Voici l’histoire d’Hucksterland : Jordan Jamieson est un propriétaire bailleur. Il passe ses heures de travail à rédiger des baux, à télécharger des photos de mauvaise qualité de ses propriétés sur Kijiji, à trouver des moyens créatifs mais techniquement légaux de conserver les dépôts de garantie, et à répondre aux courriels de locataires qui l’embêtent avec des problèmes de robinets qui fuient. Mais le monde de Jordan est bouleversé par la perspective d'une législation sur le contrôle des loyers qui se fraie un chemin jusqu'au conseil municipal local. Hucksterland est l’histoire d’un locateur prêt à tout quand son mode de vie est menacé par ce que les propriétaires redoutent par-dessus tout : la menace des masses populaires qui s’organisent pour exiger un répit.
Bien que la location puisse ne pas être considérée comme une cérémonie traditionnelle pour les communautés autochtones, la terre sur laquelle les maisons sont construites est au cœur de leur identité, de leur spiritualité et de leur santé. Les notions coloniales de propriété vont à l'encontre du rôle traditionnel de gardiens des terres des Autochtones, et Huckerstland reflète ce conflit.
Au-delà des conceptions philosophiques opposées, notre système de logement actuel cause un réel préjudice aux populations autochtones, tant urbaines que rurales. Les Autochtones vivant en milieu urbain sont plus rarement propriétaires de leur logement, et courent davantage de risques de louer des logements insalubres à des prix plus élevés, que leurs voisins non-Autochtones.
“Bien que la principale source de préoccupation demeure l’abordabilité, les [logements des] ménages autochtones hors-réserve présentaient de faibles niveaux d’adaptation et d’adéquation. [...] Vingt-huit pour cent 28 percent de tous les ménages autochtones connaissent un problème de surpeuplement, ou vivent dans un logement identifié comme étant en mauvais état (23 pour cent). Dans une proportion de plus du double par rapport aux ménages non-autochtones, l'abordabilité est un problème sérieux auquel sont confrontés les locataires et les propriétaires autochtones. Ce problème est aggravé par le fait que les revenus des Autochtones hors-réserve sont beaucoup plus faibles, ne représentant en moyenne que 83 pour cent de ceux des ménages non-autochtones."
-Dr. Yale D. Belanger, Gabrielle Weaselhead, Dr. Olu Awosoga, aboriginal policy studies, Vol 2, no. 1, 2012, p. 15
Les communautés autochtones vivent dans des conditions de logement inadéquates de façon disproportionnée par rapport à la population canadienne en général, ce qui met en évidence le racisme dont sont victimes les locataires autochtones. Je prends ces données très au sérieux, car elles font écho à mon expérience de locataire métisse et soulignent la nécessité d'une action immédiate. Cependant, les locataires sont également exploités en tant que classe sociale, les identités croisées exacerbant cette exploitation. J'espère construire une solidarité au-delà des lignes raciales, mettre en évidence nos intersections, et préparer le terrain pour des actions collectives qui profiteront aux locataires quels que soient leur ethnie, leur genre ou leur orientation sexuelle.
Je ne sais pas comment le dire autrement : littéralement, toute la richesse d'une nation est générée par ses habitants les plus pauvres – les travailleurs. Les propriétaires exploitent, oppressent et vampirisent la classe ouvrière pour s’enrichir. C’est aussi simple que ça. Cette réalité est au cœur de toute ma démarche. Il faut s’organiser.