Orchestre Symphonique de Toronto

La Cinquième de Beethoven avec l’Orchestre du Centre national des Arts

(à Toronto)

2025-05-16 19:30 2025-05-16 21:30 60 Canada/Eastern 🎟 CNA : La Cinquième de Beethoven avec l’Orchestre du Centre national des Arts

https://nac-cna.ca/fr/event/37132

Événement en personne

Alexander Shelley dirige l’Orchestre du Centre national des Arts, avec la pianiste Yeol Eum Son dans l’expressif Concerto pour piano n° 22 de Mozart, ainsi que dans l’emblématique Cinquième Symphonie de Beethoven, une représentation magistrale du triomphe sur l’adversité.

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Roy Thomson Hall
ven 16 mai 2025
Roy Thomson Hall

Répertoire

KEIKO DEVAUX

Listening Underwater

Keiko Devaux (née en 1982) est une compositrice de musique nouvelle basée à Montréal. Sa démarche embrasse un amour pour les sons et méthodologies électroacoustiques, manipulant et déformant des sons acoustiques à l’aide d’outils numériques. Elle rend ensuite ces transformations sous forme de transcriptions écrites, les traduisant à nouveau dans le domaine acoustique. Elle s’intéresse à l’expérience émotionnelle et affective, aux phénomènes auto-organisationnels dans la nature et chez les êtres vivants, ainsi qu’à l’estompage des frontières entre genres musicaux. Elle superpose et agence des éléments mélodiques ou harmoniques distillés de sources sonores très contrastées. La distorsion des attributs temporels, fréquentiels et de timbre permet de fusionner le langage tonal traditionnel et des gestes bruitistes d’inspiration plus électroacoustique. 

Ses œuvres ont été interprétées au Canada, en France, en Italie, en Allemagne, en Belgique, aux États-Unis et en Israël par divers ensembles. Elle est lauréate de nombreux prix et distinctions dont, récemment, le Prix Juno pour Composition classique de l’année (pour Arras, 2022), le Prix Opus de la Compositrice de l’année (2022), et la toute première commande Azrieli pour musique canadienne en 2020 (le plus important programme du genre au Canada et l’un des plus importants au monde).

De 2020 à 2022, elle a participé à la Résidence Carrefour auprès de l’Orchestre du CNA à titre de compositrice résidente. Listening Underwater lui a été commandé par l’OCNA dans le cadre de ce programme, et le concert de ce soir marque la création mondiale de l’œuvre. Voici en quels termes elle décrit elle-même cette pièce : 

L’inspiration à l’origine de cette œuvre associe mon intérêt pour l’hydroacoustique à la pollution sonore sous-marine et à ses effets sur la communication de la faune marine. Pour cette pièce, je me suis concentrée sur les sons qu’émettent les baleines à dents et à fanons pour communiquer. Les baleines à dents, dont font partie les orques et les dauphins, utilisent l’écholocation pour communiquer, naviguer et chasser, tandis que les baleines à fanons produisent une série de sons ou de « chants » pour communiquer entre elles. Utiliser ces deux types de vocalisations comme inspirations premières a permis de créer un joli contraste entre l’écholocation – une série de clics et de pops – dans la gamme des ultrasons, et les « chants » à hauteur variable produits par les baleines à fanons dans la gamme des infrasons, créant ainsi deux bandes de fréquences très distinctes.

Le morceau établit et construit un environnement sous-marin de bruits ambiants organiques comprenant des vagues de surface, des houles plus profondes, des mouvements sous-marins globaux, et un étouffement général du son, avec des fréquences dans la gamme moyenne plus atténuées mettant en évidence les sons intermittents et bourdonnants extrêmes, aigus et graves. Finalement, la communication sous-marine est introduite, exprimée par des thèmes mélodiques qui sont mis de l’avant. Ces motifs thématiques sont présentés comme des appels communicatifs dans une section de l’orchestre recevant une réponse dans une autre section, souvent tronquée ou diffuse par nature. Alors que ces motifs d’appel et de réponse continuent à se construire et à se développer dans la nature, le bruit des activités humaines (navires, machines, forage, etc.) commence à monter en un lent crescendo. À mesure que ce crescendo s’amplifie, les appels s’adaptent en ajustant leur gamme de fréquences à la hausse ou à la baisse. En fin de compte, tandis que le bruit augmente, les réponses se font plus distantes, diffuses, altérées et finalement perdues. Lorsque ce crescendo atteint son apogée, les appels et les réponses sous-marines s’éteignent et l’océan redevient « silencieux ». À la fin de la pièce, les mélodies renaissent lentement et recommencent à s’appeler, d’abord sans réponse, puis la vie et la communication se rétablissent et resurgissent. 

