avec l'Orchestre du CNA

2020-03-25 20:00 2020-03-26 22:00 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : Kawasaki joue Koprowski

https://nac-cna.ca/fr/event/21699

Hommage à la tradition et honneur à la nouveauté, cette soirée commence par l’exaltante Symphonie no 100 de Haydn, surnommée « Militaire » en raison de ses fanfares exubérantes qui évoquent des parades fastueuses et hautes en couleur. L’Orchestre du CNA a commandé un Concerto pour violon à Peter Paul Koprowski à l’intention de son éminent violon solo Yosuke Kawasaki,...

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Salle Southam ,1 rue Elgin,Ottawa,Canada
25 - 26 mar 2020
25 - 26 mar 2020

≈ 2 heures · Avec entracte

Dernière mise à jour: 10 mars 2020

Réflexion

Le Concerto pour violon de Peter Paul Koprowski est formé de quatre mouvements ayant pour titres Ballade, Caprice, Berceuse et Burlesque. J’aime ces titres si différents de ceux des compositions classiques indiquant habituellement le tempo, comme Allegro (tempo rapide) ou Adagio (tempo lent); des titres un peu plus descriptifs, tel Allegro con spirito (rapide avec esprit) ou Adagio mesto (lent et triste), nous donnent parfois un aperçu du caractère du mouvement. Ici, pas de débat. Il y a quelque chose de rassurant dans le fait de savoir que j’interprète une berceuse, par exemple, ce que la partition rend bien. Par ailleurs, on perçoit nettement l’alternance des mouvements lents et rapides dans ces titres. Entre la Berceuse et le Burlesque, Peter Paul a ajouté une brève cadence plusieurs mois après avoir achevé son concerto, « parce que c’est ce qu’il demandait », dit-il.

Quand j’interprète ce concerto, je sens qu’il est à la fois superbement lyrique et doux-amer. Les auditeurs qui m’ont déjà vu en concert ont peut-être l’impression que je suis toujours enthousiaste et passionné parce que je suis très expressif (il m’arrive de me lever en jouant), mais, en fait, je peux plus facilement exprimer la tristesse que le bonheur en musique. Je ne sais pas si Peter Paul a eu cette impression il y a des années, mais je dirais que ce concerto « molto simpatico » et moi ne formons qu’un!

En 1972, Mario Bernardi était à la tête de l’Orchestre du CNA pour la première prestation que l’ensemble a donnée de la Symphonie dite « Militaire » de Haydn. Sa plus récente interprétation a eu lieu en 2012, cette fois sous la direction de José Luis Gomez.

C’est la première fois que l’Orchestre du CNA interprète la Symphonie no 2 de Carl Nielsen.

Répertoire

JOSEPH HAYDN

Symphonie no 100 en sol majeur, « Militaire »

Rohrau (Autriche), 31 mars 1732
Vienne, 31 mai 1809

Quand la Symphonie no 100 de Haydn – d’abord baptisée « nouvelle Grande Ouverture » par les Anglais – a été créée aux Hanover-Square Rooms de Londres, le 31 mars 1794 (jour du 62e anniversaire de naissance de Haydn), elle a aussitôt récolté un succès gigantesque. L’œuvre n’a pas tardé à s’imposer dans toute l’Europe comme la symphonie la plus prisée de Haydn, une popularité qui allait se maintenir pendant de nombreuses années. Elle a même rejoint le Nouveau Monde dès 1825, alors qu’elle a été jouée à Boston.

Le sous-titre, « Militaire », n’est pas de Haydn. Peu après sa création, l’œuvre a acquis ce sobriquet fort à-propos comme un abrégé de « la symphonie au mouvement militaire » (le second). En fait, les influences militaires sont perceptibles tout au long de cette symphonie.

L’introduction lente comporte plusieurs passages solennels écrits pour le plus militaire des instruments, le tambour (en fait, les timbales), en évidence tout au long du mouvement. Les deux thèmes principaux de la section Allegro ont des accents militaires, le premier (flûte, deux hautbois) évoquant avec humour de petits soldats de plomb, le second (violons) si plein de hardiesse et d’assurance que Johann Strauss père s’en est inspiré pour sa Marche de Radetzky en 1848.

Au traditionnel mouvement lent, le compositeur a substitué un allegretto (d’allure modérée) composé d’un thème et de variations sur ce qui ressemble à un air folklorique. En réalité, ce thème est bien de Haydn, et ce n’est que plus tard qu’il a servi de base à une chanson populaire. À l’époque, on s’attendait généralement à ce que les trompettes et les tambours restent cois pendant le deuxième mouvement d’une symphonie. Mais le compositeur, qui se plaisait à surprendre ses auditeurs, conserve ici non seulement ces instruments, mais y ajoute des éléments « turcs » : une grosse caisse, des cymbales et un triangle (avec une paire de clarinettes). La coda s’amorce sur une stridente sonnerie de clairon, un instrument vraisemblablement utilisé par l’armée autrichienne.

Le menuet, énergique et sans fioritures, comporte un gracieux trio central. Même ici, l’élément militaire est présent sous la forme d’un motif rythmique martelé par l’orchestre entier dirigé par les trompettes et les tambours.

L’exubérant finale, l’un des plus substantiels qu’ait composé Haydn (334 mesures), recèle son lot de surprises, d’énigmes et de plaisanteries musicales. La section des percussions revient au grand complet, et la symphonie s’achève sur une splendeur sonore telle que Haydn n’en a jamais tiré de plus puissante d’un orchestre.

– Traduit d’après Robert Markow

Peter Paul Koprowski

Concerto pour violon

Łódź, Pologne, 24 août 1947
Vit actuellement à London, Ontario

Peter Paul Koprowski a amorcé sa formation musicale à Cracovie, avant d’étudier à Paris auprès de Nadia Boulanger, puis en Angleterre et finalement à l’Université de Toronto. Il a été naturalisé canadien en 1976. Collectionnant les prix depuis l’adolescence, il a notamment obtenu le prestigieux prix Jules-Léger (en 1989 et en 1994) et le prix national Jean A. Chalmers de musique (1997); en 2005, il a reçu la croix de chevalier de l’ordre Polonia Restituta, plus haute distinction civile décernée par son pays natal. Il a l’an dernier mis fin à sa carrière de professeur de composition à l’Université Western (London, Ontario).

L’abondante production de Koprowski comporte plus de cinquante œuvres de commande pour des ensembles comme l’Orchestre symphonique de Montréal, l’Orchestre philharmonique d’Oslo, l’Orchestre de chambre de Pologne, l’Esprit Orchestra (Toronto), le quintette à vents de l’Orchestre philharmonique de Berlin et l’Orchestre du Centre national des Arts, lequel interprète sa musique depuis 1982. Parmi ces compositions, notons In Memoriam Karol Szymanowski, Epitaph for Strings, Sweet Baroque, Songs of Forever, Sinfonia Mystica, Sinfonia Concertante, Ancestral Voices, Intermezzo et Capriccio.

Koprowski a composé trois œuvres de commande pour l'Orchestre du CNA – Podhale; un concerto de chambre pour contrebasse solo, timbales, percussions et cordes; et un concerto pour violon – dans le cadre du Prix de composition du CNA.

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Concerto pour violon

Première mondiale : 25 mars 2020 | Commande du CNA

La plus récente œuvre de Peter Paul Koprowsi écrite pour l’Orchestre du CNA est son Concerto pour violon, dont l’exécution dure 22 minutes. Koprowski décrit cette pièce, composée expressément pour le soliste, Yosuke Kawasaki, comme « de la musique tonale assumée, mélodieuse et remplie de contrastes ».

« Le premier mouvement », écrit-il, est poétique et lyrique sur un tempo modéré. Il s’ouvre sur un solo de clarinette accompagné du son délicat d’un carillon en verre. Divers instruments de l’orchestre se joignent au violon solo dans des configurations de chambre. Vers le milieu de cette Ballade survient soudain un bref épisode plutôt agressif, confié aux cuivres, débouchant sur une musique lyrique qui se déploie lentement dans une atmosphère poétique.

Le deuxième mouvement est enchaîné sans pause et introduit un brusque contraste dans la musique. Il est rapide, haletant et exigeant pour le soliste.

Le troisième mouvement s’amorce avec un bref énoncé des vents, construit à partir du solo de clarinette qui constituait les premières mesures de la composition. Malgré sa lenteur et son rythme constant, il apporte à l’œuvre une touche humoristique. La musique est quelque peu relâchée, après le tumulte du Caprice.

Sans pause, le mouvement se résout dans une cadence, suivie du mouvement final. Enjoué, tour à tour agressif et rempli d’humour et de vigueur, ce Burlesque résume l’ensemble de la composition et l’amène à sa dynamique conclusion. »

– Traduit d’après Robert Markow

Carl Nielsen

Symphonie no 2,op. 16 « Les quatre tempéraments »

I. Allegro collerico
II. Allegro comodo e flemmatico
III. Andante malincolico
IV. Allegro sanguineo

Carl Nielsen (1865-1931) est la personnalité musicale la plus célèbre du Danemark et l’un des compositeurs les plus marquants de sa génération; il a aussi œuvré comme chef d’orchestre et violoniste. Sa musique, bien qu’elle soit souvent basée sur les formes et procédés traditionnels de la musique savante occidentale, présente un style d’écriture très personnel qui ne suit ni ne se conforme à une école particulière ou aux courants dominants de son temps. Parmi ses œuvres les plus connues aujourd’hui figurent ses six symphonies, qui témoignent de son approche audacieuse et inventive du genre.

Nielsen a entamé l’écriture de sa deuxième symphonie en 1901, l’année où il a commencé à recevoir une modeste allocation de l’État pour lui permettre de composer tout en conservant son poste de violoniste à l’Orchestre du Théâtre royal de Copenhague. Il a achevé l’œuvre à la fin du mois de novembre 1902 et en a dirigé la création le 1er décembre suivant. Peu après la création de la symphonie, son ami Henrik Knudsen en a fait un arrangement pour deux pianos, que Nielson et Knudsen ont apporté à Berlin pour le jouer devant Ferruccio Busoni, le célèbre pianiste et compositeur italien. Impressionné, Busoni a ensuite programmé la symphonie dans l’une de ses « soirées orchestrales pour des œuvres nouvelles et rarement exécutées », le 5 novembre 1903; en remerciement, Nielsen lui a dédié l’œuvre. La Deuxième symphonie a d’abord reçu un accueil plutôt tiède de la critique et du public, mais dès la troisième décennie du XXe siècle, elle a gagné en popularité et est devenue, depuis, l’une des œuvres les plus appréciées du répertoire orchestral.

En 1931, Nielsen a rédigé une note de programme étoffée sur la Deuxième symphonie, dans laquelle il évoque la genèse de l’œuvre. De passage dans un pub de village en Zélande, il est tombé sur « un tableau des plus comiques » représentant les quatre tempéraments humains fondamentaux, dérivés du concept grec ancien des « humeurs » – colérique (impétueux, irascible), flegmatique (paresseux, décontracté), mélancolique et sanguin (enjoué, naïf). Il a été tellement séduit par cette image qu’il s’en est inspiré pour créer une symphonie sur le sujet, chaque mouvement brossant le « portrait » musical d’un tempérament. Il y est puissamment parvenu en utilisant des mélodies et des motifs distinctifs, ainsi que des procédés harmoniques novateurs, pour caractériser chaque type de personnalité. Il développe aussi ces éléments à travers différentes ambiances pour signifier, plus réalistement, que personne n’est uniquement d’un tempérament à l’exclusion des autres. « L’homme impétueux peut avoir ses moments de douceur, l’homme mélancolique ses moments d’impétuosité ou de gaieté, et l’homme tapageur et joyeux peut devenir un peu contemplatif, voire tout à fait sérieux – mais seulement pour un petit moment, précise-t-il. L’homme paresseux et indolent, quant à lui, ne sort que très difficilement de son état flegmatique, de sorte que ce mouvement est à la fois bref (il ne peut pas en faire plus) et uniforme dans son déroulement. »

Le premier mouvement explore toutes les facettes du tempérament colérique, de la rage impulsive à la juste indignation et à la noble passion. Après une première flambée orchestrale, le premier thème est introduit avec une furieuse énergie. Pendant un moment, la tempête s’apaise tandis que la clarinette égrène une mélodie délicate, mais celle-ci s’élève bientôt en une glorieuse éruption. Elle s’évanouit ensuite, menant à un épisode apaisé, avec un deuxième thème expressif entonné d’abord par le hautbois. Cependant, la sérénité est bientôt troublée par des « figures violemment changeantes et des saccades rythmiques » (selon Nielsen lui-même) qui s’intensifient jusqu’à une série d’accords brusques. Après une pause, le second thème revient, cette fois développé en un chant majestueux (l’aspect noble du type colérique). Dans la section de développement qui suit, amorcée par un crescendo de coups de timbales, toujours selon Nielsen, « le matériau susmentionné est travaillé, tantôt de manière sauvage et impétueuse, comme quelqu’un qui s’oublie presque, tantôt dans une humeur plus douce, comme quelqu’un qui regrette son irascibilité ». Néanmoins, le tempérament colérique ne tarde pas à se manifester à nouveau – on remarquera la reprise variée des thèmes principaux, le second atteignant cette fois un point culminant quelque peu angoissant. À partir de là, un passage dans lequel la musique s’intensifie avec insistance est exécuté par les bois et les cuivres, se combinant à des sauts agressifs aux cordes, puis se change en une furia qui s’accélère dans la coda, amenant le mouvement à sa féroce conclusion.

Contrastant de façon saisissante, le deuxième mouvement s’ouvre sur une musique placide qui dépeint sans équivoque le tempérament flegmatique. Dans sa note de programme, Nielsen imaginait un jeune homme dont « le véritable penchant était de s’allonger là où les oiseaux chantent, où les poissons se faufilent dans l’eau sans bruit, où le soleil réchauffe et où le vent caresse doucement la chevelure. […] Son expression était plutôt joyeuse, mais sans autosatisfaction, plutôt avec un soupçon de douce mélancolie qui donnait envie d’être bon pour lui », comme le suggèrent les motifs qui se balancent doucement et les phrases fluides, teintées de poignantes notes chromatiques. Plus loin, l’état d’inertie de l’homme est évoqué par des notes répétées qui semblent n’aller nulle part. Son état idyllique est brusquement perturbé par un grand coup de timbales, mais « en un instant, tout est redevenu calme ». Avec le retour de la musique d’ouverture, le jeune homme a repris son farniente et se laisse aller à la dérive sans se soucier du monde.

Le troisième mouvement dépeint une personne accablée de mélancolie. Après une descente introductive, les premiers violons entonnent le thème principal plaintif avec sa tierce ascendante caractéristique (comme une supplication, « pourquoi moi? »), qui, comme le décrit Nielsen, est « aspiré vers un puissant cri de douleur ». Le hautbois expose ensuite « un motif plaintif et gémissant » qui se développe progressivement à mesure qu’il est repris par d’autres instruments, pour atteindre un point culminant de sanglots orchestraux déchirants. Une transition combinant le motif ascendant et les gémissements débouche sur un « épisode plus calme et résigné » où les vents et les cordes alternent sur des phrases fluides. Les vents poursuivent avec un long passage imitatif, dans lequel leurs parties s’entremêlent « comme les mailles d’un filet », avant de s’interrompre, vaincus. La complainte revient avec une intensité renouvelée; les geignements qui s’ensuivent, maintenant aux violons, s’élèvent jusqu’à une explosion angoissée qui est répétée un cran plus bas, suivie d’une série d’harmonies détachées sur l’ensemble de l’orchestre. Le calme s’établit et le mouvement s’achève sur une note d’optimisme.

« Un homme qui fonce sans réfléchir en croyant que le monde entier lui appartient, que des alouettes vont lui tomber toutes rôties dans le bec sans qu’il ait rien à faire », voilà comment Nielsen caractérise le tempérament sanguin du mouvement final. Le mouvement s’amorce sur un thème robuste aux flûtes, clarinettes et violons, qui progresse joyeusement, puis s’entête avec témérité aux cuivres et aux cordes graves, tandis que les violons exécutent des passages précipités. Au cœur de cet exubérant chaos, quelque chose semble effrayer l’homme, « et il halète d’un seul coup en syncopes brutales ». Peu à peu, il se rétablit – un air joyeux avec des « geignements » chromatiques (une touche de mélancolie) est introduit par les premiers violons, d’abord timidement, puis gagne en énergie pour atteindre un point culminant d’autosatisfaction endiablée. L’ambiance initiale revient ensuite; le thème robuste se poursuit comme précédemment, mais cette fois, il semble que l’homme ait été « confronté à quelque chose de vraiment sérieux » – évoqué par les timbales grondantes qui alternent avec des accords orchestraux bruyants. Après une pause, le deuxième air réapparaît – non plus enjoué mais contemplatif, dans un tempo beaucoup plus lent – et se développe en un épisode contrapuntique pour les cordes. Bientôt, cependant, la musique s’illumine et l’orchestre se lance dans une marche entraînante – l’optimisme impudent de l’homme s’est transformé en une digne assurance – pour compléter cette vibrante image musicale des quatre tempéraments.

Note de programme par Hannah Chan-Hartley, Ph. D. (traduit de l’anglais)

Artistes

  • Chef d’orchestre John Storgårds
  • Violon Yosuke Kawasaki
  • Avec Orchestre du Centre national des Arts
  • Compositeur, Concerto pour violon* Peter Paul Koprowski

Alliance internationale des employés de scène et de théâtre