≈ 90 minutes · Sans entracte
Dernière mise à jour: 8 septembre 2021
I. Allegro con brio
II. Andante con moto
III. Scherzo : Allegro
IV. Allegro
« Cette magnifique œuvre transporte irrésistiblement l’auditoire dans des paroxysmes grandissants jusqu’au royaume spirituel de l’infini », écrivait E.T.A. Hoffmann à propos de la Symphonie no 5 de Beethoven en 1810. L’œuvre avait été créée deux ans plus tôt, le 22 décembre, au Theater an der Wien et y avait reçu un accueil assez tiède; sans aucun doute, le contexte dans lequel ce concert a eu lieu – à commencer par sa longueur excessive (le programme, étalé sur plus de quatre heures, comportait également la création de la Symphonie n˚ 6, de la Fantaisie chorale ainsi que du Concerto pour piano n˚ 4 interprété par Beethoven lui-même), en plus du froid mordant qui régnait dans la salle et du manque de préparation de l’orchestre – a contribué à cet accueil mitigé. Toutefois, après la parution de la critique historique d’Hoffmann, l’avis général sur l’œuvre a changé; cette « symphonie en ut mineur d’une noblesse et d’une profondeur extrêmes » n’a pas tardé à s’imposer comme un pilier du répertoire classique, titre qu’elle a conservé jusqu’à nos jours. Elle demeure l’une des symphonies les plus jouées, et continue de faire affluer les auditoires dans les salles de concert du monde entier.
Que l’on entende cette symphonie pour la première ou la énième fois, on ne peut qu’être saisi par l’explosive ouverture du premier mouvement avec son célèbre motif « brève-brève-brève-longue », dit du « destin frappant à la porte ». À partir de cette semence, l’Allegro con brio se propulse avec une furieuse énergie, se développant de façon quasi organique. Le motif devient obsessionnel et réapparaît dans les mouvements subséquents sous divers aspects : sous forme de second sujet triomphal, exposé par les cors et les trompettes dans le deuxième mouvement; sous les habits d’une marche militaire, également entonnée par les cors, dans le scherzo; et en tant que sujet vivement contrasté, joué par les violons, dans le finale.
En dernière analyse, la force de la Symphonie no 5 qu’Hoffmann évoque avec tant d’enthousiasme tient à la façon dont Beethoven dépeint la trajectoire du triomphe sur l’adversité au fil des quatre mouvements de l’œuvre. En effet, le motif « brève-brève-brève-longue » n’est que l’un des nombreux moyens auxquels le compositeur a recours pour les relier entre eux en une trame narrative cohérente. Un autre est l’usage qu’il fait du mode, depuis le pathos et le drame tempétueux de la tonalité de do mineur dans les premier et troisième mouvements, qui encadrent un mouvement lent lyrique en la bémol majeur, jusqu’au jubilatoire do majeur du finale. Qui plus est, le triomphe de la tonalité de do majeur est préfiguré dans chaque mouvement : dans la reprise du second sujet du premier, dans le sujet lumineux du deuxième et dans l’énergique trio du troisième. Une transition merveilleusement insolite qui relie directement le troisième mouvement au quatrième–amorcé par les timbales qui tapent le motif principal sur un do grave, par-dessus un long la bémol des violoncelles et des contrebasses–intensifie encore la progression dramatique vers la résolution finale. Cependant, même au cœur de l’exubérance de l’Allegro final, Beethoven nous rappelle brièvement, dans un rappel du thème de « marche » du scherzo, la détresse exprimée par la tonalité plus sombre de do mineur, avant l’ultime délivrance en pleine lumière, sur laquelle nulle ombre ne pèse plus, jusqu’à l’extatique conclusion de la symphonie.
– Notes de programme d’Hannah Chan-Hartley, PhD
Andante (malinconico) – Allegro ma non troppo
Camille Saint-Saëns compose son Introduction et Rondo capriccioso en la mineur pour l’Espagnol Pablo de Sarasate, un violoniste virtuose, en 1863. Les deux musiciens se sont rencontrés quatre ans auparavant, et Saint-Saëns a composé pour le violoniste le Concerto en la majeur (ou no 1). Aujourd’hui, il s’agit probablement de son œuvre pour violon et orchestre la plus connue. Le compositeur la décrit comme étant « dans le style espagnol », faisant allusion, entre autres, à l’utilisation de divers rythmes idiomatiques espagnols tout au long de la pièce. L’œuvre évoque aussi une certaine idée du caractère espagnol, soit un tempérament impulsif et passionné, et vise probablement à mettre en valeur le style d’interprétation de Pablo de Sarasate, en plus de souligner les éléments distinctifs de son jeu : un ton doux et pur assorti d’une excellente technique.
Les accords des violons et des violoncelles plantent le décor de la mélodie nostalgique et quelque peu implorante du violoniste dans l’Introduction. Une suite élaborée mène jusqu’au thème principal du rondo, résolument fier de caractère, appuyé par les accords pompeux des cordes. Fidèle à la forme du rondo, le thème est récurrent et alterne avec des épisodes contrastants. Le premier de ces éléments est une mélodie enjouée où les trilles du violon se superposent à un accompagnement évoquant le flamenco, suivie de poussées staccato, de montées et de descentes ultrarapides et d’arpèges. L’orchestre annonce le deuxième mouvement avec une danse enflammée, reprise par le violon, mais l’ambiance change dès qu’il introduit une mélodie sensuelle et poignante. Un autre air pour violon, passionné mais contemplatif, est présenté durant le troisième épisode. Dans l’ultime retour du rondo, le violon accompagne le hautbois et les arpèges deviennent de plus en plus extravagants, culminant dans une cadence vigoureuse. Puis, après une pause pour reprendre son souffle, le violon guide le chef-d’œuvre vers une finale éblouissante.
Notes de programme rédigées par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.
La compositrice française Lili Boulanger (1893-1918) démontre un immense talent musical dès son plus jeune âge. En dépit d’une maladie chronique, elle compose un grand nombre d’œuvres expressives et puissantes pour chorale, voix, piano, ensemble de musique de chambre et orchestre, et travaille à un opéra lorsqu’elle est emportée par la tuberculose intestinale à l’âge de 24 ans seulement. En 1913, elle devient la première femme à remporter le prestigieux prix de Rome. Son style distinctif, caractéristique de la musique française du début du XXe siècle, est notamment influencé par Gabriel Fauré et Claude Debussy en ce qui a trait à la synthèse de l’harmonie tonale et modale, combinée à une utilisation créative de la couleur instrumentale et des textures superposées.
Bien que la santé fragile de Lili Boulanger l’ait empêchée de bénéficier d’une formation musicale complète au Conservatoire de Paris, elle peut cultiver son talent grâce à des cours privés. En 1911, année où elle compose cette Nocturne, elle étudie auprès du compositeur français Georges Caussade, en préparation du prix de Rome. L’œuvre, initialement composée comme une « courte pièce » pour flûte et piano, est plus fréquemment jouée dans sa transcription pour violon et piano. Dans la version que vous entendez ce soir, la partie pour piano a été arrangée pour un orchestre à cordes par la compositrice canadienne Sarah Slean.
Ayant été appelée « Nocturne » par l’éditeur, la pièce partage assurément certaines caractéristiques de ce style de composition évoquant la nuit : une atmosphère énigmatique, parfois teintée d’angoisse, ainsi que des touches de passion romantique. Lili Boulanger présente ces éléments avec brio, grâce à son utilisation impressionniste de la couleur harmonique (revêtant ici une richesse et une subtilité particulières grâce à l’arrangement orchestral), qui appuie la somptueuse mélodie du violon. Le début est quelque peu hésitant, mais le violon prend graduellement de l’assurance, devenant plus passionné et rhapsodique, tandis que la texture éparse de l’accompagnement est elle aussi comblée. Après avoir atteint son apothéose, la musique s’estompe dans une ambiance paisible.
