≈ 2 heures · Avec entracte
Dernière mise à jour: 21 septembre 2023
JOSEPH HAYDN Sonate pour piano en mi mineur, Hob. XVI : 34 (10 min)
I. Presto
II. Adagio
III. Finale: Molto vivace
MAURICE RAVEL Menuet sur le nom de Haydn (2 min)
MAURICE RAVEL Miroirs (30 min)
I. Noctuelles
II. Oiseaux tristes
III. Une barque sur l’océan
IV. Alborada del gracioso
V. La vallée des cloches
ENTRACTE
ROBERT SCHUMANN Études symphoniques, op. 13 (33 min)
I. Thème : Andante
II. Variation 1 : Un poco più vivo
III. Variation 2
IV. Étude 3 : Vivace
V. Variation 3
VI. Variation 4
VII. Variation 5
VIII. *Variation posthume no 4*
IX. Variation 6 : Allegro molto
X. Variation 7
XI. *Variation posthume no 5*
XII. Étude 9 : Presto possibile
XIII. Variation 8
XIV. Variation 9
XV. Finale : Allegro brillante
Seong-Jin Cho a une entente d’exclusivité avec Deutsche Grammophon
Pour en savoir plus sur Seong-Jin Cho, rendez-vous à www.seongjin-cho.com (en anglais)
Seong-Jin Cho est representé par Primo Artists, New York, NY www.primoartists.com (en anglais)
I. Presto
II. Adagio
III. Finale : Molto vivace
Le rôle de Haydn (1732-1809) dans le développement de la symphonie et du quatuor à cordes est bien connu, mais on oublie souvent à quel point la sonate pour piano a été importante pour lui. Haydn en a écrit une soixantaine sur une période de plus de quarante ans, des années 1750 aux années 1790. Comme l’a écrit le musicologue Paul Henry Lang, « pour Haydn, comme pour Beethoven, la sonate pour piano a été, tout au long de sa carrière, un terrain d’expérimentation, puis d’application de ce qu’il avait appris du quatuor et de la symphonie. Il est remarquable de voir avec quelle constance, quelle détermination, cet homme modeste [...] a développé ses dons. »
La Sonate en mi mineur date du début des années 1780 et fut publiée en 1783. H.C. Robbins Landon, spécialiste de Haydn, souligne qu’entre le milieu des années 1770 et le milieu des années 1780, Haydn a produit peu d’œuvres marquantes, à l’exception de cette sonate. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un chef-d’œuvre, elle est captivante et sa durée convient parfaitement à son contenu musical. Le premier mouvement n’est pas construit sur une trame mélodique, mais plutôt sur des motifs rapides. C’est sur le développement de ces derniers – qui sont davantage des fragments rythmiques qu’autre chose – que repose pratiquement tout l’intérêt du mouvement. Il emprunte la forme sonate traditionnelle (exposition [répétée], développement, réexposition, coda), mais peu s’intéresseront à ces délimitations, préférant la manière dont Haydn soutient l’intérêt avec un matériau si modeste. Les quatre premières notes à la main gauche (un arpège ascendant) sont omniprésentes dans le mouvement, que ce soit par sa forme mélodique ou dans son schéma rythmique (les trois notes descendantes qui suivent immédiatement à la main droite constituent un autre motif). Une autre caractéristique de ce mouvement est la récurrence d’arrêts brusques et inattendus, comme si Haydn voulait que le public se demande : « Pourquoi diable? À quoi bon? ». Manifestement, même dans les œuvres de tonalité mineure, on peut trouver de l’humour.
Également, le mouvement lent attire moins par sa forme sonate abrégée que par la manière dont Haydn soumet son matériau mélodique ténu à une ornementation quasi constante : trilles, torsions, broderies, fioritures, arpèges, gammes, arabesques, etc. Le dernier mouvement suit sans pause (autre singularité). C’est un simple rondo de forme ABABA dont les sections alternent entre mi mineur et mi majeur. La fin arrive soudainement, comme si Haydn avait décidé d’un coup : « Allez, ça suffit! ».