WOLFGANG AMADEUS MOZART

Concerto pour piano no 22

LUDWIG VAN BEETHOVEN

Symphonie no 5 en do mineur, opus 67

Bonn, Allemagne, 17 décembre 1770
Vienne, Autriche, 26 mars 1827

« C’est irrésistible comme cette magnifique œuvre transporte l’auditeur à travers des climats grandissant jusqu’au royaume spirituel de l’infini », écrivait E.T.A. Hoffmann à propos de la Symphonie no 5 de Beethoven en 1810. L’œuvre avait été créée deux ans plus tôt, le 22 décembre, au Theater an der Wien et y avait reçu un accueil assez tiède; sans aucun doute, le contexte dans lequel ce concert a eu lieu – à commencer par sa longueur excessive (le programme, étalé sur plus de quatre heures, comportait également la création de la Symphonie no 6 et de la Fantaisie chorale, ainsi que le Concerto pour piano no 4, interprété par Beethoven lui-même, et des extraits d’œuvres diverses), en plus du froid mordant qui régnait dans la salle et du manque de préparation de l’orchestre – a contribué à cet accueil mitigé. Toutefois, après la parution de la critique historique d’Hoffmann, l’avis général sur la Cinquième a changé; l’œuvre n’a pas tardé à s’imposer comme un pilier du répertoire classique, titre qu’elle a conservé jusqu’à nos jours. Elle demeure l’une des symphonies les plus jouées, et continue de faire affluer les auditoires dans les salles de concert du monde entier.

Que l’on entende cette symphonie pour la première ou la énième fois, on ne peut qu’être saisi par l’explosive ouverture du premier mouvement avec son célèbre motif « brève-brève-brève-longue », dit du « destin frappant à la porte ». À partir de cette semence, l’Allegro con brio se propulse avec une furieuse énergie, se développant de façon quasi organique. Le motif devient obsessionnel et réapparaît dans les mouvements subséquents sous divers aspects : sous forme de second sujet triomphal, exposé par les cors et les trompettes dans le deuxième mouvement; sous les habits d’une marche militaire, également entonnée par les cors, dans le scherzo; et en tant que sujet vivement contrasté, joué par les violons, dans le finale.

En dernière analyse, la force de la Symphonie no 5 qu’Hoffmann évoque avec tant d’enthousiasme tient à la façon dont Beethoven dépeint la trajectoire du triomphe sur l’adversité au fil des quatre mouvements de l’œuvre. En effet, le motif « brève-brève-brève-longue » n’est que l’un des nombreux moyens auxquels le compositeur a recours pour les relier entre eux en une trame narrative cohérente. Un autre est l’usage qu’il fait du mode, depuis le pathos et le drame tempétueux de la tonalité de do mineur dans les premier et troisième mouvements, qui encadrent un mouvement lent lyrique en la bémol majeur, jusqu’au jubilatoire do majeur du finale. Qui plus est, le triomphe de la tonalité de do majeur est préfiguré dans chaque mouvement : dans la reprise du second sujet du premier, dans le sujet lumineux du deuxième et dans l’énergique trio du troisième. Une transition merveilleusement insolite qui relie directement le troisième mouvement au quatrième – amorcé par les timbales qui tapent le motif principal sur un do grave, par-dessus un long la bémol des violoncelles et des contrebasses – intensifie encore la progression dramatique vers la résolution finale. Cependant, même au cœur de l’exubérance de l’Allegro final, Beethoven nous rappelle brièvement, dans un rappel du thème de « marche » du scherzo, la détresse exprimée par la tonalité plus sombre de do mineur, avant l’ultime délivrance en pleine lumière, sur laquelle nulle ombre ne pèse plus, jusqu’à l’extatique conclusion de la symphonie.

– Note de programme d’Hannah Chan-Hartley


LE « V » DE LA VICTOIRE DE BEETHOVEN

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le motif d’ouverture de la Cinquième de Beethoven est devenu un puissant symbole pour les Forces alliées. Elles ont opté pour ce motif musical comme signal de ralliement en raison de sa ressemblance, purement circonstancielle, avec le symbole de la résistance, « V » (pour Victoire), en code Morse : trois points et un trait. Dans le cadre de la « campagne des V », une carte postale « V pour la Victoire » a été produite avec la notation musicale de ce motif, surmontée des drapeaux des Alliés.

Artistes

  • Chef d'orchestre Alexander Shelley
  • Piano Yeol Eum Son
  • Avec Orchestre du CNA