Jessie Montgomery a d’abord imaginé Strum pour un quintette de violoncelles en 2006. La version présentée, celle pour orchestre à cordes, est « le résultat final de plusieurs versions. » Comme l’explique la compositrice, « elle a été initialement composée pour le Providence String Quartet et les musiciens invités de Community MusicWorks, puis arrangée pour quatuor à cordes en 2008, avec quelques révisions mineures. En 2012, la pièce a fait l’objet d’une dernière révision, avec une réécriture de l’introduction et de la conclusion pour le Catalyst Quartet, dans le cadre d’une prestation célébrant la 15e édition de la Sphynx Competition. »
Dans la version pour orchestre à cordes, la voix originale pour cinq instruments est alors « répartie à travers l’ensemble, conférant à la musique une qualité sonore expansive. » Dans Strum, Jessie Montgomery dit avoir « utilisé des “motifs texturés”, soit des couches d’ostinati rythmiques ou harmoniques [des motifs répétés de manière continue] qui s’enchaînent pour former une trame sonore dans laquelle les mélodies peuvent se faufiler. Le pizzicato [technique consistant à pincer les cordes] sert de “motif texturé” et de base rythmique principale dans la pièce. S’inspirant du folklore américain et de l’esprit de la danse et du mouvement, la pièce présente un récit qui débute avec une nostalgie fugace et se transforme en célébration extatique. »
Notes de programme rédigées par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.
Pablo de Sarasate est né en 1844, à Pampelune, en Espagne. À la fin du XIXe siècle, il est un virtuose du violon reconnu à l’international, qui a non seulement effectué des tournées en Europe, mais aussi en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. De nombreux compositeurs admirent son travail et composent des œuvres spécialement pour lui, comme Camille Saint-Saëns et son Introduction et Rondo capriccioso en la mineur, qui fait également partie du programme de ce soir. Pablo de Sarasate ajoute ces pièces à son répertoire de concerts, en plus de compositions de son cru, comme Zigeunerweisen. Cette œuvre demeure l’une de ses pièces les plus connues, tant dans sa version originale pour violon et piano que dans ses versions pour violon et orchestre.
Zigeunerweisen (généralement traduit par « Airs bohémiens ») est composée en 1878 et jouée pour la première fois par Pablo de Sarasate en Allemagne la même année. Stylistiquement, elle cherche à évoquer la nature sensuelle et rhapsodique de la musique des Roms, qui exerce une fascination particulière sur le public du violoniste. Avant tout, la pièce est un véhicule qui met en valeur le style de jeu qui l’a rendu célèbre : un ton pur et doux, et une aisance technique avec l’instrument qui lui permet de surmonter sans peine les obstacles majeurs.
Zigeunerweisen se déploie en quatre sections. L’orchestre introduit la première partie par une expression puissante et sombre, à laquelle le violon répond avec une rhapsodie improvisée. Dans la deuxième section, le violon rêvasse de façon maussade sur une mélodie passionnée et mélancolique, par-dessus des accompagnements étouffés et soutenus. On observe des mouvements expressifs, comme des portamenti (des glissements d’une hauteur de note à une autre) et des glissandos, de même que des techniques complexes comme des harmoniques, des pizzicati effectués de la main gauche, des spiccati volants et des ricochets. La troisième section, très brève, présente une mélodie nostalgique jouée par un violon désormais assourdi. De récentes études ont démontré qu’il s’agissait de l’adaptation d’une mélodie initialement composée par le compositeur hongrois Elemér Szentirmay. Zigeunerweisen se conclut par une danse nerveuse et rapide, une csárdás hongroise – une ultime démonstration de l’éblouissante virtuosité du violoniste.
Notes de programme rédigées par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.
L’Orchestre du Centre national des Arts (CNA) du Canada est reconnu pour la passion et la clarté de son jeu, ses programmes d’apprentissage et de médiation culturelle visionnaires et son soutien indéfectible à la créativité canadienne. Situé à Ottawa, la capitale nationale, il est devenu depuis sa fondation en 1969 l’un des ensembles les plus encensés et les plus dynamiques du pays. Sous la gouverne du directeur musical Alexander Shelley, l’Orchestre du CNA reflète le tissu social et les valeurs du Canada, nouant des liens avec des communautés de tout le pays grâce à sa programmation inclusive, ses récits puissants et ses partenariats innovants.
Alexander Shelley a façonné la vision artistique de l’Orchestre depuis qu’il en a pris les rênes en 2015, poursuivant sur la lancée de son prédécesseur, Pinchas Zukerman, qui a dirigé l’ensemble pendant 16 saisons. Le maestro Shelley jouit par ailleurs d’une belle renommée qui s’étend bien au-delà des murs du CNA, étant également premier chef d’orchestre associé de l’Orchestre philharmonique royal au Royaume-Uni ainsi que directeur artistique et musical d’Artis—Naples et de l’Orchestre philharmonique de Naples aux États-Unis. Au CNA, Alexander Shelley est épaulé dans son rôle de leader par le premier chef invité John Storgårds et par le premier chef des concerts jeunesse Daniel Bartholomew-Poyser. En 2024, l’Orchestre a ouvert un nouveau chapitre avec la nomination d’Henry Kennedy au nouveau poste de chef d’orchestre en résidence.
