Trois femmes exceptionnelles du Nord canadien ont été honorées le mardi 30 avril à l’occasion d’un lunch organisé par la Famous 5 Foundation dans le cadre du festival Scène du Nord du Centre national des Arts. Chacune de ces femmes a participé activement au développement du Nord, que ce soit en négociant des ententes sur les revendications territoriales, en prenant part à la création du territoire du Nunavut il y a 14 ans, ou encore en se faisant le porte-voix des peuples autochtones partout dans le monde sur les questions de la protection des langues autochtones, de la viabilité environnementale et de la culture.
Mais ce qui unit plus par-dessus tout ces femmes, ce sont les souvenirs de leur enfance.
« Dans ma jeunesse, tout le monde se déplaçait en traîneau à chiens », a raconté Sheila Watt-Cloutier, candidate au Prix Nobel de la paix pour son travail en environnement.
La première ministre du Nunavut, Eva Aariak, a évoqué pour sa part les tâches qui incombaient aux enfants. « Je récoltais la glace qui servait à combler nos besoins en eau, et je m’assurais que nous avions toujours de l’huile pour éclairer les lampes », dit-elle.
Pour ces femmes, le temps a passé comme l’éclair. Pour Sheila Watt-Cloutier, c’est comme si tout avait changé « en cinq secondes ». En une seule génération, les Inuits ont vécu une somme extraordinaire de changements.
« Nous faisons des progrès, mais il y a tant à faire », a confié Mary Simon, ancienne présidente d’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), l’organisation nationale des Inuits du Canada. « Notre population est jeune, la majorité ayant moins de 25 ans. Or les statistiques montrent que seulement 25 % de nos jeunes terminent leur secondaire; nous devons faire mieux. »
On a demandé à ces femmes pourquoi leur système de gouvernement semble plus respectueux que ce que l’on retrouve au sud.
« Nous fonctionnons par consensus; il n’y a pas de partis politiques chez nous », explique la première ministre du Nunavut, Eva Aariak. « Notre territoire a vu le jour il y a 14 ans seulement. Tout est à bâtir, alors il n’y a pas beaucoup de temps pour les divergences d’opinion. On peut exprimer son désaccord, mais toujours dans le respect de l’autre, et alors on trouve un terrain d’entente pour aller de l’avant. »
Chacune de ces trois bâtisseuses a dit combien il était merveilleux de voir 300 jeunes artistes du Nord prendre le devant de la scène au CNA dans le cadre de la Scène du Nord. « Ils sont des porte-étendards, des modèles pour nos jeunes », a déclaré Eva Aariak. « Nous sommes fiers d’eux. »