Peter Herrndorf s été salué comme un « Bâtisseur canadien » par le Forum des politiques publiques du Canada

Forum des politiques publiques du Canada 28e Dîner-hommage annuel avec remise de prix, 28 avril 2015 © Forum des politiques publiques
Forum des politiques publiques du Canada 28e Dîner-hommage annuel avec remise de prix, 28 avril 2015 © Forum des politiques publiques
Forum des politiques publiques du Canada 28e Dîner-hommage annuel avec remise de prix, 28 avril 2015 © Forum des politiques publiques

Le 16 avril 2015, Peter Herrndorf a prononcé un discours émouvant sur l’importance des arts au Canada devant quelque 1000 personnes réunies au Metro Convention Centre de Toronto.

Présenté par la première ministre de l’Ontario Kathleen Wynne, Peter a été salué comme un « Bâtisseur canadien », aux côtés de Michael Sabia, Ed Clark, Roberta Jamieson, Serge Chapleau et Terry Moshe, lors d’un événement organisé par le Forum des politiques publiques du Canada.  

Voici l'allocution de Peter Herrndorf cette soir là : 

Merci pour cette très aimable présentation, Madame la première ministre [Kathleen Wynne]. Bonsoir Mesdames et Messieurs.

C’est pour moi un honneur et un réel plaisir d’être ici ce soir.

Je me sens d’autant plus privilégié de faire partie d’un groupe de lauréats aussi illustres – Ed Clark, Roberta Jamieson, Michael Sabia, Terry Mosher et Serge Chapleau –, qui ont tous apporté une contribution remarquable à notre pays.  

J’assiste depuis de nombreuses années au Forum des politiques publiques… et une des spécificités de cet événement est d’offrir à ceux d’entre nous qui travaillons dans le secteur public ou dans des organisations à but non lucratif la chance d’échanger des idées avec bon nombre d’entre vous qui évoluez dans le secteur privé. Plus qu’une « occasion de réseautage de calibre mondial », l’événement de ce soir est un merveilleux forum pour quelqu’un comme moi qui a travaillé dans les trois secteurs au fil de sa carrière.

Je travaille au Centre national des Arts depuis plus de 15 ans, et je dois dire que j’y ai vécu la période la plus stimulante de ma carrière. Mais j’ai aussi eu la chance de passer l’essentiel de ma vie professionnelle dans les sphères du journalisme, de la communication, de l’édition et des arts. La vie m’a fait ce cadeau extraordinaire de pouvoir travailler avec des artistes et des journalistes parmi les plus créateurs au Canada. Des gens comme le metteur en scène John Hirsh, le cinéaste Donald Brittain, la communicatrice Barbara Frum, le violoniste Pinchas Zukerman, la danseuse étoile Veronica Tennant, le musicien de jazz Oscar Peterson, le comédien Jean-Louis Roux, sans oublier, bien sûr, le bien-aimé communicateur de CBC Radio Peter Gzowski.

On reconnaît dans toutes ces personnes des conteurs et des bâtisseurs passionnés qui, ensemble, ont marqué nos vies et notre époque comme Canadiens. Ils ont contribué à définir qui nous sommes comme peuple habitant la moitié septentrionale de notre continent.

Quand on voyage à l’étranger, on se rend vite compte que le Canada est connu surtout pour ses artistes – et non pas pour ses personnalités politiques et ses joueurs de hockey. Lorsque je me trouve en Europe ou en Asie et que je me présente comme Canadien, j’entends inévitablement surgir les noms de Leonard Cohen, du Cirque du Soleil, du Prix Nobel Alice Munro ou de Lorne Michaels, l’extraordinaire impresario de programmes humoristiques qui a produit pendant 40 ans l’émission Saturday Night Live.

En fait, les résultats d’un récent projet de recherche mené au MIT de Boston ont confirmé mon expérience personnelle en montrant que les dix Canadiens les plus connus dans le monde étaient tous des artistes – le Canada étant le seul pays couvert par l’étude à afficher un tel résultat.

Je pense que la plupart d’entre vous serez d’accord pour dire que les grands artistes offrent un aperçu de l’âme d’une nation. Mais les arts ont aussi une portée beaucoup plus pratique. Ils permettent d’accroître le développement cognitif de nos enfants, ils stimulent la créativité de nos jeunes, ils contribuent à bâtir des collectivités vibrantes et saines, ils jouent un rôle capital dans l’« économie créative » du Canada… et ils définissent la perception qu’on a de nous à l’étranger.

J’ai été à même de constater tout cela l’automne dernier lors de la tournée de l’Orchestre du CNA au Royaume-Uni.

Cette tournée n’était pas axée que sur la musique. Elle était placée sous le signe du Souvenir, marquant le 100e anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Et elle s’est avérée la plus grande initiative du genre organisée au sein des pays du Commonwealth.

