STUFF

STUFF en développement © Sophie Dean (Oeuvre visuelle) et Carolina Mejia Villegas (Photomontage)

Tout ça a commencé par un jeu : sans me soucier du « pourquoi », j’ai demandé à un groupe d’ados de choisir un objet et d’en défendre l’existence, du point de vue de l’objet. 

Les objets choisis ont livré le combat de leur vie : un sac de poubelle, un cellulaire, du papier hygiénique, une couverture de livre, un aligneur Invisalign, une gomme, un jeans, un coton-tige, une carte de crédit, etc. Et en tant qu’humains, nous avons répliqué : mais avons-nous vraiment besoin de vous? Pourquoi? À quel prix pour l’environnement?

Le jeu s’est transformé en un « et si » théâtral : Et si, et si... dans une époque dystopique qui pourrait être maintenant, des groupes de onze ados — non, des escouades spéciales d’ados — dans les 195 pays du monde rassemblaient leur détermination et leurs craintes pour convoquer un tribunal avec une mission tangible : créer de l’espace. Et si, jour après jour, pendant 365 jours, cette génération de leaders climatiques assignait à comparaître des milliers d’objets et décidait de ce que la planète doit garder et de ce qui doit disparaître?

Grâce à la générosité du projet Champ libre, STUFF est en train de devenir un scénario qui a soif de rencontrer une salle de répétition. Grâce au soutien du projet, j’ai eu le privilège et le pur plaisir d’être encadrée dans l’écriture de la pièce par l’artiste de théâtre Martha Ross. Si l’on ajoute à cela dix jeunes que je consulte et avec qui je collabore, la satisfaction créative est multipliée par trois. Laissons Martha raconter notre travail en ses mots :  

« Le processus ne ressemble à rien de ce que j’ai connu auparavant. À aucun moment n’avons-nous été physiquement ensemble dans la même pièce; nous avons donc dû créer un nouveau processus pour essayer des idées. Je suis en Colombie-Britannique, tandis que Kristina et les jeunes sont à Ottawa. Dans ce cyberespace, Kristina et moi trouvons des idées, nous les décortiquons, nous les massons et nous disons oui ou nous les rejetons. Nous rions beaucoup. Ensuite, Kristina présente les idées au groupe de jeunes, qui jouent avec elles, les démolissent et rient beaucoup, tout en prenant les choses très au sérieux. Les jeunes nous aident à décider ce qu’il faut garder, ce qu’il ne faut pas garder, tout comme les « trucs » dans la pièce. Je n’arrête pas de penser aux cadeaux que nous nous faisons. Nous sommes tellement isolés et pourtant nous sommes tellement ensemble dans cette recherche d’une pièce de théâtre qui traite de la fragilité de la planète. C’est presque comme si nous avions créé notre propre écosystème fragile et pourtant obstinément résilient. Toute ma gratitude au CNA! » (Martha Ross, mentore en création théâtrale)

À l’instar du processus à trois niveaux — mon écriture, le travail avec Martha et les explorations avec les jeunes —, le texte comporte trois éléments constitutifs : des informations factuelles sur la création des objets, leur composition et leur coût pour l’environnement; des verbatims issus de conversations verbales et de conversations Zoom (y compris de délicieux débats) avec les jeunes; et ma transformation des matériaux en un format dramatique. Trois mois plus tard, nous avons une ébauche de travail intitulée Stuff. Voici Olivia, l’une des jeunes, âgée de 15 ans, qui répond à ma question : « Alors, de quoi parle Stuff? ».

« Je dirais que STUFF est un combat entre ce qui est juste et ce qui est humain. Nous avons tous et toutes des choses dont nous ne pouvons pas nous passer, et des choses dont nous avons l’impression de ne pas pouvoir nous passer. C’est humain d’associer qui on est avec le genre de choses qu’on a. Et évidemment, c’est difficile d’accepter que les choses que vous aimez détruisent le monde dans lequel vous vivez. Mais à qui la faute, vraiment? C’est ce que les personnages tentent de déterminer dans “Stuff”. Peut-on attribuer le blâme aux objets quand c’est nous qui les avons fabriqués? » (Olivia Smith, collaboratrice)

Peut-être je dis bien peut-être, que le spectacle parle d’identité, du « je suis puisque je possède »; qu'il parle de lâcher-prise, de pouvoir, d’espoir urgent et de gaspillage. Peut-être qu'il parle de traiter les choses effrayantes de façon amusante.

Et des trucs comme ça. 

Merci, CNA, pour ce cadeau.  

Participantes et participants au projet :

Kristina -- autrice et créatrice

Martha Ross -- mentore en création et écriture théâtrale

Jeunes artistes qui collaborent au projet : Ethan, Anna W, Anna CJ, Paige, Natasha, Sofia, Sophie, Olivia, Ines, Kaatje

Oeuvre visuelle: Sophie Dean, 16 ans

Photomontage: Carolina Mejia Villegas


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