Le célèbre chanteur d’opéra canadien Joseph Rouleau avait, enfant, une superbe voix de soprano. C’était il y a plus de 70 ans.
Toute une différence de registre, diront ceux qui ont eu le bonheur de le voir évoluer sur scène avec la voix riche et profonde qu’on lui connaît.
« Durant quelques semaines, quand j’ai eu 13 ans, ma voix a pris une débarque! », se rappelle en riant le chanteur aujourd’hui âgé de 85 ans, dont le registre a migré graduellement vers la basse, la plus grave des voix masculines en chant classique. Il est devenu l’un des plus éminents artistes canadiens, partageant la scène avec des légendes comme Luciano Pavarotti, Placido Domingo et Maria Callas. En 2004, il a reçu le prix de la réalisation artistique décerné dans le cadre des Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle (PGGAS) en reconnaissance de sa grande contribution à la vie culturelle de notre pays.
Plus tôt cette année, M. Rouleau a pris pour protégé un jeune ténor de grand talent, Jean‑Philippe Fortier‑Lazure, 25 ans, dans le cadre du Programme de mentorat des PGGAS, rendu possible grâce au soutien de la Keg Spirit Foundation.
Cette occasion de mentorat a marqué le prolongement d’une année très fructueuse sur le plan artistique pour M. Fortier-Lazure, salué comme « le meilleur jeune ténor québécois que nous avons entendu depuis longtemps » par Christopher Huss, chroniqueur musical respecté du quotidien Le Devoir. Le jeune ténor s’est joint récemment à l’Ensemble Studio de la prestigieuse Canadian Opera Company (CAC). Ces derniers mois, il a travaillé intensivement avec M. Rouleau à la préparation de deux rôles qu’il tiendra prochainement : Don Ottavio dans Don Giovanni et le comte Almaviva dans Le Barbier de Séville.
Profitant d’une pause durant une récente session de travail de deux semaines à Montréal, les deux hommes – qui se sont rencontrés il y a trois ans en partageant la scène dans l’opéra Pelléas et Mélisande – ont échangé sur ce qu’il faut pour faire carrière comme chanteur d’opéra.
« Être artiste lyrique c’est la plus belle profession au monde, dit M. Rouleau. Mais ce n’est pas facile. Jean-Philippe a la chance d’avoir du succès à condition qu’il soit bien préparé. Quand un chanteur entre en scène, il ne peut pas improviser. Il doit connaître la partition complètement. C’est ça, le secret! »
Les séances de mentorat offertes par M. Rouleau à son protégé visent notamment à aider ce dernier à perfectionner l’exécution des récitatifs italiens contenus dans ses rôles. Le récitatif est un genre musical où le chanteur soliste emprunte essentiellement le débit de la parole.
Cet aspect est d’autant plus important que le chanteur doit avoir une prononciation irréprochable de l’italien, ce qui exige des mois de travail. Mais pour M. Fortier-Lazure, l’effort en vaut la peine : « Il s’agit de rôles que je vais chanter toute ma carrière », dit-il.
De nouvelles portes se sont déjà ouvertes pour le jeune ténor depuis qu’il profite du mentorat de M. Rouleau. Par exemple, à l’occasion de la remise des Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle le printemps dernier, M. Rouleau a suggéré en privé à Son Excellence David Johnston d’inviter Jean-Philippe à chanter à Rideau Hall. Un récital aura lieu d’ici quelques mois.
« Je n’aurais jamais pensé avoir un jour le privilège d’avoir pour mentor un artiste et musicien aussi remarquable, a déclaré M. Fortier‑Lazure. Ça dépasse mes rêves les plus fous. »
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