Notre Orchestre s’est produit dans des salles de concert de tout le Royaume-Uni, et le clou de la tournée a été une représentation donnée à la cathédrale de Salisbury, vieille de 600 ans, à quelques kilomètres seulement de la plaine de Salisbury où un premier contingent de 60 000 jeunes Canadiens a reçu son entraînement à l’hiver de 1914-1915.

Grâce à la technologie de pointe, nous avons pu relier virtuellement des élèves du Royaume-Uni et du Canada. Nous avons mené dans des écoles des projets ayant pour thème le Canada et la Première Guerre mondiale… et la célèbre historienne canadienne Margaret MacMillan a donné une conférence fascinante sur la façon dont la Grande Guerre a façonné notre monde.

La musique servait de courroie de transmission. Mais c’est le Canada qui constituait la véritable trame de la tournée – l’émergence de notre pays comme nation il y a 100 ans, mais aussi ce que nous sommes devenus : une nation de créateurs, d’esprits novateurs et entrepreneurs qui rivalisent avec les plus grands de ce monde… et une nation qui peut, à travers les arts, mettre en valeur ses atouts et approfondir ses liens avec la planète.

J’ai été particulièrement heureux de voir à quel point le secteur privé comprend cette réalité. La Fondation du CNA a récolté bien au-delà de un million de dollars pour la tournée au Royaume-Uni, auprès de donateurs de partout au pays. Et un grand nombre de mécènes nous ont accompagnés pour vivre l’expérience avec nous.  

C’est aussi le secteur privé qui a permis à notre Orchestre d’effectuer en 2013 une ambitieuse tournée de trois semaines en Chine, tournée pour laquelle notre Fondation a amassé 1,3 million de dollars auprès de particuliers et d’entreprises de partout au pays. Aimia était le principal commanditaire de la tournée. Son chef de la direction, Rupert Duchesne, a expliqué avec éloquence combien l’appui d’Aimia à la tournée avait été une bonne décision d’affaires. Aimia lançait à ce moment-là un nouveau produit, et son président était d’avis que les Chinois verraient d’un très bon œil l’association de l’entreprise avec le secteur culturel.  

Rupert a reconnu du même souffle que pour le Canada aussi, cette tournée était d’une importance capitale.   

« L’idée était d’apporter quelque chose qui soit l’expression par excellence de notre pays – l’Orchestre du Centre national des Arts du Canada – dans un marché comme la Chine, a-t-il déclaré. Tous les pays ont leur symbole distinctif, et celui du Canada a toujours été la nature. Il est de la plus haute importance de modifier cette perception en amenant le monde à voir le Canada comme une puissance culturelle. »

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Je sais bien que vous êtes nombreux ce soir à considérer le Canada comme une « nation de hockey », surtout en cette période de l’année. Je comprends que ce que je vais vous dire à l’instant puisse vous paraître une hérésie, mais c’est un fait que le Canada est bien davantage une « nation d’art » ou, dit plus joliment, une « nation en art ». Et pour appuyer mon argument, permettez-moi de vous citer quelques chiffres.

Le secteur des arts, de la culture et du patrimoine contribue à hauteur de 47,8 milliards de dollars annuellement à l’économie canadienne. Les sports, en comparaison, représentent un modeste 4,5 milliards de dollars.

Et qu’en est-il des emplois?

Le secteur des arts, de la culture et du patrimoine donne du travail à plus de 647 000 personnes. Dans les sports, c’est 93 500 personnes.

Si vous n’êtes toujours pas convaincus, voici une donnée qui va probablement vous surprendre. Chaque année, les Canadiens dépensent 1,4 milliard de dollars en billets de spectacle, soit plus du double de ce qu’ils dépensent pour des événements sportifs, toutes disciplines confondues.

Et pour terminer, voici la place qu’occupe le secteur des arts, de la culture et du patrimoine par rapport à d’autres secteurs de l’économie canadienne. À un niveau de 47,8 milliards de dollars, ce secteur pèse deux fois plus lourd dans notre économie que l’agriculture, la foresterie, l’industrie de la pêche et de la chasse… et nettement plus que l’industrie de l’hébergement et de l’alimentation.

Alors, si je n’ai pas réussi à vous convaincre que le Canada est une « nation en art », j’espère que vous serez d’accord avec moi pour dire que les arts occupent une place de tout premier plan au Canada – non seulement pour nous comme individus, mais aussi pour nos familles, nos collectivités, nos entreprises, notre économie… et notre pays.

Je me considère extrêmement privilégié d’avoir pu passer l’essentiel de sa carrière au service de cet idéal. Et je resterai à jamais reconnaissant de cet honneur merveilleux que vous me faites ce soir. 


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