Au fil des ans, l’Orchestre a noué de nombreux partenariats avec des artistes de renom comme James Ehnes, Angela Hewitt, Renée Fleming, Hilary Hahn, Jeremy Dutcher, Jan Lisiecki, Ray Chen et Yeol Eum Son, assoyant ainsi sa réputation d’incontournable pour les talents du monde entier. L’ensemble se distingue à l’échelle internationale par son approche accessible, inclusive et collaborative, misant sur le langage universel de la musique pour communiquer des émotions profondes et nous faire vivre des expériences communes qui nous rapprochent.
Depuis sa fondation en 1969, l’Orchestre du CNA fait la part belle aux tournées nationales et internationales. Il a joué dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada et a reçu de nombreuses invitations pour se produire à l’étranger. Avec ces tournées, l’ensemble braque les projecteurs sur les artistes et les compositeurs et compositrices du Canada, faisant retentir leur musique sur les scènes de l’Amérique du Nord, du Royaume-Uni, de l’Europe et de l’Asie.
Décrit comme « un communicateur né, sur scène comme dans la vie » (The Telegraph), Alexander Shelley se produit sur six continents avec les plus grands ensembles et solistes de la planète.
Reconnu pour sa technique de direction « impeccable » (Yorkshire Post) et pour « la précision, la distinction et la beauté de sa gestique […] quelque chose que l’on n’a plus vraiment vu depuis Lorin Maazel » (Le Devoir), le maestro est aussi célébré pour la clarté et l’intégrité de ses interprétations et pour la créativité et l’audace de sa programmation. Il a à ce jour dirigé plus de 40 premières mondiales d’envergure, des cycles acclamés des symphonies de Beethoven, de Schumann et de Brahms, des opéras, des ballets et des productions multimédias novatrices.
Il est depuis 2015 directeur musical de l’Orchestre du Centre national des Arts du Canada et premier chef associé de l’Orchestre philharmonique royal de Londres. En avril 2023, il a été nommé directeur artistique et musical d’Artis—Naples en Floride, prenant ainsi les rênes artistiques de l’Orchestre philharmonique de Naples et de tous les volets de cette organisation multidisciplinaire. La saison 2024-2025 est sa première à ce poste. Alexander Shelley ajoute également à ses autres fonctions de chef d’orchestre une nomination au poste de directeur artistique et musical de l’Orchestre symphonique du Pacifique (dans le comté d’Orange, à Los Angeles). Il sera directeur musical désigné à compter de septembre 2025 avant d’entamer son premier mandat de cinq ans à la saison 2026-2027.
Alexander Shelley se produira également cette saison avec l’Orchestre symphonique de la Ville de Birmingham, l’Orchestre symphonique du Colorado, l’Orchestre philharmonique de Varsovie, l’Orchestre symphonique de Seattle, le Chicago Civic Orchestra et l’Orchestre symphonique national d’Irlande. Il est régulièrement invité par les plus grands orchestres d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Australasie, dont l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, le Konzerthausorchester Berlin, l’Orchestre de la Suisse Romande, les orchestres philharmoniques d’Helsinki, de Hong Kong, du Luxembourg, de Malaisie, d’Oslo, de Rotterdam et de Stockholm et les orchestres symphoniques de Sao Paulo, de Houston, de Seattle, de Baltimore, d’Indianapolis, de Montréal, de Toronto, de Munich, de Singapour, de Melbourne, de Sydney et de Nouvelle-Zélande.
Alexander Shelley a succédé à Pinchas Zukerman à titre de directeur musical de l’Orchestre du Centre national des Arts du Canada en septembre 2015, devenant le plus jeune chef à occuper ce poste dans l’histoire de l’ensemble. Ce dernier a depuis été qualifié de « transformé », « passionné », « ambitieux » et « déchaîné » (Ottawa Citizen) et classé parmi les plus audacieux en Amérique du Nord pour sa programmation (Maclean’s). Le maestro a mené ses troupes dans des tournées d’envergure au Canada, en Europe et au Carnegie Hall, où il a dirigé la première de la Symphonie no. 13 de Philip Glass.
