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En mars 1897, Sergueï Rachmaninov (1873-1943) assiste à une première à Saint-Pétersbourg, celle de sa première œuvre importante, Symphonie no 1… Un désastre! Il passe alors par une crise créative de trois ans, durant laquelle il est incapable de composer quoi que ce soit d’important (bien qu’il continue durant cette période de jouer comme pianiste et entame une nouvelle carrière en tant que chef d’orchestre). Finalement, grâce au soutien et aux encouragements de ses amis, ainsi qu’à ses discussions avec l’hypnothérapeute Nikolay Dahl, il reprend la composition et termine son Deuxième Concerto pour piano en 1901. Rencontrant un franc succès dès sa première représentation, cette œuvre reste l’une des plus connues du compositeur.
Ce n’est d’ailleurs pas surprenant. Le premier mouvement du Concerto (qui est dédié à Dahl) est un drame puissant – et magnifiquement conçu – entre le piano et l’orchestre. Il est rempli de mélodies passionnées, de textures somptueuses et d’harmonies riches. Après une introduction marquante en accords sombres joués par le piano seulement, le mouvement est dominé par deux thèmes : un thème principal sinistre, évoquant un chant, qui introduit les violons et les altos, suivi d’une mélodie ardente et presque arquée entonnée d’abord au piano. Ces thèmes sont développés au milieu du mouvement, alors que le piano et l’orchestre font monter la tension et l’exaltation, culminant par un retour du thème principal dans une version qui évoque une marche. Le piano continue, la musique se fait douloureusement mélancolique, et mène à une version nostalgique du deuxième thème joué par le cor en solo. Après un épisode méditatif et quelque peu onirique au piano, la cadence s’accélère graduellement, et le mouvement se termine sur une fin abrupte et percutante.
Notes de programme rédigées par Hannah Chan-Hartley, Ph. D.
Alexander Shelley a succédé à Pinchas Zukerman à titre de directeur musical de l’Orchestre du Centre national des Arts du Canada en septembre 2015. Depuis, l’ensemble a été qualifié de « transformé », « passionné », « ambitieux » et « déchaîné » (Ottawa Citizen), et classé, du jour au lendemain, parmi les plus audacieux en Amérique du Nord (magazine Maclean’s) pour sa programmation.
Né à Londres en octobre 1979, Alexander Shelley, fils de célèbres pianistes concertistes, a étudié le violoncelle et la direction d’orchestre en Allemagne. Il s’est d’abord signalé en remportant à l’unanimité le Premier prix au Concours de direction d’orchestre de Leeds en 2005. La critique l’a décrit comme « le jeune chef d’orchestre le plus passionnant et le plus doué à avoir récolté ce prix hautement prestigieux. Sa technique de direction est sans faille; tout dans son approche est d’une clarté cristalline et s’inscrit dans une musicalité innée. » En août 2017, M. Shelley a terminé son mandat à la direction du Nürnberger Symphoniker, poste qu’il occupait depuis septembre 2009. La critique aussi bien que le public ont salué cette association, la qualifiant de période glorieuse au cours de laquelle le jeu, le volet éducatif et les activités de tournée de l’orchestre ont subi une véritable transformation. L’ensemble a notamment donné des concerts en Italie, en Belgique et en Chine, en plus d’accepter de retourner au Musikverein de Vienne.
En janvier 2015, M. Shelley a été nommé premier chef associé du Royal Philharmonic Orchestra de Londres, pour qui il est le conservateur d’une série annuelle de concerts au Cadogan Hall et avec qui il effectue des tournées nationales et internationales.
Décrit comme « un communicateur né sur le podium comme dans la vie civile » (Daily Telegraph), il œuvre régulièrement avec les plus grands orchestres d’Europe, des Amériques, d’Asie et d’Australasie, dont l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, le Deutsche Symphonie-Orchester Berlin, l’Orchestre de la Suisse Romande, les orchestres symphoniques de Göteborg, São Paulo, Melbourne et la Nouvelle-Zélande, et les orchestres philharmoniques de Stockholm, et Hong Kong. Cette saison, il fait ses débuts avec l’Orchestre symphonique de Sydney, l’Orchestre National de Belgique, l’Orchestre Métropolitain de Montréal, l’Orquesta Sinfonica de Valencia et l’Orchestre symphonique de Milwaukee, en plus de retourner diriger le MDR Sinfonieorchester de Leipzig, l’Orchestre philharmonique du Luxembourg et l’Orchestre symphonique de Tasmanie. Il entamera aussi, à la barre de l’Orchestre du CNA, une importante tournée en Europe qui fera escale, entre autres, à Londres, Paris, Stockholm et Copenhague.
Au cours de la dernière saison, il a notamment fait ses débuts avec les orchestres philharmoniques d’Helsinki et de Varsovie et l’Orchestre symphonique de Bamberg, et il est apparu pour la première fois au Festival d’Aspen au Colorado. Il était aussi de retour au podium du Konzerthausorchester de Berlin et du RTE National Symphony Orchestra, en plus de se produire de nouveau au Festival Tivoli avec l’Orchestre philharmonique de Copenhague.
Sur la scène lyrique, M. Shelley a dirigé en 2015 La Veuve joyeuse ainsi que le Roméo et Juliette de Gounod (Opéra royal danois), La Bohème (Opéra Lyra/Centre national des Arts), Iolanta (Deutsche Kammerphilharmonie de Brême), Così fan tutte (Montpellier) et Les Noces de Figaro (Opera North). En 2017, il a été à la tête d’une coproduction de l’opéra Louis Riel de Harry Somers avec l’Orchestre du CNA et la Compagnie d’opéra canadienne.
M. Shelley a remporté en 2016 le prix ECHO pour son deuxième enregistrement sous l’étiquette Deutsche Grammophon, Peter and the Wolf, de même que le prix ECHO et le Deutsche Grunderpreis à titre de directeur artistique du projet visionnaire d’engagement local Zukunftslabor, du Deutsche Kammerphilharmonie de Brême, qui utilise la musique comme source de cohésion sociale et d’intégration. À titre de fondateur et directeur artistique de la Schumann Camerata et de la série avant-gardiste 440Hz à Düsseldorf, et à la faveur du rôle de leadership qu’il a joué à Nuremberg, Brême et Ottawa, M. Shelley cherche constamment à inspirer les futures générations de musiciens et les auditeurs de musique classique. Il a dirigé l’Orchestre national des jeunes de l’Allemagne lors de nombreuses tournées et travaille tous les ans avec des milliers de jeunes dans le cadre de projets de rayonnement. Il fait régulièrement des présentations instructives et passionnées sur ses programmes avant et après les concerts. Il participe aussi à des entrevues et produit des fichiers balados sur le rôle de la musique classique dans la société. Il a en outre dirigé et présenté de nombreux concerts en plein air. À Nuremberg notamment, au cours des neuf dernières années, il a attiré plus d’un demi-million de personnes aux concerts annuels du Klassik Open Air, le plus grand événement de musique classique d’Europe.
Le poste de directeur musical bénéficie du soutien d’Elinor Gill Ratcliffe, C.M., O.N.L., LL.D. (hc)
Décrit par The Observer comme étant la « définition de la virtuosité », le pianiste japonais Nobuyuki Tsujii (Nobu), aveugle de naissance, a remporté la médaille d’or ex aequo au Concours international de piano Van Cliburn en 2009. Depuis, la passion et l’enthousiasme dont il fait preuve lors de ses prestations lui ont valu une réputation internationale.
Nobu a joué au sein de nombreux orchestres célèbres : Orchestre Mariinsky, Orchestre Philharmonia, Orchestre philharmonique de la BBC, Orchestre symphonique de la NHK, Orchestre symphonique Yomiuri Nippon, Orchestre symphonique de Tokyo, Orchestre philharmonique du Japon, Orchestres symphoniques de Seattle et de Baltimore, Orchestre philharmonique de la Scala ou encore Orchestre symphonique de Bâle. Il a notamment été dirigé par les chefs d’orchestre Valery Gergiev, Vladimir Ashkenazy, Vladimir Spivakov, Juanjo Mena et Vasily Petrenko. En tant que récitaliste, Nobu s’est produit dans les salles de concert les plus prestigieuses du monde, comme le Stern Auditorium du Carnegie Hall, le Théâtre des Champs-Élysées de Paris, le Wigmore Hall et le Royal Albert Hall de Londres, la Philharmonie de Berlin et le Musikverein de Vienne.
Après une série de prestations estivales acclamées par la critique au Hollywood Bowl (avec l’Orchestre philharmonique de Los Angeles), au Verbier Festival, aux Proms de Snape Maltings, au Biarritz Piano Festival, au Musica Mundi Festival et au Festival de musique de Menton, Nobu poursuit sa saison 2022-2023 avec des récitals au Carnegie Hall, au Queen Elizabeth Hall de Londres, à l’hôtel de ville de Birmingham et au Liverpool Philharmonic Hall. Nobu sera également soliste de concerto avec l’Orchestre philharmonique royal de Liverpool (dirigé par Domingo Hindoyan), l’Orchestre philharmonique royal (dirigé par Vasily Petrenko), l’Orchestre symphonique de Seattle (dirigé par Jiri Rozen), l’Orchestre de Sarasota et l’Orchestre symphonique de Bilbao. Il interprétera également plusieurs concertos et solos au Japon, dont il est originaire. Lors des saisons précédentes, Nobu avait joué aux côtés du Philharmonisches Staatsorchester de Hambourg, sous la direction de Kent Nagano, et aux côtés du NDR Radiophilharmonie de Hanovre, sous la direction d’Andrew Manze. Il a été salué par la critique pour ses récitals au Concertgebouw d’Amsterdam et au Théâtre des Champs-Élysées ainsi que pour sa première prestation avec l’Orchestre philharmonique d’Oslo.
« Une résidence de deux ans permettant à des compositeurs de travailler en étroite collaboration avec Alexander Shelley et l’Orchestre du Centre national des Arts, quelle occasion précieuse et captivante! Je suis remplie de reconnaissance à l’idée d’œuvrer avec les musiciens et le directeur artistique de l’Orchestre, mais aussi avec toute l’équipe du CNA, et ainsi d’apprendre, de relever des défis et de développer ma pratique de compositrice. »
Keiko Devaux (1982) est une compositrice de musique nouvelle basée à Montréal.
Ses œuvres ont été interprétées, entre autres, par le Nouvel Ensemble Moderne, les ensembles Musica Assoluta et Arkea, le quatuor Prometeo et l’Ensemble Wapiti au Canada, en France, en Allemagne et en Italie. Elle compose régulièrement pour une variété d’ensembles et collabore avec des chorégraphes et des cinéastes.
La démarche de Devaux naît d’un intérêt pour les sons et les méthodologies électroacoustiques. La compositrice manipule et déforme d’abord des sons électroacoustiques à l’aide d’outils numériques, puis en produit des transcriptions avec notations musicales, ramenant ces sons dans le domaine acoustique. Elle s’intéresse notamment à la dimension émotionnelle et affective de la musique, au phénomène de l’auto-organisation dans la nature et chez les êtres vivants, et à l’effacement des frontières entre genres musicaux. Dans sa musique, elle superpose et agence entre eux des éléments mélodiques ou harmoniques contrastés issus de sources sonores très différentes. La distorsion de leurs attributs temporels, fréquentiels et sonores permet de fusionner langage tonal traditionnel et éléments bruitistes d’inspiration plus électroacoustique.
Devaux est lauréate de nombreux prix et distinctions, dont le Prix Jan V. Matejcek pour une nouvelle œuvre de musique classique (2019), une bourse du Rotary Club de Sienne pour des études à l’Accademia Chigiana auprès de Salvatore Sciarrino (2018), le Concours de composition de l’OUM (2016 et 2018) et les prix du jury et du public de la 5e édition du Concours Accès Arkea (2017). Créée par le Nouvel Ensemble Moderne, sa composition Ebb a été finaliste pour un prix Opus (création de l’année) en 2017–2018, et Ombra, finaliste du Prix du CALQ – Œuvre de la relève à Montréal 2018. En 2019, elle a remporté la toute première Commande Azrieli de musique canadienne, assortie d’une bourse de 50 000 $, la plus importante du genre au Canada et l’une des plus importantes au monde.
Devaux a déjà été organisatrice du Labo de musique contemporaine de Montréal et compositrice en résidence au Nouvel Ensemble Moderne (2016–2018). Elle est compositrice agréée au Centre de musique canadienne et présidente du conseil d’administration de Codes d’accès.
Originaire de la Colombie-Britannique, Devaux a fait des études d’interprétation (piano) tout en composant pour des groupes rock indépendants, avec lesquels elle a aussi tourné et enregistré plusieurs albums. Elle détient un baccalauréat en musique (écriture) et une maîtrise en composition instrumentale de l’Université de Montréal. Elle a également étudié avec le maestro Salvatore Sciarrino à l’Accademia Musicale Chigiana à Sienne, en Italie (2017–2019). Elle est actuellement doctorante en composition et création sonore à l'Université de Montréal, sous la direction d’Ana Sokolović et Pierre Michaud.
Depuis sa création en 1969, l’Orchestre du Centre national des Arts (CNA) reçoit des éloges pour la passion et la clarté de ses interprétations, pour ses programmes éducatifs novateurs et pour son apport à l’expression de la créativité canadienne. Sous la direction du Directeur musical Alexander Shelley, l’Orchestre du Centre national des Arts est le reflet de la diversité des paysages, des valeurs et des communautés du Canada, et est reconnu pour sa programmation audacieuse, ses contenus nrratifs marquants, son excellence artistique et ses partenariats innovants.
Alexander Shelley a amorcé son mandat à la direction musicale de l’Orchestre du CNA en 2015, succédant à Pinchas Zukerman, qui a été aux commandes de l’ensemble pendant 16 saisons. Premier chef associé du Royal Philharmonic Orchestra, Shelley a été le premier chef de l’Orchestre symphonique de Nuremberg de 2009 à 2017. Demandé partout dans le monde, il a dirigé entre autres la Philharmonie de Rotterdam, DSO Berlin, le Leipzig Gewandhaus et la Philharmonie de Stockholm, et il maintient des liens avec la Deutsche Kammerphilharmonie et l’Orchestre national des jeunes d’Allemagne.
Chaque saison, l’Orchestre du met en vedette des artistes de réputation internationale, tels que notre artiste en résidence James Ehnes, Angela Hewitt, Joshua Bell, Xian Zhang, Gabriela Montero, Stewart Goodyear, Jan Lisiecki et le premier chef invité John Storgårds. L’ensemble se distingue à l’échelle du monde pour son approche accessible, inclusive et collaborative. Par le langage universel de la musique et des expériences musicales communes, il communique des émotions profondes et nous rapproche les uns des autres.
Saluée par la CBC comme l’une des 30 meilleures artistes classiques de moins de 30 ans en 2019, la chef d’orchestre Naomi Woo est l’assistante chef d’orchestre de l’Orchestre symphonique de Winnipeg et la toute première directrice musicale de Sistema Winnipeg. Née à Terre-Neuve et élevée à North Vancouver, Naomi dirige des orchestres aux quatre coins du Canada et est reconnue pour son travail d’artiste et de formatrice engagée ainsi que pour ses collaborations avec l’Orchestre du CNA, l’Orchestre symphonique de Kitchener-Waterloo, l’Orchestre symphonique de Regina et l’Orchestre symphonique de Saskatoon. Grande ambassadrice de l’opéra et de la nouvelle musique, Naomi dirigera la première canadienne de Angel’s Bone (avec le re:Naissance Opera) de la compositrice Du Yun, qui a remporté un prix Pulitzer pour cette œuvre, et la première internationale de The Night Falls de Ellis Ludwig-Leone (avec le BalletCollective et l’American Opera Project). Elle est diplômée de Yale, de l’Université de Montréal et de Cambridge.