Montero joue Tchaïkovsky

avec l'Orchestre du CNA

2023-03-01 20:00 2023-03-02 22:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Montero joue Tchaïkovsky

https://nac-cna.ca/fr/event/30525

Événement en personne

Modification du programme:
La cheffe d'orchestre Elinor Rufeizen remplace Eva Ollikainen
Ajout au répertoire: Dvořák, Symphonie No. 7
Supprimé du répertoire: Sibelius, Four Legends, Op. 22    -   -   - Bien qu’elle puisse en confondre plus d’un par son talent, la pianiste et partenaire créative de l’Orchestre du CNA Gabriela Montero, née...

Read more

Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
1 - 2 mar 2023
1 - 2 mar 2023

≈ 2 heures · Avec entracte

Dernière mise à jour: 24 février 2023

Programme

SOFIA GUBAIDULINA Fairytale Poem pour orchestre (10 min)

PIOTR ILITCH TCHAÏKOVSKY Concerto pour piano no 1 en si-bémol mineur, op. 23 (33 min)

I. Allegro non troppo e molto maestoso – Allegro con spirito
II. Andantino semplice – Prestissimo 
III. Allegro con fuoco

ENTRACTE

 ANTONÍN DVOŘÁK  Symphonie n7 en ré mineur, op. 70 (38 min)

I. Allegro maestoso
II. Poco adagio
III. Scherzo : Vivace 
IV. Finale : Allegro

Répertoire

SOFIA GOUBAÏDOULINA

Fairytale Poem pour orchestre

La compositrice russe Sofia Gubaidulina est une figure de proue de la musique contemporaine. Née à Chistopol, une petite ville de la République socialiste soviétique autonome tatare, elle a célébré son 90e anniversaire en 2021, un événement qui a été souligné par nombre d’ensembles et d’organisations internationales ayant joué ses œuvres. Pendant des décennies, dans la seconde moitié du XXe siècle, elle a eu l’audace de défier les autorités culturelles soviétiques dans ses œuvres en explorant des idées et sujets spirituels et en se servant de techniques de composition modernes, comme l’accordage alternatif et le dodécaphonisme (sérialisme). Elle continue d’ailleurs à évoluer dans ce sens et à combiner ces aspects à des éléments de ses origines tatares, donnant ainsi naissance à un style de composition puissant et inimitable. 

Sofia Gubaidulina a composé Fairytale Poem pour orchestre en 1971. À l’origine, la partition était destinée à une émission de radio pour enfants inspirée du conte The Little Piece of Chalk, de l’écrivain tchèque Mazourek. La compositrice disait alors se faire une joie de transformer cette composition en œuvre indépendante pour orchestre. « J’aimais tellement ce conte. Il symbolisait si bien la destinée d’artiste que je m’y suis attachée de manière profondément personnelle. » Fairytale Poem pour orchestre a été présentée pour la première fois en 1992 par le NDR Radiophilharmonie d’Hanovre, sous la baguette de Bernhard Klee.

Sofia Gubaidulina décrit l’histoire qu’elle a transposée en musique et transportée dans le monde sonore en ces termes : 

« Le bâton de craie rêve de dessiner de magnifiques châteaux, des jardins luxuriants avec des pavillons et la mer. Pourtant, jour après jour, il ne trace au tableau noir que des mots, des nombres et des motifs géométriques ennuyeux. Et au fil des jours, il rapetisse, encore et encore, contrairement aux enfants qui eux grandissent. Petit à petit, le bâton de craie tombe dans le désespoir et perd l’espoir d’un jour être autorisé à dessiner le ciel ou la mer. Il finit par devenir si petit qu’il ne peut plus être utilisé à l’école et se fait jeter. Le bâton de craie se retrouve alors dans l’obscurité totale et se croit mort. Pourtant, cette noirceur funeste n’est en fait que la poche d’un petit garçon. Sous la lumière du jour, ce dernier sort le bâton de craie et dessine des châteaux, des jardins avec des pavillons et la mer. Le soleil illumine les pavés… et le bâton de craie est bien trop heureux pour remarquer qu’il se dissout petit à petit dans le dessin de ce monde merveilleux. »

Sur une « page blanche » de tons soutenus, la flûte, les violons et la clarinette solo apportent chacun lignes et couleurs dans une phrase elliptique qui s’élève fiévreusement avant que la tension ne retombe sur un long trille. Après une transition éthérée, une fugue entraînante émerge des cordes pincées (la craie prend vie) et atteint des sommets… avant de descendre en cascade chromatique. Les violons s’emparent alors de la mélodie elliptique pour la développer en redoublant d’intensité. Une série de brefs épisodes s’ensuit, où les différents instruments jouent diverses figures évoquant la soumission de la craie, forcée de tracer « des mots, des nombres et des motifs géométriques ennuyeux ». Chaque sursaut d’entrain se désintègre dans un univers sonore lancinant qui fait écho à l’abattement grandissant de la craie. Arrive ensuite un virage, où les motifs sinueux des flûtes s’entremêlent et s’élèvent pour se joindre à la poésie des accords du piano et des gammes de la harpe, ainsi que de la flûte solo et de la clarinette basse. Soudain, la musique déborde de vitalité; les violons entonnent la mélodie elliptique sur un fond pulsatif de riches harmonies, suivies de phrases erratiques, évoquant la craie et ses tracés extatiques. Sur des gammes ascendantes, le marimba emporte l’œuvre vers ses moments finaux : une simple mélodie au piano sur des cordes toutes douces, suivies de touches de vibraphone qui viennent clore la finale onirique. 

PIOTR ILITCH TCHAÏKOVSKI

Concerto pour piano no 1 en si-bémol mineur, op. 23

I. Allegro non troppo e molto maestoso – Allegro con spirito
II. Andantino semplice – Prestissimo
III. Allegro con fuoco

« Sans valeur et injouable. » « Des passages si fragmentés, si maladroits, si mal écrits qu’ils sont irrécupérables. » « L’œuvre elle-même est mauvaise, vulgaire [...] seules deux ou trois pages mériteraient d'être conservées; le reste doit être jeté ou entièrement réécrit. » C’est en ces termes que Tchaïkovsky signale, dans une lettre à sa mécène Nadejda von Meck, les impressions initiales de Nikolaï Rubinstein sur son Premier concerto pour piano. Le compositeur espérait que Rubinstein allait interpréter l’œuvre et la lui avait apportée pour obtenir son avis sur la partie solo. Rubinstein a répondu sèchement qu’il ne la jouerait que si le compositeur la remaniait de façon substantielle. Profondément offensé, Tchaïkovsky déclare qu’il n’en changera pas une seule note et en offre plutôt la création à Hans von Bülow, qui la donne à Boston le 24 octobre 1875 à la faveur d’une de ses tournées. Bien que les critiques se montrent d’abord sceptiques à l’égard de la pièce, celle-ci remporte un énorme succès auprès du public. 

Cette œuvre est toujours aussi appréciée et populaire dans les salles de concert de nos jours. (En dépit du rejet initial, Rubinstein s’est laissé séduire peu à peu par le concerto, au point même de le diriger et de l’interpréter lui-même comme soliste; Tchaïkovsky y a finalement apporté quelques révisions.) Comparativement aux concertos écrits plus tôt au XIXesiècle, celui-ci est d’une ampleur inédite, le piano et l’orchestre occupant des rôles égaux dans le déroulement du drame. La partie de piano exige énormément du soliste, qui doit faire montre non seulement d’une exceptionnelle virtuosité – passages en double octave, courses vives, cadences rhapsodiques et autresmais aussi d’une profonde expressivité. L’ample partie orchestrale est d’une envergure et d’une complexité toute symphonique, présentant et développant le matériau musical dans un dialogue intense avec le pianiste. 

L’attrait émotionnel de ce concerto doit beaucoup aux mélodies inoubliables de Tchaïkovsky. Après un austère appel de cor, il s’ouvre sur une mélodie enlevée exécutée par les violons et les violoncelles, accompagnée d’accords majestueux au piano. Bien que cet air n’apparaisse que dans l’introduction de l’œuvre, certains de ses aspects sont subtilement intégrés dans les motifs ultérieurs. En outre, son caractère passionné le relie aux thèmes lyriques des autres mouvements du concerto. 

Plusieurs mélodies basées sur des airs populaires offrent un contraste saisissant. Le bouillonnant thème principal du premier mouvement se fonde sur une chanson de rue accompagnée à la vielle à roue que Tchaïkovsky avait entendue en Ukraine. Dans le deuxième mouvement, après la tendre berceuse, la pétillante section médiane met en scène l’orchestre jouant un air populaire français, « Il faut s’amuser, danser et rire », que Modeste, le frère de Tchaïkovsky, se souvenait avoir souvent chanté avec ses frères au début des années 1870. Le fougueux premier thème du troisième mouvement est une chanson printanière ukrainienne, tandis que le second thème est emprunté à l’air folklorique russe « Je vais à Tsar-Gorod ». C’est cette ample mélodie qui, après la pyrotechnie pianistique de la cadence, constitue le superbe point culminant du mouvement. Ensemble, l’orchestre et le piano l’exposent dans toute sa gloire – bouclant ainsi le grand arc lyrique introduit au début du concerto – après quoi ils s’élancent vers une éblouissante conclusion.

