« Martin Crimp est un auteur qui ne fait pas la morale, qui n’écrit pas des textes à messages, explique Christian Lapointe, metteur en scène de la pièce Le reste vous le connaissez par le cinéma. Ici, le dramaturge britannique transpose dans un contexte contemporain un mythe de la Grèce antique, lequel résonne encore aujourd’hui, comme si le temps s’était arrêté. »
Présenté du 14 au 17 novembre au Théâtre français du CNA, le spectacle est une réécriture des Phéniciennes d’Euripide et met notamment en lumière les thèmes de l’alternance du pouvoir, de la dictature et de la démocratie.
Fréquentant l’œuvre de Crimp depuis des années, que ce soit dans ses créations ou ses travaux pédagogiques, l’artiste signe ici une nouvelle traduction d’un texte qui se distingue par son oralité, d’où le choix de le traduire en français québécois.
« La langue de Crimp est faite pour être parlée, comme au quotidien, souligne-t-il. Notre français d’Amérique est une langue et non un accent. On n’a plus besoin de passer par Paris pour aborder les grands mythes. Notre langue nous permet de faire ressortir une forme d’humour dans le texte et de nous identifier aux figures historiques.»
Parmi les autres fréquentations de longue date de Christian Lapointe, mentionnons le CNA qui s’inscrit depuis près de 20 ans dans son parcours artistique.
« Je suis en dialogue constant avec l’institution, fait-il valoir. On peut même dire que je suis un enfant du Théâtre français. J’ai participé aux trois premiers laboratoires de Denis Marleau durant les années 2000, sans oublier les coproductions qui ont suivi avec Wajdi Mouawad et, maintenant, Brigitte Haentjens. Avec elle, j’entretiens une relation professionnelle et humaine privilégiée. Elle m’a d’ailleurs choisi en 2007 comme son protégé au prix Siminovitch. » Accompagné d’une bourse de 100 000 $ dont 25 000 $ revient au protégé, ce prix prestigieux récompense l’excellence et l’innovation en théâtre canadien.
« Sans Brigitte et le CNA, la pièce aurait été impossible à réaliser, précise-t-il. Nous avons reçu 140 000 $ du Fonds national de création, ce qui nous permet de créer un projet à grand déploiement. Le Théâtre français fait figure de proue dans la poursuite d’un théâtre exigeant, sans être élitiste, et je suis fier d’y être associé. »
Le Théâtre français tient à remercier chaleureusement les généreux donateurs de leur appui indéfectible. Le Fonds permettra à Carte blanche de travailler avec une plus grande distribution, soit 14 interprètes, ainsi que de prolonger considérablement la période de développement, notamment par une résidence d’un mois dans une salle entièrement équipée.