Ce petit morceau de deux minutes est, malgré son origine singulière, l’une des œuvres pour piano les moins connues de Ravel (1875-1937). En 1909, la Revue musicale mensuelle de la Société internationale de musique a demandé à six compositeurs, Ravel, Paul Dukas, Charles-Marie Widor, Vincent d’Indy, Claude Debussy et Reynaldo Hahn, d’écrire une courte pièce sur le nom de Haydn pour célébrer le centenaire de sa mort. Ravel a utilisé les cinq lettres du nom de Haydn comme motif musical : H (si naturel), A (la), Y (ré), comme D (ré) et N (sol naturel). Ce motif sert en quelque sorte d’échafaudage musical pour créer un menuet élégant et serein, qui renvoie à la période classique, tout en demeurant dans l’esthétique musicale du compositeur. La ligne supérieure du début présente le motif HAYDN pour la première fois; par la suite, il revient périodiquement, parfois sous forme inversée (miroir) ou rétrograde (à l’envers).
I. Noctuelles
II. Oiseaux tristes
III. Une barque sur l’océan
IV. Alborada del gracioso
V. La vallée des cloches
Aux alentours de 1904-1905, Ravel a composé Miroirs, un ensemble de cinq pièces pour piano. Chacune est dédiée à un ami ou à un collègue du groupe connu sous le nom des « Apaches » et formé de manière informelle d’artistes français d’avant-garde qui se réunissaient pour discuter de littérature, d’art, d’histoire ou de tout autre sujet qui les intéressait. Le célèbre pianiste espagnol Ricardo Viñes a donné la première représentation publique complète de Miroirs, le 6 janvier 1906, à la salle Érard, à Paris. De forme tripartite simple (ABA), chacun des Miroirs pourrait bien être perçu comme un reflet (dans un miroir) de son titre. Ravel a enregistré deux d’entre eux (Oiseaux tristes et La vallée des cloches) sur des rouleaux de piano Duo-Art et en a orchestré deux (Une barque sur l’océan et Alborada del gracioso).
Noctuelles (Papillon de nuit) – Le titre est tiré du sujet d’un poème de Léon-Paul Fargue, à qui la composition est dédiée. Ravel évoque le monde des papillons de nuit par le tourbillon kaléidoscopique et sans cesse changeant des effets délicats et frémissants de l’écriture pianistique.
Les Oiseaux tristes – Ravel déclara que, dans cette œuvre dédiée à Ricardo Viñes, il avait voulu évoquer « des oiseaux perdus dans une sombre forêt aux heures les plus chaudes de l’été ». Le titre est une vue de l’esprit, puisque les « oiseaux tristes » ne chantent pas.
Une barque sur l’océan – Ce morceau est dédié au peintre et scénographe Paul Sordes, chez qui Les Apaches se réunissaient régulièrement. En écoutant cette musique, il est facile d’imaginer un navire quelconque traversant une vaste étendue d’eau. Mais il serait tout aussi valable de savourer simplement les jeux de couleur, d’ombre et de lumière.
Alborada del gracioso est l’une des plus brillantes évocations de l’Espagne écrites par Ravel. Cette œuvre de sept minutes, la plus longue de Miroirs, est divisée en trois sections qui s’enchaînent. Les brillantes parties extérieures sont caractérisées par des rythmes vibrants qui simulent les accords grattés de guitare et le claquement des castagnettes. La section centrale, plus méditative, évoque davantage le personnage du bouffon (« gracioso ») du titre.
La vallée des cloches – Comme pour les précédentes composantes de Miroirs, la musique traduit le titre. Ou est-ce l’inverse? Ici, Ravel évoque le son des cloches.
I. Thème : Andante
II. Variation 1 : Un poco più vivo
III. Variation 2
IV. Étude 3 : Vivace
V. Variation 3
VI. Variation 4
VII. Variation 5
VIII. *Variation posthume no 4*
IX. Variation 6 : Allegro molto
X. Variation 7
XI. *Variation posthume no 5*
XII. Étude 9 : Presto possibile
XIII. Variation 8
XIV. Variation 9
XV. Finale : Allegro brillante
Pour Robert Schumann (1810-1856), le piano était l’instrument par lequel il confiait ses pensées les plus intimes. C’était aussi son moyen d’expression artistique le plus personnel. On constate donc sans surprise que les Études symphoniques sont intimement liées à la vie personnelle du compositeur.
Grâce à son imagination romantique fertile, Schumann a créé une galerie de personnages fictifs connus sous le nom de Davidsbund (la bande de David). Deux d’entre eux représentent les facettes opposées de l’alter ego de Schumann : Florestan, l’extraverti et l’exubérant et Eusebius, le calme et le rêveur. Les membres du Davidsbund étaient de fiers avant-gardistes de la musique qui allaient livrer bataille (avec des plumes et des notes, et non des épées et des frondes) aux Philistins, à savoir les compositeurs ultraconservateurs de l’époque. Florestan et Eusebius sont profondément liés au monde des Études symphoniques. Parmi les titres avec lesquels Schumann a jonglé pour cette œuvre, citons Etüden im Orchestercharakter von Florestan und Eusebius et Études Davidsbündler.
Le thème d’ouverture fait partie intégrante de la composition et sert de base à une série de variations. Le nombre de variations, le titre de l’ensemble et l’ordre des morceaux ont connu de nombreux changements au cours du XIXe siècle et bien après la mort du compositeur. Dès la première édition des Études symphoniques, Schumann a utilisé le titre français. L’agencement que l’on rencontre le plus fréquemment aujourd’hui comprend douze numéros qui suivent l’énoncé du thème en do dièse mineur. À l’origine, Schumann en avait écrit six autres qu’il a décidé de retirer parce qu’il était difficile d’organiser de manière convaincante une suite aussi nombreuse de variations écrites dans la même tonalité et, pour la plupart, de caractère semblable. Cinq de ces variations « additionnelles » furent récupérées par Brahms et publiées en 1873 sous forme d’un supplément. Elles sont aujourd’hui connues sous le nom d’« études posthumes » et sont parfois interprétées comme un groupe distinct, ou bien intercalées, en tout ou en partie, avec les douze études standard.
L’aspect « symphonique » de cette musique réside dans la croissance organique, l’élaboration approfondie du thème, ainsi que dans les textures, couleurs, sonorités et effets orchestraux suggérés ou rendus. Dans la troisième variation, par exemple, le public peut facilement imaginer les violons jouer spiccato (l’archet rebondissant légèrement sur les cordes) la ligne supérieure, les altos chanter la voix interne, et les violoncelles et contrebasses apporter le soutien harmonique. Les 11e et 12e variations ont été orchestrées par Tchaïkovski.
Notes de programme par Robert Markow (traduit de l’anglais)
Doué d’une musicalité innée et d’un talent inouï, Seong‐Jin Cho est reconnu dans le monde entier comme l’un des plus grands pianistes de sa génération. Son jeu, à la fois réfléchi et poétique, dynamique et sensible, virtuose et coloré, repose sur un sens naturel et impressionnant de l’équilibre.
Seong‐Jin Cho a retenu l’attention du monde entier en 2015, année où il a remporté le premier prix du Concours international de piano Chopin, à Varsovie. Depuis, sa carrière a connu une ascension fulgurante. Au début de l’année 2016, il a signé un contrat d’exclusivité avec Deutsche Grammophon. En 2023, il a reçu le prestigieux prix Samsung Ho-Am dans le domaine des arts. Il collabore fréquemment avec des orchestres aussi importants que l’Orchestre philharmonique de Berlin, l’Orchestre philharmonique de Vienne et l’Orchestre symphonique de Londres, sous la baguette, entre autres, de Myung-Whun Chung, Gustavo Dudamel, Andris Nelsons, Yannick Nézet-Séguin, Gianandrea Noseda, sir Simon Rattle, Santtu-Matias Rouvali, Esa-Pekka Salonen et Lahav Shani.
Parmi ses engagements pour la saison 2023-2024, citons des débuts très attendus au Festival de Salzbourg avec l’Orchestre du Mozarteum, et un retour aux BBC Proms avec l’Orchestre philharmonique de la BBC. Il entreprendra plusieurs tournées, notamment en Corée avec l’Orchestre philharmonique de Berlin sous la direction de Kirill Petrenko, et en Corée et au Japon avec l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig placé sous la conduite d’Andris Nelsons. Seong‐Jin Cho fera des débuts très attendus avec les orchestres symphoniques de Cleveland, San Francisco et Chicago.
En récital, le pianiste est habitué des salles les plus prestigieuses au monde, dont le Carnegie Hall, le Concertgebouw d’Amsterdam et la Philharmonie de Berlin. À l’image des précédents, son plus récent enregistrement, The Handel Project, paru en 2023 sous l’étiquette Deutsche Grammophon, lui a valu les éloges de la critique.
Né en 1994 à Séoul, Seong‐Jin Cho est devenu en 2009 le plus jeune lauréat du Concours international de piano de Hamamatsu au Japon. À tout juste 17 ans, il a remporté le troisième prix au Concours international Tchaïkovsky de Moscou. De 2012 à 2015, il a étudié auprès de Michel Béroff au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Aujourd’hui domicilié à Berlin, le pianiste continue de séduire le public du monde entier.
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre