Approfondir notre démarche artistique inclusive : le projet de réseau numérique pancanadien axé sur la danse et l’invalidité

Les membres de Propeller Dance lors d'une récentre prestation au CNA.
Les membres de Propeller Dance lors d'une récentre prestation au CNA.
Les membres de Propeller Dance lors d'une récentre prestation au CNA.
Les membres de Propeller Dance lors d'une récentre prestation au CNA.
Les membres de Propeller Dance lors d'une récentre prestation au CNA.
Les membres de Propeller Dance lors d'une récentre prestation au CNA.

Par une journée glaciale de l’hiver 2020, Shara Weaver, cofondatrice et codirectrice artistique de Propeller Dance (lien en anglais seulement), s’efforçait de faire face à la situation de l’organisation dans le contexte de la pandémie. Shara est une artiste neurodivergente et queer, chorégraphe et professeure de danse qui a vécu des problèmes de santé mentale et qui intègre dans son travail l’esthétique Mad and Disability (« folie et invalidité »), ainsi qu’une remarquable musicalité et un art consommé de la narration.

Elle se souvient d’avoir rencontré virtuellement ses pairs, notamment Jenelle Rouse (lien en anglais seulement), Harmanie Rose et Naomi Brand du collectif All Bodies Dance (lien en anglais seulement), Kathy Austin, Ashley Brodeur, Chawna Exner et Shannon K. Parker du National accessArts Centre (lien en anglais seulement), et sa cofondatrice et codirectrice artistique Renata Soutter avec Liz Winkelaar et Bella Bowes de Propeller Dance. Elles ont toutes évoqué le passage au numérique, mais la conversation a mis en évidence le besoin urgent de concevoir des technologies qui prennent en compte les besoins des artistes en situation de handicap. 

Cette conversation a été un formidable catalyseur : c’est à sa suite que des comités consultatifs et directeurs ont été mis en place et que, grâce au soutien du fonds Stratégie numérique du Conseil des arts du Canada, le projet de réseau numérique pancanadien axé sur la danse et l’invalidité (Dance and Disability Digital Network – DDD) a pu voir le jour.

Au cours de la première phase, on a sélectionné douze artistes qui s’identifient comme vivant avec un handicap, ou qui ont une connaissance approfondie de la conception inclusive. Des présentations numériques en ligne ont été données sur une myriade de sujets, toutes axées sur la collaboration et l’apprentissage entre les différents modes d’expression artistique. 

La deuxième phase du projet a consisté en deux laboratoires/incubateurs d’une semaine en personne, en avril 2022 et avril 2023, au Centre national des Arts, avec vingt-cinq artistes de la danse vivant avec un handicap de tout le Canada.

En 2022, parmi les différents techniciens créatifs en résidence, Colin Clark (lien en anglais seulement) a initié les artistes à l’utilisation des cartes Arduino (lien en anglais seulement), des microcontrôleurs qui transforment les entrées, comme la lumière sur un capteur ou un doigt sur un bouton, en sorties, comme le déclenchement d’un son ou l’allumage d’une diode électroluminescente.

À partir des enseignements et des succès de 2022, des objectifs créatifs ont été fixés pour 2023 : offrir des possibilités d’encadrement chorégraphique et de mentorat technologique, de réseautage avec des pairs, de mouvement et d’apprentissage mutuel.

Thea Scherer-Johnston et Rebecca Johnston ont orchestré une installation temporaire en réalité virtuelle, afin d’explorer la réalité virtuelle et ses utilisations. Les artistes et ingénieurs du Vibrafusion Lab (lien en anglais seulement) David Bobier et Jim Ruxton, qui avait aussi pris part au projet en 2022, ont œuvré avec les artistes pour explorer la technologie Woojer (conçue à l’origine pour les jeux vidéo) de même qu’une variété de capteurs permettant de ressentir le son. Cette technologie pousse le dispositif haptique (utilisant une technologie qui stimule les sens du toucher et du mouvement) un peu plus loin en convertissant le son en sensations viscérales, et vice-versa. Un mentorat supplémentaire a été assuré par Gift Tshuma (lien en anglais seulement) et Charles Matthews, automaticiens de l’éclairage et du son et musiciens, qui se sont joints au projet DDD cette année.

Jenelle Rouse, une artiste canadienne sourde spécialisée dans l’expression corporelle, évoque son expérience en ces termes : « L’incubateur d’avril a offert d’infinies possibilités de développement expérimental dans notre démarche artistique individuelle et collective. Bien que nous connaissions et soutenions nos objectifs respectifs, nous avons vécu de nombreuses ‘révélations’ au fil des collaborations et des démonstrations. J’ai quitté les laboratoires avec une vision renouvelée, qui me permettra de continuer à explorer et à exécuter mes projets de danse/performance avec une plus grande assurance. »

Bella Bowes, danseuse neurodivergente, chorégraphe et enseignante dans les classes pour enfants de Propeller Dance, et membre du comité directeur du projet DDD, déclare : « En tant que danseuse depuis seize ans avec Propeller Dance et personne atteinte d’un trouble du spectre de l’autisme, je viens d’achever ma première chorégraphie, GOTTA DANCE: A New Step Every Day, qui raconte comment des personnes confinées chez elles déjouent l’isolement de la pandémie en se métamorphosant en chiens pour s’évader et aller courir et jouer au parc. Dans le cadre du projet DDD, j’ai pu rencontrer un grand nombre d’artistes comme moi et faire l’essai de différentes technologies en dansant – tout en réfléchissant à la manière dont je pourrais les utiliser dans mes pièces. »

À la fin de la résidence 2023, Shara Weaver est revenue sur sa démarche artistique : « J’ai été très reconnaissante, comme artiste, de pouvoir travailler avec ces artistes au talent remarquable dans les magnifiques espaces du CNA. J’ai été ravie de voir Dylan Phillips automatiser les ajouts sonores aux compositions de Jesse Stewarts dans ma création collaborative pour Propeller Dance, Frame of Mind (une œuvre sur les barrières sociétales qui utilise l’esthétique de la ‘danse folle’ [Mad Dance]).

« Il est remarquable qu’à partir d’une conversation virtuelle en 2020, un projet commun ait vu le jour pour lancer une recherche technologique qui fonde notre travail en tant qu’artistes en situation de handicap sur les principes de la conception centrée sur l’être humain. Les collaborations qui ont émergé entre artistes dans le cadre de ce projet, de même qu’entre les divers modes d’expression artistique, ont donné une impulsion nouvelle à la carrière des personnes qui y ont participé.

« Et ce n’est pas fini – ce réseau est là pour rester! »

Le réseau numérique pancanadien axé sur la danse et l’invalidité remercie le Centre national des Arts pour son soutien, en particulier la productrice Amanda Baumgarten et Siôned Watkins, associée en éducation et artiste-enseignante du CNA.

Le projet DDD a été présenté conjointement par Propeller Dance et le Centre national des Arts en partenariat avec le All Bodies Dance Project, le National AccessArts Centre, le Vibrafusion Lab, Gift Tshuma, Charles Matthews de Blurring the Boundaries, Thea et Rebecca Johnston, Colin Clark, Jenelle Rouse et Courage Bacchus (lien en anglais seulement), avec le soutien du fonds Stratégie numérique du Conseil des arts du Canada.


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