L’atelier de folklore qu’anime Andy Jones à la Riverwood Academy de Wing’s Point, à Terre-Neuve, n’est pas encore terminé, mais déjà le comédien et dramaturge canadien sait qu’il veut y revenir un jour.
« J’ai éprouvé une drôle de sensation dès que j’y ai mis les pieds, se rappelle Andy. Je me souviens d’avoir pensé que je reviendrais volontiers à cette école n’importe quand. »
Pendant l’atelier, Andy raconte des histoires et enseigne à des élèves du primaire et du secondaire la tradition orale, qui se transmettait jusque dans les années 1950 dans les cuisines de Terre-Neuve. Les élèves l’écoutent sans broncher, cloués sur place. Leurs professeurs sont muets d’étonnement de voir à quel point ils sont attentifs.
« Dans un monde où tout passe par un écran, on ne raconte pas beaucoup d’histoires aux enfants dans la vieille tradition orale de nos jours, affirme Andy. Les histoires les ont captivés de façon stupéfiante. »
La Riverwood Academy n’est qu’un endroit parmi tant d’autres où le Théâtre anglais du CNA s’est arrêté lors de la tournée de deux semaines de Tartuffe l’automne passé. En plus des représentations données dans cinq collectivités, la tournée comprenait un total impressionnant de 54 ateliers à l’intention de professeurs, d’étudiants et de groupes communautaires. Pour plusieurs des artistes-enseignants, Andy y compris, les activités de rayonnement et d’éducation ont constitué le fait saillant de ce séjour à Terre-Neuve.
« L’expérience s’est avérée très gratifiante, affirme Andy. La tournée s’est rendue à des endroits difficiles d’accès. J’ai beaucoup aimé voyager en autobus avec ces artistes à travers la province, et aller à la rencontre des élèves et des collectivités. »
Hormis Andy, la troupe de la tournée Tartuffe comprenait également deux autres membres originaux de CODCO, un groupe d’humoriste de Terre-Neuve bien connu pour ses sketches comiques, diffusés sur les ondes de la CBC à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Robert Joy et Greg Malone ont donné des ateliers d’humour à des groupes et à des élèves du milieu théâtral. Entre-temps, d’autres artistes animaient des ateliers variés traitant notamment de l’écriture créative et de la régie. Ils ont montré l’étendue de leur talent et de leur expertise à l’Université Memorial, dans des écoles, des centres communautaires et même des centres correctionnels. Partout où ils sont allés, ils ont eu droit à un accueil chaleureux.
« Nous sommes l’un des rares groupes d’arts de la scène à avoir fait une tournée de spectacles et d’activités de rayonnement et d’éducation dans des centres d’arts et de culture de Terre-Neuve. C’est du jamais vu », explique Judi Pearl, coordonnatrice de projets artistiques du Théâtre anglais du CNA. « Tous les gens qui y ont participé étaient ravis de pouvoir assister à des activités éducatives artistiques. Il était important pour nous de permettre aux artistes de tisser des liens avec des élèves et des collectivités de Terre-Neuve, particulièrement à l’extérieur de St. John’s. »
Andy abonde dans le même sens. « En tant qu’organisation nationale, il est important que le CNA rayonne partout au Canada et contribue à rehausser le sentiment d’appartenance des gens à l’égard de leur pays. C’est bien de se rendre dans des écoles, de parler à des enfants et d’encourager les gens à sortir de chez eux pour assister à une production professionnelle. Il s’agit d’événements qui n’ont pas souvent lieu dans des endroits comme Gander Bay. »
L’adaptation d’Andy Jones de Tartuffe, un classique de Molière, transplanté à Terre-Neuve en 1939, a connu en 2013 un grand succès lors de la première au CNA. Toutefois, Judy affirme que l’accueil qu’a reçu la pièce à Ottawa ne peut en rien être comparé à celui qui lui a été réservé pendant la tournée.
« À Corner Brook, j’ai observé les membres du public pendant la pièce. Il y avait une ambiance spéciale dans l’air parce qu’ils se reconnaissaient sur scène. Il s’agissait d’une célébration de ce qu’ils sont en tant que Terre-Neuviens. C’était un privilège pour moi d’être témoin du pur bonheur et de l’amour qui se lisaient sur leurs visages », affirme Judi.
En fin de compte, ce sont les activités de rayonnement et d’éducation qui ont plu davantage à Judi. Elle et Andy ressentent une réelle gratitude envers les donateurs du CNA qui ont rendu possible la tournée. « La possibilité de voyager avec ces artistes dans des collectivités éloignées de Terre-Neuve est un souvenir que je vais chérir jusqu’à la fin de mes jours, ajoute-t-elle. Je ressens une profonde reconnaissance à l’égard des donateurs. »