≈ 1 heure et 30 minutes · Sans entracte
Dernière mise à jour: 27 mai 2019
Je suis ravie de vous présenter cette œuvre magnifique qu’est le Concerto pour violon, « Concentric Paths » d’Adès. Je l’ai aimée dès que je l’ai entendue. J’ai tout de suite été impressionnée par les couleurs et les textures, par les divines sonorités que le violon et l’orchestre proposent, par les allusions à la musique baroque alliées, ici, à une musique résolument contemporaine. À mes yeux, cette composition est l’une des plus mémorables de la musique des XXe et XXIe siècles écrites jusqu’à maintenant. J’espère sincèrement que cette œuvre saura vous émouvoir et vous transporter.
L’Orchestre du CNA joue pour la première fois, dans le cadre de ce programme, Woman of the Apocalypse de James MacMillan.
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C’est la deuxième fois que l’Orchestre du CNA interprète le Concerto pour violon de Thomas Adès; la première fois, en 2011, Hannu Lintu était à la barre de l’ensemble et Leila Josefowicz se joignait à eux comme soliste. Elle reprend ce rôle ce soir.
Kilwinning, Ayrshire (Écosse), 16 juillet 1959
Vit maintenant dans l’Ayrshire
James MacMillan s’est signalé sur la scène internationale en 1990 avec la création de son poème symphonique The Confession of Isobel Gowdie, qui est devenu l’une de ses œuvres les plus jouées. Depuis, il a composé trois concertos pour piano, deux concertos pour percussions, un concerto pour violoncelle à l’intention de Mstislav Rostropovich, une sonate pour violoncelle destinée à Julian Lloyd Webber, quatre symphonies, deux opéras, et un grand nombre d’œuvres à vocation liturgique, ou d’inspiration religieuse ou spirituelle. Parmi ces œuvres, on peut citer Veni, Veni Emmanuel (une autre de ses œuvres les plus jouées), les « messes » – Mass, St. Anne’s Mass, Galloway Mass – le Magnificat, la St. John Passion, les Seven Last Words from the Cross, O Bone Jesu et The Sacrifice. Outre ces aspects de la fervente foi catholique du compositeur (qui est un dominicain), sa musique se distingue par ses allusions au folklore écossais, et par ses éléments rythmiques et structurels puisés à des sources non européennes. Elle est souvent empreinte, aussi, d’une sensualité affichée. MacMillan a été nommé commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique (CBE) en 2004, et Knight Bachelor en 2015.
Woman of the Apocalypse lui a été commandée en 2012 pour le Festival Cabrillo de Santa Cruz, en Californie. Le directeur du festival, Marin Alsop, l’a créée à la tête de l’orchestre du festival le 4 août de la même année. L’œuvre d’une demi-heure s’articule en cinq sections enchaînées dans un seul mouvement. Le compositeur la décrit comme « une sorte de poème symphonique ou de concerto pour orchestre ». Chaque section évoque un aspect du titre, lequel prend sa source dans le chapitre 12 de l’Apocalypse, dans lequel est dépeinte « une femme enveloppée de soleil, avec la lune sous les pieds » dont l’apparition prélude au combat ultime entre le bien et le mal. La partition exige un effectif important et comporte des instruments aussi inusités, dans la section des percussions, qu’un rugissement, des cloches à vache, une barre de métal et un tuyau métallique. On a pu lire dans le Mercury News de San Jose que cette musique « donne l’impression d’entendre l’épanchement des larmes cosmiques et la puissance dévastatrice du dragon qui assaille la “femme de l’Apocalypse”. »
Le compositeur lui-même décrit les différentes sections en ces termes :
1. A Woman Clothed by the Sun (« Une femme enveloppée de soleil ») – Les sujets principaux sont exposés, dont un motif descendant exécuté par le piano, la harpe et les percussions, avant que la trame narrative du mouvement ne soit propulsée par des développements dialogués dominés par les trombones, puis les cors et enfin les trompettes, à mesure que la musique progresse à travers des modulations de la mesure. Le motif descendant réapparaît, inversé, avant de déboucher sur…
2. The Great Battle (« Le grand combat ») – Des grondements se font entendre dans le registre grave des cuivres, mais la trame principale de cette section est menée par les altos et le cor anglais. Un long enchaînement de déclamations du chœur des cuivres mène ensuite à…
3. She is Given the Wings of a Great Eagle (« Elle reçoit les ailes d’un grand aigle ») – Ici, la musique s’élance et plane, interrompue par moments par l’un des principaux fragments du matériau d’ouverture, avant de culminer en un violent déferlement des cordes et des percussions.
4 . She is Taken Up (« Elle est emportée ») – Cette section se compose principalement d’une série de fanfares et d’une écriture soliste extatique pour le quatuor à cordes. Le violent déferlement revient avant la section finale.
5. Coronation (« Couronnement ») – On débute avec les violons dans un registre très aigu et le retour partiel de la musique déclamatoire pour les cuivres, cette fois sous l’aspect d’une procession lente, solennelle, rituelle. Les cordes descendent graduellement vers leur registre le plus grave, tandis que la musique s’achemine vers son implacable conclusion.
— Traduit d’après Robert Markow
Né à Londres le 1er mars 1971
Vit actuellement à Londres
« Une nouvelle étoile est née au firmament de la musique britannique […], un jeune talent prodigieux », écrivait Andrew Porter au sujet de Thomas Adès il y a quelques années; « un jeune prodige terriblement doué de la musique anglaise », a fait écho Alex Ross dans le New Yorker. Adès compose déjà des œuvres d’une grande maturité avant même d’avoir atteint la majorité. À 18 ans, il fait publier Five Eliot Landscapes (opus 1). Son premier opéra, Powder Her Face, connaît un énorme succès lors de sa première britannique en 1995, lequel se confirme sur le continent européen, aux États-Unis et en Australie. En 2000, Adès devient le plus jeune compositeur de tous les temps à remporter le prestigieux prix Grawemeyer, d’une valeur de 200 000 $, pour Asyla, une œuvre écrite alors qu’il n’avait que 26 ans. Pianiste exceptionnel et chef d’orchestre en demande, Adès a dirigé l’Orchestre symphonique de Boston et la soliste Kirill Gerstein pour la création de son concerto pour piano en mars dernier.
Commande conjointe du Festival de Berlin et de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, « Concentric Paths » a été composé en 2005. La première mondiale a été donnée à Berlin par l’Orchestre de chambre de l’Europe, avec le soliste Anthony Marwood et Thomas Adès lui-même au pupitre, le 4 septembre 2005.
« Adès semble avoir un sens infaillible du théâtre, écrit le musicologue Thomas May, doublé d’un talent inné pour donner à ses œuvres symphoniques abstraites des formes convaincantes. Ses partitions incorporent une pluralité d’impulsions qui tournent les unes autour des autres, tout en pointant simultanément dans des directions opposées : ce sont des forces à la fois centrifuges et centripètes. » « Concentric Paths » répond à cette définition et le compositeur le décrit ainsi :
« Les mouvements extérieurs ont une structure circulaire; le premier est rapide, avec des pans d’harmonie instable à orbites variables; le troisième est enjoué et caractérisé par des cycles stables évoluant en harmonie à différentes vitesses. Le mouvement lent est constitué de cycles indépendants, deux grands et une multitude de petits cycles qui se chevauchent et entrent en collision, parfois violemment, dans leur évolution vers la résolution. »
Si l’œuvre ne dure qu’une vingtaine de minutes, ses trois mouvements sont densément construits. Au début du concerto, l’orchestre et le soliste mêlent leurs voix dans une tapisserie tissée serrée. Le violon est presque continuellement sollicité et joue, la plupart du temps, dans son registre le plus aigu. Thomas May note que ce choix « prend peut-être sa source dans le timbre de colorature éthéré et tendu que le compositeur exige du soprano Ariel dans son opéra La Tempête. […] L’effet obtenu est une chute angoissante, au ralenti et en apesanteur. »
Le mouvement central, de loin le plus long, agit comme centre de gravité émotionnel. Il utilise la technique baroque de la chaconne, qui consiste à répéter une séquence initiale, tandis qu’une série de variations se superpose à ce motif. Ici, le climat est sombre, les couleurs orchestrales sont atténuées, le flux musical « progresse comme si la musique avançait de manière chancelante, à pas lourds », explique éloquemment le critique Paul Griffiths. Le soliste et l’orchestre s’efforcent de conserver leur identité propre alors que les écarts de registre sont souvent extrêmes.
Le troisième mouvement commence dans un climat menaçant qui se dissipe bientôt au profit d’une atmosphère joviale qui demeurera jusqu’à la fin du concerto. Cette fois encore, la partie soliste plane essentiellement à des hauteurs stratosphériques. Des rythmes très syncopés et des lignes mélodiques bien ciselées évoquent ce que Griffiths appelle une « machinerie rythmique », qui fait penser au mouvement analogue du Concerto no 2 de Prokofiev. L’œuvre s’achève soudainement, et de façon inattendue, comme si Adès avait malicieusement décidé d’interrompre la trame narrative à un moment critique.
— Traduit d’après Robert Markow
Joana Carneiro est une cheffe d’orchestre portugaise de renom. Elle est également la principale cheffe d’orchestre invitée du Real Filharmonía de Galicia et la directrice artistique du Estágio Gulbenkian para Orquestra depuis 2013. De 2014 à 2022, Joana Carneiro a été la première cheffe d’orchestre de l’Orquestra Sínfonica Portuguesa du Teatro de São Carlos à Lisbonne et de 2009 à 2018, elle a été directrice musicale de l’Orchestre symphonique de Berkeley.
Dans les salles de concert comme d’opéra, la musique contemporaine occupe une place importante dans le travail de Joana Carneiro et fait d’elle une artiste très sollicitée à travers le monde. Parmi ses engagements récents, mentionnons des prestations avec de grands orchestres internationaux, dont l’Orchestre symphonique de la BBC à Londres, l’Orchestre de chambre d’Écosse, l’Orchestre symphonique national (Irlande), l’Orchestre philharmonique royal de Stockholm et l’Orchestre de La Fenice en Europe. Outre-mer, elle s’est produite avec l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, l’Orchestre de Beijing et l’Orchestre national de São Paulo.
Parmi les faits saillants de sa saison 2023-2024, mentionnons des débuts avec l’Orchestre national Bordeaux-Aquitaine (France), le Musikkollegium Winterthur (Suisse), l’Orchestre national de la BBC au pays de Galles et l’Orchestre philharmonique de Brême (Allemagne). La cheffe d’orchestre renoue également avec l’Orchestre Gulbenkian à Lisbonne et l’Orchestre du Centre national des Arts à Ottawa.
Originaire de Lisbonne, Joana Carneiro prend ses premières leçons de musique en violon, avant de suivre des études en direction d’orchestre à l’Academia Nacional Superior de Orquestra dans la même ville, où elle a étudié auprès de Jean-Marc Burfin. Elle s’envole ensuite aux États-Unis pour se former en direction orchestrale auprès de Victor Yampolsky et de Mallory Thompson à l’Université Northwestern. Après sa maîtrise, elle entame un doctorat à l’Université du Michigan sous la houlette de Kenneth Kiesler.
En 2010, elle reçoit le prix Helen M. Thompson, remis par la League of American Orchestras qui honore les directrices musicales et directeurs musicaux extrêmement prometteurs. En 2004, le président de la République portugaise, M. Jorge Sampaio, lui remet l’insigne de Commandeur de l’ordre de l’Infant Dom Henrique.
Leila Josefowicz, violon
La passion avec laquelle Leila Josefowicz promeut la musique contemporaine pour violon se reflète dans ses programmes variés et son penchant pour l’interprétation de nouvelles œuvres. Elle a reçu en 2018 le Prix Avery-Fisher, en reconnaissance de ses réalisations exceptionnelles et de son excellence en musique, et remporté la prestigieuse bourse MacArthur en 2008, ce qui la place parmi les scientifiques, écrivains et musiciens éminents qui, chacun à leur manière, ont changé la face du monde contemporain.
Ses réalisations récentes comprennent l’ouverture de la saison de l’Orchestre symphonique de Londres aux côtés de Simon Rattle; son retour à l’Orchestre symphonique de San Francisco pour interpréter le concerto pour violon du nouveau directeur musical, Esa-Pekka Salonen; et des concerts aux côtés de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, de l’Orchestre symphonique de Chicago et des orchestres de Cleveland et de Philadelphie. Elle prévoit aussi un retour au sein de l’Orchestre symphonique de Cincinnati et de l’Orchestre Symphonique de Detroit.
Très appréciée des compositeurs d’aujourd’hui, Leila Josefowicz a joué en primeur de nombreux concertos, notamment ceux de Colin Matthews, Steven Mackey et Esa-Pekka Salonen, tous composés spécialement pour elle. Parmi ses premières récentes, mentionnons celle de Scheherazade.2 de John Adams, une symphonie dramatique pour violon et orchestre, qu’elle a interprétée en 2015 avec l’Orchestre philharmonique de New York et Alan Gilbert, et Duende – The Dark Notes de Luca Francesconi, qu’elle a jouée en 2014 avec l’Orchestre symphonique de la radio suédoise et Susanna Mälkki. Mme Josefowicz a collaboré étroitement avec feu Oliver Knussen, avec qui elle a joué plus de 30 concertos, dont son concerto pour violon.
Leila Josefowicz a publié plusieurs enregistrements, notamment sous les étiquettes Deutsche Grammophon, Philips/Universal et Warner Classics. On peut aussi l’entendre dans The Orchestra, la célèbre application pour iPad de TouchPress. Sur son dernier enregistrement, paru en 2019, elle interprète le concerto pour violon de Bernd Alois Zimmermann en compagnie de l’Orchestre symphonique de la radio finlandaise dirigé par Hannu Lintu. Par ailleurs, deux de ses enregistrements ont été mis en nomination aux Prix Grammy : celui de Sheherazade.2, interprété avec l’Orchestre symphonique de Saint-Louis sous la direction de David Robertson, et celui du concerto pour violon d’Esa-Pekka Salonen, interprété avec l’Orchestre symphonique de la radio finlandaise et dirigé par le compositeur lui-même.
Tobi Hunt McCoy poursuit sa collaboration saisonnière avec l’Orchestre du CNA à titre de régisseuse. Lors des saisons précédentes, elle a notamment été à la régie pour Le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn avec Christopher Plummer en 2001 et Colm Feore en 2014. Pour l’Orchestre symphonique d’Edmonton, elle a assuré avec Jack Everly la coproduction de La belle époque de la radio, un concert Pops de musique des années 1940 qu’ils avaient produit ensemble en 2007 pour l’Orchestre du CNA.
En 2018, McCoy a fait ses débuts de comédienne à la Salle Southam en jouant son propre rôle dans L’Orchestre de la planète X de la Magic Circle Mime Co. Comme régisseuse, elle a fait un peu de tout : aidé Suzanne et la comtesse à expliquer les subtilités de l’amour conjugal au comte et à Figaro dans Les Noces de Figaro; gardé les yeux ouverts (pour la première fois de sa vie) pendant la scène des singes volants dans le Magicien d’Oz; demandé (par erreur!) à Patrick Watson de montrer une pièce d’identité en coulisses; retenu son souffle devant les prouesses des acrobates du Cirque à Broadway; continué d’exercer son français de la Colombie-Britannique grâce aux conseils des choristes d’Ottawa et acclamé Luke et la princesse Leia avec Charlie Ross, Émilie Fournier et Erik Ochsner dans le cadre du concert Pops Star Wars.
Dans son temps libre, elle s’occupe du département d’arts, d’anglais, de théâtre et de techniques de documentation au Lisgar Collegiate Institute.
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre