Molly Bloom, le fameux monologue qui conclut Ulysse, chef-d’œuvre de James Joyce, est présenté cette semaine au Théâtre du CNA dans une traduction de Jean-Marc Dalpé et une mise en scène de Brigitte Haentjens. Seule sur scène, Anne-Marie Cadieux est Molly Bloom. Dans un espace qui laisse place à l’imaginaire, elle livre une parole sans fard destinée à explorer les confins de la féminité.
Brigitte Haentjens et Anne-Marie Cadieux, qui ont déjà collaboré sur une quinzaine de projets, se retrouvent cette fois pour donner une voix à Molly Bloom, épouse, mère et amante, une femme assurément en avance sur son temps. Dès sa parution, en 1922, le roman Ulysse a semé la controverse. Aux États-Unis, l’oeuvre, qu’on jugeait obscène, a été interdite jusqu’en 1931. Le monologue de Molly est sans doute l’une des plus extraordinaires incursions littéraires faites par un homme dans les jardins secrets de la féminité. La parole s’y écoule comme une suite ininterrompue et incontrôlée de mots qui servent une pensée libre, féminine, intime et pourtant universelle.