≈ 80 minutes · Sans entracte
Dernière mise à jour: 1 mars 2019
Le 19 mai 2016, l’Orchestre du CNA du Canada présentait en création mondiale Réflexions sur la vie. Il s’agissait, à maints égards, du concert le plus ambitieux de l’histoire de l’ensemble. Créée par plusieurs compositeurs, en collaboration avec de nombreux artistes de différentes disciplines, cette présentation multimédia élargit considérablement la définition de ce que peut être un concert orchestral.
Mais la puissance de l’œuvre tient d’abord à son sujet : des récits qui offrent les perspectives de quatre Canadiennes remarquables, soit Alice Munro, Amanda Todd, Roberta Bondar et Rita Joe. Chacune d’elles a fait face à de grandes difficultés au cours de sa vie, mais ne s’en est pas moins exprimée d’une voix forte et distinctive qui s’est fait entendre à l’échelle du monde. En 2017, Réflexions sur la vie a été présenté dans plusieurs villes du Canada dans le cadre de la Tournée Canada 150 de l’Orchestre, s’attirant une pluie d’éloges. Au printemps, l’ensemble interprètera cette œuvre ambitieuse et authentiquement canadienne sur la scène mondiale à la faveur d’une tournée européenne soulignant le 50e anniversaire du CNA.
Ce soir, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, nous sommes fiers de jouer pour vous, une fois de plus, Réflexions sur la vie. Et nous sommes aussi très heureux d’accueillir de nouveau sur notre scène Tanya Tagaq, interprète de chant de gorge inuite de renommée mondiale. Bon concert.
Ce soir, les voix féminines prennent toute la place. J’ai l’honneur de partager la scène avec la chanteuse de gorge inuite Tanya Tagaq, une artiste puissante et visionnaire qui fait vivre au public une nouvelle expérience chaque fois qu’elle interprète son élégie improvisée pour les femmes autochtones disparues et assassinées.
Le programme Réflexions sur la vie raconte des histoires puissantes évoquées en images, en sons et en paroles par quelques-uns des plus brillants créateurs canadiens. Il s’agit d’une œuvre immersive multidisciplinaire qui se déploie tout d’un trait, intense, dramatique, réconfortante, nous transportant du début à la fin.
J’ai eu l’honneur de confier à quatre compositeurs canadiens accomplis une mission, celle de collaborer avec un formidable groupe d’interprètes et d’artistes du multimédia à la création de cette expérience symphonique unique en son genre, sous le leadership inspiré de la productrice du contenu créatif et metteure en scène Donna Feore.
Les arts et la culture de ce pays captivent sans cesse les auditoires du monde entier à travers des récits passionnants comme ceux de ces femmes remarquables qui ont chacune trouvé leur voix au prix de sacrifices et de luttes. Ces histoires ont été pour moi une source d’inspiration. Si certaines évoquent des souvenirs douloureux, je crois intimement que chacun de nous trouvera dans Réflexions sur la vie un message libérateur, un message d’espoir.
Réflexions sur la vie retrace le parcours de quatre Canadiennes d’exception. Alice Munro, Roberta Bondar, Amanda Todd et Rita Joe nous invitent, chacune à sa manière, à porter sur les choses un regard nouveau. Le défi que j’avais était de trouver une façon de raconter leur histoire dans une installation orchestrale qui embrasse la vision de chacune. Partant de cette idée que plusieurs têtes valent mieux qu’une, j’ai réuni un groupe exceptionnel de collaborateurs qui se sont laissé inspirer par ces femmes extraordinaires. Bien que chaque élément se tienne par lui-même, nous avons construit quelque chose à partir de l’œuvre orchestrale de quatre compositeurs de génie placés sous la conduite de l’incomparable Alexander Shelley, dans l’espoir que ça puisse nous mener quelque part.
La brillante équipe de design visuel Normal est devenue le cœur battant de cette aventure. Elle a rendu possible l’intégration harmonieuse des œuvres de nos superbes collaborateurs — musiciens, photographes, cinéastes, comédiens, danseurs et chanteurs.
La Dre Bondar a observé notre monde depuis l’univers. Alice Munro l’a regardé de l’intérieur. Amanda Todd a ouvert son cœur et Rita Joe a livré son esprit. J’espère que ce spectacle saura vous captiver et vous émouvoir autant qu’il m’a éclairée et inspirée.
Quand l’Orchestre du CNA m’a pressentie pour réaliser une adaptation pour une œuvre symphonique du récit de « Dear Life » (Rien que la vie en vf.) d’Alice Munro, j’étais justement en train de lire, dans l’ordre, l’ensemble de ses nouvelles. Je devrais plutôt dire « relire », car depuis la lecture, à 18 ans, de Dance of the Happy Shades (La danse des ombres en vf.), j’avais toujours attendu impatiemment chaque nouvelle parution de l’auteure. J’ai grandi dans une petite localité située non loin de la ville natale d’Alice Munro, rêvant tout comme elle de fuir. Devenue écrivaine à mon tour, je l’ai connue personnellement. J’ai été inspirée par sa façon réaliste et sans détour d’embrasser l’univers où elle était née, un univers qu’elle a exploré pendant 50 ans à travers la littérature.
On m’a donné pour tâche d’extraire de son plus récent récit de plusieurs milliers de mots un distillat de tout juste 500 mots qui formerait la base d’une œuvre symphonique et que livrerait Martha Henry sous forme d’enregistrement. Tous les mots sont d’Alice. Aucun n’est de moi; j’ai simplement modifié l’ordre de certains événements par souci de clarté.
J’ai voulu témoigner de la générosité d’Alice Munro qui, comme auteure, ouvre les bras au jeu créatif qu’entraîne une adaptation. Témoigner aussi de l’authenticité et de la pureté de sa prose qui a rendu possible un tel distillat et permis de recréer dans cette nouvelle version de « Dear Life » l’essence même de ses personnages et des thèmes qu’elle aborde.
Le fait qu’on célèbre la mémoire de ma fille dans une production du Centre national des Arts, aux côtés de trois éminentes Canadiennes, est un honneur en soi qui suscite énormément de fierté chez ceux et celles qui ont connu Amanda.
La perte d’Amanda a laissé un vide immense dans ma vie, et j’ai eu du mal à imaginer ce que le CNA voulait créer et présenter. Mais avec le temps, les choses sont apparues plus claires. En permettant que soit relatée l’histoire de ma fille à travers un projet d’arts visuels et d’arts de la scène, j’ai vu son héritage devenir réalité. L’art et la musique meublaient l’univers visuel et sonore d’Amanda.
Lors de ma première rencontre avec Donna Feore, j’ai eu l’impression de retrouver une vieille amie. Nous avons échangé des histoires, et des idées se sont fixées. Nous sommes restées en contact pendant les 18 mois qui ont suivi. J’ai été saisie d’émotion en entendant pour la première fois la musique avec Donna et l’équipe du studio de design visuel NORMAL. Des sentiments de joie, de colère, de tristesse, puis de paix m’ont envahie. Nous étions assis ensemble en silence, les larmes aux yeux. Je vois déjà ma fille représentée comme un beau flocon de neige, symbole de son unicité et de sa fragilité.
Je veux témoigner ma reconnaissance à tous ceux et celles qui ont vu dans l’histoire d’Amanda un message d’ESPOIR, et remercier les gens qui ont des CONVICTIONS et le SOUCI des autres. L’équipe du CNA s’est employée à donner un sens plus vrai à l’héritage d’Amanda − l’image spectaculaire d’un flocon de neige représentant ma princesse Amanda dans une production intitulée Réflexions sur la vie.
Dans son poème simple et poignant intitulé J’ai perdu ma langue, Rita Joe exprime la complexité de l’expérience qu’ont vécue des membres des Premières Nations au temps du régime des pensionnats autochtones, et le traumatisme intergénérationnel encore présent dans la société d’aujourd’hui. Comme artiste, je m’identifie au désir de Rita Joe de partager ses histoires et son vécu dans l’optique d’éduquer les gens et de leur donner une voix. Il est important de continuer à relater nos histoires, ancrées dans le territoire, la langue et les traditions ancestrales, de continuer à raconter nos vies par l’écriture, la parole et la danse. Dans notre quête de réconciliation, allons au-delà de la dimension intellectuelle du processus pour incarner véritablement nos actions et pour nous affranchir du colonialisme.
Ma mère a toujours été pour moi un génie. C’était une femme très déterminée, qui a fait tant de choses pour tellement de gens. À travers ses mots, elle s’est tenue debout et est sortie victorieuse.
Quand elle est arrivée à Eskasoni, on la narguait au sujet de sa langue mi’kmaq brisée. Je trouve que la première strophe de son poème I Lost My Talk (« J’ai perdu ma langue ») en dit long.
Maman disait qu’elle deviendrait célèbre après sa mort. Voilà que son poème a fait l’objet d’une adaptation à l’écran et d’une pièce musicale.
Nous étions si enthousiastes de voir le produit fini. En arrivant au CNA le soir de la première, on avait l’impression de rêver. En entendant pour la première fois les mots jaillir de la bouche de Monique Mojica, on a senti le poème prendre vie. C’est un moment que nous n’oublierons jamais. J’étais remplie d’émotions. Quand la musique a commencé et que l’écran s’est animé, j’ai été bouleversée. À un moment donné, j’ai pleuré sur l’épaule de mon mari, mais je me suis vite ressaisie parce que je ne voulais pas rater une seconde du spectacle.
Nous tenons à remercier Alexander Shelley, John Estacio, l’Orchestre du CNA, Donna Feore et toute l’équipe du CNA, qui ont fait un travail fantastique.
Je suis certaine que ma mère a dansé de joie en voyant cette prestation. Elle était une gentille guerrière, et l’héritage qu’elle a laissé donne aux enfants mi’kmaq de quoi espérer en l’avenir.
Interprètes
Kennedy Bomberry
Jesse Dell
Josh DePerry
Ascension Harjo
William Merasty
Monique Mojica
Nimkii Osawamick
Tekaronhiáhkhwa Santee Smith
Montana Summers
Alex Twin
Normal Studio (Montréal), Conception visuelle et scénique
Samuel Greffe, Producteur, Normal
Frédéric Cordier, Directeur du multimédia, Normal
Michel Greco, Monteur et coloriste
Milan Podsedly CSC, Directeur de la photographie
Susanne Ritzau, Régisseuse générale
Trinni Franke, Productrice associée
Ryan Port, Premier assistant réalisateur
Paul Roberts, Deuxième assistant réalisateur
Ariana Shaw, Troisième assistante réalisatrice
Ann Baggley, Assistante de Donna Feore
Chrisann Hessing, Coordonnatrice de la production
Forbes Campbell, Superviseur du scénario
Teresa Przybylski, Conceptrice des costumes
Michelle Tracey, Alex Mancini, Michelle Rivers, Assistante costumière
Andrea Heldman, Chef, Coiffures et maquillages
Heather Snowie, Coiffures et maquillages
Sasha Moric, Cadreur
Lori Longstaff, Tony Lippa, Premier assistants-cadreurs
Aaron Mallin, Bart Bialasik, Deuxième assistants-cadreurs
Chris Bacik, Silvio Bulgaret, Opérateur de drone
James Thurston, Chef-électricien
Paul Gettlich, Électricien
Tom O’Reilly, Chef machiniste
Allan Schwartzenberger, Superviseur technique – Gestion de données
Laury Dubé, Assistant-monteur
Chris Daellenbach, Peter Oundjian, Adjoints à la production
Doug Pawis, Sharon Nanibush, Nathan Pamajewon, Debra Stanger, Mary J. Acosta , Figurants
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Remerciements particuliers
Monica Côté, A.J. Demers, Milton Howe, Eugene Watts, Donna Zuchlinski, OMDC, Parc provincial Killbear
Une production de Willis Sweete Productions pour le Centre national des Arts, 2016
La Fondation du Centre national des Arts remercie les personnes et les organisations suivantes, qui aident à concrétiser la vision d’Alexander Shelley axée sur l’investissement dans des œuvres canadiennes nouvelles.
Pour plus d’information sur Réflexions sur la vie et sur d’autres projets de création du CNA que vous pouvez appuyer, communiquez avec la Fondation du CNA au 613 947-7000 poste 315, ou à fondationducna@cna-nac.ca.
