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Dernière mise à jour: 7 novembre 2018
Né à Hambourg, le 3 février 1809
mort à Leipzig, le 4 novembre 1847
En 1829, Félix Mendelssohn amorce, à 20 ans, son Grand Tour de l’Europe. Certaines de ses œuvres les plus célèbres s’inspireront de ce voyage, telles la Symphonie « italienne » (no 4) et deux compositions liées à l’Écosse, la Symphonie « écossaise » (no 3) et l’ouverture Les Hébrides (aussi connue sous le nom de La grotte de Fingal).
L’Écosse convient particulièrement à la sensibilité romantique de Mendelssohn et à son penchant pour les paysages pittoresques qui l’inspirent musicalement. Début août, avec son compagnon de voyage, Karl Klingemann (un jeune poète et diplomate allemand), il se rend en bateau dans les Hébrides à partir de la côte occidentale de l’Écosse. Dans cet archipel de plus d’une centaine d’îles pittoresques au relief accidenté, les habitants parlent encore couramment le gaélique et vivent, comme leurs ancêtres depuis des siècles, de l’élevage du bœuf et du mouton, du tissage du Harris tweed et de la culture de l’orge, de l’avoine et de la pomme de terre. Si Skye est la plus connue de ces îles, c’est Staffa qui impressionne le jeune compositeur, car c’est là que se trouve la spectaculaire grotte de Fingal, du nom du légendaire héros de la mythologie celtique.
S’ouvrant sur la mer, cette vaste grotte mesure 69 m sur 13 (227 pieds sur 42) et atteint une hauteur de 20 m (66 pieds). La mer en recouvre le sol et le long des parois se dressent de gigantesques piliers de basalte, qui inspireront à Klingemann cette description imagée : « [on dirait] l’intérieur d’un orgue immense. Il se dresse, solitaire, noir, sonore, et totalement inutile au milieu de l’immensité grise de la mer. » Mendelssohn exprimera ses propres impressions en musique, notant un passage de 21 mesures qui deviendra le début de son ouverture, et qui capte parfaitement l’atmosphère mystérieuse et brumeuse de la grotte, ainsi que l’incessant va-et-vient des vagues. Thomas Attwood dirigera l’œuvre à sa création, à Londres, le 14 mai 1832.
Deux idées musicales principales se rencontrent dans un mouvement de forme sonate : le motif du clapotis des vagues, qui amorce la pièce, et une ample mélodie ascendante pour les cordes graves et les instruments à vent. La section du développement se concentre sur le premier sujet, un court motif remarquablement malléable, que Beethoven lui-même aurait sûrement pris plaisir à développer. La reprise commence comme la pièce avait débuté, mais le second thème est cette fois confié à la clarinette solo. Une coda mène la musique à son paroxysme émotif, auquel succède une calme et envoûtante conclusion.
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Mario Bernardi a dirigé l’Orchestre du CNA pour sa première prestation de l’ouverture Les Hébrides de Mendelssohn en 1971. La plus récente interprétation de cette œuvre par l’Orchestre a été offerte en 2015 dans le cadre de la fête du Canada, avec Alain Trudel au pupitre.
Traduit d’après Robert Markow
Né à Gorizia, Italie, le 7 janvier 1948
vit maintenant à Kingston, Ontario
Le Concerto pour violoncelle a été commandé pour l’Orchestre du CNA par le philanthrope Charles Richard (Dick) Harington, qui a généreusement financé ce projet; l’œuvre a été écrite expressément à l’intention de la soliste Amanda Forsyth.
« Le matériau musical initial du Concerto est utilisé tout au long des trois mouvements de diverses manières », écrit le compositeur. « En termes techniques, ce matériau consiste en des intervalles majeurs et mineurs de secondes et de tierces. Les deux thèmes et l’accompagnement sont faits de différentes combinaisons et permutations de ces fragments mélodiques. »
I. Procession and the Chase commence par une lente et majestueuse procession qui s’apparente à une marche, mettant le violoncelle de l’avant et fournissant le matériau thématique pour tout le mouvement. Une rapide et incessante poursuite s’ensuit, dans laquelle l’orchestre se lance aux trousses du violoncelle; les rôles sont parfois inversés. Le motif de la poursuite parcourt tout le mouvement, même lorsque l’orchestre prend le relais. Dans l’ensemble, il se dégage de cette section une sensation tellurique.
II. Over Hills and Valleys est un mouvement mélodieux, au rythme lent et apaisant, qui utilise le même matériau que le précédent, mais dans un style plus suave. Il s’en dégage une ambiance bucolique, comme si les reliefs naturels du paysage défilaient devant la caméra d’un drone.
III. In Flight: Homage to Ravel est un finale rapide et lyrique. Ici, la quarte (résultat de la combinaison des intervalles de secondes et de tierces) est introduite dans le matériau thématique, pour produire un mouvement qui évoque subtilement Daphnis et Chloé de Ravel (d’où la dédicace). Le matériau d’ouverture du concerto est réutilisé une fois de plus, à présent dans une veine plus légère, aérienne.
Traduit d’après Robert Markow
Né à Hambourg, le 3 février 1809
mort à Leipzig, le 4 novembre 1847
Contrairement à bien d’autres compositeurs, Mendelssohn naît dans le confort d’une famille prospère. Cette situation a pour avantage de lui permettre de voyager où bon lui semble. Une solide éducation dans les arts libéraux et en beaux‑arts l’a préparé à appréhender avec un grand sens de l’observation les sites touristiques, les gens, la culture et l’âme des lieux qu’il visite. En Italie, il est subjugué par les œuvres des grands maîtres, comme Michel‑Ange, le Titien et Giorgione, par les magnifiques édifices de Rome et par le charme naturel de la campagne. En décembre 1832, Mendelssohn commence une nouvelle symphonie, qu’il décrira dans ses lettres, quelques semaines plus tard, comme sa symphonie « italienne ». La Philharmonic Society of London interprète celle-ci pour la première fois le 13 mars 1833.
La lumineuse vitalité de l’Italie et l’enthousiasme de Mendelssohn pour ce pays sont évidents dès les premières mesures de la symphonie. Les violons exposent un thème exubérant, tandis que les vents les accompagnent avec une succession incessante de notes. Tout en étant plus lyrique que le premier, le deuxième thème (clarinettes et bassons) est empreint de la même gaieté impétueuse. Le développement présente un nouveau thème en mode mineur, d’abord exposé délicatement en vagues successives ; il atteint graduellement une foudroyante intensité. Puis, comme par magie, Mendelssohn dissipe la tension avec une note soutenue du hautbois.
Le caractère pénitentiel de l’Andante a fait couler beaucoup d’encre. Mendelssohn aurait peut-être emprunté cette complainte à un air qu’il a entendu pendant une procession de pèlerins à Naples. Le deuxième thème (clarinettes) est un peu plus joyeux et moins grave que le précédent. Le chant se fait réentendre, puis s’éteint finalement dans le lointain, « comme une procession tournant lentement au coin d’une rue », pour reprendre les mots de Klaus G. Roy.
Le troisième mouvement, fluide et gracieux, recrée l’atmosphère chaude et lumineuse du début. La section centrale évoque un boisé serein avec un passage pour deux cors et deux bassons se combinant si admirablement que l’on croirait entendre un quatuor de cors.
Le finale est un mouvement fougueux et tourbillonnant réunissant deux danses italiennes : danse sautillante originaire de Rome, la saltarelle ouvre le mouvement, tandis que la tarentelle napolitaine est caractérisée par des triolets doux et réguliers. Le mouvement est en la mineur, façon peu orthodoxe de clore une symphonie qui s’était ouverte sur une tonalité en la majeur, toute lumineuse et enjouée; mais la vitesse avec laquelle Mendelssohn précipite la fin du morceau est si stupéfiante qu’à peine un auditeur sur mille s’inquièterait de cette petite irrégularité.
L’Orchestre du CNA a interprété la Symphonie « Italienne » de Mendelssohn pour la première fois en 1970, sous la direction de Mario Bernardi, et plus récemment, en 2014, avec Pinchas Zukerman au pupitre.
Traduit d’après Robert Markow
La Canadienne Amanda Forsyth, couronnée aux JUNO, est considérée comme l’une des violoncellistes les plus dynamiques en Amérique du Nord. Elle s’est produite en tournée avec le Royal Philharmonic et l’Orchestre philharmonique d’Israël, et a partagé la scène avec de nombreux ensembles dont l’Orchestre du Mariinsky à Saint-Pétersbourg, l’Orchestre de la Radio de France, le Gulbenkian Orchestra de Lisbonne, l’English Chamber Orchestra, ainsi que les orchestres symphoniques de San Diego et de Grand Rapids. Elle a également pris part à des festivals d’été dont ceux de Ravinia, Tanglewood, Verbier et Édimbourg.
Mme Forsyth a amorcé sa saison 2014-2015 avec une toute première tournée dans son pays natal, l’Afrique du Sud, comme soliste dans la pièce Elektra Rising de son père Malcolm Forsyth, et comme chambriste avec le Zukerman Trio. Elle a aussi des engagements comme soliste avec l’IRIS Orchestra à Memphis, l’Orchestre de chambre de Corée à Moscou, Vienne et Séoul, et le Maggio Musicale Orchestra à Florence.
Elle se produit par ailleurs dans le Double Concerto de Brahms au Gala de l’Orchestre symphonique de Tucson, et effectue avec le Zukerman Trio des tournées en Italie, en Espagne, en Chine, en Corée et au Festival Miyazaki au Japon. Soulignons qu’elle est également membre fondatrice des Zukerman ChamberPlayers.
En 2002, elle a fait l’objet d’un documentaire intitulé Amanda Rising : The Amanda Forsyth Story, diffusé au réseau de télévision Bravo! Canada.
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre