Ehnes et la Cinquième de Beethoven

avec l'Orchestre du CNA

2021-09-18 18:00 2021-09-18 20:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Ehnes et la Cinquième de Beethoven

https://nac-cna.ca/fr/event/29163

Événement en personne

La glorieuse Symphonie no 5 de Beethoven est une œuvre pénétrante, qui inspire et enchante toujours, plus de deux siècles après sa première représentation en 1808. L’artiste en résidence de l’Orchestre du CNA James Ehnes fait son retour à la Salle Southam pour interpréter l’entraînante Introduction et Rondo capriccioso en la mineur, de Camille Saint-Saëns. Cette œuvre a été...

Read more

Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
sam 18 septembre 2021
sam 18 septembre 2021

≈ 90 minutes · Sans entracte

Dernière mise à jour: 8 septembre 2021

Répertoire

LUDWIG VAN BEETHOVEN

Symphonie no 5 en do mineur, opus 67

I. Allegro con brio
II. Andante con moto
III. Scherzo : Allegro
IV. Allegro

« Cette magnifique œuvre transporte irrésistiblement l’auditoire dans des paroxysmes grandissants jusqu’au royaume spirituel de l’infini », écrivait E.T.A. Hoffmann à propos de la Symphonie n5 de Beethoven en 1810. L’œuvre avait été créée deux ans plus tôt, le 22 décembre, au Theater an der Wien et y avait reçu un accueil assez tiède; sans aucun doute, le contexte dans lequel ce concert a eu lieu – à commencer par sa longueur excessive (le programme, étalé sur plus de quatre heures, comportait également la création de la Symphonie n˚ 6, de la Fantaisie chorale ainsi que du Concerto pour piano n˚ 4 interprété par Beethoven lui-même), en plus du froid mordant qui régnait dans la salle et du manque de préparation de l’orchestre – a contribué à cet accueil mitigé. Toutefois, après la parution de la critique historique d’Hoffmann, l’avis général sur l’œuvre a changé; cette « symphonie en ut mineur d’une noblesse et d’une profondeur extrêmes » n’a pas tardé à s’imposer comme un pilier du répertoire classique, titre qu’elle a conservé jusqu’à nos jours. Elle demeure l’une des symphonies les plus jouées, et continue de faire affluer les auditoires dans les salles de concert du monde entier.

Que l’on entende cette symphonie pour la première ou la énième fois, on ne peut qu’être saisi par l’explosive ouverture du premier mouvement avec son célèbre motif « brève-brève-brève-longue », dit du « destin frappant à la porte ». À partir de cette semence, l’Allegro con brio se propulse avec une furieuse énergie, se développant de façon quasi organique. Le motif devient obsessionnel et réapparaît dans les mouvements subséquents sous divers aspects : sous forme de second sujet triomphal, exposé par les cors et les trompettes dans le deuxième mouvement; sous les habits d’une marche militaire, également entonnée par les cors, dans le scherzo; et en tant que sujet vivement contrasté, joué par les violons, dans le finale.

En dernière analyse, la force de la Symphonie no 5 qu’Hoffmann évoque avec tant d’enthousiasme tient à la façon dont Beethoven dépeint la trajectoire du triomphe sur l’adversité au fil des quatre mouvements de l’œuvre. En effet, le motif « brève-brève-brève-longue » n’est que l’un des nombreux moyens auxquels le compositeur a recours pour les relier entre eux en une trame narrative cohérente. Un autre est l’usage qu’il fait du mode, depuis le pathos et le drame tempétueux de la tonalité de do mineur dans les premier et troisième mouvements, qui encadrent un mouvement lent lyrique en la bémol majeur, jusqu’au jubilatoire do majeur du finale. Qui plus est, le triomphe de la tonalité de do majeur est préfiguré dans chaque mouvement : dans la reprise du second sujet du premier, dans le sujet lumineux du deuxième et dans l’énergique trio du troisième. Une transition merveilleusement insolite qui relie directement le troisième mouvement au quatrième–amorcé par les timbales qui tapent le motif principal sur un do grave, par-dessus un long la bémol des violoncelles et des contrebasses–intensifie encore la progression dramatique vers la résolution finale. Cependant, même au cœur de l’exubérance de l’Allegro final, Beethoven nous rappelle brièvement, dans un rappel du thème de « marche » du scherzo, la détresse exprimée par la tonalité plus sombre de do mineur, avant l’ultime délivrance en pleine lumière, sur laquelle nulle ombre ne pèse plus, jusqu’à l’extatique conclusion de la symphonie.
 

