Un chemin ponctué de belles étincelles

Trois artistes sont sur scène. Deux tiennent les roues d'un fauteuil roulant et une est assise sur le sol. De la fumée est visible en arrière-plan.
Quand tu me regardes © Mikaël Theimer
Un orchestre joue dans une salle de concert, captivant un public attentif assis dans un lieu accessible.
Symphonie sans souci © Curtis Perry

Le 3 décembre est, depuis 1992, la Journée internationale des personnes en situation de handicap qui « vise àpromouvoir les droits et le bien-être des personnes handicapées dans toutes les sphères de la société et du développement et à accroître la sensibilisation à leur situation particulière dans tous les aspects de la vie politique, sociale, économique et culturelle » (Nations Unies).

Pour nous au Centre national des Arts (CNA), il s’agit d’un devoir qui se décline de plusieurs façons, avec comme priorité d’offrir un environnement sécuritaire, accueillant et empreint de considération pour tout le monde.

Nous sommes de plus en plus conscient·e·s des réalités physiques et cognitives qui peuvent affecter l’expérience artistique, ce qui influence nos façons de présenter du théâtre, de la danse et des concerts. En juin, l’ultime concert Pops de l’Orchestre du CNA (OCNA) dirigé par Jack Everly a donné lieu à une expérience artistique conviviale et intergénérationnelle dont les parents d’un enfant autiste de sept ans ont témoigné avec émotion :

« Notre fils est un grand fan du Parc jurassique. Lorsqu’il a vu les publicités du concert, il était vraiment excité… mais il nous a dit qu’il ne pouvait y assister, car il a peur des foules et du bruit. Nous avons cependant eu l’occasion d’assister à une répétition de l’Orchestre. Notre fils est ressorti en disant : ''C’est la plus belle chose que j’ai vue de ma vie. C’était tellement, tellement bon!'' »

Dans quelques jours prendra l’affiche, au CNA, Cispersonnages en quête d’auteurice, proposition décomplexée de la compagnie Joe Jack et John qui met en scène cinq interprètes neurodivergent·e·s se retrouvant en studio de répétition afin de créer un spectacle de licornes ! Entre envies artistiques et enjeux éthiques, cette comédie grinçante fait le pari audacieux de provoquer le débat sans marcher sur des œufs.

Afin de respecter l’esprit du spectacle, plusieurs mesures d’accessibilité ont été mises en place grâce au travail acharné de Véronique Lavoie-Marcus, adjointe à la programmation Enfance/jeunesse et chargée de projet au Théâtre français. Parmi celles-ci : l’audiodescription, technique consistant à décrire les éléments visuels essentiels de la représentation (décors, personnages, actions, gestuelle) avec le texte livré en direct, calé entre les dialogues et les bruitages du spectacle.

En parallèle, une visite tactile permettant aux personnes aveugles ou malvoyantes et à leurs accompagnateur·ice·s de découvrir l’espace scénique dans lequel les comédien·ne·s vont évoluer; en touchant des objets, des accessoires et des morceaux de costumes utilisés durant le spectacle, les spectateur·rice·s avec une limitation visuelle bénéficieront d’une meilleure perception des volumes et des espaces.

Ce même spectacle donnera également lieu à une représentation décontractée dans laquelle un environnement plus calme et inclusif permettra à tous les publics de vivre une expérience agréable. Parmi les actions prises : on peut entrer et sortir de la salle à sa guise, de même que se lever debout, bouger et réagir ; les lumières restent allumées en tout temps ; un espace tout près de la salle de spectacle est mis à la disposition des gens qui auront besoin de prendre une pause ou se détendre.

« On estime qu’environ 20% de la population vit avec une limitation physique ou cognitive. Pour moi, travailler à rendre notre lieu plus accessible et inclusif est fondamental. Tout le monde devrait pouvoir profiter de ces programmations artistiques que nous mettons tant de soin à concocter. Les projets d’accessibilité que j’essaie de mettre en place – en collaboration avec de formidables humains – sont d’une richesse incroyable tant pour mon équipe, pour les artistes sur scène, pour les publics vivant avec une incapacité et leurs proches. Le chemin à parcourir est encore long, mais ponctué de belles étincelles. »

– Véronique Lavoie-Marcus

C’est en fait chacune de nos disciplines qui multiplie les efforts pour rendre sa programmation plus inclusive. Quelques exemples supplémentaires : MYÜZ, une expérience immersive alliant jeux d’évasion, art et thérapie sensorielle, a été proposé à guichets fermés. Le Théâtre anglais a organisé une représentation spéciale de Come from Away pour les personnes ayant une limitation visuelle, incluant une visite tactile et une audiodescription du spectacle. Le Théâtre autochtone a notamment offert des représentations décontractées pour plusieurs de ses spectacles avec, en outre, de l’interprétation simultanée en langue des signes américaine (ASL), notamment pour sa comédie musicale Bear Grease. L’Orchestre du CNA a offert cet été son tout premier concert adapté aux sensibilités sensorielles : les musicien·ne·s étaient installé·e·s sur des plateformes surélevées, tandis que le public, placé au plus près des artistes, se trouvait confortablement assis sur des tapis.

L’audiodescription de la danse théâtrale pour fauteuils roulants Quand tu me regardes, l’an dernier, a aussi suscité une réaction vibrante de la part d’une famille :

« Nous sommes vraiment reconnaissants d’avoir été invités et d’avoir pu assister à ce spectacle. Que notre fille de 14 ans ait pu en profiter pleinement, en respect de son handicap visuel, a fait du bien dans nos cœurs de parents !! Notre famille adore la musique, la danse et le théâtre et malheureusement, nous participons rarement à ces types d’événements car nous savons qu’une de nos filles ne verra pas grand-chose, sera déçue et ne pourra pas saisir les informations qui lui permettront de bien comprendre le contenu de ce qui lui sera présenté et ainsi d’en apprécier l’expérience. Enfin une activité culturelle inclusive, de qualité et accessible pour tous. »

À notre Comité consultatif sur l’accessibilité s’est ajouté une nouvelle initiative. Dirigé par Aimee Bouchard, coordinatrice de l’apprentissage et de la médiation culturelle du Théâtre anglais et Rich Coburn, gestionnaire principal des partenariats communautaires et de la diversité de la programmation de l’OCNA, le Comité de la programmation accessible examine la manière dont les spectacles accessibles sont programmés dans l’ensemble du CNA, afin de standardiser nos actions autant que possible, de mieux communiquer notre programmation accessible aux communautés intéressées, et de favoriser un travail plus concerté entre les disciplines face aux défis communs liés à la programmation accessible.

Notre personnel et nos bénévoles sont là pour répondre à toute question et ont reçu une formation sur la façon d’interagir avec les personnes en situation de handicap et celles ayant besoin d’une personne de soutien. Toutes nos salles de spectacles sont accessibles et contiennent des places réservées aux personnes utilisant une aide à la mobilité. Nous prêtons également des appareils fonctionnels (fauteuils roulants, dispositifs d’assistance auditive, etc.) à quiconque en aurait besoin. 

Nous vous invitons à consulter notre Politique d’accessibilité et notre Plan d’accessibilité avant de venir à un spectacle au CNA. Ces documents précisent toutes les dispositions que nous prenons en ce sens, tout en permettant le partage de commentaires en vue d’une amélioration continue.

Nous reconnaissons qu’il y a encore du chemin à faire, mais nous savons que nous sommes sur la bonne voie – au plaisir de vous accueillir tou·te·s !


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