The Gail Asper Family Foundation
La Fondation Azrieli
Kimberley Bozak & Philip Deck
Bonnie & John Buhler
Alice & Grant Burton
The Canavan Family Foundation
Le très honorable Joe Clark, C.P., C.C., A.O.E. & Maureen McTeer
Michel, Anju, Roman & Angelica Collette
Barbara Crook & Dan Greenberg, Danbe Foundation
Thomas d’Aquino & Susan Peterson d’Aquino
Ian & Kiki Delaney
Amoryn Engel
Mohammed A. Faris
Susan Glass & Arni Thorsteinson
Ressa Greenberg
Shirley Greenberg, C.M.
Dr. Dianne Kipnes, C.M. & Mr. Irving Kipnes, C.M.
Dr. Kanta Marwah
Janice & Earle O’Born
Gail O’Brien, LL.D. & David O’Brien, O.C.
Onex Corporation
Power Corporation du Canada
The Alan & Roula Rossy Family Foundation
John & Jennifer Ruddy
Alexander Shelley & Zoe Shelley
Dasha Shenkman, OBE, Hon RCM
Carolyn & Scott Shepherd
Eli & Philip Taylor
Donald T. Walcot
Famille Zed Family
Donateur anonyme (1)
Le Centre national des Arts tient à remercier :
Alice Munro et famille
Famille Joe
Communauté d’Eskasoni
Carol Todd
Roberta Bondar
CBC
Allée des célébrités canadiennes
Qiksaaktuq signifie deuil en inuktitut. Cette œuvre est dédiée aux femmes et filles autochtones disparues ou assassinées, et à ceux et celles qui les pleurent.
Qiksaaktuq comprend cinq mouvements basés sur les cinq phases du deuil selon Kübler-Ross : déni, colère, marchandage, dépression et acceptation. Nous avons voulu créer une œuvre à la fois composée et improvisée qui est fidèle aux méthodes et à l’esprit d’une prestation de Tanya Tagaq.
Jean Martin a créé, avec la précieuse aide de Christopher Mayo, une partition orchestrale reprenant des idées de pistes et de boucles sonores qu’il a utilisées dans son travail avec Tanya Tagaq au fil des ans. À cela, nous avons ajouté des gestes de la main que Christine Duncan utilisera pour diriger librement la section des cuivres, et qu’elle utilise déjà régulièrement avec l’Element Choir, un ensemble d’improvisation vocale qui se produit avec Tanya Tagaq depuis 2014. À partir de cette toile de fond, Tanya Tagaq improvisera en temps réel une puissante complainte à la mémoire des disparues.
Toutes ces composantes sont essentielles à la création de Qiksaaktuq, pièce à la fois composée et improvisée, ou « comprovisée ».
— Christine Duncan
Qiksaaktuq a été commandée par l’Orchestre symphonique de Toronto avec l’appui financier du gouvernement du Canada, pour un concert présenté en mars 2017, à l’occasion du 150e anniversaire de la Confédération canadienne.
J’ai été invitée à composer Dear Life quelques jours à peine avant la naissance de mon premier enfant. Au mépris du bon sens qui clamait qu’entreprendre la composition d’une œuvre orchestrale d’une telle envergure pendant mes premiers mois de maternité relevait de la folie, j’ai été subjuguée par ce projet. Était‑ce le récit? Les mots de Munro ont résonné en moi : le portrait d’une relation mère‑fille tout au long d’une vie, une artiste trouvant sa voix, prenant conscience de son « altérité », mais également de l’universalité de l’expérience vécue. J’admirais la fluidité du texte de Munro, ses souvenirs à moitié vagues – fictifs? autobiographiques? – tantôt ambigus, tantôt saisissants de transparence.
Aussi ai‑je tenté de raconter l’histoire à ma façon, par la musique, le son et l’expérimentation. La voix de Martha Henry nous accompagne dans la narration du texte adapté. La soprano, quant à elle, manie des fragments de texte et des sons inventés, réaction viscérale comblant l’écart entre la dimension abstraite de la musique et la dimension concrète de la parole. Sa présence, musicale et dramaturgique, se précise, puis s’évapore. Au départ, sa voix fusionne avec l’orchestre, mais peu à peu, elle émerge en tant qu’entité distincte à part entière.
L’orchestre oscille entre musique absolue (textures résolument abstraites, tantôt statiques, tantôt spasmodiques), et ce que j’appelle musique archétypique, celle qui provient de l’inconscient collectif : des mémoires musicales, des hymnes déformés par le temps, le son de volées d’oiseaux migrateurs, une mélodie fredonnée, le grésillement réorchestré de la friture des phonographes, symbole même de la nostalgie. Voilà d’où je tire mon inspiration pour créer divers espaces musicaux, allant du récit dans le récit (la fable de Netterfield) au poème de mirliton chanté vers la fin de l’œuvre. Derrière la beauté bucolique de ces réminiscences se cache le frisson du danger, de la violence, du malheur, et pourtant, au bout du compte, ce que nous en retirons est le pardon et l’acceptation. Il y a quelque chose de profondément humain dans cette histoire.
Alice Munro a écrit : « Un récit n’est pas comme une route à suivre… c’est plutôt comme une maison. Vous y entrez et y passez quelque temps, errant d’une pièce à l’autre […]. Et vous, le visiteur, êtes aussi transformé par le fait d’être dans cet espace clos, qu’il soit spacieux et accommodant ou rempli de racoins biscornus, qu’il soit meublé avec parcimonie ou opulence. Vous pouvez y revenir encore et encore, et chaque fois la maison, le récit, contient plus que vous n’y avez vu la dernière fois. » 1
J’ai l’espoir que c’est dans cet esprit que les auditeurs feront l’expérience de ma maison sonore.
— Zosha Di Castri
1 Traduction libre de l’introduction de l’édition Vintage de Selected Stories, 1968–1994 (New York: Vintage Books, 1996).
La regrettée Jocelyn Morlock (1969-2023) était l’une des compositrices les plus en vue du Canada. On lui doit une œuvre fascinante qui a fait l’objet d’un grand nombre d’enregistrements et a été jouée et diffusée à de nombreuses reprises en Amérique du Nord et en Europe. Née à Winnipeg, elle a étudié le piano à l’Université de Brandon, avant d’obtenir une maîtrise et un doctorat en musique de l’Université de la Colombie-Britannique, où elle a récemment œuvré comme chargée de cours et enseigné la composition. Première compositrice en résidence de la Music on Main Society de Vancouver (2012-2014), elle a assumé le même rôle auprès de l’Orchestre symphonique de Vancouver de 2014 à 2019.
Jocelyn entretenait des liens étroits avec l’Orchestre du Centre national des Arts qui, en 2015, lui avait commandé My Name is Amanda Todd, une œuvre puissante sur l’adolescente de Port Coquitlam, en Colombie-Britannique, qui s’est enlevé la vie après avoir subi de la cyberintimidation. L’œuvre a ensuite remporté le prix JUNO 2018 à titre de composition classique de l’année.
Voici en quels termes elle évoquait elle-même cette œuvre :
Lorsque j’ai commencé à écrire cette composition, mon esprit était animé par ce qu’avait vécu Amanda, et je pouvais m’imaginer à quel point il doit être destructeur de voir sans cesse des messages et des commentaires malveillants dirigés contre soi, surtout quand on est jeune. Toute cette atmosphère négative me semblait étouffante. En parlant avec sa mère, Carol Todd, et avec Christopher Deacon, de l’Orchestre du CNA, j’ai réalisé le pouvoir de transformation qui aurait opéré sur la jeune fille si elle avait pu prendre le contrôle de la situation et raconter son histoire en utilisant la même plateforme que ceux qui s’employaient à la dénigrer.
Carol m’a parlé de tous les endroits où elle porte son message, parce que les gens finissent par reconnaître la nécessité d’agir pour mettre fin à la cyberintimidation. Elle m’a parlé des enfants qui cherchent auprès d’elle de l’aide, ou qui lui disent que les vidéos et l’histoire d’Amanda les ont aidés; des jeunes qui affirment avoir trouvé de l’espoir à travers Amanda et Carol. J’éprouve un profond sentiment de joie devant le courage d’Amanda et le message de Carol.
My Name is Amanda Todd s’ouvre sur un chagrin immense qui se transforme en une énergie négative sournoise et plutôt désespérée où l’on voit, impuissant, se multiplier les remarques et images corrosives. Je reprends ensuite pratiquement les mêmes matériaux musicaux (petits gestes, timbres et rythmes très semblables) que je modifie graduellement pour créer une musique de plus en plus puissante et positive.
Pour réaliser cette œuvre, j’ai passé des heures à éplucher des enregistrements provenant de la collection de Roberta Bondar, tour à tour charmée, envoûtée et profondément émue par ce que je découvrais. J’ai tiré de tout cela un environnement sonore formé d’éléments hétéroclites : inflexions de la voix de l’astronaute décrivant la vue qu’elle a du Canada depuis l’espace (une voix filtrée – une voix « venue de l’au-delà »; cachet poétique du message qu’elle a livré lors de son intronisation à l’Allée des célébrités canadiennes; souvenir nostalgique de la prestance de célèbres chefs d’antenne dont on reconnaît la voix; et explosion de joie d’enfants réunis à Sault Ste. Marie pour saluer le retour de l’espace de leur héroïne. Toutes ces bribes composent les pierres d’assise musicales de l’œuvre. Elles sont étirées, contorsionnées, collées et tissées ensemble pour créer des thèmes, lignes de basse continue, chants, canons et chœurs, avec le concours de l’orchestre, dans un foisonnement de couleurs et d’harmonies.
Ce que j’ai cherché à faire dans chacun des huit mouvements évoquant les huit jours que la Dre Bondar a passés dans l’espace, c’est harnacher les fils sonores et visuels de son aventure – suspendre le temps, plonger dans chaque scène et créer une expérience en soi. Exprimer, à travers la voix et l’esthétique qui sont les miennes, l’émotion que suscitent les réalisations inouïes de l’astronaute, pour que leur rejaillissement à l’échelle planétaire trouve un écho sonore et visuel.
— Nicole Lizée
Dans I Lost My Talk, poème de quinze vers, Rita Joe décrit la crainte bouleversante d’être dépouillée de sa culture. À l’image de ce poème de quatre strophes, la composition musicale est divisée en quatre mouvements sans pause. Un solo de flûte bucolique évoque la vie que menait l’énonciatrice avant d’être envoyée au pensionnat de Shubenacadie. Les cordes jouent un hymne qui prend soudain l’allure d’un environnement musical hostile; la mélodie jouée par la flûte est maintenant brisée et perdue dans un paysage sonore d’une tonalité étrangère. Pendant tout le deuxième mouvement, tandis que les thèmes musicaux se reforment, la percussion et les cuivres dans leur registre grave interrompent fréquemment la mélodie, la forçant à se reconstituer et à continuer dans une atmosphère de plus en plus oppressante. C’est avec les mots « Vous me l’avez arrachée » que débute un troisième mouvement agressif; la flûte solo est de retour, emportée dans un élan frénétique. Un solo de percussion accueille le retour de l’hymne, qui revêt cette fois un caractère tendu et inquiétant. Pour accompagner le vers « Je parle de deux manières », l’hymne est joué simultanément dans deux tonalités différentes. Le quatrième mouvement, une musique au ton noble, s'ouvre sur les mots « Alors, je tends la main »; ici, un hymne de réconciliation s’élève, tandis que la narratrice trouve le courage de se faire la messagère de la paix et de la compréhension entre deux cultures différentes, apportant du même coup l’apaisement dans sa propre vie.
— John Estacio
Décrit comme « un communicateur né, sur scène comme dans la vie » (The Telegraph), Alexander Shelley se produit sur six continents avec les plus grands ensembles et solistes de la planète.
Reconnu pour sa technique de direction « impeccable » (Yorkshire Post) et pour « la précision, la distinction et la beauté de sa gestique […] quelque chose que l’on n’a plus vraiment vu depuis Lorin Maazel » (Le Devoir), le maestro est aussi célébré pour la clarté et l’intégrité de ses interprétations et pour la créativité et l’audace de sa programmation. Il a à ce jour dirigé plus de 40 premières mondiales d’envergure, des cycles acclamés des symphonies de Beethoven, de Schumann et de Brahms, des opéras, des ballets et des productions multimédias novatrices.
Il est depuis 2015 directeur musical de l’Orchestre du Centre national des Arts du Canada et premier chef associé de l’Orchestre philharmonique royal de Londres. En avril 2023, il a été nommé directeur artistique et musical d’Artis—Naples en Floride, prenant ainsi les rênes artistiques de l’Orchestre philharmonique de Naples et de tous les volets de cette organisation multidisciplinaire. La saison 2024-2025 est sa première à ce poste. Alexander Shelley ajoute également à ses autres fonctions de chef d’orchestre une nomination au poste de directeur artistique et musical de l’Orchestre symphonique du Pacifique (dans le comté d’Orange, à Los Angeles). Il sera directeur musical désigné à compter de septembre 2025 avant d’entamer son premier mandat de cinq ans à la saison 2026-2027.
Alexander Shelley se produira également cette saison avec l’Orchestre symphonique de la Ville de Birmingham, l’Orchestre symphonique du Colorado, l’Orchestre philharmonique de Varsovie, l’Orchestre symphonique de Seattle, le Chicago Civic Orchestra et l’Orchestre symphonique national d’Irlande. Il est régulièrement invité par les plus grands orchestres d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Australasie, dont l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, le Konzerthausorchester Berlin, l’Orchestre de la Suisse Romande, les orchestres philharmoniques d’Helsinki, de Hong Kong, du Luxembourg, de Malaisie, d’Oslo, de Rotterdam et de Stockholm et les orchestres symphoniques de Sao Paulo, de Houston, de Seattle, de Baltimore, d’Indianapolis, de Montréal, de Toronto, de Munich, de Singapour, de Melbourne, de Sydney et de Nouvelle-Zélande.
Alexander Shelley a succédé à Pinchas Zukerman à titre de directeur musical de l’Orchestre du Centre national des Arts du Canada en septembre 2015, devenant le plus jeune chef à occuper ce poste dans l’histoire de l’ensemble. Ce dernier a depuis été qualifié de « transformé », « passionné », « ambitieux » et « déchaîné » (Ottawa Citizen) et classé parmi les plus audacieux en Amérique du Nord pour sa programmation (Maclean’s). Le maestro a mené ses troupes dans des tournées d’envergure au Canada, en Europe et au Carnegie Hall, où il a dirigé la première de la Symphonie no. 13 de Philip Glass.
À la tête de l’Orchestre du CNA, Alexander Shelley a commandé des œuvres révolutionnaires, dont Réflexions sur la vie et RENCONTR3S, et fait paraître plusieurs albums finalistes aux prix Juno. En réaction à la pandémie et aux questions de justice sociale qui dominent notre époque, il a lancé les séries vidéo L’OCNA en direct et INCONDITIONNEL.
En août 2017 se concluait le mandat du maestro Shelley à la direction de l’Orchestre symphonique de Nuremberg, période décrite comme un âge d’or par la critique et le public.
Sur la scène lyrique, Alexander Shelley a dirigé La veuve joyeuse et le Roméo et Juliette de Gounod (Opéral royal danois), La bohème (Opera Lyra / Centre national des Arts), Louis Riel (Compagnie d’opéra canadienne / Centre national des Arts), Iolanta (Deutsche Kammerphilharmonie de Brême), Così fan tutte (Opéra Orchestre National Montpellier), Les noces de Figaro (Opera North), Tosca (Innsbruck) ainsi que Les noces de Figaro et Don Giovanni en version semi-scénique au CNA.
Lauréat du prix ECHO et du Deutsche Grunderpreis, le chef s’est vu décerner en avril 2023 la Croix fédérale du Mérite par le président allemand Frank-Walter Steinmeier en reconnaissance de ses services à la musique et à la culture.
À titre de fondateur et directeur artistique de la Schumann Camerata et de sa série avant-gardiste 440Hz à Düsseldorf et de directeur artistique du projet Zukunftslabor de la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême, ainsi que par ses nombreuses tournées à la tête de l’Orchestre national des jeunes d’Allemagne, il cherche constamment à inspirer les futures générations d’instrumentistes et d’adeptes de musique classique.
Alexander Shelley fait régulièrement des présentations instructives et passionnées sur ses programmes avant et après les concerts. Il participe aussi à de nombreuses entrevues et produit des balados sur le rôle de la musique classique dans la société. Seulement à Nuremberg, il a accueilli en neuf ans plus d’un demi-million de personnes aux concerts annuels du Klassik Open Air, le plus grand événement de musique classique d’Europe.
Né à Londres en octobre 1979 et fils de célèbres pianistes concertistes, Alexander Shelley a étudié le violoncelle et la direction d’orchestre en Allemagne. Il s’est d’abord signalé en remportant à l’unanimité le premier prix au Concours de direction d’orchestre de Leeds en 2005. La critique l’a décrit comme « le jeune chef d’orchestre le plus passionnant et le plus doué à avoir récolté ce prix hautement prestigieux ».
Le poste de directeur musical bénéficie du soutien d’Elinor Gill Ratcliffe, C.M., O.N.L., LL.D. (hc).
Talent créateur parmi les plus polyvalents au pays, Donna Feore a été chaudement applaudie pour ses réalisations au Festival de Stratford. Elle a signé la mise en scène et la chorégraphie du très populaire The Sound of Music – qui a tenu longtemps l’affiche la saison dernière. Elle a présenté, en 2014, Crazy for You, succès retentissant acclamé par la critique et le public, tout comme Fiddler on the Roof, qui l’a précédé.
Pour l’Orchestre du CNA, elle a assuré récemment la production du contenu créatif et la mise en scène (m.e.s.) de Dear Life, une commande du CNA, ainsi que la m.e.s. du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn. Toujours à titre de metteure en scène, elle a contribué aux productions Rock & Roll (Tom Stoppard) et It’s a Wonderful Life pour Canadian Stage, et collaboré avec F. Murray Abraham à Lecture on the Weather de John Cage et A Soldier’s Tale pour l’Orchestre symphonique de Detroit.
Sur la scène opératique, elle a été metteure en scène et chorégraphe dans la production de Siegfried de la Canadian Opera Company (COC), qui a ensuite gagné la scène de l’Opéra National de Lyon. Pour la COC, elle a aussi monté Tosca, Red Emma et OEdipus Rex, qui lui a valu un prix Dora dans la catégorie Meilleure chorégraphie.
Aux petit et grand écrans, elle a collaboré notamment à Mean Girls, Eloise, et Treading Water, Politics is Cruel, Martin and Lewis et Stormy Weather. En 2016, elle assurera la m.e.s. et la chorégraphie d’une version réinventée de la pièce A Chorus Line pour le Festival de Stratford.
Zosha Di Castri est une compositrice et pianiste canadienne établie à New York. Ses œuvres ont été jouées au Canada, aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Europe. Sa démarche dépasse les limites de la musique de concert, englobant aussi des projets qui intègrent l'électronique et l'art sonore, ainsi que des collaborations en vidéo et en danse.
L'Orchestre symphonique de San Francisco, le New World Symphony et l'Esprit Orchestra ont commandé des œuvres à Mme Di Castri. Sa musique pour orchestre a aussi été interprétée par l'Orchestre symphonique de Montréal, l'Orchestre philharmonique de l'Amazonas et le Cabrillo Festival Orchestra, entre autres. L'artiste a également collaboré avec de nombreuses formations de musique nouvelle de premier plan, dont l'Ensemble Talea, Wet Ink et le Nouvel Ensemble Moderne (NEM).
Zosha Di Castri a remporté en 2012 le prix Jules-Léger de la nouvelle musique de chambre pour Cortège. Elle est titulaire d'un baccalauréat en musique de l'Université McGill et d'un doctorat en composition musicale de l'Université Columbia, où elle est actuellement professeure adjointe en musique. Elle a participé en 2009 au Programme des compositeurs de l'Institut estival de musique du CNA.
Née le 10 juillet 1931, Alice Munro a grandi sur une ferme près de Wingham (Ontario). Elle a étudié en littérature anglaise à l’Université Western Ontario, où elle a publié sa toute première nouvelle dans la revue littéraire de l’établissement. En 1951, elle a épousé James Munro. Le couple est parti s’établir à Victoria (Colombie-Britannique) où Alice a eu trois enfants et a été copropriétaire, avec James, d’une librairie.
Son premier recueil, paru en 1968, a été suivi de quinze autres. Ses oeuvres sont souvent publiées dans des magazines comme The New Yorker, The Atlantic Monthly et The Paris Review. L’auteure a divorcé en 1972 et est retournée s’installer en Ontario pour devenir auteure en résidence à l’Université Western Ontario, un poste qu’elle a également occupé plus tard à l’Université de la Colombie-Britannique et à l’Université du Queensland.
Elle s’est remariée avec Gerald Fremlin en 1976 et a déménagé dans la petite ville natale de son nouvel époux, Clinton (Ontario), non loin de Wingham. Gerald est décédé en avril 2013. Le 10 décembre de la même année, Alice Munro remportait le prix Nobel de littérature. Celle qui vit toujours à Clinton a annoncé récemment qu’elle renonçait à l’écriture.
La regrettée Jocelyn Morlock (1969-2023) était l’une des compositrices les plus en vue du Canada. On lui doit une œuvre fascinante qui a fait l’objet d’un grand nombre d’enregistrements et a été jouée et diffusée à de nombreuses reprises en Amérique du Nord et en Europe. Née à Winnipeg, elle a étudié le piano à l’Université de Brandon, avant d’obtenir une maîtrise et un doctorat en musique de l’Université de la Colombie-Britannique, où elle a récemment œuvré comme chargée de cours et enseigné la composition. Première compositrice en résidence de la Music on Main Society de Vancouver (2012-2014), elle a assumé le même rôle auprès de l’Orchestre symphonique de Vancouver de 2014 à 2019.
Jocelyn entretenait des liens étroits avec l’Orchestre du Centre national des Arts qui, en 2015, lui avait commandé My Name is Amanda Todd, une œuvre puissante sur l’adolescente de Port Coquitlam, en Colombie-Britannique, qui s’est enlevé la vie après avoir subi de la cyberintimidation. L’œuvre a ensuite remporté le prix JUNO 2018 à titre de composition classique de l’année.
Ses « harmonies chatoyantes » (Georgia Straight) et son approche « adroitement personnelle » (Vancouver Sun) ont valu à Jocelyn Morlock de nombreux prix, au pays comme à l’étranger : classement parmi les 10 finalistes à la Tribune internationale des compositeurs en 2002; le Mayor’s Arts Award dans la catégorie Musique, à Vancouver (2016); et le Prix JUNO de la Composition classique de l’année pour My Name Is Amanda Todd (2018).
La plupart des compositions de Jocelyn Morlock sont destinées à de petits ensembles, plusieurs d’entre elles pour des combinaisons inhabituelles, telles piano et percussions (Quoi?), violoncelle et vibraphone (Shade), ou basson et harpe (Nightsong). Velcro Lizards a été composée pour un ensemble formé d’une clarinette ou d’une clarinette basse, d’une trompette, d’un violon et d’une contrebasse. Cobalt, sa première œuvre commandée par l’Orchestre du Centre national des Arts, a été créée par ce dernier en 2009; ce concerto pour deux violons et orchestre figure sur son premier album complet, aussi intitulé Cobalt, paru sous étiquette Centrediscs en 2014.
La compositrice montréalaise Nicole Lizée crée de la musique nouvelle inspirée par un mélange éclectique d’Influences incluant les premières vidéos MTV, le turntablism, la culture rave, le glitch, Hitchcock, Kubrick, David Lynch, le courant psychédélique et le modernisme des années 1960. Elle est fascinée par les erreurs faites par les technologies démodées et bien usées, erreurs qu’elle « glitche », note et intègre dans des exécutions en direct.
Les compositions de Nicole vont des œuvres pour orchestre et platiniste solo faisant appel à des techniques de DJ entièrement notées et intégrées dans un contexte de musique de concert, à d’autres combinaisons instrumentales inorthodoxes incluant la console de jeux vidéo Atari 2600, des omnichords, des stylophones et des pistes de karaoké. Dans son œuvre en évolution, dont la palette est vaste, elle explore des thèmes tels que la dysfonction, la résurrection d’éléments désuets et l’exploitation de l’imperfection et du glitch pour créer une nouvelle forme de précision.
Nicole a obtenu une maîtrise en musique de l’Université McGill en 2001. Elle fait carrière de compositrice depuis une quinzaine d’années, et la liste de ses commandes, aussi variée que distinguée, dépasse les 40 œuvres et inclut des commanditaires tels le Kronos Quartet, les BBC Proms, l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal, Radio-Canada/CBC, le San Francisco Symphony, le Kaufman Center, la Darcy James Argue’s Secret Society, Sō Percussion, Eve Egoyan, le Gryphon Trio, le MATA Festival, TorQ Percussion, la Fondation Arte Musica / le Musée des beaux-arts de Montréal, l’ECM+, Continuum, Soundstreams, l’Australian Art Orchestra, Standing Wave, la SMCQ, Arraymusic et le Kitchener-Waterloo Symphony. Sa musique a été exécutée partout dans le monde dans des salles incluant le Carnegie Hall (New York), le Royal Albert Hall (Londres), le Muziekgebouw (Amsterdam) et la Cité de la Musique (Paris) – ainsi que dans des festivals d’envergure y compris les BBC Proms (R.-U.), Huddersfield (R.-U.), Bang On a Can (É.-U.), All Tomorrow’s Parties (R.-U.), Barbican (R.-U.), X Avant (Canada), Luminato (Canada), Switchboard (San Francisco), C3 (Berlin), Ecstatic (New York), Casalmaggiore (Italie), Sonorities (Irlande), Melbourne Festival (Australie) et Dark Music Days (Islande).
Nicole a remporté en 2013 le Prix Jules-Léger pour la musique de chambre du Conseil des Arts du Canada. Elle est une Civitella Ranieri Foundation Fellow (CRF 2010).
Sa pièce pour piano et glitch noté, Hitchcock Études, a été sélectionnée par la Société internationale pour la musique contemporaine pour exécution lors des Journées mondiales de la musique 2014 en Pologne. This Will Not Be Televised, son œuvre phare pour ensemble de chambre et platines, s’est classée parmi les 10 œuvres retenues à l’édition 2008 de la Tribune internationale de compositeurs de l’UNESCO.
Elle a reçu des subventions du Conseil des Arts du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec, de la SOCAN, de FACTOR et de BravoFACT. Ses autres distinctions et nominations incluent un Prix Opus (2013), le Prix collégien de musique contemporaine à deux reprises (2012, 2013) et le Prix Robert-Fleming 2002 du Conseil des Arts du Canada pour réalisation dans le domaine de la composition.
John Estacio est l’un des compositeurs canadiens les plus souvent joués. La critique a vanté le lyrisme maîtrisé, la profondeur d’expression et le brillant dynamisme de ses œuvres symphoniques et opératiques.
John Estacio a été compositeur en résidence pour l’Orchestre philharmonique de Calgary et l’Orchestre symphonique d’Edmonton. Ses œuvres orchestrales ont été jouées à Singapour, en Chine, en Europe, au Royaume-Uni et aux quatre coins des États-Unis. Le premier de ses cinq opéras, Filumena, a été filmé pour la télévision et commémoré par un timbre de Postes Canada.
Son écriture orchestrale a retenu l’attention de chorégraphes et cinéastes : le Ballet de Cincinnati lui a commandé la musique du ballet intégral King Arthur’s Camelot, et sa trame sonore pour The Secret of the Nutcracker a été sacrée meilleure bande originale de film par l’AMPIA (Alberta Media Production Industries Association).
Son Concerto pour trompette, commandé par un consortium formé de 19 orchestres canadiens (du jamais vu!), a été enregistré par l’Orchestre symphonique de Mulhouse, en France. Après avoir terminé son cinquième opéra, The Cipher Clerk, John Estacio a composé des œuvres pour l’Orchestre philharmonique de Calgary, l’Orchestre du Centre national des Arts et l’Orchestre symphonique d’Edmonton.
Finaliste à cinq reprises aux prix Juno, il est devenu membre de l’Ordre du Canada en 2021 et a reçu le Prix du Lieutenant-gouverneur de l’Alberta pour les arts. Il s’est récemment vu décerner un doctorat honorifique en musique de l’Université Wilfrid Laurier.
Monique Mojica (nations kuna et rappahannock), est une actrice et auteure qui se passionne pour la pratique théâtrale, qu’elle voit comme un acte de guérison, de résistance et de revendication de la mémoire historique et culturelle. S’inscrivant dans la lignée du Spiderwoman Theatre de New York, sa pratique personnelle tire parti de son héritage artistique en mettant au jour les histoires du corps, mais aussi le lien aux histoires qui émanent de la terre et des lieux.
Sa première pièce, Princess Pocahontas and the Blue Spots, a été produite en 1990 et fait partie de nombre de programmes d’enseignement à l’international. Elle est l’une des cofondatrices du collectif Turtle Gals Performance Ensemble, avec qui elle a créé The Scrubbing Project, The Triple Truth (finaliste pour un prix DORA) et The Only Good Indian. Elle a fondé le Chocolate Woman Collective en 2007 pour développer la pièce Chocolate Woman Dreams the Milky Way, une production épousant une approche dramatique étroitement liée à l'esthétique, aux formes narratives et aux structures littéraires propres à la culture kuna.
Monique Mojica a enseigné la théorie, les procédés et les pratiques du théâtre autochtone à l'Université de l'Illinois, à l'Institute of American Indian Arts et à l'Université McMaster, en plus d’être codirectrice du Centre for Indigenous Theatre. Elle a prononcé des conférences sur la recherche incarnée et a donné des ateliers d’interprétation incarnée au Canada, aux États-Unis, en Amérique latine et en Europe.
Ses prestations les plus récentes sur scène comprennent la première mondiale de Re-Quickening, du Kaha:wii Dance Theatre, dans une chorégraphie de Santee Smith, et l’interprétation d’I Lost My Talk avec l’Orchestre du Centre national des Arts dans le cadre de la série Réflexions sur la vie.
Parmi ses projets à venir, mentionnons Side Show Freaks & Circus Injuns, une pièce coécrite avec la dramaturge choctaw LeAnne Howe et mise en scène par Jorge Luis Morejón, qui présente une impressionnante équipe d’artistes autochtones oeuvrant dans diverses disciplines.
La regrettée Rita Joe est une illustre poète mi’kmaq qui célébrait sa langue, sa culture et son mode de vie. Née en 1932 à Whycocomagh en Nouvelle-Écosse et orpheline à dix ans, la jeune Rita Bernard est envoyée au pensionnat de Shubenacadie, où on lui interdit de parler sa langue et où elle subit des abus psychologiques et physiques. Elle en sort à 16 ans et rencontre, peu de temps après, Frank Joe avec qui elle se marie et fonde une famille.
Elle se met à l’écriture au milieu des années 1970. Elle signera sept ouvrages dont Poems of Rita Joe (1978), Song of Eskasoni (1988) et The Blind Man’s Eyes (publié à titre posthume en 2015).
En 1989, Rita Joe est décorée de l’Ordre du Canada; en 1992, elle devient membre du Conseil privé de la reine; et en 1997, elle reçoit un Prix national d’excellence décerné aux autochtones. Plusieurs universités de la côte Est lui ont attribué un doctorat honorifique. Un an après le décès de son mari, survenu en 1989, elle apprend qu’elle est atteinte de la maladie de Parkinson. Elle écrira jusqu’à sa mort en 2007, cinq jours après son 75e anniversaire.
Après son décès, le Globe and Mail l’a nommée Poète lauréate du peuple mi’kmaq.
« Je n’étais qu’une femme au foyer rêvant de faire rire les yeux tristes de mon peuple »
Santee Smith / Tekaronhiáhkhwa est une artiste multidisciplinaire kahnyen’kehàka du clan de la Tortue des Six Nations de la rivière Grand (Ohswé:ken, Ontario). Depuis le début de sa carrière, elle s’intéresse à la transformation, à l’échange d’énergie et aux liens entre le cœur et l’esprit. Formée à l’École nationale de ballet du Canada, elle est titulaire de diplômes en éducation physique et en psychologie de l’Université McMaster ainsi que d’une maîtrise en danse de l’Université York.
Elle présente sa première œuvre, Kaha:wi, un récit de création familial, en 2004. Un an plus tard, elle fonde la troupe Kaha:wi Dance Theatre, dont la renommée est devenue internationale. Son travail porte sur l’identité, les enseignements et le mode de vie de l’Onkwehonwe’néha, la créativité et les pratiques artistiques autochtones. Elle est en outre une enseignante et une conférencière recherchée dans le domaine des arts du spectacle, de la culture et des arts de la scène autochtones.
Elle fait partie de l’équipe d’encadrement du programme d’artiste en résidence (danse autochtone) du Centre des arts de Banff. Elle est également la programmatrice et la visionnaire de la série d’ateliers « Inviter la terre à nous façonner » et des laboratoires de création sur la recherche dans le domaine des arts du spectacle autochtones.
Récemment, elle a présenté pour la première fois à TO Live SKéN:NEN, une production multimédia finaliste aux prix Dora, et accompagné en tournée l’équipe de la pièce primée The Mush Hole relatant les expériences des pensionnaires de l’Institut Mohawk – le plus ancien pensionnat autochtone au Canada.
Normal est un studio de design visuel fondé à Montréal en 2009 par Mathieu St-Arnaud et Philippe Belhumeur. Les deux directeurs de création se sont réunis afin d’offrir à leurs clients en télévision et arts de la scène à la fois leur force d’intégration technologique et leur approche visuelle. Ils ont été rejoint en 2013 par Sébastien Grenier-Cartier, comme associé et directeur général.
En 10 ans, le studio a conçu et produit plus de 300 environnements multimédias (combinant vidéo, scénographie et effets spéciaux), à la fois audacieux et touchants pour des spectacles et des événements dans les domaines des arts de la scène, du divertissement et de la projection architecturale.
À l’avant-garde de ce pôle d’excellence à Montréal, Normal Studio est reconnu pour sa débordante créativité et son ambition technologique. Le studio a collaboré avec près de 200 artistes et compagnies locales et internationales pour concevoir les univers visuels et technologiques d’œuvres telles que les environnements époustouflants de Toruk – Le Premier Envol et Sep7imo Dia : No Descansaré du Cirque du Soleil, les rêves les plus fous de Michel Lemieux et Victor Pilon de 4D Art avec le parcours de projection Cité Mémoire, les pièces de théâtre Temporel et Icare, l’exposition Territoires Oniriques et le film 360 Continuum au Planétarium Rio Tinto Alcan de Montréal. À souligner également la conception visuelle du film dystopique Fahrenheit 451 de Rahmin Bahrani produit par HBO Films, les projections pour les contes de Noël de Fred Pellerin avec l’Orchestre Symphonique de Montréal et la scénographie des concerts symphoniques contemporains Réflexions sur la vie et The Man With the Violin de l’Orchestre du Centre national des Arts du Canada ; pour ne nommer que ceux-là.
Normal Studio, c’est une équipe de 33 personnes et une dizaine de pigistes et fournisseurs externes de l’industrie du design et du multimédia au Québec. Son équipe d’experts se compose de talents multidisciplinaires en animation, illustration, conception, mise en scène, direction technique, informatique et nouvelles technologies qui partagent l’envie de se dépasser créativement et éveiller l’extraordinaire chez les spectateurs des œuvres et expériences multimédias.
Établie à Toronto, Kimberly Purtell est une conceptrice d’éclairages pour le théâtre, l’opéra et la danse. Louangées par la critique, ses conceptions ont été présentées au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Chine, à Hong Kong, à Taiwan, en Mongolie, à Prague et à Moscou. Elle a collaboré avec le Festival de Stratford, le Festival Shaw, la Canadian Stage Company, le Soulpepper Theatre, Mirvish Productions, le Centre national des Arts et l'Orchestre du Centre national des Arts, le Pacific Opera Victoria, l'Opera Philadelphia, l'Arena Stage de Washington D.C., le Tapestry Opera, le Hamilton Opera, l'Opéra d’Edmonton, le Theatre Calgary, le Manitoba Theatre Centre, le Citadel Theatre ou encore la Place des Arts. Elle a également conçu les éclairages des Jeux panaméricains et des Olympiades culturelles de Vancouver et de Beijing.
Kimberly Purtell a été mise en nomination pour de nombreux prix d'excellence en conception d'éclairage et a reçu trois prix Dora Mavor Moore, le prix Pauline McGibbon, un prix du Théâtre anglais de Montréal, un prix Sterling, un prix des critiques de théâtre de Toronto et un prix du Cercle des critiques d'Ottawa.
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre