Dernière mise à jour: 1 mai 2024
L’Orchestre du CNA est heureux de collaborer avec des organisations artistiques de tout le pays qui font un travail extraordinaire et jouent un rôle essentiel dans leur milieu. C’est bien sûr le cas de l’Orchestre symphonique de Toronto, qui présentait en mars dernier au Roy Thomson Hall, dans le cadre de notre échange annuel, un concert réunissant l’Orchestre du CNA, l’Orchestre symphonique de Québec et le Toronto Mendelssohn Choir.
Ce soir, c’est avec grand plaisir que nous accueillons de nouveau cet ensemble de renommée mondiale et son brillant directeur musical, Gustavo Gimeno. Au fil des ans, nos institutions ont entre autres collaboré à la commande de nouvelles œuvres, notamment de Nicole Lizée, Alexina Louie et John Estacio. Nous partageons un attachement tout particulier à l’épanouissement de la nouvelle génération d’artistes d’ici, par exemple la compositrice Alison Yun-Fei Jiang, dont la pièce Illumination est au programme ce soir.
Nous espérons que le concert vous plaira. Comme toujours, merci d’être des nôtres et de soutenir les arts vivants.
Nelson McDougall, directeur administratif
Orchestre du Centre national des Arts
Alexander Shelley, directeur musical
Orchestre du Centre national des Arts
L’Orchestre symphonique de Toronto (TSO) est ravi d’être ici à Ottawa et de pouvoir faire vivre des moments de musique à un nouveau public. Ce programme transcendant, qui met en valeur des compositrices d’hier et d’aujourd’hui, célèbre aussi la création musicale canadienne et souligne avec fierté l’apport des orchestres d’ici à la musique classique.
Ces prestations servent également de vitrine pour l’extraordinaire mezzo-soprano Emily D’Angelo, qui, au-delà d’une voix absolument sensationnelle, a tout d’une vraie chanteuse classique du XXIe siècle. Elle fait partie de nos artistes en vedette pour 2023-2024, aux côtés du remarquable violoniste James Ehnes, qui se produit avec nous à Toronto ce mois-ci. Emily D’Angelo interprétera des morceaux de son album enargeia, sorti en 2021 sous l’étiquette Deutsche Grammophon et qui comprend des œuvres de compositrices allant de Hildegarde de Bingen à Sarah Kirkland Snider.
Pour cette occasion spéciale, nous présentons une nouvelle œuvre intitulée Illumination, que nous avons commandée à la compositrice associée RBC du TSO, Alison Yun-Fei Jiang. La grande place des créatrices dans ce programme est un reflet des gestes que nous avons poses ces dernières années pour encourager davantage de femmes à la fois par nos commandes et par notre programmation.
L’aspect le plus important de cet échange orchestral entre Toronto et Ottawa demeure la célébration du talent exceptionnel que l’on trouve dans ce pays, d’un océan à l’autre. Merci pour votre accueil.
Mark Williams, directeur général de l’Orchestre symphonique de Toronto
(poste bénéficiant du soutien de la famille Beck)
Pendant 50 ans, notre chef d’orchestre lauréat, sir Andrew Davis, n’a jamais manqué une saison sans monter sur le podium avec l’Orchestre symphonique de Toronto (TSO).
Son art musical consommé, son dévouement inébranlable à notre orchestre et son amour indéfectible pour notre ville ont marqué des générations de musiciennes et musiciens et de mélomanes ainsi que la grande famille du TSO, et continueront à façonner l’identité de notre communauté pendant des générations.
Alors que nous chérissons les souvenirs d’un demi-siècle de musique aux côtés de sir Andrew Davis, nous nous souviendrons également d’un homme à l’esprit généreux, d’un mari, d’un père et d’un ami – nos pensées vont à son fils, Edward Frazier Davis. Nos pensées vont également à la foule d’artistes du monde entier, de gérantes et gérants, de membres de l’Orchestre d’hier et d’aujourd’hui qui ont envoyé leurs condoléances des quatre coins du monde. Pour célébrer sa longue relation avec notre ville, une petite rue près de la maison où il vivait a été baptisée sir Andrew Davis Lane en 2016. Merci d’avoir une pensée pour lui la prochaine fois que vous passerez devant cette rue ou que vous entendrez le TSO se produire au Roy Thomson Hall.
