Entretien : Ian Cusson, compositeur métis

Ian Cusson, compositeur métis © John Arano

Q. En 2017, vous avez été choisi pour Carrefour, un programme de résidence de deux ans du CNA et du Conseil des arts du Canada destiné aux compositeurs émergents et d’horizons culturels divers. À 37 ans, avez-vous l’impression d’entrer en scène sur le tard?
R. Bonne question! Bien que j’écrive de la musique depuis longtemps, j’atteins ce tournant de ma carrière assez tard. J’ai priorisé ma famille – je suis marié et père de quatre enfants – tout en œuvrant comme directeur musical d’une église.

Q. Qu’est-ce qui a changé? 
R. En 2013, un ami m’a commandé une pièce pour le festival Nuit Blanche de Toronto. C’est ainsi que, de fil en aiguille, j’ai renoué avec la composition d’œuvres lyriques et orchestrales.

Q. En quoi votre héritage métis influence-t-il votre œuvre?
R. J’aime explorer l’expérience autochtone canadienne, l’histoire des Métis, la nature hybride de l’identité métissée, et la rencontre des cultures occidentales et autochtones.

Q. Par exemple?
R. J’ai récemment mis en musique des textes de la poète crie-métisse Marilyn Dumont, qui ont été interprétés par les chanteurs d’opéra autochtones Marion Newman and Rebecca Cuddy. L’œuvre se penche sur l’expérience canadienne d’un point de vue métis, mais à l’intérieur d’une forme européenne.

Q. Comment votre travail est-il accueilli?
R. Très favorablement dans l’ensemble, mais on me reproche parfois le manque de contenu autochtone. On attend d’un compositeur autochtone – tant en dehors qu’à l’intérieur des communautés concernées – qu’il intègre des tambours et des chants traditionnels à ses œuvres pour orchestre, autrement dit qu’elles aient une sonorité « autochtone ». Mes compositions sont autochtones, parce que je le suis; mes choix esthétiques et musicaux sont guidés par ce qui retient mon attention, plutôt que par les attentes du public. J’espère contribuer à modifier les perceptions de ce qui est possible en musique autochtone.

Q. Dans le cadre de votre résidence, vous travaillez étroitement avec le directeur musical de l’Orchestre du CNA, Alexander Shelley. Comment cela se passe-t-il?
R.
Alexander est un mentor incroyable. Il s’intéresse beaucoup à mon travail; il m’a offert son soutien et a partagé avec moi son expertise, qu’il s’agisse de questions techniques (comment un musicien doit-il interpréter telle ou telle notation? Comment une idée musicale est-elle perçue par le public?) ou de problématiques plus complexes, comme ce qui fait de la musique un art ou le rôle d’institutions telles le CNA dans l’élaboration d’œuvres musicales. Alexander est simplement un excellent musicien et un être formidable. J’ai aussi la chance de côtoyer les personnes talentueuses et enthousiastes qui œuvrent en coulisse au CNA et qui s’occupent de mettre sur pied une programmation d’exception.

C’est vraiment un plaisir pour moi d’être ici. 

NOTA : La nouvelle œuvre d’Ian Cusson—Where There’s a Wall pour mezzo-soprano et sextuor—a été présenté pour la première fois le 4 novembre 2018 à Ottawa.


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