– Notes de programme d’Hannah Chan-Hartley, PhD

CAMILLE SAINT-SAËNS

Introduction et Rondo capriccioso en la mineur pour violon et orchestre, op. 28

Andante (malinconico) – Allegro ma non troppo

Camille Saint-Saëns compose son Introduction et Rondo capriccioso en la mineur pour l’Espagnol Pablo de Sarasate, un violoniste virtuose, en 1863. Les deux musiciens se sont rencontrés quatre ans auparavant, et Saint-Saëns a composé pour le violoniste le Concerto en la majeur (ou no 1). Aujourd’hui, il s’agit probablement de son œuvre pour violon et orchestre la plus connue. Le compositeur la décrit comme étant « dans le style espagnol », faisant allusion, entre autres, à l’utilisation de divers rythmes idiomatiques espagnols tout au long de la pièce. L’œuvre évoque aussi une certaine idée du caractère espagnol, soit un tempérament impulsif et passionné, et vise probablement à mettre en valeur le style d’interprétation de Pablo de Sarasate, en plus de souligner les éléments distinctifs de son jeu : un ton doux et pur assorti d’une excellente technique.

Les accords des violons et des violoncelles plantent le décor de la mélodie nostalgique et quelque peu implorante du violoniste dans l’Introduction. Une suite élaborée mène jusqu’au thème principal du rondo, résolument fier de caractère, appuyé par les accords pompeux des cordes. Fidèle à la forme du rondo, le thème est récurrent et alterne avec des épisodes contrastants. Le premier de ces éléments est une mélodie enjouée où les trilles du violon se superposent à un accompagnement évoquant le flamenco, suivie de poussées staccato, de montées et de descentes ultrarapides et d’arpèges. L’orchestre annonce le deuxième mouvement avec une danse enflammée, reprise par le violon, mais l’ambiance change dès qu’il introduit une mélodie sensuelle et poignante. Un autre air pour violon, passionné mais contemplatif, est présenté durant le troisième épisode. Dans l’ultime retour du rondo, le violon accompagne le hautbois et les arpèges deviennent de plus en plus extravagants, culminant dans une cadence vigoureuse. Puis, après une pause pour reprendre son souffle, le violon guide le chef-d’œuvre vers une finale éblouissante.

Notes de programme rédigées par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.

Lili Boulanger

Nocturne pour violon et orchestre, arr. : Sarah Slean

La compositrice française Lili Boulanger (1893-1918) démontre un immense talent musical dès son plus jeune âge. En dépit d’une maladie chronique, elle compose un grand nombre d’œuvres expressives et puissantes pour chorale, voix, piano, ensemble de musique de chambre et orchestre, et travaille à un opéra lorsqu’elle est emportée par la tuberculose intestinale à l’âge de 24 ans seulement. En 1913, elle devient la première femme à remporter le prestigieux prix de Rome. Son style distinctif, caractéristique de la musique française du début du XXe siècle, est notamment influencé par Gabriel Fauré et Claude Debussy en ce qui a trait à la synthèse de l’harmonie tonale et modale, combinée à une utilisation créative de la couleur instrumentale et des textures superposées. 

Bien que la santé fragile de Lili Boulanger l’ait empêchée de bénéficier d’une formation musicale complète au Conservatoire de Paris, elle peut cultiver son talent grâce à des cours privés. En 1911, année où elle compose cette Nocturne, elle étudie auprès du compositeur français Georges Caussade, en préparation du prix de Rome. L’œuvre, initialement composée comme une « courte pièce » pour flûte et piano, est plus fréquemment jouée dans sa transcription pour violon et piano. Dans la version que vous entendez ce soir, la partie pour piano a été arrangée pour un orchestre à cordes par la compositrice canadienne Sarah Slean. 

Ayant été appelée « Nocturne » par l’éditeur, la pièce partage assurément certaines caractéristiques de ce style de composition évoquant la nuit : une atmosphère énigmatique, parfois teintée d’angoisse, ainsi que des touches de passion romantique. Lili Boulanger présente ces éléments avec brio, grâce à son utilisation impressionniste de la couleur harmonique (revêtant ici une richesse et une subtilité particulières grâce à l’arrangement orchestral), qui appuie la somptueuse mélodie du violon. Le début est quelque peu hésitant, mais le violon prend graduellement de l’assurance, devenant plus passionné et rhapsodique, tandis que la texture éparse de l’accompagnement est elle aussi comblée. Après avoir atteint son apothéose, la musique s’estompe dans une ambiance paisible. 

JESSIE MONTGOMERY

Strum

Jessie Montgomery a d’abord imaginé Strum pour un quintette de violoncelles en 2006. La version présentée, celle pour orchestre à cordes, est « le résultat final de plusieurs versions. » Comme l’explique la compositrice, « elle a été initialement composée pour le Providence String Quartet et les musiciens invités de Community MusicWorks, puis arrangée pour quatuor à cordes en 2008, avec quelques révisions mineures. En 2012, la pièce a fait l’objet d’une dernière révision, avec une réécriture de l’introduction et de la conclusion pour le Catalyst Quartet, dans le cadre d’une prestation célébrant la 15e édition de la Sphynx Competition. »

Dans la version pour orchestre à cordes, la voix originale pour cinq instruments est alors « répartie à travers l’ensemble, conférant à la musique une qualité sonore expansive. » Dans Strum, Jessie Montgomery dit avoir « utilisé des “motifs texturés”, soit des couches d’ostinati rythmiques ou harmoniques [des motifs répétés de manière continue] qui s’enchaînent pour former une trame sonore dans laquelle les mélodies peuvent se faufiler. Le pizzicato [technique consistant à pincer les cordes] sert de “motif texturé” et de base rythmique principale dans la pièce. S’inspirant du folklore américain et de l’esprit de la danse et du mouvement, la pièce présente un récit qui débute avec une nostalgie fugace et se transforme en célébration extatique. »

Notes de programme rédigées par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.

SARASATE

Zigeunerweisen pour violon et orchestre, op. 20 (Airs bohémiens)

Pablo de Sarasate est né en 1844, à Pampelune, en Espagne. À la fin du XIXe siècle, il est un virtuose du violon reconnu à l’international, qui a non seulement effectué des tournées en Europe, mais aussi en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. De nombreux compositeurs admirent son travail et composent des œuvres spécialement pour lui, comme Camille Saint-Saëns et son Introduction et Rondo capriccioso en la mineur, qui fait également partie du programme de ce soir. Pablo de Sarasate ajoute ces pièces à son répertoire de concerts, en plus de compositions de son cru, comme Zigeunerweisen. Cette œuvre demeure l’une de ses pièces les plus connues, tant dans sa version originale pour violon et piano que dans ses versions pour violon et orchestre.

Zigeunerweisen (généralement traduit par « Airs bohémiens ») est composée en 1878 et jouée pour la première fois par Pablo de Sarasate en Allemagne la même année. Stylistiquement, elle cherche à évoquer la nature sensuelle et rhapsodique de la musique des Roms, qui exerce une fascination particulière sur le public du violoniste. Avant tout, la pièce est un véhicule qui met en valeur le style de jeu qui l’a rendu célèbre : un ton pur et doux, et une aisance technique avec l’instrument qui lui permet de surmonter sans peine les obstacles majeurs.

Zigeunerweisen se déploie en quatre sections. L’orchestre introduit la première partie par une expression puissante et sombre, à laquelle le violon répond avec une rhapsodie improvisée. Dans la deuxième section, le violon rêvasse de façon maussade sur une mélodie passionnée et mélancolique, par-dessus des accompagnements étouffés et soutenus. On observe des mouvements expressifs, comme des portamenti (des glissements d’une hauteur de note à une autre) et des glissandos, de même que des techniques complexes comme des harmoniques, des pizzicati effectués de la main gauche, des spiccati volants et des ricochets. La troisième section, très brève, présente une mélodie nostalgique jouée par un violon désormais assourdi. De récentes études ont démontré qu’il s’agissait de l’adaptation d’une mélodie initialement composée par le compositeur hongrois Elemér Szentirmay. Zigeunerweisen se conclut par une danse nerveuse et rapide, une csárdás hongroise – une ultime démonstration de l’éblouissante virtuosité du violoniste.

Notes de programme rédigées par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.

Artistes

  • Orchestre du CNA
  • chef d'orchestre Alexander Shelley
  • Violon James Ehnes
  • Compositeur Camille Saint-Saëns
  • Compositrice Lili Boulanger
  • compositrice Jessie Montgomery
  • Compositeur Pablo de Sarasate

Alliance internationale des employés de scène et de théâtre