À la tête de l’Orchestre du CNA, Alexander Shelley a commandé des œuvres révolutionnaires, dont Réflexions sur la vie et RENCONTR3S, et fait paraître plusieurs albums finalistes aux prix Juno. En réaction à la pandémie et aux questions de justice sociale qui dominent notre époque, il a lancé les séries vidéo L’OCNA en direct et INCONDITIONNEL.
En août 2017 se concluait le mandat du maestro Shelley à la direction de l’Orchestre symphonique de Nuremberg, période décrite comme un âge d’or par la critique et le public.
Sur la scène lyrique, Alexander Shelley a dirigé La veuve joyeuse et le Roméo et Juliette de Gounod (Opéral royal danois), La bohème (Opera Lyra / Centre national des Arts), Louis Riel (Compagnie d’opéra canadienne / Centre national des Arts), Iolanta (Deutsche Kammerphilharmonie de Brême), Così fan tutte (Opéra Orchestre National Montpellier), Les noces de Figaro (Opera North), Tosca (Innsbruck) ainsi que Les noces de Figaro et Don Giovanni en version semi-scénique au CNA.
Lauréat du prix ECHO et du Deutsche Grunderpreis, le chef s’est vu décerner en avril 2023 la Croix fédérale du Mérite par le président allemand Frank-Walter Steinmeier en reconnaissance de ses services à la musique et à la culture.
À titre de fondateur et directeur artistique de la Schumann Camerata et de sa série avant-gardiste 440Hz à Düsseldorf et de directeur artistique du projet Zukunftslabor de la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême, ainsi que par ses nombreuses tournées à la tête de l’Orchestre national des jeunes d’Allemagne, il cherche constamment à inspirer les futures générations d’instrumentistes et d’adeptes de musique classique.
Alexander Shelley fait régulièrement des présentations instructives et passionnées sur ses programmes avant et après les concerts. Il participe aussi à de nombreuses entrevues et produit des balados sur le rôle de la musique classique dans la société. Seulement à Nuremberg, il a accueilli en neuf ans plus d’un demi-million de personnes aux concerts annuels du Klassik Open Air, le plus grand événement de musique classique d’Europe.
Né à Londres en octobre 1979 et fils de célèbres pianistes concertistes, Alexander Shelley a étudié le violoncelle et la direction d’orchestre en Allemagne. Il s’est d’abord signalé en remportant à l’unanimité le premier prix au Concours de direction d’orchestre de Leeds en 2005. La critique l’a décrit comme « le jeune chef d’orchestre le plus passionnant et le plus doué à avoir récolté ce prix hautement prestigieux ».
Le poste de directeur musical bénéficie du soutien d’Elinor Gill Ratcliffe, C.M., O.N.L., LL.D. (hc).
James Ehnes est l’un des musiciens les plus recherchés sur la scène internationale. Possédant une rare combinaison de virtuosité époustouflante, de lyrisme serein et de musicalité à toute épreuve, il se produit régulièrement dans les plus grandes salles de concert de la planète.
Parmi ses collaborations récentes, on peut citer : l’Orchestre du Royal Concertgebouw, l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, l’Orchestre philharmonique de Londres, l’Orchestre symphonique de la NHK, l’Orchestre symphonique de Boston et celui de Chicago ainsi que l’Orchestre de Cleveland. Pour la saison 2024–2025, James Ehnes est artiste en résidence avec l’Orchestre symphonique de Melbourne et fait une tournée en Asie, dans le cadre de laquelle il jouera l’intégrale des sonates de Beethoven au Kioi Hall de Tokyo et se produira avec l’Orchestre philharmonique de Hong Kong et l’Orchestre symphonique de Singapour.
En plus de ses concerts, il jongle avec un programme chargé de récitals. Il donne régulièrement des concerts au Wigmore Hall (notamment le cycle complet des sonates de Beethoven en 2019–2020 et l’intégrale des œuvres pour violon ou alto de Brahms et Schumann en 2021–2022), au Carnegie Hall, au Symphony Center de Chicago, au Concertgebouw d’Amsterdam, au Festival Ravinia, à Montreux, au Verbier Festival, au Festival de musique de Dresde et au Festival de Pâques à Aix. Chambriste passionné, il est aussi violon solo du Quatuor Ehnes et directeur artistique de la Seattle Chamber Music Society.
James Ehnes a remporté de nombreux prix pour sa riche discographie, dont deux prix GRAMMY, trois prix Gramophone et douze prix JUNO. En 2021, il a reçu le prestigieux titre d’artiste de l’année aux Gramophone Awards, en remerciement pour ses récentes contributions à l’industrie du disque, dont le lancement en juin 2020 d’une série de récitals en ligne, « Recitals from Home », pour pallier la fermeture des salles de spectacle pendant la pandémie de COVID-19. C’est dans ce cadre domestique, équipé de matériel de pointe, qu’il a enregistré les six Sonates et partitas de Bach et les six Sonates d’Ysaÿe, publiant six épisodes en deux mois. Ces enregistrements sont acclamés par la critique et le public du monde entier, Le Devoir qualifiant même cette initiative de « symbole absolu de cette évolution [vers la diffusion en continu] ».
James Ehnes se met au violon à l’âge de cinq ans. À neuf ans, il devient le protégé de Francis Chaplin et, à treize, il fait ses débuts avec l’Orchestre symphonique de Montréal. Il poursuit sa formation auprès de Sally Thomas à la Meadowmount School of Music, puis à Juilliard, dont il sort en 1997 avec le Prix Peter-Mennin en reconnaissance de ses réalisations exceptionnelles et de son leadership en musique. Décoré de l’Ordre du Canada et de l’Ordre du Manitoba, il est membre de la Société royale du Canada et membre honoraire de la Royal Academy of Music, où il est également professeur invité. Depuis l’été 2024, il enseigne le violon à la Jacobs School of Music de l’Université de l’Indiana.
James Ehnes joue sur un Stradivarius « Marsick » de 1715.
Camille Saint-Saëns (1835–1921)
Camille Saint-Saëns est un compositeur, un pianiste, un organiste et un auteur français. Figure de proue de la musique française du XIXe siècle, il compose des œuvres de tous genres, notamment des opéras, de la musique pour ballet, des œuvres chorales sacrées et profanes, des chansons et des pièces pour piano solo, de la musique de chambre, des symphonies, des concertos et même… de la musique de film! Sa musique est souvent qualifiée de « néoclassique », car elle présente certaines des caractéristiques de ce style comme la clarté, l’équilibre, l’ordre et la précision (des particularités de la musique savante française), combinées à une utilisation particulière de la couleur harmonique et à une maîtrise du contrepoint. Parmi ses œuvres les plus connues aujourd’hui, on retrouve la « Symphonie avec orgue », le Concerto no 3 pour violon, le Concerto no 4 pour piano, la suite Le Carnaval des animaux et l’opéra Samson et Dalila.
Né à Paris le 9 octobre 1835, Saint-Saëns est un enfant prodige qui fait ses débuts à la Salle Pleyel comme soliste dans le Concerto pour piano no 3 de Beethoven et le Concerto pour piano no 5 de Mozart. En 1848, il entre au Conservatoire de Paris, où il étudie le piano et plus tard, la composition et l’orchestration. En 1853, il devient organiste à l’église Saint-Merri, avant de se déplacer, en 1857, à l’église de la Madeleine, où il restera pendant 20 ans. Des années 1860 jusqu’à la fin de sa vie, il jouit d’une réputation internationale en tant que compositeur de renom et pianiste virtuose. Il effectue des tournées en Angleterre, en Europe méridionale, en Scandinavie, en Amérique du Sud, en Asie de l’Est et aux États-Unis.
Le talent de Saint-Saëns suscite l’admiration et l’amitié de nombreux musiciens et compositeurs célèbres, notamment Pauline Viardot, Gioachino Rossini, Hector Berlioz et Franz Liszt. En plus de ses propres œuvres, le compositeur fait activement la promotion – dans ses concerts et ses écrits – de la musique de plusieurs de ses contemporains, comme Robert Schumann et Liszt. Il joue aussi un rôle central dans le regain d’intérêt pour la musique de Bach et de Mozart en France. En 1871, Saint-Saëns fonde, avec son collègue Romain Bussine, la Société nationale de musique, dont la mission est de promouvoir la musique de compositeurs français vivants et d’aider ces derniers à se produire.
Voyageur de longue date, Saint-Saëns a une affection particulière pour Alger. Au début du XXe siècle, il passe beaucoup de temps là-bas ainsi qu’en Égypte. Entre-temps, il continue de composer, de diriger des orchestres et de se produire en concert, remportant au passage de nombreux honneurs pour ses accomplissements. En août 1921, il donne ses derniers concerts comme pianiste et chef d’orchestre. Il meurt quelques mois plus tard, le 16 décembre, à Alger.
Rédigée par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.
Lili Boulanger (1893–1918) est une compositrice française. Faisant preuve d’un immense talent musical dès sa tendre enfance, elle devient la première femme à remporter le prestigieux prix de Rome en 1913. Bien qu’atteinte d’une maladie chronique, elle est une compositrice prolifique qui crée des œuvres expressives et puissantes pour chorale, voix, piano, ensemble de musique de chambre et orchestre. Elle travaille sur un opéra lorsqu’elle est emportée par la tuberculose intestinale, à l’âge de 24 ans seulement. Son style distinctif, caractéristique de la musique française du début du XXe siècle, est notamment influencé par Gabriel Fauré et Claude Debussy en ce qui a trait à la synthèse de l’harmonie tonale et modale, combinée à une utilisation créative de la couleur instrumentale et des textures superposées.
Née Marie-Juliette Olga à Paris, le 21 août 1893, Lili Boulanger grandit dans une famille de musiciens : son père est le compositeur français Ernest Boulanger et sa sœur aînée Nadia, également compositrice, enseignera plus tard à de nombreux musiciens éminents du XXe siècle (en plus d’être une fervente défenseure des œuvres de Lili). Son talent musical s’exprime dès l’âge de deux ans et est nourri par des leçons de violon, de piano, de chant et de harpe. Son état de santé fragile, qu’elle doit à un système immunitaire affaibli par une bronchopneumonie contractée en 1895, l’empêche de bénéficier d’une éducation complète au Conservatoire de Paris, mais elle suit des cours privés de composition auprès de Georges Caussade. En janvier 1912, elle est admise dans la classe de composition de Paul Vidal. Si elle ne remporte pas le prix de Rome cette année-là, elle l’obtient l’année suivante pour sa cantate Faust et Hélène. Elle signe ensuite un contrat avec l’éditeur de musique Ricordi, ce qui lui garantit un revenu mensuel et lui permet de se consacrer entièrement à la composition.
Au cours de sa première résidence à Rome, Lili termine plusieurs œuvres, dont le cycle de mélodies Clarières dans le ciel. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale l’oblige à rentrer à Paris, où sa sœur Nadia et elle mettent sur pied le Comité franco-américain du Conservatoire national afin de venir en aide aux soldats musiciens en leur acheminant des biens et du courrier. Elle retourne à Rome en février 1916, où elle progresse dans la création de nombreuses œuvres d’envergure, comme son opéra La Princesse Maleine. Or, vers la fin de l’année, elle est extrêmement affaiblie par la maladie et revient à Paris, où elle passera les dernières années de sa vie et où elle mettra la touche finale aux compositions qu’elle a déjà commencées. Elle meurt le 15 mars 1918, à Mézy-sur-Seine.
Rédigée par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.
Jessie Montgomery est une compositrice, violoniste et éducatrice primée. Lauréate du prix Leonard-Bernstein de la Fondation ASCAP et de la médaille d’excellence Sphinx, elle a composé des œuvres qui sont fréquemment interprétées par des musiciens et ensembles de premier plan partout dans le monde. Fine interprète de la vie et de l’expérience sonore des Américains au XXIe siècle, elle entremêle dans ses compositions musique classique, musique populaire, improvisation, poésie et conscience sociale. Le Washington Post a qualifié ses œuvres de « turbulentes, merveilleusement colorées et débordantes de vie ».
Montgomery est née et a grandi dans le Lower East Side de Manhattan. Dans les années 1980, ce quartier en pleine effervescence était le foyer par excellence de l’expérimentation artistique et du développement communautaire. Les parents de la compositrice – son père, musicien, et sa mère, conteuse et artiste de théâtre – participaient activement à la vie de leur quartier et emmenaient fréquemment leur fille aux manifestations, spectacles et soirées où se rassemblaient artistes, activistes et membres de la communauté pour faire la fête et appuyer les idées du temps. Forte de cette expérience inusitée, Montgomery s’est créé une existence qui allie composition, prestation, éducation et militantisme.
