Présentée par Le Fonds Janice et Earle O'Born pour l’excellence dans les arts de la scène

Gimeno et l‘Orchestre Symphonique de Toronto avec Emily D'Angelo

Série Grands Interprètes

2024-05-05 20:00 2024-05-05 23:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Gimeno et l‘Orchestre Symphonique de Toronto avec Emily D'Angelo

https://nac-cna.ca/fr/event/33730

Événement en personne

Pour une soirée unique, l’Orchestre symphonique de Toronto (TSO) monte sur scène à la Salle Southam, accompagné de la renommée mezzo-soprano italo-canadienne Emily D’Angelo, qui interprétera des morceaux de son album enargeia, sorti en 2021 sous l’étiquette Deutsche Grammophon. « L’une des jeunes interprètes les plus spéciales en ce monde », « puissante et...

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Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
dim 5 mai 2024

Nos programmes sont passés au numérique.

Balayez le code QR à l’entrée de la salle pour lire les notes de programme avant le début du spectacle.

Répertoire

ALISON YUN-FEI JIANG

Illumination

« Une étoile filante, un obscurcissement du regard, une lampe,
Une illusion, une perle de rosée, une bulle,
Un éclair, un lourd nuage, un rêve –
C’est ainsi qu’il faut voir les phénomènes conditionnés. »

– Le Sūtra du diamant (d’après la traduction anglaise de Paul Harrison)

Illumination s’inspire de différentes formes de lumière et de phénomènes naturels décrits dans une strophe de quatre vers du Sūtra du diamant, un texte fondateur de la philosophie de l’Asie de l’Est. Le sūtra, dont le titre renvoie à l’image évocatrice du diamant ou de la foudre, terme abstrait désignant une puissance redoutable, symbolise la capacité de la sagesse à percer et à briser les illusions pour révéler la réalité absolue.

Plutôt que de représenter directement les images, ma composition vise à capter les impressions et la poétique des formes lumineuses changeantes et des phénomènes naturels. En entremêlant des matériaux rythmiques, mélodiques, harmoniques, sonores et texturaux, la pièce incarne métaphoriquement les philosophies de la transformation et de l’impermanence, faisant écho à la nature éphémère de l’existence humaine.

Je dédie Illumination à mes parents, Xiao Qiong Lu et Feng Jiang, pour leur amour et leur soutien.

Note de programme par la compositrice (traduit de l’anglais)

Divers Artistes

enargeia

I. JARKKO RIIHIMÄKI Ouverture
II. HILDEGARD VON BINGEN « O frondens virga »
III. HILDUR GUÐNADÓTTIR « Fólk fær andlit »
IV. MISSY MAZZOLI «This World Within Me Is Too Small »
V. MISSY MAZZOLI « You Are Dust »
VI. SARAH KIRKLAND SNIDER « Dead Friend »
VII. SARAH KIRKLAND SNIDER « The Lotus Eaters »
VIII. SARAH KIRKLAND SNIDER « Nausicaa »
IX. JARKKO RIIHIMÄKI Transition
X. HILDEGARD VON BINGEN, arr. Sophia Muñoz & Missy Mazzoli « O frondens virga »

La suite enargeia d’Emily D’Angelo fait dialoguer des œuvres disparates, mais il s’agit davantage d’un concept créatif que d’un exercice de compilation. Créée par la chanteuse pour l’album Deutsche Grammophon du même nom, enargeia vise à produire une expérience riche et dense, qui tisse des liens entre la vie et la vision de la polymathe médiévale Hildegarde de Bingen et des œuvres évocatrices écrites par des femmes à l’avant-garde de la musique classique d’aujourd’hui.

Née en 1098, Hildegarde de Bingen était une abbesse allemande dotée d’une vive curiosité pour le monde dans lequel elle vivait. La composition musicale n’était qu’un de ses nombreux champs d’intérêt, et elle n’aurait pu imaginer que son œuvre allait revivre sur scène avec le concours d’un orchestre symphonique au XXIe siècle. Néanmoins, la fraîcheur de ses premières explorations de la mélodie monophonique et de la mise en musique de textes, alliée à son profond mysticisme et à sa religiosité, font que ses compositions autour de textes latins ne cessent d’émouvoir le public près d’un millénaire plus tard. Emily D’Angelo place Hildegarde et sa musique au cœur d’enargeia, les sonorités étonnamment contemporaines de la moniale du XIIe siècle ouvrant une sorte de passerelle temporelle entre le passé et le présent. Un coup d’œil à travers cette passerelle depuis notre modernité permet d’entrevoir les intersections entre l’ancien et le nouveau, la vie et le deuil, et l’espérance spirituelle confrontée à la dure réalité.

En traduction, le « O frondens virga » d’Hildegarde implore : « Ô rameau fleuri, debout dans toute ta noblesse, au moment où le matin s’éveille […] malgré notre fragilité, juge-nous dignes, empêche-nous de sombrer dans la méchanceté coutumière. » La compositrice Hildur Guðnadóttir lance presque le même appel dans « Fólk fær andlit »; évoquant la déportation de réfugiés en Islande en 2015, les paroles se traduisent par des itérations des simples expressions « miséricorde » et « pardonnez-nous pour… ». « This World Within Me Is Too Small » et « You Are the Dust » sont des airs tirés de l’opéra Song from the Uproar de Missy Mazzoli (née en 1980). Ces deux airs s’inspirent des écrits d’Isabelle Eberhardt, une exploratrice, journaliste et soufie de l’ère victorienne qui, à l’instar d’Hildegarde, a refusé de réprimer sa curiosité pour le monde à une époque où une telle attitude allait à l’encontre des normes sociétales.

Trois extraits choisis du cycle de mélodies Penelope de Sarah Kirkland Snider (née en 1973) rapprochent l’arc d’enargeia de sa fin. « Dead Friend » aborde le processus de deuil du point de vue de la personne endeuillée et de celle qui est morte, tandis que « The Lotus Eaters » dépeint une fantaisie nocturne échevelée. « Nausicaa » ramène enargeia presque à son point de départ; tout juste avant la reprise du chant « O frondens virga » d’Hildegarde, Emily D’Angelo chante : « Tu n’as qu’à prendre ma main, Étranger. Prends ma main et je te conduirai chez toi. »

Note de programme par Arlan Vriens (traduit de l’anglais)

JOHANNES BRAHMS

Symphonie no 1 en do mineur, op. 68

I. Un poco sostenuto – Allegro
II. Andante sostenuto
III. Un poco allegretto e grazioso
IV. Adagio – Più andante – Allegro non troppo ma con brio

Brahms (1833–1897) a commencé à ébaucher sa Première symphonie en 1855, à l’âge de 22 ans, mais ne l’a achevée qu’en 1876, à 43 ans, tant l’héritage des neuf symphonies de Beethoven lui paraissait prestigieux et intimidant. (« Vous ne savez pas ce que c’est que d’être poursuivi par ses pas », disait-il.) La Première de Brahms a reçu un accueil enthousiaste et, vers la fin d’un siècle dominé par des radicaux comme Franz Liszt et Richard Wagner, elle a constitué un coup d’éclat pour les mélomanes attachés aux formes anciennes. (Hans von Bülow est allé jusqu’à l’appeler « la Dixième ».) Cependant, malgré sa déférence envers les modèles classiques (notamment l’architecture en quatre mouvements), il s’agissait d’une œuvre profondément personnelle fondée sur une technique symphonique originale : la création d’une structure dense et unifiée par le développement intensif de courts motifs mélodiques et rythmiques germinaux. Arnold Schoenberg a inventé l’expression « variation développante » pour désigner cette pratique et a récusé les accusations d’académisme qui pesaient sur Brahms, le défendant comme le compositeur le plus progressiste de son époque.

La majestueuse introduction lente établit le ton sérieux, voire tragique, du premier mouvement, et l’Allegro qui suit, avec son élan rythmique beethovénien, a le caractère d’un scherzo sombre et angoissé (les tonalités mineures sont inhabituellement proéminentes). Ensuite vient le mouvement lent, comme le soleil après la tempête; plusieurs thèmes s’y succèdent, si bien que la musique se déploie comme un seul flot de mélodies, devenant de plus en plus intense et passionnée pour finalement atteindre un véritable pathos. Pour le troisième mouvement, au lieu d’un menuet ou d’un scherzo, Brahms a écrit l’une de ces pastorales douces et lumineuses qui allaient devenir sa marque de fabrique, tout en conservant la forme conventionnelle du menuet et du trio à trois voix (ABA).

Dans l’introduction lente du finale, un thème majestueux au cor (semblable à l’appel d’un berger des Alpes) et une mélodie de type choral aux cuivres semblent appeler une résolution; l’Allegro qui suit commence par une mélodie émouvante, apparentée à un hymne (aux cordes), qui évoque « l’Ode à la joie » de la Neuvième de Beethoven. (Lorsque quelqu’un l’a fait remarquer à Brahms, il a répondu que « n’importe quel abruti » pouvait s’en rendre compte. En effet, c’est une interprétation de la Neuvième qui l’avait amené, à 21 ans, à envisager d’écrire une symphonie.) Le finale n’est pas dépourvu de surprises (notamment le retour du thème de cor « alpin »), ni de moments d’obscurité et de malaise, mais ils passent. Dans une coda plus rapide, le thème principal Allegro est rejoint par le « choral » de l’introduction, amenant la symphonie à sa triomphale conclusion.

Note de programme par Kevin Bazzana (traduit de l’anglais)

Artistes

  • Chef d’orchestre Gustavo Gimeno
  • Mezzo-soprano Emily D’Angelo
  • Avec Orchestre symphonique de Toronto