Antonín Dvořák

Symphonie no 7 en ré mineur, op. 70

I. Allegro maestoso
II. Poco adagio
III. Scherzo : Vivace 
IV. Finale : Allegro 

Au début des années 1880, Dvořák se trouve à un carrefour artistique. En effet, sa réputation en tant que compositeur tchèque est grandissante, mais la ferveur nationaliste dans sa terre natale prend elle aussi de l’ampleur et s’accompagne d’un sentiment anti-tchèque à Vienne et en Allemagne, des chefs-lieux essentiels pour présenter sa musique et accroître sa notoriété. Alors que sa renommée internationale grandit, Dvořák se sent de plus en plus contraint à « choisir un camp » : composer de la musique qui parle à ses compatriotes au risque de ne rester qu’un compositeur « provincial » ou viser un style plus « international » (soit austro-allemand), comme l’y encouragent ses amis Johannes Brahms et Eduard Hanslick, pour que ses œuvres soient plus populaires à l’étranger. 

C’est dans ce contexte qu’il compose sa Septième Symphonie. Écrite entre 1884 et 1885, l’œuvre est une commande de la Société philharmonique de Londres, où Dvořák a acquis une solide réputation. Le 22 avril 1885, il dirige la première de l’œuvre, qui récolte de grands éloges. Pour nombre de chercheuses et chercheurs en musique, l’œuvre marque un tournant dans le style symphonique du compositeur et pourrait même illustrer la difficulté que Dvořák avait à accorder les deux voies artistiques qui s’offraient alors à lui. En effet, la musique semble évoquer son conflit intérieur et marie des éléments tchèques – une grande partie de ses expressions mélodiques – avec une technique germanique (caractérisée par la musique de Brahms) où la cohérence dans la forme a priorité sur le développement sophistiqué d’idées de motifs. En outre, les rythmes vigoureux, les contrastes dynamiques marqués et la mélodie palpitante donnent à cette symphonie un côté aussi intense que ténébreux. 

Une pédale résonne des profondeurs. Par-dessus, le thème principal du premier mouvement est introduit très tranquillement par les altos et les violoncelles : une mélodie sombre et bouillonnante dont la finale vigoureuse se fera puissante. On atteint un premier sommet, suivi d’un bref et tendre duo entre le cor et le hautbois. Le thème principal est alors repris avec force par l’ensemble de l’orchestre. Ensuite, un deuxième thème cadencé, d’abord entonné par les flûtes et les clarinettes avant d’être repris par les violons, offre un moment de répit serein en mode majeur juste avant la réapparition triomphante de la mélodie d’ouverture. Dans la section du milieu, la finale vigoureuse se développe un peu plus, suivie du deuxième thème. Quant au thème principal, il évoque de nouveaux déboires avant d’aboutir sur une révélation grandiose à la fin de la récapitulation et d’enchaîner rapidement sur le deuxième thème. Plus loin, le tumulte se renforce dans la coda, avant de se calmer. Les cors entonnent la mélodie principale, telle une réflexion mélancolique, et le mouvement se termine paisiblement. 

Le Poco adagio comprend trois idées contrastées : un air qui, tel un hymne, est entonné par la clarinette et soutenu par le hautbois et les bassons; une phrase sombre et interrogatrice interprétée par les violons et violoncelles à laquelle répond le sérieux des trombones; et un appel de cor lumineux. L’une après l’autre, chaque idée est traitée longuement, mais dans la section des développements, la troisième domine. Après une transition sinueuse, l’hymne revient, enrichi par la passion chaleureuse des violoncelles. La deuxième idée est également reprise avec plus d’intensité et atteint un sommet, à la suite duquel on entend une succincte réminiscence de l’appel de cor. Une reprise finale et méditative de l’hymne par le hautbois clôt ensuite le mouvement. 

Dans le scherzo, Dvořák marie savamment deux danses – une furiant tchèque corsée introduite par les violons et une langoureuse valse viennoise jouée par les bassons et les violoncelles – comme pour montrer que les deux « camps » artistiques peuvent s’accorder dans sa musique. Alors que les instruments interprètent les danses, celles-ci gagnent en férocité jusqu’à atteindre un sommet audacieux. Le trio propose un interlude pastoral avec un air doux formé de phrases montantes jouées par le hautbois auxquelles la flûte répond par des trilles évoquant le pépiement des oiseaux. Après un dialogue guilleret entre les violons et les instruments à vent, le motif ascendant se développe et tend énergiquement vers le retour du Scherzo. Ensuite arrive un moment de réflexion… Les rythmes vigoureux de la furiant dominent la musique et emportent le mouvement vers sa conclusion grisante. 

Le mouvement final commence par un thème composé d’un bond et suivi d’une ligne tortueuse dont l’aspect slave est renforcé par les inflexions chromatiques. Émanant tout d’abord funestement des clarinettes et des violoncelles, l’air se transforme, après plusieurs passages rappelant une marche, en un cri rebelle des violons, ponctué par les trompettes. Les instruments à cordes entonnent ensuite une danse stricte, qui finit pourtant sur un air lumineux et léger joué par les violoncelles. Dans la section centrale, les thèmes de la mélodie principale sont développés d’une manière qui frôle l’obsession. Le tumulte qui se prépare atteint finalement son apogée sur une reprise de la mélodie d’ouverture par les violons. Cet air est rapidement suivi par la mélodie solaire des violoncelles, qui emportent la musique vers un énième sommet sur le rythme énergique de la danse. Dans la coda, la musique se fait de plus en plus agitée et gagne en force avant de ralentir soudainement et dramatiquement pour faire place à une majestueuse proclamation finale du thème principal. Enfin, le ré mineur ténébreux s’efface derrière la gloire du ré majeur : l’espoir au bout du tunnel.

Notes de programme rédigées par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.

Artistes

  • Cheffe d’orchestre Elinor Rufeizen
  • Piano Gabriela Montero
  • Orchestre du CNA
  • Cheffe d'orchestre adjoint (apparaît avec l'aimable autorisation du programme Women in Musical Leadership de Tapestry Opera) Juliane Gallant

Orchestre du CNA

Premiers violons 
Yosuke Kawasaki (violon solo) 
Jessica Linnebach (violon solo associée) 
Noémi Racine Gaudreault (assistante violon solo) 
Emily Kruspe 
Marjolaine Lambert 
Frédéric Moisan 
Carissa Klopoushak 
Zhengdong Liang 
*Erica Miller 
*Martine Dubé 
*Renée London 
*Oleg Chelpanov

Seconds violons  
Mintje van Lier (solo) 
Winston Webber (assistant solo) 
Jeremy Mastrangelo 
Emily Westell 
Manuela Milani 
Leah Roseman 
Karoly Sziladi 
Mark Friedman 
**Edvard Skerjanc 
*Heather Schnarr 
*Andréa Armijo Fortin

Altos  
Jethro Marks (solo) 
David Marks (solo associé) 
David Goldblatt (assistant solo) 
Paul Casey 
David Thies-Thompson 
*Kelvin Enns 
*Sonya Probst

Violoncelles 
Rachel Mercer (solo) 
**Julia MacLaine (assistante solo) 
Leah Wyber 
Marc-André Riberdy 
Timothy McCoy 
*Karen Kang 
*Sonya Matoussova 
*Thaddeus Morden

Contrebasses 
*Joel Quarrington (solo invité) 
Max Cardilli (assistant solo) 
Vincent Gendron 
Marjolaine Fournier 
**Hilda Cowie 
*Paul Mach

Flûtes 
**Joanna G'froerer (solo) 
Stephanie Morin 
*Kaili Maimets 
*Lara Deutsch

Hautbois 
Charles Hamann (solo) 
Anna Petersen

Cor Anglais 
Anna Petersen

Clarinettes 
Kimball Sykes (solo) 
Sean Rice 
*Shauna Barker 
*Juan Olivares

Bassons 
Darren Hicks (solo) 
Vincent Parizeau

Cors 
Lawrence Vine (solo) 
Julie Fauteux (solo associée) 
Elizabeth Simpson 
Lauren Anker 
**Louis-Pierre Bergeron 
*Olivier Brisson

Trompettes 
Karen Donnelly (solo) 
Steven van Gulik 
*Amy Horvey

Trombones 
*Robert Conquer (solo invité) 
Colin Traquair 
*David Pell

Timbales 
*Marc-André Lalonde (solo invité)

Percussion 
Jonathan Wade

Harpe 
*Angela Schwarzkopf

Piano 
*Frederic Lacroix

Musicothécaire principale 
Nancy Elbeck

Musicothécaire adjoint 
Corey Rempel

Chef du personnel 
Meiko Lydall

Chef adjointe du personnel 
Laurie Shannon

*Musicienssurnuméraires 
**En congé

Alliance internationale des employés de scène et de théâtre