Le célèbre Alonzo King LINES Ballet de San Francisco présente Schéhérazade et Resin (4 mai)

Shéhérazade © photo: Frank Thibault

L’Alonzo King LINES Ballet fait ses débuts au CNA le 4 mai – et son passage a suscité un tel engouement qu’il a fallu ajouter une supplémentaire en matinée (le 4 mai à 14 h). Peut-être est-ce un effet de la saisissante photo de la compagnie sur la couverture de la brochure de la saison 2012‑2013 de Danse CNA?

Que signifie le mot LINES (« lignes ») dans le nom de la compagnie? « Le terme LINES évoque tout ce qui est visible dans le monde phénoménologique », explique le fondateur et directeur artistique Alonzo King. « Rien n’est fabriqué ou formé sans ligne. La ligne droite et la courbe englobent tout ce que nous voyons. Tout ce qui peut être vu est formé par une ligne. En mathématiques, on parle d’une longueur droite ou incurvée et continue. Les lignes se retrouvent dans nos empreintes digitales, nos silhouettes, les constellations, les figures géométriques. Dans une ligne de pensée. Dans les frontières ou dans l’éternité. Dans une ligne mélodique. L’équateur. De l’onde vibratoire aux points qu’on relie, c’est l’organisation visible de tout ce que nous voyons. » Voilà, tout est dit.

La compagnie vous invite à entrer dans un monde formidablement riche et exotique avec Schéhérazade et Resin. Les deux ballets font un usage fascinant et largement inusité de la musique – ces musiques du monde qu’Alonzo King affectionne depuis son enfance. Schéhérazade est accompagnée par des instruments occidentaux et perses, tandis que Resin est réglé sur des pièces sépharades peu connues. « Qu’est-ce que la musique? » demande Alonzo King. « Une pensée consciente trop sublime pour être exprimée en mots. La danse est cette pensée rendue visible. » Le chorégraphe se sent peut-être plus habile à exprimer ses idées par la danse qu’en mots, mais il n’en a pas moins acquis une stature impressionnante. Chorégraphe culte lui-même, William Forsythe dit d’Alonzo King qu’il est « l’un des rares véritables maîtres chorégraphes de ballet de notre temps. Sa connaissance approfondie des nombreuses ramifications de l’histoire du ballet enrichit ses chorégraphies de tous ces angles subtils qui démontrent une parfaite maîtrise des complexités de son art… »

Schéhérazade était au départ une suite symphonique du compositeur russe Nikolaï Rimski-Korsakov (1888). L’œuvre était inspirée de vieux contes perses, sanskrits et arabes recueillis sous le titre des Mille et Une Nuits. Ces contes sont narrés par Schéhérazade au sultan, son époux. Quand il se lassera d’elle, il la fera décapiter; aussi a-t-elle tout intérêt à entretenir le suspense. En 1910, Les Ballets Russes de Monte Carlo ont tiré un ballet de la partition pour orchestre. Chorégraphié par Michel Fokine dans une scénographie de Léon Bakst – avec Vaslav Nijinsky dans le rôle de « l’esclave doré » – le ballet était une explosion orgiaque d’exotisme et d’évasion. Ses couleurs vives, surréalistes et son cadre perse ont exercé une énorme influence, lançant une vague d’orientalisme qui allait tout balayer sur son passage. On peut s’étonner de ce qu’un ballet ait eu un tel impact sur la culture populaire, mais il faut se rappeler que le cinéma en était alors à ses premiers balbutiements, et que le ballet et l’opéra restaient les formes les plus prisées de divertissement de masse. Imaginez le soir de la première, avec les danseurs évoluant dans leurs costumes diaphanes et flamboyants, dans un conte d’érotisme et de passion débridée. L’écho de Schéhérazade allait continuer à retentir (particulièrement dans le monde de la mode) comme un appel révolutionnaire.

En 2009, le Monaco Dance Forum a commandé à Alonzo King une version moderne de Schéhérazade pour inaugurer la saison du centenaire des Ballets Russes. Cette Schéhérazade rend hommage à Sergei Diaghilev, fondateur des Ballets Russes, en restituant l’esprit de collaborations artistiques audacieuses qui l’animait, plongeant les auditoires dans un monde luminescent et richement étoffé. La merveilleuse musique originale de Nikolaï Rimski-Korsakov  a été réinterprétée par Zakir Hussain dans un arrangement pour instruments occidentaux et perses. En plus du violon, de la harpe et du violoncelle, la partition intègre des instruments traditionnels vieux de 5000 ans comme le rubab et le nay, le doyre ouzbèque et le tablâ indien.

Schéhérazade a soulevé l’enthousiasme pour son étude flamboyante de l’orientalisme, son climat voluptueux et sensuel, son alliance du nouveau et de l’ancien, du classique et du contemporain, de l’Orient et de l’Occident – de même que pour la danse fascinante de ses « interprètes souples, attrayants, techniquement intrépides. La plus belle réalisation d’Alonzo King depuis des années. » (The San Francisco Chronicle)

Resin est un nouveau ballet dramatique original, une œuvre abstraite sublime dans laquelle la compagnie interprète le rythme et la mélodie à travers un enchaînement de solos, de duos et de danses de groupe. Les pièces qui composent la trame musicale comprennent des airs issus de la tradition sépharade, dont des enregistrements rares réalisés sur le vif, entrecoupés de mélodies judéo-hispaniques. Chacune des quinze sections de la pièce renvoie l’auditoire à un lieu de la région qui s’étend de la péninsule Ibérique au Moyen Orient, sur différents rythmes et instruments. Certains pas individuels sont répétés tout au long de Resin, ce qui permet à Alonzo King de varier les accessoires et les éléments de mise en scène sans nuire à la cohésion de l’œuvre. Sa façon d’aborder le mouvement tient du génie – son vocabulaire est classique mais il le triture, le sculpte, le moule pour créer son propre langage éminemment personnel. À propos de la distribution de Resin, on pouvait lire dans le San Francisco Classical Voice : « Jamais encore je n’avais vu des danseurs déployés avec tant d’assurance, comme autant d’interprètes glorieux qui magnifient le rythme et la mélodie. »

Si vous n’avez encore jamais vu le LINES Ballet sur scène, Alonzo King affirme que vous pourriez être étonnés. « Ce n’est pas une chose qui leur est inconnue », explique-t-il. « S’ils ont déjà assisté au lever du jour ou ressenti quelque vérité, ou rencontré un être humain qui a su les intéresser, c’est la nature même de ma pièce. Vous n’avez pas à parcourir le monde pour le visiter. »

L’Alonzo King LINES Ballet vous invite à pénétrer dans cet univers des plus exotiques le samedi 4 mai 2013 à 14 h et à 20 h – ne manquez pas ça!

Rencontre avec Alonzo King à l’issue du spectacle en matinée
Le samedi 4 mai 2013

Joignez-vous à Alonzo King à l’issue de la matinée du samedi 4 mai pour une rencontre qui vous permettra d’échanger vos impressions. Cet entretien de 20 minutes aura lieu à la Salle Southam tout de suite après la représentation (matinée seulement).

Danse CNA offre une classe de ballet animée par Arturo Fernandez, maître de ballet du Alonzo King LINES Ballet.

Grâce au généreux soutien de l’Ambassade des États-Unis d’Amérique, le Alonzo King LINES Ballet donnera un atelier de danse gratuit pour des étudiant(e)s d’Ottawa-Gatineau.

Vendredi, 3 mai 2013 de 16 h 00 à 18 h 00.
Salle de répétition B, Centre national des Arts 53, rue Elgin, Ottawa
(accès par l’Entrée des artistes).

Proposée aux étudiants et étudiantes de ballet et artistes de niveau avancé / pré-professionnel  (14 ans et plus). Les places étant limitées, les intéressés doivent s’inscrire à l’avance auprès de Kirsten Andersen, coordonnatrice, Éducation et médiation culturelle, Danse, à kirsten.andersen@nac-cna.ca.


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