Jeremy Dutcher repousse les limites avec « Motewolonuwok »

Un musicien aux cheveux noirs tressés et aux lunettes à monture rouge joue du piano lors d'un concert.
Jeremy Dutcher © Ming Wu, 2023

Jeremy Dutcher est un ténor de formation classique, compositeur, ethnomusicologue, interprète et activiste. Bispirituel, il est originaire du Nouveau-Brunswick, mais vit désormais à Montréal, au Québec. L’artiste wolastoqiyik de la Première Nation de Tobique, au Nouveau-Brunswick, a étudié la musique et l’anthropologie à l’Université Dalhousie. Après une formation en chant lyrique, il délaisse le modèle occidental pour inclure à son répertoire des techniques traditionnelles et des chants de sa communauté.

Pour son premier album, Wolastoqiyik Lintuwakonawa, il exhume des archives sonores du Musée canadien de l’histoire les enregistrements des chants traditionnels malécites avec l’envie de les transmettre à la jeunesse malécite d’aujourd’hui. Le ténor a retranscrit les chansons enregistrées par ses ancêtres en 1907 sur des cylindres de cire pour en faire des compositions « collaboratives ». Prix Polaris 2018, ce premier opus a également était sacré meilleur album autochtone de l’année aux JUNO en 2019. Autre succès, la captation de son concert Tiny Desk donné à la radio NPR a enregistré plus de 85 000 vues.

En 2022, il fonde en famille Kekhimin, la toute première école d’immersion en langue wolastoqey, à Fredericton, au Nouveau-Brunswick.

Une puissante invitation à guérir collectivement

L’année suivante, il publie Motewolonuwok, un album qui comprend pour la première fois des compositions en anglais. Cet album est une puissante invitation à guérir collectivement et à mieux se comprendre. Pour lui, faire de la musique est comme apprendre une langue. Comme il le dit si bien, « c’est un “déploiement” – un questionnement permanent sur ce qu’on veut dire et comment le dire ».

En plus de ses propres compositions en anglais, une première pour l’artiste, Jeremy Dutcher reprend des chants traditionnels en wolastoqey et des poèmes de Qwo-li Driskill, artiste originaire de la Nation cherokee. Avec cet album hybride, il rend hommage à la langue de son père tout en s’adressant « directement aux nouveaux arrivants [colons] » dans leur langue pour raconter les histoires de deuil, de résilience et de renaissance de sa communauté. « J’ai ressenti le besoin de contextualiser ma propre histoire », ajoute-t-il, « Motewolonuwok s’apparente à un souhait collectif, à un remède correctif ».

Sa musique, à l’image de son style de vie, transcende les frontières : elle incorpore des influences classiques de manière ludique, fait respectueusement appel aux chansons traditionnelles de ses ancêtres et reflète résolument les enjeux de la vie d’aujourd’hui. Le 13 septembre, il interprètera son magnifique nouvel album, accompagné par l’Orchestre du CNA à la Salle Southam.

Nota : Le contenu de cet article a été adapté depuis la biographie de l’artiste, écrit par le label Secret City.


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