Reposez en musique, sir Andrew Davis, et merci pour tout.
Toronto Symphony Orchestra
Gustavo Gimeno
Directeur musical
Emily D’Angelo
Mezzo-soprano
ALISON YUN-FEI JIANG* Illumination (11 min)
DIVERS ARTISTES, arr. JARKKO RIIHIMÄKI enargeia (26 min)
I. JARKKO RIIHIMÄKI Ouverture
II. HILDEGARD VON BINGEN « O frondens virga I »
III. HILDUR GUÐNADÓTTIR « Fólk fær andlit »
IV. MISSY MAZZOLI « This World Within Me Is Too Small »
V. MISSY MAZZOLI « You Are Dust »
VI. SARAH KIRKLAND SNIDER « Dead Friend »
VII. SARAH KIRKLAND SNIDER « The Lotus Eaters »
VIII. SARAH KIRKLAND SNIDER « Nausicaa »
IX. JARKKO RIIHIMÄKI Transition
X. HILDEGARD VON BINGEN, arr. Sophia Muñoz et Missy Mazzoli « O frondens virga II »
Emily D’Angelo, mezzo-soprano
ENTRACTE
JOHANNES BRAHMS Symphonie no 1 en do mineur, op. 68 (44 min)
I. Un poco sostenuto – Allegro
II. Andante sostenuto
III. Un poco allegretto e grazioso
IV. Adagio – Più andante – Allegro non troppo ma con brio
*Compositrice associée de RBC au TSO. Avec le généreux soutien du projet Artistes émergents RBC.
II. “O frondens virga I”
— Hildegard von Bingen
O frondens virga,
in tua nobilitate stans
sicut aurora procedit:
nunc gaude et letare
et nos debiles dignare
a mala consuetudine liberare
atque manum tuam porrige
ad erigendum nos.
II. « O Frondens Virga I » [Ô rameau verdoyant]
— Hildegard von Bingen
Ô rameau verdoyant,
tu te tiens dans ta noblesse
comme l’aurore qui se lève!
réjouis-toi à présent et exulte
et daigne libérer les faibles que nous sommes
de l’habitude du mal,
et tends ta main
pour nous relever!
III. “Fólk fær andlit”
— Hildur Guðnadóttir
Miskun.
Miskun, miskun, miskun.
Miskun.
Miskun, miskun, miskun.
Fyrirgefið okkur fyrir.
Fyrirgefið okkur fyrír.
Fyrirgefið okkur, fyrirgefið okkur.
Miskun.
Miskun, miskun, miskun.
Fyrirgefið okkur fyrir, fyrir.
Okkur.
Fyrirgefið okkur.
Fyrir.
Miskun.
Miskun, miskun, miskun.
III. « Fólk fær andit » [Les gens ont des visages]
— Hildur Guðnadóttir
Miséricorde,
Pardonne-nous pour,
Pardonne-nous.
Miséricorde.
(Pardonne-nous pour,
Pardonne-nous
Miséricorde.)
IV. “This World Within Me Is Too Small”
— Missy Mazzoli
Death moves his hands
through me again,
a lonely outsider among men.
Death moves his hands
through me again,
a lonely outsider among men.
I’ll keep my silence here.
I’ll leave this place alone.
I’ll give myself to no one at all.
Death moves his hands
through me again,
a lonely outsider among men.
This world within me is too small,
but still inside it something sings.
I’ll keep my silence here.
I’ll leave this place alone.
I’ll keep my silence here.
IV. « Ce monde en moi est trop petit »
—Missy Mazzoli
La mort passe à nouveau ses mains
à travers moi
une étrangère solitaire parmi les hommes.
(La mort passe à nouveau ses mains
à travers moi
une étrangère solitaire parmi les hommes.)
Je garderai mon silence ici.
Je quitterai cet endroit seule.
Je ne me donnerai à personne.
La mort passe à nouveau ses mains
à travers moi
une étrangère solitaire parmi les hommes.
Ce monde en moi est trop petit
mais toujours au-dedans, quelque chose chante.
Je garderai mon silence ici.
Je quitterai cet endroit seule.
Je garderai mon silence ici.
V. “You Are the Dust”
— Missy Mazzoli
You are the dust,
you are the sand,
you are the breathing earth,
you are the breathing earth,
you are the flood,
you are the road,
you are the flood,
you are the dust,
you are the one,
the one most loved
when left behind.
V. « Tu es la poussière »
— Missy Mazzoli
Tu es la poussière
tu es le sable
Tu es la terre qui respire
(tu es la terre qui respire)
Tu es l’inondation
tu es la route
tu es l’inondation
tu es la poussière
tu es celui
celui qui est le plus aimé
quand il est laissé derrière.
VI. “Dead Friend”
— Sarah Kirkland Snider
Dead friend,
turn your back on me,
I beg you,
do not look at me
with those eyes.
Dead friend,
I must leave you here.
I can’t stay,
you can’t follow me
where I go.
Dead friend,
turn your back on me,
let me go.
I’ve forgotten you,
forget me,
I’ve forgotten you,
forget me.
VI. « Ami mort »
— Sarah Kirkland Snider
Ami mort,
tourne-moi le dos,
je t’en supplie,
ne me regarde pas
avec ces yeux-là.
Ami mort,
je dois te laisser ici.
Je ne peux pas rester,
tu ne peux pas me suivre
là où je vais.
Ami mort,
tourne-moi le dos,
laisse-moi partir.
Je t’ai oublié,
oublie-moi.
(Je t’ai oublié,
oublie-moi.)
VII. “The Lotus Eaters”
— Sarah Kirkland Snider
Down the ward,
the men are dreaming,
drooling in their cots.
Pricks of blood in every elbow.
I am no better.
It’s just that I’m awake.
It’s just that I’m awake and walking.
It’s just that I’m awake
and walking, walking.
Hear my footsteps down the hall,
now I’m smelling the night air,
crunching gravel as I walk, walk, walk.
Never, never, never, never will I,
never will I sleep like that again.
Never, never, never, never, never,
never will I sleep like that,
sleep like that.
And I’m lost in this night,
I’m lost in this night,
I’m already lost,
but not as lost as them.
And I’m lost in this night,
I’m lost in this night,
I’m already lost,
but not as lost as them,
my sleeping, drooling, smiling men.
I’m not as lost, I’m not as lost,
I’m not as lost as them.
Never, never, never, never will I,
never will I sleep like that again.
Never, never, never, never, never,
never will I sleep like that,
sleep like that.
And I’m lost in this night,
I’m lost in this night,
I’m already lost,
but not as lost as them.
I’m lost, I’m lost, I’m lost,
my sleeping, drooling,
sleeping, drooling,
sleeping, drooling, smiling men.
I’m not as lost, I’m not as lost,
I’m not as lost as them.
VII. « Mangeurs de lotus »
— Sarah Kirkland Snider
Au fond de la salle,
les hommes rêvent,
ils bavent dans leurs brancards.
Des piqûres de sang sur chaque coude.
Je ne vais guère mieux.
C’est seulement que je suis éveillée.
C’est seulement que je suis éveillée et que je marche.
C’est seulement que je suis éveillée
et que je marche, marche.
J’entends mes pas dans le couloir,
maintenant, je sens l’air de la nuit,
je broie le gravier quand je marche, marche, marche.
Jamais, jamais, jamais, jamais je ne le ferai,
jamais je ne dormirai encore comme ça.
Jamais, jamais, jamais, jamais, jamais
jamais je ne dormirai comme ça,
dormirai comme ça.
Et je suis perdue dans cette nuit,
perdue dans cette nuit,
je suis déjà perdue,
mais pas aussi perdue qu’eux.
Et je suis perdue dans cette nuit,
perdue dans cette nuit,
je suis déjà perdue,
mais pas aussi perdue qu’eux,
mes hommes qui dorment, bavent et sourient.
Je ne suis pas aussi perdue, pas aussi perdue,
je ne suis pas aussi perdue qu’eux.
Jamais, jamais, jamais, jamais je ne le ferai,
jamais je ne dormirai encore comme ça.
Jamais, jamais, jamais, jamais, jamais
jamais je ne dormirai comme ça,
dormirai comme ça.
Et je suis perdue dans cette nuit,
perdue dans cette nuit,
je suis déjà perdue,
mais pas aussi perdue qu’eux.
Je suis perdue, je suis perdue, je suis perdue,
mes hommes qui dorment, bavent,
dorment, bavent,
dorment, bavent, et sourient.
Pas aussi perdue, pas aussi perdue,
pas aussi perdue qu’eux.
VIII. “Nausicaa”
— Sarah Kirkland Snider
Don’t be afraid, stranger.
I’m not afraid,
I’m not afraid of you.
You look so lost, stranger,
but you’re not lost,
cause I’ve just found you.
Just take my hand, stranger,
just take my hand
and I will lead you home.
VIII. « Nausicaa »
— Sarah Kirkland Snider
N’aie pas peur, étranger,
Je n’ai pas peur,
je n’ai pas peur de toi.
Tu as l’air si perdu, étranger,
mais tu n’es pas perdu,
car je viens de te trouver.
Prends ma main, étranger,
prends ma main,
et je te conduirai chez toi.
X. “O frondens virga II”
— Hildegard von Bingen, arr. Sophia Muñoz & Missy Mazzoli
O frondens virga,
in tua nobilitate stans
sicut aurora procedit:
nunc gaude et letare
et nos debiles dignare
a mala consuetudine liberare
atque manum tuam porrige
ad erigendum nos.
X. « O Frondens Virga II » [Ô rameau verdoyant]
— Hildegard von Bingen, arr. Sophia Muñoz et Missy Mazzoli
Ô rameau verdoyant,
tu te tiens dans ta noblesse
comme l’aurore qui se lève!
réjouis-toi à présent et exulte
et daigne libérer les faibles que nous sommes
de l’habitude du mal,
Et tends ta main
pour nous relever!
« Une étoile filante, un obscurcissement du regard, une lampe,
Une illusion, une perle de rosée, une bulle,
Un éclair, un lourd nuage, un rêve –
C’est ainsi qu’il faut voir les phénomènes conditionnés. »
– Le Sūtra du diamant (d’après la traduction anglaise de Paul Harrison)
Illumination s’inspire de différentes formes de lumière et de phénomènes naturels décrits dans une strophe de quatre vers du Sūtra du diamant, un texte fondateur de la philosophie de l’Asie de l’Est. Le sūtra, dont le titre renvoie à l’image évocatrice du diamant ou de la foudre, terme abstrait désignant une puissance redoutable, symbolise la capacité de la sagesse à percer et à briser les illusions pour révéler la réalité absolue.
Plutôt que de représenter directement les images, ma composition vise à capter les impressions et la poétique des formes lumineuses changeantes et des phénomènes naturels. En entremêlant des matériaux rythmiques, mélodiques, harmoniques, sonores et texturaux, la pièce incarne métaphoriquement les philosophies de la transformation et de l’impermanence, faisant écho à la nature éphémère de l’existence humaine.
Je dédie Illumination à mes parents, Xiao Qiong Lu et Feng Jiang, pour leur amour et leur soutien.
Note de programme par la compositrice (traduit de l’anglais)
I. JARKKO RIIHIMÄKI Ouverture
II. HILDEGARD VON BINGEN « O frondens virga I »
III. HILDUR GUÐNADÓTTIR « Fólk fær andlit »
IV. MISSY MAZZOLI «This World Within Me Is Too Small »
V. MISSY MAZZOLI « You Are Dust »
VI. SARAH KIRKLAND SNIDER « Dead Friend »
VII. SARAH KIRKLAND SNIDER « The Lotus Eaters »
VIII. SARAH KIRKLAND SNIDER « Nausicaa »
IX. JARKKO RIIHIMÄKI Transition
X. HILDEGARD VON BINGEN, arr. Sophia Muñoz & Missy Mazzoli « O frondens virga II »
La suite enargeia d’Emily D’Angelo fait dialoguer des œuvres disparates, mais il s’agit davantage d’un concept créatif que d’un exercice de compilation. Créée par la chanteuse pour l’album Deutsche Grammophon du même nom, enargeia vise à produire une expérience riche et dense, qui tisse des liens entre la vie et la vision de la polymathe médiévale Hildegarde de Bingen et des œuvres évocatrices écrites par des femmes à l’avant-garde de la musique classique d’aujourd’hui.
Née en 1098, Hildegarde de Bingen était une abbesse allemande dotée d’une vive curiosité pour le monde dans lequel elle vivait. La composition musicale n’était qu’un de ses nombreux champs d’intérêt, et elle n’aurait pu imaginer que son œuvre allait revivre sur scène avec le concours d’un orchestre symphonique au XXIe siècle. Néanmoins, la fraîcheur de ses premières explorations de la mélodie monophonique et de la mise en musique de textes, alliée à son profond mysticisme et à sa religiosité, font que ses compositions autour de textes latins ne cessent d’émouvoir le public près d’un millénaire plus tard. Emily D’Angelo place Hildegarde et sa musique au cœur d’enargeia, les sonorités étonnamment contemporaines de la moniale du XIIe siècle ouvrant une sorte de passerelle temporelle entre le passé et le présent. Un coup d’œil à travers cette passerelle depuis notre modernité permet d’entrevoir les intersections entre l’ancien et le nouveau, la vie et le deuil, et l’espérance spirituelle confrontée à la dure réalité.
En traduction, le « O frondens virga » d’Hildegarde implore : « Ô rameau fleuri, debout dans toute ta noblesse, au moment où le matin s’éveille […] malgré notre fragilité, juge-nous dignes, empêche-nous de sombrer dans la méchanceté coutumière. » La compositrice Hildur Guðnadóttir lance presque le même appel dans « Fólk fær andlit »; évoquant la déportation de réfugiés en Islande en 2015, les paroles se traduisent par des itérations des simples expressions « miséricorde » et « pardonnez-nous pour… ». « This World Within Me Is Too Small » et « You Are the Dust » sont des airs tirés de l’opéra Song from the Uproar de Missy Mazzoli (née en 1980). Ces deux airs s’inspirent des écrits d’Isabelle Eberhardt, une exploratrice, journaliste et soufie de l’ère victorienne qui, à l’instar d’Hildegarde, a refusé de réprimer sa curiosité pour le monde à une époque où une telle attitude allait à l’encontre des normes sociétales.
Trois extraits choisis du cycle de mélodies Penelope de Sarah Kirkland Snider (née en 1973) rapprochent l’arc d’enargeia de sa fin. « Dead Friend » aborde le processus de deuil du point de vue de la personne endeuillée et de celle qui est morte, tandis que « The Lotus Eaters » dépeint une fantaisie nocturne échevelée. « Nausicaa » ramène enargeia presque à son point de départ; tout juste avant la reprise du chant « O frondens virga » d’Hildegarde, Emily D’Angelo chante : « Tu n’as qu’à prendre ma main, Étranger. Prends ma main et je te conduirai chez toi. »
Note de programme par Arlan Vriens (traduit de l’anglais)
I. Un poco sostenuto – Allegro
II. Andante sostenuto
III. Un poco allegretto e grazioso
IV. Adagio – Più andante – Allegro non troppo ma con brio
Brahms (1833–1897) a commencé à ébaucher sa Première symphonie en 1855, à l’âge de 22 ans, mais ne l’a achevée qu’en 1876, à 43 ans, tant l’héritage des neuf symphonies de Beethoven lui paraissait prestigieux et intimidant. (« Vous ne savez pas ce que c’est que d’être poursuivi par ses pas », disait-il.) La Première de Brahms a reçu un accueil enthousiaste et, vers la fin d’un siècle dominé par des radicaux comme Franz Liszt et Richard Wagner, elle a constitué un coup d’éclat pour les mélomanes attachés aux formes anciennes. (Hans von Bülow est allé jusqu’à l’appeler « la Dixième ».) Cependant, malgré sa déférence envers les modèles classiques (notamment l’architecture en quatre mouvements), il s’agissait d’une œuvre profondément personnelle fondée sur une technique symphonique originale : la création d’une structure dense et unifiée par le développement intensif de courts motifs mélodiques et rythmiques germinaux. Arnold Schoenberg a inventé l’expression « variation développante » pour désigner cette pratique et a récusé les accusations d’académisme qui pesaient sur Brahms, le défendant comme le compositeur le plus progressiste de son époque.
La majestueuse introduction lente établit le ton sérieux, voire tragique, du premier mouvement, et l’Allegro qui suit, avec son élan rythmique beethovénien, a le caractère d’un scherzo sombre et angoissé (les tonalités mineures sont inhabituellement proéminentes). Ensuite vient le mouvement lent, comme le soleil après la tempête; plusieurs thèmes s’y succèdent, si bien que la musique se déploie comme un seul flot de mélodies, devenant de plus en plus intense et passionnée pour finalement atteindre un véritable pathos. Pour le troisième mouvement, au lieu d’un menuet ou d’un scherzo, Brahms a écrit l’une de ces pastorales douces et lumineuses qui allaient devenir sa marque de fabrique, tout en conservant la forme conventionnelle du menuet et du trio à trois voix (ABA).
Dans l’introduction lente du finale, un thème majestueux au cor (semblable à l’appel d’un berger des Alpes) et une mélodie de type choral aux cuivres semblent appeler une résolution; l’Allegro qui suit commence par une mélodie émouvante, apparentée à un hymne (aux cordes), qui évoque « l’Ode à la joie » de la Neuvième de Beethoven. (Lorsque quelqu’un l’a fait remarquer à Brahms, il a répondu que « n’importe quel abruti » pouvait s’en rendre compte. En effet, c’est une interprétation de la Neuvième qui l’avait amené, à 21 ans, à envisager d’écrire une symphonie.) Le finale n’est pas dépourvu de surprises (notamment le retour du thème de cor « alpin »), ni de moments d’obscurité et de malaise, mais ils passent. Dans une coda plus rapide, le thème principal Allegro est rejoint par le « choral » de l’introduction, amenant la symphonie à sa triomphale conclusion.
Note de programme par Kevin Bazzana (traduit de l’anglais)
Gustavo Gimeno est devenu le dixième directeur musical de l’Orchestre symphonique de Toronto (TSO) en 2020-2021.
Depuis sa nomination, il a revigoré le profil artistique de l’orchestre, a tissé des liens tant avec les interprètes qu’avec le public, et a programmé des œuvres familières du répertoire ainsi que des créations contemporaines offrant des sonorités nouvelles. De plus, il a piloté de nouvelles initiatives de médiation culturelle et a semé les germes d’un ambitieux programme de commande d’œuvres à des compositrices et des compositeurs émergents et établis.
Au cours de la saison 2023-2024, le maestro Gimeno et le TSO inaugurent un nouveau départ audacieux pour l’orchestre dans sa 101e année, avec des œuvres symphoniques majeures – dont la Symphonie no 3 de Mahler, la Symphonie no 1 de Brahms, Les Pins de Rome de Respighi, et Le Sacre du printemps et Pulcinella de Stravinsky – dans le cadre de programmes qui comportent également un nombre sans précédent d’œuvres encore jamais interprétées par le TSO. Plusieurs solistes côtoient le maestro sur scène cette saison, notamment Daniil Trifonov, James Ehnes, Emily D’Angelo, Frank Peter Zimmermann et Jean-Yves Thibaudet.
Le premier enregistrement commercial que Gustavo Gimeno et le TSO ont réalisé ensemble, en mai 2023, pour commémorer la Turangalîla-Symphonie de Messiaen, a été lancé sous l’étiquette Harmonia Mundi en février 2024. Cette collaboration s’inscrit dans le prolongement de la relation du maestro avec la maison de production de disques pour laquelle il a enregistré le Stabat Mater de Rossini, la Messa di Gloria de Puccini, et les ballets L’Oiseau de feu et Apollon musagète de Stravinsky avec l’Orchestre philharmonique du Luxembourg.
Le maestro Gimeno occupe le poste de directeur musical de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg depuis 2015 et deviendra en 2025-2026 directeur musical du Teatro Real de Madrid, où il occupe actuellement le poste de directeur musical désigné. Il a également dirigé des opéras dans des salles aussi prestigieuses que le Liceu Opera de Barcelone, l’Opernhaus de Zürich, le Palau de les Arts Reina Sofia de Valence, et le Teatro Real de Madrid. Les orchestres symphoniques du monde entier font fréquemment appel à lui comme chef d’orchestre invité : en 2023-2024, il a ainsi renoué avec le London Philharmonic Orchestra, l’Orchestre royal du Concertgebouw, l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, l’Orchestre symphonique de San Francisco, le National Symphony Orchestra de Washington, et les orchestres symphoniques de Dallas et de Cincinnati.
Bousculant les conventions et repoussant les frontières, Emily D’Angelo est une force qui compte dans le milieu de la musique. Avec sa présence scénique impressionnante, sa voix puissante et sa créativité artistique, la chanteuse a récemment conquis le monde de l’opéra et de la musique classique. Pour le quotidien montréalais Le Devoir et pour son nombre croissant d’adeptes, elle est tout simplement « un phénomène ».
Si elle est reconnue pour son répertoire diversifié et son soutien aux compositrices et compositeurs contemporains, Emily D’Angelo entretient une relation spéciale avec la musique de Mozart. Son talent inné pour incarner des personnages mozartiens était évident dès ses débuts sur scène en 2016, sous les traits de Cherubino dans Les Noces de Figaro au Festival des Deux Mondes de Spolète. Elle a subséquemment approfondi son interprétation, comme en témoignent ses premières triomphales au Metropolitan Opera de New York, à la Scala de Milan et à la Royal Opera House.
Emily D’Angelo est née à Toronto en 1994 dans une famille musicale. Elle a obtenu son baccalauréat en musique de l’Université de Toronto, après quoi elle s’est jointe à l’Ensemble Studio de la Compagnie d’opéra canadienne. À l’été 2014 et 2015, elle a été boursière au Ravinia Steans Music Institute, où elle a affiné ses dons d’interprète de programmes de récital et de concert et sa passion pour ce répertoire. Devenue en 2017 membre du programme Lindemann de perfectionnement pour les jeunes artistes du Metropolitan Opera, elle s’est produite sur la scène du Met pour la première fois en 2018. La même année, elle s’est fait connaître sur la scène internationale en remportant les quatre grands prix du concours Operalia, une première en 26 ans d’histoire de l’événement.
Hors de l’opéra, ses réalisations comprennent des prestations avec l’Orchestre philharmonique de Los Angeles et l’Orchestre symphonique de Toronto, la création mondiale d’un cycle de mélodies composé par Ana Sokolović et des interprétations de nouvelles œuvres, notamment celles d’Unsuk Chin et de Matthew Aucoin. Emily D’Angelo a signé un contrat d’exclusivité avec Deutsche Grammophon en mai 2021, et son premier album, enargeia, a été lancé plus tard la même année.
Depuis plus d’un siècle, l’Orchestre symphonique de Toronto (TSO) joue un rôle fondamental dans l’évolution et la célébration de la culture canadienne. Aujourd’hui dans sa 101e année d’existence, l’ensemble entretient plus que jamais son attachement à l’excellence musicale et sa capacité à tisser des liens. Prenant appui sur une histoire riche de concerts et d’enregistrements acclamés, de tournées canadiennes et internationales, et de partenariats communautaires marquants, le TSO se consacre à la mobilisation et à l’enrichissement des communautés locales et nationales en proposant des expériences musicales dynamiques. Son directeur musical, Gustavo Gimeno, apporte toute l’étendue de sa vision artistique, de sa curiosité intellectuelle et de sa hardiesse à la programmation de cet orchestre de 93 interprètes se produisant à Toronto – l’une des villes les plus diversifiées du monde. En tant que groupe composé d’artistes et de spécialistes de l’enseignement et de la promotion de la musique, partageant la conviction que celle-ci a le pouvoir de guérir, d’inspirer et de rapprocher les gens de tous les horizons, le TSO s’adresse aux publics de tous âges à l’aide d’un éventail d’initiatives en matière d’éducation, d’accès communautaire, de santé et de bien-être. La saison 2023-2024 marque le 50e anniversaire de l’Orchestre symphonique des jeunes de Toronto, affilié au TSO, un programme de formation gratuit visant à cultiver la prochaine génération d’artistes du Canada.
Joignez-vous à l’orchestre pour un concert au Roy Thomson Hall, ou faites l’expérience du TSO près de chez vous. Consultez le site TSO.CA ou Newsroom.TSO.CA (liens en anglais seulement).
Gustavo Gimeno, Directeur musical
Violons
Jonathan Crow (violon solo, Chaire de violon solo Tom Beck)
Yolanda Bruno (violon solo associée)
Clare Semes (violon solo associée)
Marc-André Savoie (assistant violon solo)
Etsuko Kimura + (assistante violon solo)
Eri Kosaka (second violon solo)
Kun Yan (second violon solo associée)
Luri Lee (assistante second violon solo)
Atis Bankas
Christina (Jung Yun) Choi*
Sydney Chun*
Amanda Goodburn
Bridget Hunt
Amalia Joanou-Canzoneri
Ah Young Kim
Shane Kim*
Leslie Dawn Knowles
Douglas Kwon
Paul Meyer
Sergei Nikonov
Semyon Pertsovsky
Peter Seminovs
Mark Skazinetsky
Jennifer Thompson
Angelique Toews
James Wallenberg+
Virginia Chen Wells
Altos
Rémi Pelletier (solo, par intérim)
Theresa Rudolph (solo associée, par intérim)
Ashley Vandiver (assistante solo, par intérim)
Ivan Ivanovich*
Gary Labovitz
Diane Leung
Zeyu Victor Li
Mary Carol Nugent
Christopher Redfield+
Violoncelles
Joseph Johnson (solo, Chaire de violoncelle solo soutenue par le Dr Armand Hammer)
Emmanuelle Beaulieu Bergeron (solo associée)
Winona Zelenka (assistante solo)
Alastair Eng*
Igor Gefter
Roberta Janzen
Song Hee Lee
Oleksander Mycyk
Lucia Ticho
Contrebasses
Jeffrey Beecher (solo)
Michael Chiarello (solo associé)
Theodore Chan+
Jesse Dale
Timothy Dawson
Christopher Laven
Mark Lillie
David Longenecker*
Flûtes
Kelly Zimba Lukić+ (solo, Chaire de flûte solo financée par le Comité des bénévoles du TSO)
Julie Ranti (solo associée)
Leonie Wall
Camille Watts
Piccolo
Camille Watts
Hautbois
Sarah Jeffrey* (solo, Chaire de hautbois solo financée par Cathy et Liddy Beck)
Alex Liedtke (solo associé)
Cary Ebli
Hugo Lee*
Cor anglais
Cary Ebli
Clarinettes
Eric Abramovitz (solo, Chaire de clarinette solo financée par Sheryl L. et David W. Kerr)
Miles Haskins (solo associé, par intérim)
Joseph Orlowski+
Clarinette basse
Miles Haskins
Bassons
Michael Sweeney (solo, Chaire de basson solo financée par Sheryl L. et David W. Kerr)
Samuel Banks
Fraser Jackson
Contrebasson
Fraser Jackson
Cors
Neil Deland (solo)
Christopher Gongos (solo associé)
Audrey Good
Nicholas Hartman
Gabriel Radford*
Trompettes
Andrew McCandless+ (solo, Chaire de trompette solo financée par le Comité des bénévoles du TSO)
Steven Woomert* (solo associé)
Renata Cardoso
James Gardiner*
Trombones
Gordon Wolfe (solo)
Vanessa Fralick* (solo associée)
Trombone basse
Jeffrey Hall +
Tuba
Mark Tetreault (solo)
Timbales
David Kent (solo)
Joseph Kelly (assistant solo)
Percussion
Charles Settle (solo)
Nicholas Matthiesen (assistant solo)
Joseph Kelly
Harpe
Heidi Elise Bearcroft (solo)
Musicothécaires
Christopher Reiche Boucher (principal)
Andrew Harper (musicothécaire remplaçant)
Sandra Pearson (musicothécaire remplaçante)
Chef du personnel de l’Orchestre
David Kent
+ En congé
* anciens membres de l’Orchestre symphonique des jeunes de Toronto
Le TSO remercie Mary Beck, patronne des musiciens et musiciennes, pour son fidèle et généreux soutien.
Les prestations de Gustavo Gimeno bénéficient du soutien de Susan Brenninkmeyer, en mémoire de Hans Brenninkmeyer.
Chef lauréat
Sir Andrew Davis
Chef d’orchestre émérite
Peter Oundjian (avec le soutien de Robert et Ann Corcoran)
Premier chef des concerts Pops
Steven Reineke
Premier chef des concerts éducatifs Barrett et ambassadeur communautaire de l’Orchestre symphonique de Toronto
Daniel Bartholomew- Poyser
Chef d’orchestre en résidence RBC
Trevor Wilson
Chef de l’Orchestre symphonique des jeunes de Toronto
Simon Rivard (avec le soutien du Comité des bénévoles du TSO)
Compositrice-conseil
Emilie LeBel
Compositrice affiliée RBC
Alison Yun-Fei Jiang
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre