≈ 2 heures · Avec entracte
Dernière mise à jour: 23 janvier 2020
L’Orchestre Métropolitain a fait ses débuts au CNA en 2010 dans la Symphonie no 8, dite « des Mille », de Mahler; il partageait alors la scène avec l’Orchestre du CNA. Il s’est produit à nouveau avec cet ensemble en 2013, cette fois dans des œuvres de Strauss, et a présenté son propre concert à la Salle Southam deux ans plus tard, interprétant des pièces d’Elgar, Tchaïkovsky et Strauss. Toutes ces prestations ont été dirigées par Yannick Nézet‑Séguin.
I. Prologue : Allegretto
II. L’Invasion : Vivace
III.L’Occupation : Adagio
IV. Liberté : Andante
Jacques Hétu compte parmi les compositeurs québécois les plus joués, au Canada comme à l’étranger. Né à Trois-Rivières, il a étudié la composition au Conservatoire de musique de Montréal avec Clermont Pépin, puis à Paris auprès d’Henri Dutilleux et Olivier Messiaen. Le style de Jacques Hétu constitue un heureux mélange de formes classiques, de sensibilité romantique et de langages musicaux modernes. Ses œuvres sont solidement charpentées et souvent très lyriques. Elles dégagent généralement beaucoup de force et ses orchestrations sont particulièrement colorées et chatoyantes. Hétu a composé près de 80 œuvres dans tous les genres classiques, y compris la musique de chambre, la musique symphonique et la musique vocale.
La création de la Symphonie no 5 de Jacques Hétu par l’Orchestre symphonique de Toronto, qui lui en avait passé la commande, a eu lieu au Festival New Creations en février 2010, sous la direction de Peter Oundjian. Le compositeur décrit sa cinquième symphonie en ces mots :
I. Prologue (Paris avant la Deuxième Guerre mondiale). La ville se réveille lentement et se déploie peu à peu comme un immense carrousel. Bruitages d’enfants, murmures de la foule, joyeux cortèges et rumeurs de fête foraine qui se rapprochent, s’entrecroisent puis s’estompent.
II. L’invasion (La guerre). Musique haletante, trépidante, violente et dramatique. Le motif des vents à l’unisson, constamment brodé par les cordes, monte et aboutit à une âpre polyphonie où se bousculent les différents groupes de l’orchestre. La brève section plus calme de ce scherzo est une plainte qui sera développée dans le mouvement suivant. Puis, retour abrégé de la section initiale.
III. L’occupation (L’occupation allemande). Sorte de marche funèbre. Suppliante, la musique se déploie lentement, puis se heurte à un cri angoissant formé d’un énorme tutti déployant les harmoniques de la fondamentale do. Puis, les cordes à l’unisson mènent à l’énoncé d’un motif expressif qui sera l’objet de développements successifs en accelerando. Un épisode plus serein se fait entendre des bois avant le retour abrégé de la marche du début. Une dernière métamorphose des cuivres mène à la coda qui amplifie le cri d’angoisse.
IV. Liberté (L’espoir de la libération). Le poème Liberté de Paul Éluard fut largué par les avions de la Royal Air Force en milliers de tracts sur la France occupée en 1942. Le poème revendique la volonté d’écrire le mot « liberté » sur tous les supports possibles dans le monde et de couvrir tous les domaines d’une vie. Ce poème incantatoire, qui est un hymne à tous les moments de la vie, possède toujours un écho universel.
Musicalement, chaque strophe est traitée à la manière d’un court tableau dramatique, la couleur orchestrale et le traitement vocal variant d’une strophe à l’autre. Le dernier vers de chaque strophe, « J’écris ton nom », forme un leitmotiv.
Une première grande section englobe les strophes sur la réminiscence de l’enfance (« cahiers d’écolier », « images dorées ») et la communion avec la nature (« bouffée d’aurore », « sueurs de l’orage »).
Amorcée par le chœur a cappella, la seconde section, plus intimiste, évoque d’abord la douceur de la nuit (« Sur la lampe qui s’allume »), la tendresse, la sensualité (« toute chair accordée ») et l’espoir, puis glisse vers le découragement (« refuges détruits », « marches de la mort »).
La dernière section, vigoureuse (« Sur la santé revenue », « par le pouvoir d’un mot »), fait éclater le mot « liberté » dans un caractère de marche victorieuse.
Note de programme de Claude Ricignuolo
Wolfgang Amadeus Mozart (1756–1791)
Grande Messe en do mineur : Création à Salzbourg le 26 octobre 1783.
Le catalogue de Mozart comprend une importante proportion d’œuvres de musique sacrée, parmi lesquelles non moins de 18 messes. La plupart d’entre elles ont été écrites alors que le compositeur était au service du prince-archevêque de Salzbourg, Hieronymus von Colloredo (1732–1812).
Après son installation définitive à Vienne en 1781, Mozart n’écrira plus que deux messes : la Grande Messe en do mineur (1782) et le Requiem (1791). Toutes deux durent environ une heure et sont inachevées. Contrairement au Requiem qui résulte d’une commande, la Grande Messe est une œuvre votive : Mozart avait en effet promis de l’écrire s’il obtenait la guérison de sa future femme, Constance Weber, alors gravement malade. Finalement, l’œuvre demeurera incomplète : il manque plus de la moitié du Credo ainsi que l’Agnus Dei. La Grande Messe sera tout de même créée à Salzbourg dans une version probablement complétée par des extraits de messes antérieures, lors d’un voyage que Mozart et Constance ont effectué peu après leur mariage.
Considérée comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de Mozart, la Grande Messe en do mineur préfigure le Requiem par son caractère dramatique et aussi par sa grande richesse contrapuntique, qui témoigne de la vénération de Mozart pour la musique de Bach.
– Note de programme de Claude Ricignuolo
Yannick Nézet-Séguin est le directeur musical et artistique de l’Orchestre de Philadelphie depuis 12 saisons. Leader inspiré, il est doté d’un esprit ouvert et audacieux, développant le puissant « Philadelphia Sound » de manière inédite. Son style de collaboration, sa profonde curiosité musicale et son enthousiasme débordant ont été salués par la critique et le public. Le New York Times l’a qualifié de « phénoménal », ajoutant que « l’ensemble, célèbre pour ses cordes éclatantes et sa riche homogénéité, n’a jamais sonné aussi bien ».
Le chef d’orchestre s’est imposé comme un leader musical du plus haut niveau, et l’un des talents les plus fascinants et recherchés de sa génération. En 2018, il devient le troisième directeur musical du Metropolitan Opera de New York. De plus, il est le directeur artistique et principal chef d’orchestre de l’Orchestre Métropolitain de Montréal depuis 2000. En 2017, il devient membre honoraire de l’Orchestre de chambre d’Europe. Il œuvre comme directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam (dont il est maintenant chef d’orchestre honoraire) de 2008 à 2018 et, de 2008 à 2014, il est premier chef invité de l’Orchestre philharmonique de Londres. Il compte à son actif des prestations triomphales avec les ensembles les plus renommés et bon nombre des plus prestigieux opéras du monde.
Yannick Nézet-Séguin a fait montre d’un profond engagement à élargir le répertoire en embrassant un groupe toujours plus vaste et diversifié de compositrices et compositeurs actuels ainsi que des œuvres méconnues du passé. En 2018, il a signé un contrat d’enregistrement exclusif avec Deutsche Grammophon. Sous sa direction, l’Orchestre de Philadelphie a renoué avec les enregistrements en publiant 13 albums couronnés de succès sous cette étiquette, dont les Symphonies nos 1 et 3 de Florence Price, récompensées par le prix Grammy de la « meilleure prestation orchestrale » en 2022.
Né à Montréal, le chef d’orchestre a étudié le piano, la direction d’orchestre, la composition et la musique de chambre au Conservatoire de musique du Québec à Montréal, avant d’aller se perfectionner auprès du célèbre chef d’orchestre Carlo Maria Giulini; il a aussi étudié la direction chorale sous la houlette de Joseph Flummerfelt au Westminster Choir College. Lauréat de nombreux prix et récompenses, il a été nommé Compagnon de l’Ordre du Canada, Compagnon de l’Ordre des arts et des lettres du Québec, Officier de l’Ordre national du Québec, Officier de l’Ordre de Montréal, Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres de France, « artiste de l’année » de Musical America en 2016, « chef d’orchestre de l’année » Echo Klassik en 2014, en plus de recevoir les prix de la Société philharmonique royale de Londres, du Centre national des Arts, Denise-Pelletier et Oskar Morawetz, et des doctorats honorifiques de l’Université du Québec à Montréal, de l’Institut Curtis à Philadelphie, du Westminster Choir College de l’Université de Rider, de l’Université McGill à Montréal, de l’Université de Montréal, de l’Université de Pennsylvanie, de l’Université Laval à Québec et de l’Université Drexel.
Pour lire la biographie complète de Yannick Nézet-Séguin, consultez la page philorch.org/conductor(en anglais seulement).
Le baryton-basse franco-canadien Philippe Sly s’est forgé une réputation internationale grâce à son « ton époustouflant et magnifique » et à sa « présence scénique captivante » (San Francisco Chronicle). Lauréat du prestigieux Concours Musical International de Montréal, il a aussi remporté les Auditions du Conseil National du Metropolitan Opera et le prix du concert de l’année dans la catégorie musique classique, romantique, postromantique et impressionniste lors de la 16e édition du Gala des prix Opus.
À la saison 2022–23, Philippe Sly fera ses débuts à l’Opernhaus Zürich avec Lakmé (Nilakantha) et au Bayeriche Staatsoper avec Semele (Cadmus). Il retournera également au Wiener Staatsoper avec Don Giovanni (Leporello). Côté concert, il chantera aux côtés de l’Orchestre Philharmonique de New York dans Passion selon Saint Matthieu et aux côtés du Centre national des Arts (Canada) dans le Requiem de Mozart.
La saison dernière, il a joué pour la première fois avec l’Opéra de Québec dans Don Giovanni (rôle principal) et au Matsumoto Festival dans Le nozze di Figaro, avant de revenir au Wiener Staatsoper pour chanter dans Le nozze di Figaro (rôle principal) et Don Giovanni (Leporello). Côté concert, il est apparu dans Passion selon Saint Matthieu, avec l’Orchestra of St. Luke’s, et dans Passion selon saint Jean et le Requiem (Mozart), avec Les Violons du Roy. En 2020–21, il a fait ses débuts au Wiener Staatsoper, avec Le nozze di Figaro, et est revenu à l’Orchestre Métropolitain et aux Violons du Roy pour leurs galas annuels.
Récemment, il a fait la première mondiale d’Into Oblivion de Harry Stafylakis avec l’Orchestre symphonique de Winnipeg et chanté le Requiem de Mozart avec l’Orchestre symphonique de Vancouver; l’Oratorio de Noël de Bach avec l’Orchestre symphonique de Montréal, sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, et avec le Gulbenkian Orchestra (Portugal); Le Messie de Haendel avec la University Musical Society; et la Messe en do mineur de Mozart avec le Centre national des Arts (Canada) et la Maison symphonique de Montréal. De plus, il est retourné à l’Opéra de Paris (Garnier) pour Don Giovanni et Così fan tutte ainsi que pour Winterreise de Schubert avec le Chimera Project.
Ses enregistrements solos sont disponibles chez Analekta.
Depuis sa fondation en 1981, l’Orchestre Métropolitain de Montréal (OM) a pour mission de communiquer sa passion pour la musique symphonique et de la mettre à la portée de tous. Fort de sa relation privilégiée avec le public, de la qualité de ses concerts et de ses enregistrements, l’OM a su faire sa marque pour devenir un ambassadeur majeur du Québec et se forger une réputation des plus enviables sur la scène internationale. À la barre de l’Orchestre à titre de directeur artistique et chef principal depuis 20 ans, Yannick Nézet-Séguin a noué un lien hors du commun avec ses musiciens. En septembre 2019, l’OM a annoncé le renouvellement à vie de son contrat, un engagement rarissime entre un orchestre et un chef.
Lauréat de nombreux prix nationaux, l’Orchestre Métropolitain doit notamment sa renommée internationale à sa vingtaine d’enregistrements sous ATMA Classique, une étiquette canadienne. Son cycle des symphonies de Bruckner, dont l’intégrale est parue au printemps 2018, démontre tant l’audace que l’excellence de l’Orchestre. Une collaboration avec la célèbre étiquette Deutsche Grammophon a débuté en 2017, d’abord en compagnie du ténor Rolando Villazón et du chanteur d’opéra (basse) Ildar Abdrazakov (Duets), puis pour un album solo avec ce dernier (Verdi).
Dans la foulée du succès de sa tournée européenne de 2017, l’OM réalise, en novembre 2019, une première tournée américaine à Chicago, Ann Arbor, New York et Philadelphie, accompagné de son chef et de l’une des artistes lyriques les plus acclamées au monde, la mezzo-soprano Joyce DiDonato.
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre