Faire le bien

 Le Collectif 2024 prend la scène

2024-09-26 19:30 2024-09-28 22:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA :  Faire le bien

https://nac-cna.ca/fr/event/35974

Événement en personne

La plume acérée de François Archambault s’entremêle à celle, implacable, de Gabrielle Chapdelaine, pour éclairer, jusqu’à s’en brûler la rétine, nos mécanismes de positivé toxique et autres gestes égotiques aux allures bienveillantes. Rédigé pour la jeune génération qui entend le défendre ici avec une ferveur redoutable, ce texte apparaît comme un collier...

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Théâtre Babs Asper ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
26 - 28 sep 2024

≈ 1 heure 50 minutes · Sans entracte

Nos programmes sont passés au numérique.

Balayez le code QR à l’entrée de la salle pour lire les notes de programme avant le début du spectacle.

Dernière mise à jour: 12 septembre 2024

Mot de Mani Soleymanlou

Il me semble que dans ma vingtaine, tout était possible.
J’avais un seul devoir : rêver de la suite.
Rêver le monde à venir sans trop me demander « comment » ou « est-ce que ça va être possible? ».
Naïf, peut-être, mais il me semble que c’était le cas pour mes ami·e·s et moi.
L’horizon était dégagé, les possibles… possibles.
La fin du monde n’était pas imminente.
Les pandémies appartenaient au cinéma.
L’amour se manifestait par des tsunamis de papillons déchaînés.
Nous vivions dans des appartements que nos travails à temps partiel pouvaient payer.
Ça nous semblait facile.
Un seul et unique devoir : rêver.

C’est dans cette optique que le Collectif est né.
Ce projet s’est pointé le nez un matin en pleine pandémie, jusqu’ici une situation fictionnelle que le cinéma de ma jeunesse se chargeait de raconter.
Le Collectif s’est manifesté alors qu’une discussion avec des finissant·e·s en théâtre m’a troublé.
« Pas d’horizon », qu’iels m’ont fait comprendre.
Cette « impossibilité de rêver », « de se projeter », m’a ému.
Alors je me suis dit : allons-y, offrons un horizon, un point de chute.
Risquons et offrons à cette génération une bouffée d’air, une possibilité, un premier rendez-vous, en espérant que leur chemin soit bondé de possibilités.

J’ai oublié de dire que ma vingtaine était également ponctuée de rencontres marquantes.
Des hommes et des femmes qui m’ont outillé pour mieux sculpter mes rêves.
Claude Poissant fut l’une de ces personnes.
Alors quand est venu le temps de choisir un guide pour cette distribution de jeunes interprètes, son nom s’est manifesté comme une évidence.

Un énorme merci à Claude Poissant d’être là à leur côté.
Un énorme merci au Théâtre du Rideau Vert d’avoir accepté de plonger avec nous.

La pièce a été créée à Montréal le 27 août 2024 au Théâtre du Rideau Vert.

Mot du metteur en scène Claude Poissant

Positif.

Depuis le premier laboratoire en novembre 2023, ce projet nous réjouit. Il s’empare de nos réflexions pour rythmer nos échanges, trouver dissemblances et ressemblances entre nos certitudes limpides et ces doutes soudains qui nous happent, tentant d’illuminer un peu de ce qui reste en l’humain d’insaisissable.

Faire le bien, en une vingtaine de tableaux, cible les maladresses et parfois les stratégies de notre besoin d’amour. Entre la volonté de plaire et celle de changer, la ligne est parfois ténue. L’empathie, la bonté et la bienveillance peuvent parfois se déguiser en mission et laisser lentement poindre la formule, les malaises. Jusqu’à faire triompher le ridicule.

C’est Mani Soleymanlou qui m’a lancé la proposition, il y a quinze mois : « Tu réunis des finissant·e·s de 2023, toutes écoles professionnelles confondues. Tu fais ce que tu veux. Tu as un budget, un court échéancier, c’est le Rideau Vert et le Théâtre français du Centre national des Arts qui produisent et présentent. Voilà. Qu’est-ce qu’un tel projet allume en toi? ».

Bien sûr, j’accepte.

Trois semaines plus tard, je propose un sujet, une piste d’écriture qui m’était apparue dès les premiers instants, un spectacle encore libre de forme. Puis, je convie une autrice et un auteur, une équipe précise de ces jeunes interprètes – elles et ils sont huit – à qui je greffe une comédienne d’une autre génération. Je me dis, légèrement Présomptueux : dès que j’aurai un premier jet des textes, nous ferons tous ensemble un laboratoire à Ottawa. Toute la gang.

Les deux institutions sourient à mes envies.

Et les sourires sincères, ça aide à tous les dialogues.

Alors je me lance : après avoir rencontré Gabrielle Chapdelaine et François Archambault, que je mets en adéquation pour leur écriture directe, sociale et sans pitié, je réunis acteurs et actrices. Je les nomme ici pour que vous les connaissiez : Xavier Bergeron, Anaelle Boily Talbot, Mehdi Boumalki, Simon Champagne, Christophe Levac, Elizabeth Mageren, Charlotte Richer et Léa Roy. Je leur présente Eve Landry – on aime toujours travailler avec Eve Landry.

Les premières scènes surgissent, elles ont pour titres : « Premier baiser », « Parole Impeccable », « Superallié », « Faire le bien », « Faire encore mieux ». L’équipe de conception s’anime. Faire encore mieux, c’est ce qu’on se répète tous les jours.

