Peter Duschenes est le directeur artistique du Théâtre Platypus, qui se joindra à l’Orchestre du CNA pour les matinées scolaires de Musique au clair de lune le 14 janvier 2013. Commande originale du CNA, ce spectacle s’accompagne de guides pédagogiques pour les élèves et les enseignants, et fait la preuve que la beauté se trouve aux endroits les plus inattendus!
RP : Parlons d’abord un peu de toi : d’où viens-tu, et où habites-tu maintenant?
PD : J’ai grandi à Montréal avec ma sœur et mes trois frères. La musique prenait beaucoup de place dans ma famille, car mon père était musicien et tout le monde jouait d’un instrument ou un autre. J’ai rompu avec la tradition familiale et je suis allé étudier le théâtre au California Institute of the Arts. Ensuite, j’ai vécu à Vancouver pendant plusieurs années, puis je suis revenu à Montréal et finalement à Ottawa où vivait déjà Sarah, mon épouse, lorsque j’ai fait sa connaissance. Ottawa, c’est chez nous, maintenant : nous y avons notre maison et nos deux enfants, Magda (11 ans) et Theo (9 ans), y sont nés.
RP : Tu collabores aux Aventures familiales et aux Matinées scolaires de l’Orchestre du CNA depuis bien des années, et tu as pris part à de nombreux spectacles. Parle-nous de ces expériences et du rôle qu’elles jouent dans ta carrière.
PD : J’ai toujours aimé me produire avec l’Orchestre du CNA. C’est non seulement un fabuleux orchestre, mais comme je suis désormais chez moi à Ottawa, c’est toujours très spécial de jouer ici. De plus, en 2001, le CNA nous a commandé l’un de nos spectacles les plus passionnants, Musique au clair de lune – celui que nous présentons en janvier – qui s’est révélé une collaboration mémorable et nous a donné l’occasion, pour la première fois, de créer une pièce dont presque toute la musique était écrite expressément pour le spectacle – par Patrick Cardy, un compositeur d’Ottawa. Tailler la musique sur mesure pour le spectacle (et le spectacle pour la musique) était une chance incroyable, et ç’a été un vrai plaisir de travailler avec Patrick. Depuis, nous avons promené cette production un peu partout au Canada et aux États-Unis, et même aussi loin qu’à Hongkong et en Malaisie.
J’ai aussi eu le bonheur de tourner plusieurs fois avec l’orchestre, non dans mes propres productions mais pour incarner Mozart et Beethoven dans des spectacles créés par le Centre national des Arts. Les tournées au Québec, en Alberta et au Yukon ont été passionnantes et j’y ai pris énormément de plaisir.
RP : Musique au clair de lune a ceci de particulier qu’il ne comporte aucuns dialogues, ni pour les comédiens ni pour le chef d’orchestre. Considères-tu cette pièce comme une pantomime, du théâtre gestuel ou tout autre chose?
PD : Je n’ai pas de formation de mime, ce serait donc abusif de la qualifier de pantomime. Toutefois, il s’agit bel et bien de raconter une histoire en utilisant uniquement nos corps et la musique. En même temps, l’action et la musique sont tellement intégrés que ça fonctionne pratiquement comme une danse – comme une chorégraphie.
RP : Qu’est-ce qui plaira le plus aux élèves, selon toi, relativement à l’absence de dialogues?
PD : C'est drôle, nous ne recueillons pas tellement de commentaires à ce sujet. Comme pour n’importe quel spectacle, je pense que le défi est de raconter une histoire qui va captiver les enfants, et si ça les intéresse, ils ne se soucient pas spécialement des dialogues. Ce type de narration, bien sûr, découle d’une longue tradition, surtout dans le cinéma muet. Ce spectacle en particulier fait songer aux films de Charlie Chaplin, parce que ses héros sont deux clochards. Patrick en était très conscient quand il a écrit la musique, et il y a des similitudes indéniables entre sa musique et celle qui accompagnait les films anciens.
RP : D’où te vient cet intérêt à faire connaître le théâtre et la musique d’orchestre aux enfants?
PD : Ayant grandi dans une famille de musiciens, avec un père chef d’orchestre, j’ai été exposé très jeune à la musique orchestrale – aux concerts pour les jeunes, notamment, qui étaient la spécialité de mon père. Ma mère a aussi influencé mon cheminement, car elle était psychologue pour enfants et croyait profondément à la valeur des arts dans l’éducation. Mes propres intérêts étaient tournés vers le théâtre, et présenter des concerts symphoniques théâtralisés était une bonne façon de mélanger les deux mondes.
RP : Y a-t-il un souvenir de concert qui t’est particulièrement cher, que tu y aies participé ou seulement assisté?
RP : Présenter Musique au clair de lune à Hongkong a été une expérience vraiment mémorable. L’une de nos motivations à créer un spectacle sans dialogues était de pouvoir l’emmener facilement en tournée à travers le monde. Compte tenu du lien historique avec l’Angleterre, je m’attendais à ce que le public de Hongkong ait une certaine connaissance de l’anglais, mais nous nous sommes aperçus, pendant la séance de questions après le spectacle, que la plupart des gens le parlaient très peu. C’était fascinant de découvrir à quel point ce spectacle pouvait transcender les barrières de langues et de cultures.
RP : As-tu des rituels avant d’entrer en scène?
PD : Oh oui! Beaucoup ne sont que des routines que j’ai développées au fil des ans : le réchauffement, le maquillage, etc. Mais je prends aussi le temps de me concentrer sur l’histoire à raconter – l’importance de bien commencer et de prendre l’auditoire par la main pour l’entraîner dans tous les détours et les virages de l’intrigue. Je m’efforce aussi de me rendre disponible à tout ce qui peut se produire pendant une représentation donnée. Les comédiens ne sont qu’une pièce du puzzle qui compose le spectacle. Il y a aussi le chef d’orchestre et un grand ensemble de musiciens extrêmement talentueux. Tous ont une influence sur le déroulement de la représentation. Les auditoires ne sont pas tous les mêmes non plus, et un public donné peut avoir un effet sur l’énergie et le rythme du spectacle. C’est tout cela qui rend le théâtre et la musique en direct si passionnants, et je tâche de rester ouvert à tous les imprévus.
Ce spectacle est aussi très exigeant physiquement et à mesure que je vieillis, je dois faire beaucoup d’étirements avant chaque représentation si je ne veux pas être obligé de garder le lit le lendemain!
RP : Quel est l’aspect d’Ottawa que tu préfères?
PD : Il y aurait beaucoup à dire sur cette ville magnifique, mais je crois que ce que j’apprécie tout particulièrement, c’est qu’il soit facile d’en sortir. On n’est qu’à quelques minutes du parc de la Gatineau! Rares sont les grandes villes qui offrent de si beaux environnements naturels aussi près de leur centre.
Pour inscrire votre groupe à une matinée scolaire de Musique au clair de lune, communiquez avec Kelly Abercrombie, associée en éducation musicale : mused@nac-cna.ca ou 613 947 7000, poste 382.