Cathy Levy détient son amour de la danse de sa mère.
Alors qu’elle et ses sœurs grandissaient à Montréal, leur mère les a inscrites à un cours de mouvement créatif offert par Elsie Solomon. Tante de la chorégraphe canadienne renommée Judith Marcuse, Elsie était une enseignante dévouée qui étudiait de nombreuses méthodes de mouvement développées par des enseignants de New York.
Cathy a eu la piqûre. Elle a continué d’étudier auprès d’Elsie pour 15 ans.
« C’était un moyen pour les enfants d’explorer leur imagination dans le mouvement, l’espace et le temps. Elle a eu une influence incroyable sur ma vie. »
La mère de Cathy l’emmenait également voir toutes les compagnies de danse qui présentaient des spectacles à Montréal, dont Les Grands Ballets Canadiens – une compagnie qu’elle a programmée à plusieurs reprises dans sa carrière. « C’était un réel plaisir pour moi une fois adulte d’emmener ma mère voir des spectacles de danse. »
Dans les années 1990, Cathy a été productrice du festival Canada Dance, et programmatrice de danse pour le Harbourfront Centre de Toronto. Mais la vision plus nationale du CNA, et la possibilité de programmer trois salles de spectacle, plutôt qu’une seule, ont piqué son intérêt.
Elle a fait ses débuts comme productrice de danse en 2000, alors qu’elle était enceinte de sept mois et que son mari et son fils de deux ans, Jonah, habitaient à Montréal. Ayant eu la possibilité de demeurer à Montréal, elle voyageait régulièrement à Ottawa pendant la jeunesse des enfants, souvent au prix de son sommeil. « Je prenais l’autobus de minuit pour être là au réveil des enfants. »
Les 20 dernières années ont été incroyables. Elle a programmé une variété d’artistes exceptionnels de partout au pays et à travers le monde sur les scènes du CNA. Elle a développé un public fidèle qui fait confiance à ses choix de programmation. Et elle a eu une immense influence sur le milieu de la danse au Canada.
« Plusieurs des choses dont je suis le plus fière demeurent invisibles. Je suis fière que Danse CNA soit coproducteur de cent coproductions canadiennes, et que nous investissions des ressources dans le développement de nouvelles œuvres partout au pays. »
Elle parle de donner une visibilité internationale au CNA. « Plusieurs artistes, lorsqu’on les invitait à venir se produire au Canada, ne pensaient qu’à Montréal. Je leur ai fait comprendre à quel point le CNA est un bijou incroyable. »
Elle compte également ses collaborations avec l’Orchestre du CNA parmi ses réalisations importantes, notamment la commande conjointe de Musique/Danse CNA RENCONTR3S, et Le Sacre du printemps avec Tanztheater Wuppertal Pina Bausch – ce n’était que la sixième fois que la compagnie dansait sur l’œuvre de Stravinsky accompagnée d’un orchestre en direct.
Elle cite le Programme des artistes invités en danse, qui appuie les chorégraphes canadiens par des expériences de résidence immersives. « J’ai toujours dit qu’il fallait des artistes dans l’édifice. Et depuis trois ans maintenant, nous leur offrons du temps et un espace tranquille où ils peuvent explorer, où ils ont les ressources pour créer. »
Elle est également fière de son équipe, tout particulièrement son partenariat créatif de 20 ans avec la productrice associée de Danse CNA, Tina Legari.
En temps de pandémie, Cathy cherche à aider le monde de la danse par tous les moyens possible. #DansEnvol, une série de prestations virtuelles par des artistes de danse canadiens, vient s’inscrire dans cet effort.
« Les artistes ont besoin d’espoir à un moment où celui-ci se fait rare. Ils ont hâte de retrouver le studio, de présenter leur travail. C’est là le but de #DansEnvol. Et plusieurs diffuseurs canadiens travaillent très fort pour aider les artistes de cette communauté. »
Qu’est-ce qui la motive toujours après 20 ans à la barre de Danse CNA?
« Le milieu de la danse ne cesse de m’émerveiller. C’est une forme d’art abstrait qui refuse d’abandonner. Les artistes de danse sont braves, innovateurs, audacieux; ils font ce travail par conviction. Et si je peux jouer un petit rôle pour continuer à faire avancer ce processus, c’est là où je puise l’énergie pour poursuivre mon travail. J’en suis très fière. »