≈ 2 heures · Avec entracte
Dernière mise à jour: 1 mars 2019
J’ai beaucoup réfléchi à la présentation idéale de ce Roméo et Juliette de Prokofiev en concert. Je suis au regret, presque gêné, d’avouer que les différentes suites réalisées par Prokofiev ne m’ont jamais convaincu. La Suite n° 1, que le compositeur voulait voir jouer de manière indépendante, se termine par la fameuse Mort de Tybalt... qui n’est pas pour moi une fin satisfaisante. La Suite n° 2 est certes plus cohérente, mais La Mort de Juliette n’y figure pas (elle fait partie de la Suite n°3). Comment ne pas finir avec elle, cependant? Tout cela pose problème.
Pour cette prestation, j’ai imaginé ma propre suite, que j’ai voulu avant tout narrative. Je l’ai appelée « Suite romantique », au sens premier de cet adjectif : « Qui touche la sensibilité et l’imagination, invite à l’émotion et à la rêverie, à l’expression des sentiments. »
Fondé en 1935 en tant qu’orchestre du service public (INR), l’Orchestre philharmonique de Bruxelles jouit d’une excellente réputation pour ses interprétations tant des grands classiques que de nouvelles compositions. Depuis 2015, le chef français Stéphane Denève en assure la direction musicale. Il a notamment mis en place une plateforme, le Centre for Future Orchestral Repertoire, qui rassemble des informations relatives à la musique symphonique du XXIe siècle.
L’Orchestre philharmonique de Bruxelles a su se faire une place sur la scène internationale et joue régulièrement dans les grandes capitales européennes. La représentation internationale assurée par IMG Touring se traduit par de nombreuses tournées en Europe, mais aussi au Japon, aux États-Unis et au Canada. Également spécialisé dans la musique de film, l’Orchestre a notamment enregistré la bande originale oscarisée du film The Artist, composée par Ludovic Bource (2011).
Les enregistrements de l’Orchestre philharmonique de Bruxelles (sous étiquettes Deutsche Grammophon, Palazzetto Bru Zane, Klara, Film Fest Gent, Brussels Philharmonic Recordings) sont fréquemment salués par la presse internationale et ont obtenu de nombreuses récompenses, telles Echo Klassik, Choc Classica de l’année et Diapason d’Or de l’année.
Otto Derolez violon solo
Premiers violons
Bart Lemmens, chef de pupitre
Sylvie Bagara
Olivia Bergeot
Annelies Broeckhoven
Stefan Claeys
Cristina Constantinescu
Justine Rigutto
Elizaveta Rybentseva
Anton Skakun
Philippe Tjampens
Alissa Vaitsner
Gillis Veldeman
Gudrun Vercampt
Seconds violons
Mari Hagiwara, chef de pupitre
Samuel Nemtanu, chef de pupitre
Pablo Ases Urenya
Ana Bajo Djurasevic
Eva Bobrowska
Aline Janeczek
Eléonore Malaboeuf
Karine Martens
Sayoko Mundy
Eline Pauwels
Veerle Van Roosbroeck
Francis Vanden Heede
Altos
Mihai Cocea, chef de pupitre
Griet François, soliste
Philippe Allard
Béatrice Derolez
Phung Ha
Hélène Koerver
Agnieszka Kosakowska
Maryna Lepiasevich
Stephan Uelpenich
Patricia Van Reusel
Violoncelles
Karel Steylaerts, chef de pupitre
Kristaps Bergs, chef de pupitre
Kirsten Andersen
Barbara Gerarts
Julius Himmler
Sophie Jomard
Emmanuel Tondus
Elke Wynants
Contrebasses
Jan Buysschaert, chef de pupitre
Helena Custers
Thomas Fiorini
Daniele Giampaolo
Simon Luce
Philippe Stepman
Flûtes
Wouter Van den Eynde, chef de pupitre
Lieve Schuermans, chef de pupitre associée
Jill Jeschek, piccolo, soliste
Hautbois
Joris Van den Hauwe, chef de pupitre
Maarten Wijnen
Lode Cartrysse, Cor anglais, soliste
Clarinettes
Danny Corstjens, chef de pupitre
Midori Mori, clarinette basse, soliste
Axel Carton
Bassons
Karsten Przybyl, chef de pupitre
Marceau Lefèvre, chef de pupitre
Alexander Kuksa
Jonas Coomans, contrebasson, soliste
Cors
Hans van der Zanden, chef de pupitre
Pierre Buizer
Mieke Ailliet, soliste
Luc Van den Hove
Trompettes
Ward Hoornaert, chef de pupitre
Rik Ghesquière
Luc Sirjacques
Juan Antonio Martinez, soliste
Trombones
David Rey, chef de pupitre
David Foeteler
Tim Van Medegael, trombone basse, soliste
Tuba
Jean Xhonneux, soliste
Saxophone
Wouter Versavel, soliste
Timbales
Gert François, chef de pupitre
Percussions
Gert D’haese, soliste
Titus Franken, soliste
Tom Pipeleers
Stijn Schoofs
Bart Swimberghe
Harpe
Eline Groslot, soliste
Piano, Célesta
Anastasia Goldberg, soliste
L’Orchestre philharmonique de Bruxelles se produit au Centre national des Arts pour la première fois.