Merci à Denise Filiatrault, à Mani Soleymanlou et à leurs sensibles équipes de nous permettre de Faire le bien, de rappeler que le théâtre place toujours en tête le relief et la force du collectif, tentant d’éviter toute forme toxique d’individualisme.

Merci à Alexandra Sutto qui nous assiste en tout. Merci aux attentives conceptions de Leticia Hamaoui, Marc Senécal, Olivier Landreville, Jérôme Minière, Félix Plante et Suzanne Trépanier.

Compassion, délicatesse, présence, humour et tutti quanti, toutes ces choses qui de tout temps devraient être notre base commune, sont ici les astres pointés. Cher public, je souhaite que ces astres vous guident.

Et, parole de positif, vous ne manquerez pas d’étoiles avec nous.

Balado « Plus que du théâtre »

Julien Morissette s’est entretenu avec Claude Poissant et les neuf interprètes du Collectif 2024. Nous vous invitons à écouter ce balado qui retrace la genèse du projet et les étapes de création du spectacle Faire le bien. Vous en apprendrez aussi davantage sur la personnalité de chacun·e des membres du Collectif.

Le balado est disponible en cliquant ici.

Extrait de la pièce

Le dossier

Trois femmes sont réunies. Elles ont des boîtes à lunch. Émilie a déjà commencé à manger sa salade de pâtes.

SANDRA. Huit.
ÉMILIE, interloquée. … Huit?
VICKY. C’est le nombre de fois que t’as dit « je m’excuse » aujourd’hui.
ÉMILIE. Hein?
SANDRA. Une fois dans l’escalier quand Nancy des RH t’a bousculée pis que t’as échappé ta pile de photocopies, une autre fois juste après quand tu ramassais pis que Jean-Luc t’a enjambée sans trop se soucier du fait que son entrejambe était directement étampé dans ta face, deux autres fois quand tu parlais au téléphone avec ton chum /
ÉMILIE, l’interrompt. J’y parlais aux toilettes, comment vous avez faite /
VICKY, l’interrompt. C’est une intervention. Faut que t’arrêtes de t’excuser. C’est pour ça qu’on t’a invitée à dîner.
ÉMILIE. Je pensais que c’était parce que vous vouliez dîner avec moi au soleil.
VICKY. On s’en crisse, du soleil!
SANDRA. Quand une femme s’excuse pour rien, ça fait paraître mal toutes les autres femmes.
ÉMILIE. Déso… (S’interrompt. Vicky la regarde, menaçante.) Non. Rien.
SANDRA. Trente-six pour cent.
ÉMILIE. Hein?
VICKY. C’est le pourcentage de femmes dans la compagnie. On peut pas se permettre d’avoir un maillon faible.
ÉMILIE, heurtée. Ben là…
VICKY. Faut que tu t’endurcisses.
SANDRA. Quarante-trois.
ÉMILIE. Quarante-trois, quoi, quarante-trois?
VICKY. Le nombre de fois que t’as souri aujourd’hui.
ÉMILIE. Ok… pis, c’est mal? (Sandra et Vicky échangent un regard exaspéré.) Mais… j’aime ça, sourire.
VICKY, dure. Plus tu souris, plus on a l’air d’une gang de connes, ok?
ÉMILIE, déglutit. Ok.
SANDRA. La personne qui reçoit ton sourire se dit : « Hostie d’épaisse faible qui voit le meilleur en l’humain alors qu’on sait tous qu’on est juste une gang d’opportunistes qui attendent de s’entredévorer pour la prochaine promotion. »
ÉMILIE. Je me dis pas ça, moi, quand quelqu’un me sou /
VICKY, l’interrompt. Ben faudrait peut-être que tu commences à te dire ça, justement.

La pièce Faire le bien, de François Archambault et Gabrielle Chapdelaine, est publiée chez Leméac Éditeur dans la collection « Théâtre » (2024).

Artistes

  • francois archambault
    Texte François Archambault
  • gabrielle chapdelaine
    Texte Gabrielle Chapdelaine
  • photo de claude poissant
    Mise en scène Claude Poissant
  • Interprétation Xavier Bergeron
  • Interprétation Anaelle Boily Talbot
  • Interprétation Mehdi Boumalki
  • Interprétation Simon Champagne
  • Interprétation Eve Landry
  • Interprétation Christophe Levac
  • Interprétation Elizabeth Mageren
  • Interprétation Charlotte Richer
  • Interprétation Léa Roy

Crédits

Texte
François Archambault et Gabrielle Chapdelaine

Mise en scène
Claude Poissant

Avec
le Collectif 2024 (Xavier Bergeron, Anaelle Boily Talbot, Mehdi Boumalki, Simon Champagne, Eve Landry, Christophe Levac, Elizabeth Mageren, Charlotte Richer et Léa Roy)

Assistance à la mise en scène et régie
Alexandra Sutto

Scénographie
Olivier Landreville

Lumière
Leticia Hamaoui

Assistance à la lumière
Manon Pocq-Saint-Joan

Musique
Jérôme Minière

Costumes
Marc Senécal

Assistance aux costumes
Rosemarie Levasseur

Accessoires
Félix Plante

Maquillages et coiffures
Suzanne Trépanier

Coupes de cheveux
Sarah Tremblay

Direction de production
Guy Côté

Direction technique (Théâtre du Rideau Vert)
Alexandre Michaud

Direction technique lors du passage au CNA
Romane Bocquet

Construction du décor
Productions Yves Nicol

Production
Théâtre du Rideau Vert

Coproduction
Théâtre français du CNA

Alliance internationale des employés de scène et de théâtre