Alors que le compte à rebours de la pièce The Importance of Being Earnest tire à sa fin et, du même coup, celui du lancement de la saison 2014-2015 du Théâtre anglais, le metteur en scène Ted Dykstra profite d’une pause pendant une répétition pour nous parler de l’Ensemble 2014-15, d’Oscar Wilde et de son œuvre, qui continue encore aujourd’hui de ravir les auditoires. Les habitués du Théâtre anglais auront peut-être vu Ted à son dernier passage au CNA dans le très populaire 2 Pianos 4 Hands.
Qu’est-ce que ça vous fait d’être de retour au CNA?
C’est génial. Le CNA a bien mérité sa réputation d’un des plus prestigieux théâtres au pays. Les ressources et le soutien qu’on y trouve ne sont offerts nulle part ailleurs au Canada, à l’exception des grands festivals. C’est merveilleux d’être de retour.
En tant que metteur en scène, qu’est-ce que vous aimez de la pièce The Importance of Being Earnest?
Il y a tant à aimer. Je crois que cette œuvre est encore aujourd’hui l’une des plus jouées au monde pour son langage scintillant, son jeu complexe où se mêlent réalité et fiction, et cette idée d’une façade qui dissimule qui nous sommes réellement.
Cette pièce contient tant de facettes cachées que, après deux ou trois semaines de répétition, il nous arrive de découvrir de nouvelles plaisanteries dans un texte qu’on connaît pourtant bien. Même le contexte est empreint d’humour – une parfaite comédie en tous points. Les personnages sont complexes, riches, mais aussi plus grands que nature.
Croyez-vous que ça explique pourquoi cette pièce est toujours aussi populaire aujourd’hui?
Oui, et elle le demeurera tant et aussi longtemps qu’on continuera d’y voir une réflexion de soi-même ou de quelqu’un qu’on connaît. On pense par exemple à une tante qui demande poliment si on n’aimerait pas utiliser un sous-verre, plutôt que de dire tout simplement : « Utilise un sous-verre, c’est ma plus belle table! » Au Canada, nous avons tendance à être si polis que parfois ça peut être assez frustrant. Je suis Néerlandais et dans ma famille nous sommes très francs, alors si on me posait cette question polie du sous-verre, je répondrais « non, ça va », et je regarderais mon hôte imploser. Je préfère qu’on me dise les choses bien franchement, mais dans bien des situations les gens ne disent pas ce qu’ils pensent vraiment par peur de déroger aux normes de la société. Nous n’avons pas évolué à ce niveau et, selon moi, nous ne sommes pas près de le faire.
En quoi votre rôle de metteur en scène diffère-t-il de ceux de comédien et d’auteur?
Plutôt que d’incarner un rôle, j’incarne la pièce. En tant que comédien, je dois me mettre dans la peau du personnage et surmonter les obstacles auxquels il fait face, tandis que dans mon rôle de metteur en scène, je dois jouer la pièce et surmonter les difficultés qu’elle rencontre. De ce point de vue, les deux rôles sont assez similaires.
J’aime aussi m’imaginer dans les souliers de quelqu’un qui n’aurait encore jamais entendu parler de cette œuvre et j’essaie de voir la pièce à travers ses yeux. C’est cette personne mon public cible. Si elle peut suivre la pièce, alors je sais que nous avons fait un bon travail.
Comment sont vos répétitions avec l’Ensemble 2014-15?
Fantastiques. Les répétitions sont très drôles. C’est du gros boulot, mais nous avons beaucoup de plaisir. Les journées sont longues – 8 heures par jour, 6 jours sur 7 – et nous avons du pain sur la planche, mais c’est stimulant et une vraie joie. J’aime beaucoup cet Ensemble, il est incroyable.
Y a-t-il quelque chose dans les écrits d’Oscar Wilde qui rendent ses œuvres plus intéressantes à produire que d’autres?
Oui certainement – il avait un esprit absolument foisonnant. C’est très évident par l’intelligence de ses écrits. Son humour hors du commun est encore bien vivant aujourd’hui et une source de perpétuelle admiration. Il est l’incarnation même du terme « spirituel ».