi. Après la mélodie du deuxième mouvement, la flûte et la clarinette rappellent la première phrase jouée par le violoncelle dans le premier mouvement, d’où une intense effusion de l’instrument soliste, à la manière d’un récitatif, qui s’accélère ensuite dans le finale. Le troisième mouvement est en grande partie une danse énergique, robuste et assez grave. Enfin, nous avons droit à une cadence qui est un mélodrame enflammé plutôt qu’un étalage de prouesses. Suit un passage assez extraordinaire, où l’orchestre s’immisce dans les rêveries du violoncelle avant de se frayer un chemin et d’entreprendre un sprint final.

Notes de programme par Hannah Chan-Hartley (traduit de l’anglais)

JOHANNES BRAHMS

Symphonie no 1 en do mineur, op. 68

I. Un poco sostenuto – Allegro
II. Andante sostenuto
III. Un poco allegretto e grazioso
IV. Adagio – Più andante – Allegro non troppo ma con brio

Brahms (1833–1897) a commencé à ébaucher sa Première symphonie en 1855, à l’âge de 22 ans, mais ne l’a achevée qu’en 1876, à 43 ans, tant l’héritage des neuf symphonies de Beethoven lui paraissait prestigieux et intimidant. (« Vous ne savez pas ce que c’est que d’être poursuivi par ses pas », disait-il.) La Première de Brahms a reçu un accueil enthousiaste et, vers la fin d’un siècle dominé par des radicaux comme Franz Liszt et Richard Wagner, elle a constitué un coup d’éclat pour les mélomanes attachés aux formes anciennes. (Hans von Bülow est allé jusqu’à l’appeler « la Dixième ».) Cependant, malgré sa déférence envers les modèles classiques (notamment l’architecture en quatre mouvements), il s’agissait d’une œuvre profondément personnelle fondée sur une technique symphonique originale : la création d’une structure dense et unifiée par le développement intensif de courts motifs mélodiques et rythmiques germinaux. Arnold Schoenberg a inventé l’expression « variation développante » pour désigner cette pratique et a récusé les accusations d’académisme qui pesaient sur Brahms, le défendant comme le compositeur le plus progressiste de son époque.

La majestueuse introduction lente établit le ton sérieux, voire tragique, du premier mouvement, et l’Allegro qui suit, avec son élan rythmique beethovénien, a le caractère d’un scherzo sombre et angoissé (les tonalités mineures sont inhabituellement proéminentes). Ensuite vient le mouvement lent, comme le soleil après la tempête; plusieurs thèmes s’y succèdent, si bien que la musique se déploie comme un seul flot de mélodies, devenant de plus en plus intense et passionnée pour finalement atteindre un véritable pathos. Pour le troisième mouvement, au lieu d’un menuet ou d’un scherzo, Brahms a écrit l’une de ces pastorales douces et lumineuses qui allaient devenir sa marque de fabrique, tout en conservant la forme conventionnelle du menuet et du trio à trois voix (ABA).

Dans l’introduction lente du finale, un thème majestueux au cor (semblable à l’appel d’un berger des Alpes) et une mélodie de type choral aux cuivres semblent appeler une résolution; l’Allegro qui suit commence par une mélodie émouvante, apparentée à un hymne (aux cordes), qui évoque « l’Ode à la joie » de la Neuvième de Beethoven. (Lorsque quelqu’un l’a fait remarquer à Brahms, il a répondu que « n’importe quel abruti » pouvait s’en rendre compte. En effet, c’est une interprétation de la Neuvième qui l’avait amené, à 21 ans, à envisager d’écrire une symphonie.) Le finale n’est pas dépourvu de surprises (notamment le retour du thème de cor « alpin »), ni de moments d’obscurité et de malaise, mais ils passent. Dans une coda plus rapide, le thème principal Allegro est rejoint par le « choral » de l’introduction, amenant la symphonie à sa triomphale conclusion.

Note de programme par Kevin Bazzana (traduit de l’anglais)

Artistes

  • Chef d'orchestre Alexander Shelley
  • Violoncelle Nicolas Altstaedt
  • Soprano Midori Marsh
  • Piano Darren Creech
  • Avec Orchestre du CNA

Crédits

Orchestre du CNA

Premiers violons  
Yosuke Kawasaki (violon solo) 
Jessica Linnebach (violon solo associée) 
Noémi Racine Gaudreault (assistante violon solo) 
Jeremy Mastrangelo 
Marjolaine Lambert 
Emily Westell 
Manuela Milani 
Zhengdong Liang 
*Erica Miller 
*Martine Dubé 
*Oleg Chelpanov 
*Renée London 

Seconds violons  
*Jeffrey Dyrda (solo invité) 
Emily Kruspe 
Frédéric Moisan 
Carissa Klopoushak 
Winston Webber 
Leah Roseman 
Mark Friedman 
Karoly Sziladi 
**Edvard Skerjanc 
*Andréa Armijo Fortin 
*Heather Schnarr 

Altos  
Jethro Marks (solo) 
David Marks (solo associé) 
David Goldblatt (assistant solo) 
Tovin Allers 
David Thies-Thompson 
Paul Casey 
*Sonya Probst 

Violoncelles 
Rachel Mercer (solo) 
**Julia MacLaine (assistante solo) 
Leah Wyber 
Marc-André Riberdy 
Timothy McCoy 
*Karen Kang 
*Desiree Abbey 
*Daniel Parker 

Contrebasses 
Max Cardilli (assistant solo) 
Vincent Gendron 
Marjolaine Fournier 
*Paul Mach 
*Doug Ohashi 

Flûtes
Joanna G'froerer (solo) 
Stephanie Morin 

Hautbois
Charles Hamann (solo) 
Anna Petersen 

Cor anglais 
Anna Petersen 

Clarinettes
Kimball Sykes (solo) 
Sean Rice 

Bassons
Darren Hicks (solo) 
Vincent Parizeau 
*Carmelle Préfontaine 

Cors
*Nicholas Hartman (solo invité) 
Julie Fauteux (solo associée) 
Lawrence Vine 
Lauren Anker 
Louis-Pierre Bergeron 

Trompettes
Karen Donnelly (solo) 
Steven van Gulik 

Trombones 
*Steve Dyer (solo invité) 
Colin Traquair 

Trombone basse
Zachary Bond 

Timbales
*Simón Gómez (solo invité)

Musicothécaire principale 
Nancy Elbeck 

Musicothécaire adjoint 
Corey Rempel 

Chef du personnel 
Meiko Lydall 

Coordinatrice du personnel de  l’Orchestre 
Laurie Shannon 

*Musiciens surnuméraires 
**En congé 

Alliance internationale des employés de scène et de théâtre