Ehnes, Altstaedt & Kanneh-Mason

FOCUS: Clara, Robert, Johannes

2023-09-21 20:00 2023-09-21 23:59 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Ehnes, Altstaedt & Kanneh-Mason

https://nac-cna.ca/fr/event/33669

Événement en personne

Rejoignez-nous pour une causerie d'avant-concert gratuite à la Place Peter Herrndorf du CNA, avec les compositrices Sarah Slean et Cecilia Livingston en conversation avec Hannah Chan-Hartley. *** Le festival FOCUS : Clara, Robert, Johannes célèbre la longue amitié qui a uni Clara Schumann, Robert Schumann et Johannes Brahms. Ces trois artistes qui se sont encouragés et inspirés mutuellement ont vécu des existences où se...

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Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
jeu 21 septembre 2023

≈ 1 heure et 30 minutes · Avec entracte

Nos programmes sont passés au numérique.

Balayez le code QR à l’entrée de la salle pour lire les notes de programme avant le début du spectacle.

Dernière mise à jour: 17 octobre 2023

Programme

CLARA SCHUMANN  
(orch. Sarah Slean)
(5 min) 

Am Strande (« Sur le rivage ») 

Der Mond kommt still gegangen (« La lune monte doucement »), op. 13, no 4 

CLARA SCHUMANN Concerto pour piano en la mineur, op. 7 (21 min) 

I. Allegro maestoso 
II. Romanze: Andante non troppo, con grazia 
III. Finale: Allegro non troppo 

ENTRACTE  

CLARA SCHUMANN  
(orch. Cecilia Livingston)
(6 min) 

Die gute Nacht (« La bonne nuit que je te souhaite ») 
Die Lorelei (« Lorelei ») 

JOHANNES BRAHMS Concerto en la mineur pour violon et violoncelle, op. 102 (31 min) 

I. Allegro 
II. Andante 
III. Vivace non troppo 

La venue d’Isata Kanneh-Mason a été rendue possible grâce à Enticott Music Management 
Isata Kanneh-Mason a une entente d’exclusivité avec Decca Classics 

Lieder de Clara Schumann – Textes et traductions

Am Strande 
Source allemande : Wilhelm Gerhard 

Traurig schau ich von der Klippe 
Auf die Flut, die uns getrennt, 
Und mit Inbrunst fleht die Lippe, 
Schone seiner, Element! 

Furcht ist meiner Seele Meister, 
Ach, und Hoffnung schwindet schier; 
Nur im Traume bringen Geister 
Vom Geliebten Kunde mir. 

Die ihr, fröhliche Genossen 
Gold’ner Tag’ in Lust und Schmerz, 
Kummertränen nie vergossen, 
Ach, ihr kennt nicht meinen Schmerz! 

Sei mir mild, o nächt’ge Stunde, 
Auf das Auge senke Ruh, 
Holde Geister, flüstert Kunde 
Vom Geliebten dann mir zu. 

Der Mond kommt still gegangen 
Source allemande : Emanuel Geibel 

Der Mond kommt still gegangen 
Mit seinem gold’nen Schein. 
Da schläft in holdem Prangen 
Die müde Erde ein. 

Und auf den Lüften schwanken 
Aus manchem treuen Sinn 
Viel tausend Liebesgedanken 
Über die Schläfer hin. 

Und drunten im Tale, da funkeln 
Die Fenster von Liebchens Haus; 
Ich aber blicke im Dunklen 
Still in die Welt hinaus. 

Die gute Nacht 
Source allemande : Friedrich Rückert 

Die gute Nacht, die ich dir sage, 
Freund, hörest du; 
Ein Engel, der die Botschaft trage 
Geht ab und zu. 

Er bringt sie dir, und hat mir wieder 
Den Gruß gebracht: 
Dir sagen auch des Freundes Lieder 
Jetzt gute Nacht. 

Die Lorelei 
Source allemande : Heinrich Heine

Ich weiß nicht, was soll es bedeuten, 
Daß ich so traurig bin; 
Ein Märchen aus alten Zeiten, 
Das kommt mir nicht aus dem Sinn. 

Die Luft ist kühl und es dunkelt, 
Und ruhig fließt der Rhein; 
Der Gipfel des Berges funkelt 
Im Abendsonnenschein. 

Die schönste Jungfrau sitzet 
Dort oben wunderbar, 
Ihr goldnes Geschmeide blitzet, 
Sie kämmt ihr goldenes Haar. 

Sie kämmt es mit goldenem Kamme 
Und singt ein Lied dabei, 
Das hat eine wundersame, 
Gewalt’ge Melodei. 

Den Schiffer im kleinen Schiffe 
Ergreift es mit wildem Weh; 
Er schaut nicht die Felsenriffe, 
Er schaut nur hinauf in die Höh’. 

Ich glaube, die Wellen verschlingen 
Am Ende Schiffer und Kahn; 
Und das hat mit ihrem Singen 
Die Lorelei getan. 

Répertoire

CLARA SCHUMANN

orch. Sarah Slean 

Am Strande (« Sur le rivage ») 
Der Mond kommt still gegangen  (« La lune monte doucement »), op. 13, no 4 

orch. Cecilia Livingston 

Die gute Nacht (« La bonne nuit que je te souhaite ») 
Die Lorelei (« Lorelei ») 

Clara Schumann (née Wieck; 1819-1896) composa des lieder (mélodies pour voix et piano) tout au long de sa carrière de compositrice, de son enfance jusqu’à la mort de Robert Schumann. Vingt-huit au total sont parvenus jusqu’à nous; plusieurs furent perdus. 

Les lieder au programme témoignent de l’art consommé de Clara Schumann à unir piano, voix et poésie. Ils traitent de thèmes propres à l’époque romantique : la force des éléments et la nature avec Am Strande et Lorelei, et la nuit avec Der Mond kommt still gegangen et Die gute Nacht. 

Dans  Am Strande, l’imagerie naturelle se veut aussi l’expression de sentiments humains. Ainsi, le flux et le reflux de sextolets perpétuels représentent tant les marées séparant deux amants que les élans émotionnels du personnage musical, qui oscille entre angoisse et espoir. Et dans « Lorelei », Schumann réinvente avec éloquence la célèbre légende d’une funeste nymphe, la Lorelei, qui attirait à leur perte les marins voguant sur le Rhin. La compositrice crée des textures et des tons bien distincts pour le narrateur du poème, le marin et la Lorelei, et déploie un crescendo émotionnel et musical qui atteindra son apogée à la fin de la mélodie. La partition bouillonnante de piano dans ces deux lieder, entendu ce soir dans des orchestrations de Sarah Slean et Cecilia Livingston, fait honneur aux dons de virtuose de la compositrice. 

Der Mond kommt still gegangen, op. 13, no 4 (« La lune monte doucement », 1843; orchestré par Sarah Slean), s’ouvre sur l’image apaisante d’une lune dorée veillant sur le monde assoupi. Le doux balancement de la partie de piano rappelle les genres du nocturne ou de la barcarolle, ces berceuses instrumentales de l’époque romantique. La dernière strophe du lied, toutefois, recèle une subtile note douce-amère, alors que le narrateur observe de loin la demeure de sa bien-aimée et s’en détourne ensuite pour se plonger dans la nuit : s’agirait-il d’une bien-aimée inaccessible? Schumann souligne l’ambiguïté du moment par une accélération rythmique, des harmonies chromatiques et la note la plus aigüe du lied au chant. 

Die gute Nacht (« La bonne nuit que je te souhaite », 1841; orchestré par Cecilia Livingston) évoque ce pouvoir qu’a la musique de traverser le temps et l’espace. Ici, le personnage poétique envoie des vœux de bonne nuit par le biais d’un messager angélique et sous forme de chanson – le lied de Schumann contient donc lui-même un lied! Schumann donne à la première strophe un phrasé lent et spacieux, qui semble faire allusion aux vastes distances parcourues par les vœux de bonne nuit. Le lied se clôt dans une paix infinie par un long et serein postlude, comme si le piano solo se chargeait de communiquer ce qui réside au-delà des mots. 

Note de programme par Julie Pedneault-Deslauriers  

CLARA SCHUMANN

Concerto pour piano en la mineur, op. 7

I. Allegro maestoso 
II. Romanze: Andante non troppo, con grazia 
​III. Finale: Allegro non troppo 

Clara Wieck (1819-1896) – avant qu’elle ne devienne Clara Schumann – compose son Concerto pour piano à l’adolescence. Un peu comme la première symphonie de Robert Schumann et Johannes Brahms, ce concerto tient lieu en quelque sorte de rite de passage: à l’époque, les genres orchestraux à grande échelle sont la chasse gardée des compositeurs professionnels, et jugés bien au-delà des capacités des femmes. Ayant d’abord composé le troisième mouvement en tant que pièce indépendante, Clara décide rapidement de l’intégrer à un concerto à part entière, en usant de liens thématiques ingénieux pour lui donner une cohésion et une architecture unique.

Le premier mouvement, l’Allegro maestoso, est de forme sonate, mais omet audacieusement la réexposition, réservant la conclusion pour la fin du finale. Le mouvement central, Romanze est un duo intime pour piano et violoncelle qui tranche avec les autres mouvements par son accent sur le timbre et le toucher, plutôt que sur les prouesses techniques. Comme les musicologues David Keep et Larry R. Todd l’ont fait remarquer, Robert cite directement la Romanze au début de son Dichterliebe (1840), un cycle de lieder qui est l’incarnation même de l’amour et du désir. Cet hommage est tout indiqué, car la genèse du concerto, qui s’étend de 1833 (année de naissance de Brahms) à 1836, correspond aux débuts de l’histoire d’amour entre Robert et Clara.

Le concerto de Clara Wieck est le précurseur de plusieurs techniques novatrices que d’autres compositeurs romantiques continueront de développer. Elle-même ne s’aventurera à écrire qu’un seul autre concerto, ébauché en 1847, mais demeuré inachevé.

Note de programme par Julie Pedneault-Deslauriers 

JOHANNES BRAHMS

Concerto en la mineur pour violon et violoncelle, op. 102

I. Allegro 
II. Andante 
​III. Vivace non troppo 

Au printemps 1887, Johannes Brahms (1833-1897) écrit à Clara Schumann pour l’informer candidement qu’il a eu « l’idée amusante d’écrire un concerto pour violon et violoncelle. Si cela réussit, nous pourrons en retirer du plaisir. » Il révèle toutefois qu’il n’est pas très sûr de lui à la perspective d’écrire pour les deux instruments à cordes. Pour son Concerto pour violon (1878), il avait consulté son ami Joseph Joachim et travaillé avec lui, mais ils étaient en brouille depuis des années. (En 1881, Brahms avait pris le parti d’Amalie, la femme de Joachim, contre son mari au cours de leur procédure de divorce, le violoniste étant convaincu qu’elle avait une liaison avec l’éditeur de musique Fritz Simrock.) Voyant là une occasion de faire la paix, Brahms a prudemment approché Joachim au cours de l’été pour lui faire part de son projet de « double concerto », la partie de violoncelle devant être jouée par Robert Hausmann, pour qui Brahms avait écrit sa Deuxième Sonatepour violoncelle. Il semble que ses efforts aient porté fruit; comme Clara, qui a assisté à une première répétition de l’œuvre en septembre, l’a écrit dans son journal : « Ce concerto est une œuvre de réconciliation – Joachim et Brahms se sont reparlé pour la première fois depuis des années. »

Dernière œuvre pour orchestre de Brahms, le Double Concerto a été créé à Cologne le 18 octobre 1887, avec Joachim et Hausmann comme solistes, et le compositeur à la direction d’orchestre. Ils l’ont joué à plusieurs reprises au cours de la saison de concerts, mais l’accueil de l’œuvre est resté plutôt tiède. Même Clara était dubitative : « Je ne crois pas que ce concerto ait un quelconque avenir... Il n’a nulle part la chaleur et la fraîcheur que l’on trouve si souvent dans ses œuvres. » Il est beaucoup plus apprécié de nos jours, pour sa beauté et sa construction magistrale, mais aussi parce qu’il constitue une formidable vitrine pour deux solistes de premier plan.

Le Double Concerto a quelques précédents notables – le Triple Concerto pour violon, violoncelle et piano de Beethoven, la Symphonie concertante pour violon et alto de Mozart et le Double Concerto pour deux violons de J.-S. Bach – que Brahms a probablement étudiés comme modèles. À partir de ce qu’il avait absorbé, il a forgé une œuvre d’une saisissante originalité. Il ouvre le concerto avec deux cadences dramatiques pour les solistes, renversant ainsi complètement les conventions relatives à la forme du premier mouvement. Peu après l’annonce par l’orchestre au complet d’un fragment du thème principal, le violoncelle s’interpose avec la première cadence (« à jouer comme un récitatif »). Les vents et les cors répondent ensuite avec le motif « soupirant » du second thème, après quoi le violon entre seul et, après quelques phrases méditatives, est rejoint par le violoncelle. Ensemble, ils se délectent de la profondeur et de l’étendue de leurs sonorités – à travers des doubles cordes et des accords retentissants, puis un magnifique arpège, déployant toute leur tessiture comme s’il s’agissait d’un seul « super instrument ». Finalement, ils s’unissent pour gravir une échelle ascendante, qui aboutit à l’exposition orchestrale pour révéler enfin les éléments principaux du mouvement. Alors que les solistes reviennent pour développer ce matériau tout au long du mouvement, remarquez comment Brahms explore toutes les facettes de leur relation à travers un dialogue animé allant de l’imitation au commentaire, de l’argumentation à l’achèvement des phrases de l’un et de l’autre. Vers la fin, alors qu’on s’attend à une cadence, le violon et le violoncelle s’unissent pour énoncer le thème principal, puis se rejoignent dans un merveilleux passage à l’octave à l’unisson – la personnification musicale de la réconciliation – qui clôt avec emphase ce mouvement dense. 

Poursuivant leur front uni, les solistes introduisent le magnifique chant de la Romanze en octaves à l’unisson (le violon dans son registre grave), les cordes de l’orchestre apportant une richesse harmonique. Les vents entonnent ensuite un choral serein qui, à mesure que le mouvement progresse, alterne avec les ruminations de plus en plus élaborées des solistes sur la mélodie. Dans la reprise, le violon et le violoncelle exécutent seulement la première partie de la mélodie, puis se remémorent des rêveries passées, après quoi un passage exquis et rêveur conclut le mouvement en toute sérénité. 

Le violoncelle et le violon reprennent l’initiative pour présenter le thème récurrent du troisième mouvement, que Brahms agrémente d’éléments du « style hongrois » (rom-hongrois), clin d’œil à l’héritage de Joachim. L’air paraît d’abord délicat et quelque peu mélancolique, mais il prend de l’assurance lorsque l’orchestre s’en empare. Dans les retours subséquents, les solistes échangent leurs phrases, ajoutant des embellissements et des fioritures. Contrastant avec ce qui précède, le second thème est robuste et endiablé, avec des doubles cordes vibrantes, tout comme la mélodie pleine d’assurance qui apparaît au milieu du mouvement; avec sa juxtaposition de rythmes rapides et fluides, le « style hongrois » est ici le plus explicite. Dans l’épilogue qui suit la reprise des deux premiers thèmes, les solistes échangent des arpèges vaporeux, qui s’étendent vers de nouveaux sommets dans une phrase ascendante. Enfin, ils fusionnent une fois de plus dans des octaves à l’unisson, pour proclamer une version transfigurée du thème principal et achever le mouvement dans une jubilation triomphante. 

Note de programme par Hannah Chan-Hartley (traduit de l’anglais) 

Artistes

  • Chef d'orchestre Alexander Shelley
  • Piano Isata Kanneh-Mason
  • Violon James Ehnes
  • Violoncelle Nicolas Altstaedt
  • soprano Midori Marsh
  • Mezzo-soprano Alex Hetherington
  • Compositrice Sarah Slean
  • Compositrice Cecilia Livingston

Crédits

Orchestre du CNA

Premiers violons 
Yosuke Kawasaki (violon solo)
Jessica Linnebach (violon solo associée)
Noémi Racine Gaudreault (assistante violon solo)
Jeremy Mastrangelo
Emily Westell
Zhengdong Liang
Manuela Milani
**Marjolaine Lambert
*Martine Dubé
*Erica Miller
*Andréa Armijo Fortin
*Oleg Chelpanov
*Renée London

Seconds violons 
*John Marcus (solo invité)
Emily Kruspe
Frédéric Moisan
Carissa Klopoushak
Winston Webber
Leah Roseman
Mark Friedman
Karoly Sziladi
**Edvard Skerjanc
*Heather Schnarr
*Sara Mastrangelo

Altos 
Jethro Marks (solo)
David Marks (solo associé)
David Goldblatt (assistant solo)
Tovin Allers
David Thies-Thompson
Paul Casey
*Sonya Probst

Violoncelles
Rachel Mercer (solo)
**Julia MacLaine (assistante solo)
Leah Wyber
Marc-André Riberdy
Timothy McCoy
*Karen Kang
*Desiree Abbey
*Daniel Parker

Contrebasses
Max Cardilli (assistant solo)
Vincent Gendron
Marjolaine Fournier
*Paul Mach
*Doug Ohashi

Flûtes
Joanna G'froerer (solo)
Stephanie Morin

Hautbois
Charles Hamann (solo)
Anna Petersen

Cor anglais
Anna Petersen

Clarinettes
Kimball Sykes (solo)
Sean Rice

Bassons
Darren Hicks (solo)
Vincent Parizeau

Cors
*Spencer Park (solo invité)
Julie Fauteux (solo associée)
Lawrence Vine
Lauren Anker
Louis-Pierre Bergeron

Trompettes
Karen Donnelly (solo)
Steven van Gulik

Trombones
*Steve Dyer (solo invité)

Timbales
*Simón Gómez (solo invité)

Percussion
Jonathan Wade

Musicothécaireprincipale
Nancy Elbeck

Musicothécaire adjoint
Corey Rempel

Chef du personnel
Meiko Lydall

Coordinatrice du personnel de l’Orchestre
Laurie Shannon

*Musicienssurnuméraires
**En congé