L’Orchestre philharmonique de Bruxelles bénéficie de l’appui du gouvernement flamand.
La tournée 2019 de l’Orchestre philharmonique de Bruxelles en Amérique du Nord bénéficie de l’appui des organisations suivantes : BelCham New York, Brussels Airlines, Brussels International, Bruxelles Invest & Export, Consulat général de Belgique, Ambassade de Belgique, Flanders’ House New York, Flanders Investment & Trade, IMG Artists, Intercontinental Barclay Hotel, VISITFLANDERS.
Boulogne-Billancourt, près de Paris, 5 mai 1970
Réside actuellement à Paris
Guillaume Connesson compte parmi les compositeurs français les plus en vue de sa génération. Formé à Boulogne et au Conservatoire national de Paris, il étudie notamment la composition pendant six ans sous la houlette de Marcel Landowski. Il effectue des résidences auprès de l’Orchestre national des Pays de la Loire, de l’Orchestre national de Lyon, de l’Orchestre de Pau Pays de Béarn, et de l’Orchestre philharmonique des Pays-Bas. Parmi ses principales œuvres de commande pour orchestre, notons Aleph (2007), commande conjointe de l’Orchestre symphonique de Toronto et de deux autres ensembles. M. Connesson enseigne l’orchestration au Conservatoire à rayonnement régional d’Aubervilliers-La Courneuve.
Flammenschrift, c’est-à-dire « Lettre de feu », est une expression que Goethe utilise dans son Élégie de Marienbad. Le compositeur écrit à ce sujet : « J’ai souhaité composer un air de furie qui dessine un portrait psychologique de Beethoven et, plus largement, rende hommage à la musique allemande. De Beethoven, je trace le portrait d’un homme en colère, bouillonnant, impétueux, dont la violence intérieure transparaît dans de nombreuses pages de sa musique. […] Pour lui rendre hommage, j’utilise la même nomenclature instrumentale que dans sa Symphonie no 5, mais aussi des oppositions de blocs caractéristiques (les vents contre les cordes) et surtout une écriture rythmique qui fait de nombreuses allusions à ses œuvres. Mais plus globalement, c’est à l’ensemble de la musique germanique que j’ai voulu rendre hommage avec des clins d’œil à l’écriture de Brahms et de Richard Strauss à la fin de la pièce. […] Deux thèmes de caractère énergiques sont d’abord exposés; un troisième, plus détendu au départ (clarinettes et bassons), va connaître un grand nombre de transformations; enfin, un quatrième thème, plus lyrique, complète le matériau de départ. Après un grand développement, les quatre thèmes sont transmués, en souvenir de l’irruption du mode majeur du finale de la Symphonie no 5 de Beethoven : au drame succède alors une danse de joie. »
Daniele Gatti a dirigé la création de Flammenschrift le 8 novembre 2012 par l’Orchestre national de France au Théâtre des Champs-Élysées à Paris.
Traduit d’après Robert Markow
Bonn, le 16 décembre 1770
Vienne, le 26 mars 1827
L’unique apport de Beethoven au répertoire des concertos pour violon s’est révélé un monument. Non seulement son concerto est-il plus long et plus complexe que toutes les œuvres antérieures de ce genre, mais en plus, par sa pensée et son ampleur symphoniques, il éclipse tous ses prédécesseurs. Ce concerto de Beethoven continue d’être considéré comme le roi des concertos, quel que soit l’instrument soliste, et le seul à rivaliser avec lui au panthéon des concertos pour violon est celui de Brahms (lui aussi en ré majeur).
Beethoven a composé son concerto à la fin de l’année 1806, à l’époque où il écrivait ou achevait d’autres chefs-d’œuvre, comme la Symphonie no 4, le Concerto pour piano no 4, les trois quatuors « Razoumovsky », la première révision de Fidelio et les 32 Variations pour piano en do mineur. Comme cela était courant à l’époque, Beethoven avait en tête un soliste précis, le virtuose Franz Clement (1780–1842), lorsqu’il a composé ce concerto. Selon tous les témoignages, Clement était l’un des musiciens les plus doués de Vienne, possédant une mémoire musicale comparable à celle de Mozart. Il avait commencé sa brillante carrière alors qu’il était encore tout jeune, se produisant à l’Opéra impérial de Vienne et sous la direction de Haydn à Londres. Devenu adulte, il fut premier violon solo et chef d’orchestre à l’Opéra de Vienne. Beethoven avait écrit cette œuvre à la demande de Clement, qui avait l’intention de l’interpréter au concert-bénéfice qu’il donnait le 23 décembre 1806 au Theater an der Wien. Le lyrisme profond de ce concerto, la délicatesse de ses phrases et sa poésie reflètent les qualités d’instrumentiste de Clement, qui, selon les commentaires de ses contemporains, se caractérisaient par une intonation parfaite, un contrôle souple de l’archet, une expression gracieuse et tendre, et une délicatesse, une précision et une élégance indescriptibles.
Le concerto démarre sur cinq battements doux des timbales. Ces notes égales et répétées deviennent l’un des grands motifs unificateurs du mouvement, repris dans de nombreux contextes et atmosphères. La tension intérieure de ce mouvement est renforcée par le contraste entre ces cinq battements et le gracieux lyrisme des mélodies. Il est à noter que les deux thèmes principaux sont introduits chaque fois par un groupe de bois et sont tous deux constitués exclusivement de motifs de la gamme de ré majeur, dans un esprit lyrique et tranquille d’une beauté sublime.
Le Larghetto, passage semblable à un hymne, est l’un des mouvements lents les plus admirables de Beethoven. À proprement parler, il ne se passe pas grand-chose dans ce mouvement, qui offre une atmosphère de paix profonde, de contemplation et d’introspection tandis que les trois thèmes, tous en sol majeur, s’entrelacent dans une série de variations de forme libre.
Une brève cadence mène directement à l’exubérant finale – un rondo caractérisé par un thème principal récurrent et mémorable, de nombreux embellissements dans la partition du cor évoquant la chasse, et d’innombrables touches d’humour.
Traduit d’après Robert Markow
Sontsivka (auj. Krasnoïe), gouvernement d’Ekaterinoslav, Ukraine, 27 avril 1891;
Moscou, 5 mars 1953
Quand Prokofiev choisit la pièce de Shakespeare pour y puiser le sujet d’un drame chorégraphique, il compte déjà six ballets à son actif. Avec son interprétation en musique de Roméo et Juliette, cependant, il va créer non seulement l’une de ses œuvres les plus abouties et les plus populaires, mais aussi ce qui s’imposera rapidement comme l’une des musiques pour ballet intégral en trois actes les plus appréciées du XXe siècle. La partition recèle une profusion de thèmes mémorables, un lyrisme passionné, des rythmes irrésistibles et une bonne dose d’éléments comiques, plutôt inattendus dans une relecture du drame shakespearien; comme le fait remarquer Israel Nestyev, dans sa biographie du compositeur, nul autre n’a « mieux su capter et exprimer les moments plus légers et ludiques de la tragédie, offrant des contrastes qui la renouvellent et en font ressortir avec plus d’acuité les effets de clair-obscur. »
Si célèbre et aimé que puisse être le Roméo et Juliette de Prokofiev de nos jours, ce ballet a connu des débuts difficiles. Prokofiev en a écrit la musique en 1934 et 1935 à l’invitation du Théâtre Kirov (auj. Mariinsky) de Léningrad (auj. Saint-Pétersbourg), désireux de monter un nouveau ballet de ce fils prodigue qui venait de rentrer au bercail (Prokofiev était de retour dans son pays natal après avoir séjourné et voyagé à l’étranger pendant près de 16 ans). Toutefois, le théâtre refusa la partition, peut-être en raison de l’argument du ballet (« Les vivants peuvent danser, mais non les morts », intellectualisa plus tard le compositeur), mais il se pourrait aussi que Prokofiev ait mis les pieds en terrain politique miné dans le contexte du théâtre soviétique. Une entente fut plutôt conclue avec le Bolchoï à Moscou, mais là, c’est la musique qui fut déclarée « indansable ». Comme l’a fait remarquer un plaisantin, Prokofiev aurait pu invoquer, à ce moment-là, la réplique de Mercutio : « Malédiction sur les deux ».
Malgré tout, la partition fut jouée en concert à la Salle Beethoven du Bolchoï de Moscou en octobre 1935. Puisqu’aucune présentation scénique n’était en vue, Prokofiev s’empressa d’en tirer deux suites pour orchestre comportant sept numéros chacune (sur un total de 52 pour le ballet intégral), de même qu’une transcription pour piano seul de 10 numéros (une troisième suite pour orchestre fut compilée en 1946). Ces suites furent programmées avec une certaine régularité avant que le ballet Roméo et Juliette ne soit enfin monté par le Kirov en 1940. Mais entre-temps, l’honneur de la première production scénique revint à Brno, en Tchécoslovaquie (auj. République tchèque), où elle fut créée, en l’absence de Prokofiev, le 30 décembre 1938 à l’Opéra de la ville, recevant un accueil enthousiaste. À l’évidence, l’œuvre n’était pas aussi « indansable » qu’on l’avait prétendu!
Aucune des suites que Prokofiev a tirées de Roméo et Juliette ne respecte l’ordre du ballet complet, ce qui a encouragé de nombreux chefs d’orchestre à compiler leurs propres suites. Stéphane Denève a choisi dix extraits de la partition complète, qui compte 52 numéros en tout, et les a arrangés en une séquence cohérente qui suit la trame dramatique originale et l’évolution des ambiances du ballet.
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Les Montaigu et les Capulet – Des membres des deux familles rivales se pavanent dans la salle de bal. Dans un interlude prenant la forme d’une valse contrastée, Juliette danse avec Pâris, son fiancé. Le retour de la section d’ouverture est annoncé par un solo au saxophone, instrument qu’on trouve rarement dans un orchestre symphonique.
Menuet – Une musique noble et somptueuse accompagne l’arrivée des invités, tous membres de la haute société de Vérone, à la résidence des Capulet pour le grand bal.
Juliette jeune fille – Toute l’espièglerie, la nervosité et la vivacité de la jeune fille de 14 ans sont admirablement rendues dans ce numéro.
Masques – Une marche conquérante accompagne Roméo, Mercutio et Benvolio, tous masqués, à leur arrivée au bal à la résidence de leurs ennemis, les Capulet.
Danse des chevaliers – Dans la grande salle du palais des Capulet, chevaliers et dames dansent alternativement et ensemble; Juliette danse avec son fiancé. C’est la scène où Roméo, masqué, pose les yeux sur Juliette pour la première fois et s’en éprend aussitôt.
Scène du balcon – La Scène du balcon se situe vers la fin de l’Acte I du ballet. C’est la nuit. Juliette, ne pouvant trouver le sommeil, sort sur son balcon au moment où Roméo, en contrebas, traverse le jardin pour la voir, après l’avoir rencontrée pour la première fois au bal plus tôt ce soir-là. Pour illustrer cette scène d’amour, peut-être la plus célèbre de toute la littérature, Prokofiev a produit l’une de ses musiques les plus lyriques et passionnées, qui exprime parfaitement l’extase des deux amants.
Frère Laurent – Juliette rend visite à l’aimable et compréhensif religieux, qui lui remet une potion ayant pour effet de simuler la mort pendant quelques heures.
Mort de Tybalt – Sur une splendide musique de combat, Roméo venge le meurtre de son ami Mercutio en tuant Tybalt en duel. À la frénésie du combat à l’épée succède une marche funèbre lugubre (sur une mesure de 3/4!) aux dissonances grinçantes. L’écriture orchestrale est hautement virtuose, les violons produisant notamment des effets aussi spectaculaires qu’inattendus.
Roméo sur la tombe de Juliette – Dans la scène finale du ballet, Roméo se penche sur le cercueil de Juliette. La croyant morte, il s’empoisonne par désespoir, sur une musique d’une ardente et poignante intensité.
Mort de Juliette – Juliette s’éveille et, trouvant Roméo mort à ses pieds, se poignarde avec la dague du jeune homme. Le rideau tombe sur les corps inertes des amants, unis dans une ultime étreinte.
Traduit d’après Robert Markow
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre