Le Centre national des Arts du Canada (CNA) coproduit depuis longtemps des œuvres avec des artistes de la danse canadiens, agissant en qualité de catalyseur et de partenaire dans la création, le développement et l’exécution de nouvelles œuvres.
Selon Cathy Levy, Productrice générale, Danse CNA, « la coproduction permet au CNA d’être l’un des chefs de file mondiaux dans le domaine de la création chorégraphique ». Comme en témoigne la création du Festival Danse Canada (FDC), en 1987. Le CNA était le coproducteur de la première heure du Festival et le demeure à ce jour.
Le CNA ne fait pas que coproduire le Festival Danse Canada, il coproduit aussi régulièrement un certain nombre des œuvres au programme. Six coproductions du CNA seront présentées à l’édition 2014 du Festival, soit une puissante nouvelle œuvre de l’artiste autochtone Michael Greyeyes (A Soldier’s Tale); un nouveau duo de Fortier Danse‑Création et Robin Poitras (Misfit Blues); une collaboration nationale entre Noam Gagnon, de Vancouver, et Nova Bhattacharya, de Toronto (DVOTE); 7th Sense de Wen Wei Wang, artiste associé de Danse CNA; une nouvelle création signée Bboyizm d’Ottawa (Music Creates Opportunity); et une première mondiale de la compagnie montréalaise Le Carré des Lombes (Paradoxe Mélodie).
Le FDC, qui cette année se déroulera du 9 au 14 juin, fait entendre la voix d’artistes de la danse contemporaine, tout en étant tourné vers l’avenir de la danse au Canada. En investissant dans les danseurs et les chorégraphes, le Festival et le CNA créent des liens qui transcendent les frontières physiques et générationnelles, font jaillir des idées créatives, présentent un vaste éventail d’œuvres, et préparent la voie pour les artistes de la danse les plus novateurs et avant‑gardistes de notre pays.
Gerald Morris, notre blogueur invité, a parlé à la Productrice artistique du Festival, Jeanne Holmes, du rôle du Festival dans la création de la danse canadienne, de son partenariat avec le CNA, et de ce que le public peut espérer du programme éblouissant de cette année.
GM : Le FDC commande des œuvres (six coproductions cette année) et présente de nombreuses nouvelles créations. Quelle est l’importance du Festival Danse Canada pour la scène de la danse au Canada?
JH : Le FDC est le seul festival de danse au Canada axé sur des artistes de la danse contemporaine canadiens. Il s’agit d’une merveilleuse occasion pour le Festival d’investir dans cette forme d’expression artistique, dans la création de nouvelles œuvres. Il est important que nous puissions jouer ce rôle réellement fondamental. Le fait de soutenir des artistes avec de l’argent et des ressources pour qu’ils puissent créer de nouvelles œuvres est un investissement dans les fondements mêmes de la danse. Par ailleurs, le Canada est un grand pays et le milieu de la danse est restreint. Les distances sont immenses et les déplacements coûteux. Le Festival donne aux artistes de partout au pays l’occasion de voir les œuvres de leurs collègues, de se réunir, d’échanger des idées et de juste passer du temps ensemble. Ce qui se passe hors scène est tout aussi important que ce qui se passe sur scène.
GM : Plusieurs artistes associés de Danse CNA sont représentés cette année, et il y a six coproductions avec le CNA. Quelle est l’importance du Centre national des Arts dans le développement de nouvelles chorégraphies canadiennes?
JH : La relation entre le CNA (notre coproducteur) et le FDC remonte à loin, et elle est solide et importante. L’engagement du CNA envers le FDC et les artistes que nous appuyons est unique, riche et vraiment spécial. Et le FDC est important pour le CNA parce que le FDC porte le flambeau du CNA aux artistes des quatre coins du pays, et amène des artistes de la danse canadiens sur les scènes d’Ottawa. Il s’agit d’une relation réciproquement avantageuse. Notre succès est le succès du CNA, et le partenariat profite à tout le milieu de la danse à l’échelle nationale.
GM : Le Festival Danse Canada rend hommage à la passion, à la créativité et à des talents artistiques extraordinaires. À quoi peuvent s’attendre les spectateurs du Festival cette année?
JH : L’un des aspects les plus passionnants du Festival cette année est qu’autant de voix diverses soient représentées. Ces voix sont individuelles et remarquablement différentes les unes des autres. Elles expriment des perspectives créatives distinctes, autant du point de vue géographique que générationnel, et émanent à la fois d’artistes établis et d’artistes émergents, ainsi que d’artistes qui sont en transition.
Les œuvres de qualité n’ont jamais manqué au Canada, mais les créateurs sont en train de modifier leur méthode de travail. Il y a une génération, les danseurs n’étaient souvent que des véhicules au service de la vision d’un chorégraphe, mais maintenant, les créateurs de la danse créent des œuvres qui rendent hommage aux voix individuelles et aux personnalités des danseurs avec une véritable authenticité.
GM : Parmi ces œuvres, trois se déroulent dans un cadre peu conventionnel. Trouvez‑vous que des représentations comme celles‑ci créent un rapport plus intime entre les danseurs et le public?
JH : Oh oui! Changer la relation entre le public et les artistes change la manière dont les gens perçoivent l’œuvre. Les spectateurs deviennent un élément de la création. Il s’agit d’une expérience collective, mais également d’une expérience hautement individuelle. Les spectateurs peuvent s’investir dans l’œuvre de diverses manières, et cela devient plus une question de ce que vous vivez et voyez et ressentez, et pas seulement de ce que vous êtes en train de regarder.
GM : La danse contemporaine est un instantané de notre histoire, de notre culture, et d’histoires et d’expériences canadiennes. Quelles sont les tendances en 2014?
JH : Je vois un retour à la corporalité, tandis que les œuvres avaient tendance à être plus conceptuelles dans le passé. Les artistes de la danse contemporaine, comme du reste tous les artistes, essaient toujours de trouver du nouveau, de puiser dans l’air du temps, d’exprimer des idées de manière authentique. Je dirais qu’il y a plus de collaboration entre les artistes, les artistes de la danse travaillant avec des créateurs dans d’autres médias, tels que le théâtre, la musique, la couleur, l’éclairage ou les arts visuels. Je crois aussi que maintenant il y a moins de résistance à « raconter une histoire », et plutôt une emphase sur l’exploration ou l’intégration d’histoires personnelles, ce qui permet réellement de faire vibrer la corde des émotions des spectateurs quant à leur rapport à l’artiste et à l’œuvre.
GM : Que recommanderiez‑vous au spectateur novice de la danse qui vient assister au Festival?
JH : Ce qui est fabuleux dans un festival, c’est que de nombreuses œuvres variées et intéressantes sont données en l’espace de quelques jours. C’est facile pour les spectateurs d’assister à de nombreuses représentations, de comparer, confronter et trouver une œuvre de danse ou un artiste qui les interpelle vraiment. Les gens peuvent apprécier la plupart des représentations à plusieurs égards, puis découvrir ce qui s’inscrit dans leur contexte et comprendre ce qui leur plaît À EUX. Certaines œuvres sont des histoires, d’autres sont plus abstraites, d’autres encore sont accessibles et faciles à comprendre. Et certaines œuvres sont tout simplement spectaculaires, comme la représentation de notre soirée de clôture, la première mondiale de The 60 Dancer Project par Tedd Robinson | 10 Gates Dancing. Je peux aussi recommander un court métrage du FDC intitulé A Very Dangerous Pastime: A Devastatingly Simple Dance Guide, dirigé par Laura Taler (2000). Il est parfait pour tout novice de la danse. Le film démontre clairement que nous avons tous la capacité innée de comprendre et d’apprécier la danse. Le secret c’est que vous devez simplement vous ouvrir à l’idée.
Le Festival Danse Canada, en partenariat avec son coproducteur, le Centre national des Arts, présente, fait évoluer et célèbre l’excellence de la danse canadienne dans la capitale nationale depuis plus d’un quart de siècle. Le mandat du FDC est de susciter des passions, d’inspirer la créativité, et d’unifier la collectivité, et cette année le Festival est vraiment à ne pas manquer; six jours de danse éblouissante qui embraseront Ottawa!