Montgomery collabore depuis 1999 avec l’organisation Sphinx, qui appuie les jeunes cordistes d’origine afro-américaine et latino-américaine. Elle est actuellement compositrice en résidence auprès de Sphinx Virtuosi, l’ensemble professionnel de tournées principal de l’organisation. Elle a d’ailleurs deux fois remporté le Concours Sphinx annuel et a obtenu sa plus haute distinction, la médaille d’excellence Sphinx. Montgomery a en outre reçu des récompenses de la Fondation ASCAP, de l’organisation Musique de chambre États-Unis, de l’Orchestre des compositeurs américains, de la Fondation Joyce et de l’organisation Sorel, notamment.
Jessie Montgomery a été choisie comme compositrice-vedette pour le Projet 19 du New York Philharmonic, qui soulignera le 100e anniversaire de la ratification du 19e amendement de la Constitution des États-Unis, lequel accorde aux femmes le droit de vote. Parmi ses autres projets en cours, notons un nonette évoquant la grande migration afro-américaine selon le point de vue de l’arrière-grand-père de la compositrice, William McCauley, qui sera interprété par Imani Winds et le quatuor Catalyst; un concerto pour violoncelle écrit pour Thomas Mesa dans le cadre d’une commande conjointe de Carnegie Hall, de l’Orchestre symphonique New World et de l’organisation Sphinx; et une nouvelle œuvre orchestrale pour le National Symphony.
Pablo de Sarasate (1844–1908)
Pablo de Sarasate est un violoniste et compositeur espagnol. L’un des virtuoses du violon les plus célèbres du XIXe siècle, il se produit régulièrement dans toute l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud. Il entretient des amitiés et des liens étroits avec des compositeurs connus, qui créent de nouvelles œuvres spécialement pour lui. Au cours de ses nombreuses tournées, il popularise ces pièces, de même que ses propres compositions. Ces œuvres – charmantes et colorées, quoique très exigeantes sur le plan technique – sont maintenant des pièces phares du répertoire du violon, appréciées encore aujourd’hui des violonistes et du public.
Pablo de Sarasate, de son nom complet Martín Melitón Pablo de Sarasate y Navascués, est né à Pampelune le 10 mars 1844. Enfant prodige, il se produit en public pour la première fois à l’âge de huit ans, et son talent attire l’attention et le concours de l’élite espagnole et de la famille royale. Après des études auprès de Jean-Delphin Alard au Conservatoire de Paris, Pablo de Sarasate effectue de nombreuses tournées à titre de violoniste de concert. Dès le début des années 1870, il est connu en France, en Belgique, en Angleterre, aux États-Unis et en Argentine. En 1876, il donne son premier concert à Vienne, des débuts importants en terre germanophone, où il se forgera peu à peu une réputation et reviendra chaque année.
Selon des rapports critiques, le jeu de Pablo de Sarasate se démarque par la pureté et par la douceur de son ton, et par son incroyable aisance technique. Inspirés par son talent et son sens du spectacle, plusieurs compositeurs créent des œuvres spécialement pour lui, notamment Max Bruch (Concerto pour violon no 2, Fantaisie écossaise), Camille Saint-Saëns (Concertos pour violon no 1 et 3, Introduction et Rondo Capriccioso), Édouard Lalo (Concerto pour violon en fa majeur, Symphonie espagnole) et Henryk Wieniawski (Concerto pour violon no 2). Pablo de Sarasate compose lui-même 54 œuvres, dont plusieurs inspirées de mélodies populaires et traditionnelles, qui sont toutes des véhicules pour sa virtuosité.
En 1904, Pablo de Sarasate est l’un des premiers violonistes virtuoses à contribuer à des enregistrements pour gramophone. Il en fera paraître neuf, dont un où il interprète une version abrégée de Zigeunerweisen, l’une de ses pièces les plus populaires. En plus de sa carrière solo, il se produit souvent dans des quatuors à cordes. Il décède à Biarritz, le 20 septembre 1908, d’une bronchite chronique.
Rédigée par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre